J'ai commencé ce premier chapitre avec tout mon coeur, en espérant respecter le plus fidèlement possible les informations données par JKR, même si je ne suis pas elle. Ce premier chapitre est maintenant entre vos mains.
Chapitre 1: Préludes aux joies forcées, avec toute l'ironie d'un Serpentard.
Aujourd'hui encore, il avait deux heures de cours de potions, Gryffondor et Serpentard, 7ème année, ou plutôt, seconde 7ème année. Après la défaite du Lord, les enfants de mangemorts, de moldus, ou ceux de parents trop effrayés qui n'avaient pas fait leur 7ème année, avaient pu la recommencer. En tout et pour tout, ils n'étaient pas plus d'une dizaine. Bon nombre avaient réussi leurs examens de fin d'année, et pouvaient commencer à vivre dans le monde adulte. Mais certains n'avaient pas eu la chance d'avoir seulement une année de cours, ou d'autres, ou plutôt une, Granger, avaient voulu reprendre à zéro pour obtenir un maximum de points.
Lui, sauvé in-extremis par l'arrivée du phénix d'Albus, se retrouvait balloté par la simple vie des cours. Il ne se sentait même plus utile, n'ayant plus de rôle d'espion à accomplir. Il releva les draps blanc de son lit à une place, mit sur lui une couverture plus chaude et posa un premier pied sur le sol froid. Il tressaillit. Il avait toujours détesté les cachots, pour leur humidité et leur froideur, mais pensait réellement que sa place était là : parmi la moisissure.
Pourtant, ses appartements étaient secs, mais demeuraient glacials. Il alla dans la salle de bain annexant sa chambre, entreprit de se laver, et d'appliquer avec soin sa lotion grasse pour protéger ses cheveux des vapeurs des potions. Il espérait par là provoquer le dégoût, ajouté à la terreur, pour que les élèves lui fichent la paix. Mais depuis la chute de Seigneur des ténèbres, il avait perdu sa rage de vaincre, et ne faisait même plus peur à une mouche. Les élèves le regardaient avec pitié, presque compatissant, malgré les regards qu'il voulait odieux. Il ne trouvait même plus de joie à torturer ses chers petits Gryffondor, ni même le fils de son ennemi juré, Harry Potter.
Il se regarda une fois de plus dans la glace émaillée dans sa salle-de-bain plus que modeste. Il avait des cernes noires et profondes, une barbe naissante qu'il effaça d'un coup de baguette. Enfin, il échappa à son propre regard en sortant, passant dans une petite chambre, s'apparentant plus à celle d'un elfe de maison qu'à un maître des potions, et arriva dans un grand salon. Celui-là, il n'avait pu se résoudre à le réduire comme le reste de ses appartements. La présence des étagères remplies de livres de potions, ou même de sortilèges lui redonnaient contenance. Puis, c'était dans ce salon qu'il avait échafaudé les plans les plus machiavéliques pour favoriser la chute du Lord. Celle-là même qui avait fait perdre à Severus toute utilité.
Il se réveilla tout à coup, encore surprit de ne pas avoir fait un cauchemar. Non, ce qui l'avait réveillé était une côte légèrement déplacée, et très douloureuse. Fut-ce-t-il celui qui avait tué le plus grand mage noir de l'histoire, les faits étaient là : il avait réussi à se déplacer, ou peut-être même casser une côte en dormant. Résigné, il enfila d'un coup de baguette son uniforme, et se déplaça tant bien que mal à l'infirmerie. Partout sur son passage, on murmurait, et certains courageux le remerciaient de les avoir tous sauvé. Lassé. Il était lassé. Il aurait donné n'importe quoi pour être un pauvre crétin normal. Parce que oui, c'était un crétin, un crétin d'avoir « sauvé le monde » sans s'être enfuit après coup.
Arrivé devant l'infirmerie, à peine passé la porte, il vit arriver Mme Pomfresh.
-Potter ? Que faites-vous déjà là ?
-Heu… Je me suis réveillé à cause d'une douleur au niveau des côtes, je pense qu'il y a un petit problème…
Sans ménagements, l'infirmière l'amena sur un lit et lui tâta les côtes. Devant ses gémissements, elle lança un sort afin de diagnostiquer son mal.
-Potter, vous avez une côte fêlée, soupira-t-elle. Avec qui vous-êtes vous encore battu ? Un mage noir, ça ne vous a pas suffit à dix-sept ans ?
