Katsuki ferma la porte derrière lui, jeta son sac sur le sofa et sa veste, sur le dossier d'une chaise. Il marcha rapidement jusqu'à leur chambre, celle où ils dormaient tous les deux, où ils s'embrassaient avant de s'endormir, où ils faisaient l'amour, où ils se répétaient combien ils s'aimaient. Il enfonça ses ongles dans les paumes de ses mains. Il ne voulait pas pleurer, il ne pleurerait pas, il ne pleurerait pas, il était plus fort que ça.

La première larme glissa traitreusement de son oeil. Elle lui brûla l'iris, les cils, la joue, le menton, le cou. Bientôt, son visage entier brûlait, sa peau était à vif, la douleur était insupportable, son corps se calcinait, il serrait les dents pour ne pas crier, tout lui faisait mal, plus rien ne lui était supportable.

Il pleurait, il pleurait tellement qu'il crut qu'il allait en mourir (quand était-ce la dernière fois qu'il s'était effondré ainsi ?). Il n'arrivait plus à prendre sa respiration. Etait-ce possible de mourir de tristesse ? Il étouffait. Il allait mourir, se répétait-il. Il voulait mourir. A quoi bon continuer. La douleur le lancinait, le détruisait de l'intérieur. Il pouvait supporter beaucoup, mais ça, c'était probablement la seule chose qu'il ne pouvait pas surmonter. Pas ça. Pas ça. S'il vous plaît, tout mais pas ça. Il posa une main sur sa poitrine pour essayer de la calmer, mais chaque seconde qui passait était un coup de poignard, un rappel de la perte insupportable d'Izuku. Tout lui revenait en mémoire : ses yeux brillants, son sourire lumineux, ses mains, ses lèvres, sa peau, ses cheveux, ses joues, son cou, son odeur, son rire, sa voix, tout.

Les sanglots tordaient sa gorge et son corps. Il s'écroula sur le sol de leur chambre, le front appuyé contre le parquet. Il n'entendait plus rien autour de lui, mais il criait. Il suppliait qu'on le lui rende, il répétait qu'il ferait n'importe quoi, il disait qu'il ne pouvait pas vivre sans lui et répétait son nom comme une litanie. Izuku, Izuku, Izuku.

Izuku détestait le voir abandonner, mais c'en était trop pour lui. Il ne s'en sentait pas capable. Il n'en était pas capable. Izuku lui répétait qu'il était le plus fort, le plus courageux, le plus victorieux. Mais Katsuki se sentait vide, inutile, faible, impuissant sans lui. Fébrilement, il fouilla les tiroirs de leur bureau et trouva le revolver qu'ils étaient autorisés à garder chez eux. Il crut entendre la voix d'Izuku le supplier d'arrêter, de ne pas faire ça. Je suis désolé, répétait-il, je suis désolé. Il fit vite pour ne pas se laisser le temps de réfléchir. Les larmes lui brouillaient la vue, il trébucha. Je suis désolé, pardonne-moi, je t'en supplie. Il chargea l'appareil et appuya le canon contre sa tempe.

Il savait que si Izuku avait été à sa place, il n'aurait pas cédé comme lui. Mais il n'était pas Izuku. Et il n'était rien sans Izuku.