AU BONHEUR DES HOMMES
Pairing : HPDM Attention Relation hommexhomme. Arrêtez-vous là si vous n'aimez pas.
Disclamer : Tout l'univers d'Harry Potter appartient à JK Rowling. Le reste m'appartient.
Voici le début d'une nouvelle fic (au départ un two-shot meuh bon..), d'une nouvelle aventure, d'un nouveau départ, d'une... nouvelle fic quoi.. qui j'espère vous donnera envie de lire la suite.
Résumé : « Ce qui fait le Bonheur des Hommes, doit rester un secret ». Dans la noble Maison de Mme Agate, des secrets, il y en a des tas. Peut-être trop ? Meurtres, passes et romance, entrez au 5 voie Suburane. HPDM
Enjoy et n'oubliez pas : Reviewer, c'est donner l'envie, et donner l'envie, c'est donner une suite :)
CHAPITRE 1
Une douce pluie voletait entre les pierres tombales. Le vent d'automne balayait les feuilles rouges. Les troncs d'arbres se paraient de marrons, de mousses vertes et le craquement des brindilles qui tombaient des branches trop lourdes se mêlaient à l'odeur des châtaignes fraîchement écrasées par les promeneurs de ce cimetière en contrebas de la ville.
Un jeune homme aux cheveux clairs, un parapluie couvrant son visage, se tenait debout devant une petite pierre tombale. Il se pencha gracieusement pour déposer une fleur aux pétales blancs, un peu pliée par le vent, enroulée dans un ruban cuivre. Il caressa doucement la pierre froide, chassa d'une main gantée de noir les feuilles mortes et la terre boueuse qui s'y trouvait. Il resta comme cela, accroupi et tête baissée, pendant quelques minutes puis se releva lentement, jeta un dernier coup d'œil au bloc de pierre blanche sur lequel était inscrit en lettres noires et simples : « Narcissa Malfoy, 19XX-19XX, Mère douce et aimante ». Il s'en alla tranquillement, le pas léger, longeant cette petite allée jusqu'à l'imposant portail grisâtre.
Sifflotant doucement une mélodie qui venait d'un passé si lointain et qui venait si facilement à ses lèvres, il ajusta son écharpe en grosse laine crème autour de son cou gracile, et plongea dans le tumulte rassurant de la ville de Londres.
Après quelques minutes de marche sur les grands boulevards bondés de monde, il bifurqua dans un dédale de petites ruelles jusqu'à l'entrée un peu minable et glauque d'un bâtiment gris en grosses pierres d'où s'échappait une musique étouffée par les fenêtres décorées de vitraux rouges et bleus . Au-dessus de la porte en fer forgé d'arabesques rouillées, grinçait une pancarte ou était peint d'un vert un peu passé, l'inscription : « 5 Voie Suburane – Au bonheur des Hommes ».
Le jeune homme passa la porte. Les lumières tamisées, la fumée étouffante lui fit plisser les yeux. Il balaya l'air devant son visage pour y voir plus clair et toussa un peu. Il plia son parapluie, l'égoutta dans un sceau en fer cuivré prévu à cet effet et le laissa tomber dedans. Il déroula son écharpe et déboutonna le haut de son manteau à capuche.
Il s'avança dans ce couloir sombre, tapissé d'un tissu d'un vert presque noir aux reflets dorés, tel une peau de serpent. La douce lumière des fausses lampes à huile accrochées aux murs ondulait sur ses cheveux argents et dessinait la pointe douce de son nez d'une manière délicate.
_ «Draco, mon chou. » le salua une jeune femme au bout du couloir, lui faisant un clin d'œil. Elle se tenait derrière un petit comptoir d'angle en bois sombre, sa chemise souple et lâche en lin crémeux corsetée dans un étui en cuir marron, une fine chaîne d'or plongeant entre ses deux seins galbés et ronds. Derrière elle, une grande planche de bois était suspendue au mur, des clefs un peu rouillées pendant sous de petites plaques d'émail fissurées ou était peint des numéros de chambres.
_ Salut Vera… Répondit-il avec un sourire en passant devant elle. Il écarta le grand rideau de velours sombre qui encadrait le bout du couloir et entra au Bonheur des Hommes.
Il pénétra dans une grande pièce faites de tentures transparentes aux reflets chatoyants, violets carmins, bleus nuit entourant de petites alcôves où des plateaux marocains, gravés et délicats étaient disposés. Des coussins d'un velours rouge sang cernés de fils dorés étaient disposés au sol invitant au prélassement et aux caresses intimes. Il s'agissait probablement d'un ancien théâtre de ville, des balcons aux dorures passées montaient sur deux étages, appuyés sur des colonnes décorées de statues de femmes aux formes rondes, des vignes tombant de leurs mains ouvertes et entourant des petites soucoupes au contenu mystérieux. A l'emplacement de la scène se trouvait un promontoire à l'allure bancale où ondulait une jeune femme, peinte de dorée et nue, de longues chaînes accrochées à ses chevilles et ses poignets. Elle avait le visage baissé, ses yeux levés en un regard sombre et exigeant, ses bras bougeant devant elle comme une sirène alpaguant les marins perdus, invitation charnelle et promesse de plaisirs inconnus. Elle était entouré d'une centaine de bougies à la cire fondue disposées dans toute la pièce et qui étaient la seule lumière, mise à part le grand lustre fait de bouteilles de verre recyclées et autres objets transparents et qui trônait, impérial, sur le haut plafond peint d'anges, de femmes et de jeunes hommes alanguis sur des nuages voluptueux.