-Je ne me suis battu contre personne ! Se défendit-il. Je me suis réveillé à cause de ça !
-Eh bien, aux vues de votre maigreur, ça ne m'étonne pas ! Il va sérieusement falloir revoir votre régime au jus de citrouille et au toast beurré, et y rajouter deux repas par jours ! Un le midi, et un le soir, Potter !
Alors qu'il allait protester, elle répliqua :
-J'en ai assez de vous voir venir dans mon infirmerie à cause de votre anorexie ! Vous allez me faire le plaisir de manger comme un glouton, que dis-je, comme un porc pendant un mois pour reprendre des kilos ! Dit-elle tout en lui lançant un sort qui répara ses côtes.
-Merci, murmura-t-il.
Alors qu'il se levait et commençait à partir, elle l'avertit :
-Vous viendrez me voir deux fois par semaine pour que je puisse voir les résultats par moi-même, et je vous préviens que si au bout d'un mois vous n'avez pas pris les dix kilos qu'il vous faut pour atteindre le poids d'un dragonneau à la naissance, je m'occuperais personnellement de vous mettre en retenues, qui consisteront à vous faire manger !
Elle exagérait ! Un dragonneau à la naissance pesait au moins 70 kilos ! Il n'avait pas tant de kilos à prendre ! Mais il se disait qu'elle avait raison, surtout qu'il voyait en elle une seconde Mme Weasley manger un peu plus ne lui ferait pas de mal, même s'il n'avait pas faim. Ou plutôt, qu'il était trop occupé pour manger. Après avoir passé l'été à l'infirmerie puis à réparer le château avant l'arrivée des nouveaux élèves, il voulait parler avec son ancien directeur. Lui, l'élu-qui-a-donné-un-coup-de-pied-bien-placé-à-Voldy, se sentait vide. Avant, il se levait chaque jour en ayant dans la tête un mage noir à tuer, sans compter les incessants cauchemars à essuyer. Mais maintenant, il avait repris une vie normale, même si le monde sorcier le considérait encore comme un homme exceptionnel. Il avait eu de la chance, le destin aidant, et pourtant, il n'était qu'un gamin de 17 ans qui n'avait pas pu profiter de la…
Bam. Harry se retrouva sur les fesses. Une main se tendit et sans attendre, le releva.
-Pardon, Potter.
Et le tourbillon de cape noire se dirigea vers la Grande Salle.
Le dit Potter n'en revenait pas. En 8 ans à Poudlard, c'était bien la première fois que le professeur de potion lui donnait de l'aide, lui parlait sans aucun sarcasme, sans le provoquer, et qu'il ne lui avait pas jeté de regard noir. C'était trop beau pour être vrai ! Certes, le Professeur Rogue semblait plus que déprimé depuis la chute du Lord, mais ce n'était tout de même pas l'anniversaire du Gryffondor !
Dérouté, il le suivit pour prendre lui aussi un repas. Plus vite il obéirait à l'infirmière, plus vite elle lui ficherait la paix.
-Harry ! Où étais-tu encore ? s'exclama Hermione en le voyant arriver dans la Grande Salle.
-Salut Mione, dit-il en lui embrassant la joue. 'Lut Ron.
-Hurf ! répondit le concerné, la bouche pleine.
-J'étais à l'infirmerie, une côte cassée…
-Une côte cassée ? Mais avec qui t'es-tu encore battu Harry ?
- Personne Mione, mais le plus étrange, ce n'est pas ça. Le Gryffondor prend une pause en avalant son verre de jus de citrouille.
-C'est que Rogue m'a bousculé, t'inquiète Hermione, je vais bien, déclara-t-il en voyant le regard qu'elle lui lançait. Il m'a aidé à me relever, et s'est même excusé ! Pas de sarcasme, pas d'insulte, et même pas de regard noir ! Foi de Potter, si ce jour n'est pas béni ! Je crois que je vais aller m'acheter un ticket de loto !
-Loto ? Parvint à articuler Ron entre deux bouchées.
-C'est un jeu d'argent, Ron, lui expliqua Hermione.
Elle se tourna vers la table professorale afin d'y examiner leur professeur de Potions. Il semblait jouer avec ses aliments du bout de la fourchette, sans grande envie.
-Je ne sais pas si ça a un rapport, Harry, mais je pense que la chute de Voldemort y est pour beaucoup.
-Quoi ? Tu voudrais dire qu'il soit malheureux que son cher maître soit défunt ?
-A d'autre Harry, tu sais très bien qu'il était du côté de l'ordre…
-Cha ché bien frai ! dit Ron, avant de boire un verre de jus. Je peux t'assurer qu'il était l'espion de Dumbledor depuis un bout de temps ! C'est mon père qui me l'a dit, cet été…
-Je sais, mais ça n'explique pas pourquoi il est comme ça depuis la chute du Lord ! Il devrait sauter de joie, non ? Reprend Harry.
-Ou peut-être que c'est juste un grand bouleversement pour lui. Il n'a plus rien à faire, peut-être qu'il ne se sent plus utile à personne, avança Hermione, sans savoir qu'elle avait raison.
-J'espère juste qu'il ne pourrira pas l'ambiance ce week-end, parce qu'on va pour la première fois à Pré-Au-Lard depuis le début de l'année ! Se réjouit Ron.
-Comme c'est la première sortie des troisièmes années, je pense qu'il aura autre chose à faire que de surveiller des sorciers majeurs ! Rigola Hermione, avant se rendre compte de l'heure.
Ron attrapa une dernière brioche avant de suivre en courant ses deux amis. Rogue était peut-être différent, mais ses retenues pour les retards, non !
Le dit maître des potions, voyant arriver le trio de Gryffondor en retard, leur somma seulement d'aller s'assoir à leurs places.
Tous les élèves étaient figés. Rogue, la terreur des cachots, le bâtard graisseux, ne leur avait même pas enlevé des points ?
Non. La réponse était là, évidente pour tous : il était malade.
Pour reprendre de l'autorité, il déclara seulement :
-J'ai n'ai pas envie d'avoir des morveux à surveiller pendant qu'ils récurent des chaudrons.
Imperceptiblement, la dizaine d'élèves souffla d'un air soulagé. Ce n'était que ça, finalement. Il n'épargnait personne, encore moins ceux qui, depuis 7 ans gagnaient la coupe des 4 maisons…
Au terme des deux heures de cours, Rogue décida d'aller dans le bureau de la directrice, afin de converser avec son ancien ami, Albus.
En arrivant devant les gargouilles, il prononça à peine :
-Crème chantilly.
Il s'engouffra dans l'escalier colimaçon et percuta quelqu'un à sa plus grande surprise.
-Je m'excuse Minerva, je voulais rendre visite à… commença-t-il à s'excuser en époussetant sa robe.
-Désolée professeur Rogue, s'empressa de le couper un Potter aux joues rouges de s'être fait confondre avec une femme.
-Oh, Potter. Il n'y avait aucune once de sarcasme de la voix, juste une surprise très nettement voilée, on était un ancien espion ou on ne l'était pas.
-Pardon, s'excusa-t-il de nouveau. Je pensais avoir heurté la directrice, et non un élève…
-Je rendais visite à Dumbledor, je, j'avais besoin de parler un peu…
-Ne vous sentez pas obligé de vous justifier, Potter. J'allais le faire également. J'espère juste qu'il ne m'obligera pas à avaler un autre bonbon au citron, souffla-t-il en passant devant un Potter abasourdi.
Oui, Severus Rogue, espion de l'Ordre du Phénix venait de lui sourire. Certes un sourire en coin, et un peu désespéré, mais un sourire quand même !
-Il, il n'en a plus ! J'ai mangé le dernier, cria plus qu'il n'avoua.
-Ah ? Vous m'avez rendu un grand service Potter. Le remercia le potionniste.
Bon sang ! Voldy devait être en train de se retourner dans sa tombe, pensa Harry. Un Rogue souriant ? Un Rogue qui le remercie ? C'était le monde à l'envers !
L'ancien mangemort pénétra dans le bureau vide de la directrice, et se retourna face au portrait avec lequel il voulait converser.
-Severus ! Comme ça faisait longtemps mon vieil ami ! S'exclama l'ancien directeur de Poudlard.
-Bonjour, Albus. Déclara l'interpelé en s'asseyant dans un fauteuil invoqué.
-Vous parliez avec Harry à l'instant, n'est-ce-pas ?
-Avec Potter ? Pas vraiment, nous nous sommes juste percutés dans les escaliers.
-Ah ? Et vous ne lui avez pas retiré des points à ce titre ? Ricana Dumbledor.
-Très drôle, fit Rogue, visiblement de mauvaise foi.
-Oh ! Ça ne vous aurez pas tellement dérangé, autrefois ! Dit le sorcier à la barbe blanche, ses yeux pétillants sous ses lunettes en demi-lune. D'ailleurs, pourquoi un tel changement ?
-Quel changement, Albus ?
-Allons, ne faites pas l'enfant, Severus. Vous semblez mieux vous entendre avec lui…
-Je n'ai que faire de Potter, Albus.
-Ah ? Alors qu'avez-vous à faire ?
Là, il marquait un point, oui, justement, qu'avait à faire Rogue, maintenant que le Lord était mort ?
-Albus… Je… Albus, je me sens si inutile maintenant…
-Severus, allons, relevez la tête ! Pourquoi donc ? Severus ?
-Je… Je suis devenu votre espion pour rattraper mon erreur envers Lily, et maintenant, maintenant le Seigneur des ténèbres est mort, et… je ne suis plus d'aucune utilité à personne. Hoqueta-t-il de la répugnance à rendre un tel aveu.
-Severus ! Ne dites donc pas ça ! Vous pouvez vivre librement désormais !
-Vivre ? Mais comment puis-je vivre Albus ? Je me suis contenté de survivre toute ma vie ! Survivre aux coups de mon père sur ma mère et moi-même. Survivre à la douleur que m'infligeait le mage noir, chaque fois que les informations ne lui étaient pas suffisantes. Survivre est bien la seule chose que je sache faire, et que j'ai toujours faite !
-Severus, cessez de vous blâmer… Je sais que vous avez vécu de nombreuses choses douloureuses, mais vous avez la chance de pouvoir recommencer une nouvelle vie…
-Alors que j'ai tué ? Que j'ai trahi Lily ? Ah, je sais que je me suis racheté pour vous… Mais comment puis-je commencer à vivre ? Je vais bientôt avoir 40 ans !
-39 Severus, 39.
-Rah ! Albus ! Vous m'agacez !
-Allons, calmez-vous… Prendre l'air vous ferait du bien, bien que votre compagnie me soit forte agréable le week-end, je crains que Minerva ait laissé échapper, par mégarde bien sûr, que vous refusiez d'accompagner les élèves pour la première sortie à Pré-Au-Lard, ce samedi… Commença Dumbledor, une lueur malicieuse dans les yeux.
-Ah non ! S'exclama Rogue, qui voyait clair dans son jeu. Non et non ! Je n'irais pas !
-Je crois que cela vous ferez le plus grand bien, Severus… Puis vous aideriez très certainement Minerva. Elle était très embêtée, vous savez…
-Albus, j'ai dit non ! Je refuse de surveiller ces morveux qui risquent de se faire sauter la panse avec trop d'alcool dans l'estomac !
-Ah ah ah ! Ria le sorcier à la barbe blanche. Toujours aussi optimiste à ce que je vois Severus ?
-Mhrph, fit l'intéressé.
-S'il vous plait, je vous le demande comme un service.
-Je crois que je vous en ai rendu beaucoup, des services, argumenta le professeur de potions.
-C'est vrai, mais jusque là, ces services là étaient douloureux… Je m'en excuse encore, Severus. Mais le résultat est là : Voldemort est mort, et vous êtes libre.
Les deux hommes se regardèrent, se défiant du regard.
-Non, je vous le demande comme un service personnel. Un service qui vous fera du bien, à vous, rien qu'à vous. Ajouta le vieux sorcier.
-Bon, de toute façon, si ce n'est pas ça, vous allez me faire avaler un bonbon au citron, alors je préfère encore ça ! Céda enfin Rogue.
-Au regret de vous décevoir, Severus, Harry s'est chargé de les finir pour vous.
-Pour une fois que ce gamin fait quelque chose d'intelligent, dit-il en se levant.
-Vous partez ?
-Oui, j'ai des cours à reprendre, et une directrice à prévenir pour samedi.
-Merci, Severus…
-Ouais, c'est ça. A bientôt, Albus.
-A bientôt, fit le directeur, sur la porte qui se refermait lentement.
Le rating est de T, alors que pour les 3 prochains chapitres à venir, il n'y a rien... Mais je crois que ça va se mériter avec le chapitre 4, et peut-être plus par la suite.
En espérant que ce premier chapitre vous ai plu. Je n'attends pas forcément de review, même si elles font en général très plaisir, le lecteur est libre de commentaires, après tout!
(Et surtout, ça ne va pas m'empêcher d'écrire! :D)