Dès qu'elle vit le jeune homme blond entrer dans le vaste salon, sans s' arrêter de danser, elle lui envoya un baiser brûlant. Il lui renvoya un petit signe de la main, s'arrêtant quelques secondes, hypnotisé par cette hanche dorée qui se courbait et se déliait. Il poussa un petit soupir et continua sa marche, évitant les petites tables rondes entourées de coussins moelleux où quelques jeunes femmes séduisaient par des caresses habilement prodiguées et des murmures dans le creux de l'oreille, des hommes bientôt amoureux et affaiblis devant ces Vénus de ville.
Montant le petit escalier en bois dérobé au fond de la salle, s'arrêtant pour laisser passer une jeune femme qui tenait par le bout de la cravate un homme d'une quarantaine d'années, l'air hagard et apparemment très intéressé par le fessier découvert qu'il palpait, il distribua un sourire à la jeune blonde qui lui fit un clin d'œil et se dirigea vers un petit couloir sombre. Il s'apprêtait à déverrouiller la porte de sa chambre lorsqu'une femme brune, un peu décoiffée et des tâches de rousseur sur un nez aquilin, rajustant d'un geste assuré le jupon froissé qui lui scindait la taille, sortit d'une pièce un peu plus loin.
_Ah, Draco, chéri…le héla-t-elle en le voyant mettre sa clef dans la serrure et s'avançant vers lui.
_Annaaaaaargh, ça m'énerve ! Grommela-t-il tandis qu'il bataillait avec la poignée de sa porte.
_Demande à Mme Agata de te changer une bonne fois pour toute cette serrure, chéri. Lui conseilla-t-elle en passant devant lui.
_Qu'elle s'occupe déjà de ma fenêtre qui transforme ma chambre en jour du Grand déluge quand il pleut et ensuite on verra…
_Ooooh, Draco bougon, Draco ronchon, trop mignon ! Anna s'approcha de lui et lui pinça les joues d'un air enfantin.
Draco dégagea sa main, lui jetant un regard noir et s'apprêta à lui fermer la porte au nez lorsqu'elle le héla de nouveau.
_Au fait, Draco.. Dit-elle d'un air moins enjoué
Le jeune homme rouvrit sa porte juste assez pour qu'Anna ne puisse pas le pincer à nouveau.
_Quoi ?
_Tu es allé voir ta mère aujourd'hui ? Anna bloqua la porte de son pied et le força à l'entrouvrir un peu plus. Draco la regarda quelques instants, puis finit par lâcher en soupirant :
_Oui… J'en reviens.
_Et ça va ? Fit-elle en lui caressant la joue, avec une douceur toute maternelle.
_ Ça va aller, Anna. Lui assura Draco en lui offrant un petit sourire.
Anna le regarda quelques secondes, semblant vouloir lire au plus profond de son âme. Elle continua à lui caresser la joue puis son visage s'éclaira soudainement et elle lui pinça la joue sans avertissement.
_Anna, bordel ! S'exclama Draco, posant une main sur sa joue rougie et lui lançant un regard meurtrier.
_Mon chou, tu sais que si t'en as envie, il y a des dizaines de clients qui se feraient un plaisir de te faire oublier tous tes tracas. Continua Anna en lui lançant un clin d'œil et se retournant, faisant voleter ses jupons pour s'en aller, un sourire moqueur aux lèvres.
_ Tu sais très bien que je ne fais pas ça, Anna. Grommela Draco en fermant sa porte.
Il entendit la jeune femme lui crier derrière la porte :
_Je sais mon chou, mais si tu changes d'avis, saches que tu as déjà une liste d'attente ! lança-t-elle avec un rire dans la voix.
_Oui, oui, je sais. Murmura Draco en jetant son manteau sur son lit et s'écrasant dessus.
Il croisa les bras sous son oreiller et jeta un coup d'œil désabusé sur la petite pièce qui lui servait de chambre sous les toits. Un papier peint d'un bleu layette vieilli décorait les murs, une accroche pendait du plafond écaillé. Derrière l'encadrement d'une porte en face de son lit une place, se trouvait une pièce d'eau, avec une baignoire étrangement assez grande (Draco l'avait trouvé dans la rue et ramené illico dans sa chambre après l'avoir récuré de fond en comble) aux pieds sculptés de pattes de lions et un pommeau de douche en laiton. Sa baignoire était tout simplement sa fierté. Un petit lavabo complétait le tout.
Il jeta un œil sur sa fenêtre à œil de bœuf et soupira quand il vit que l'étanchéité de la fenêtre n'était pas encore au rendez-vous. Il se leva et alla chercher un sceau en fer qu'il plaça sous la fenêtre afin de recueillir l'eau de pluie qui tombait à présent en trombes sur Londres.
Une fois cette tâche accomplie, il alla dans la salle de bain et fit couler un bain chaud et réconfortant. Alors que la nuit commençait à tomber, il alluma les quelques bougies qui se trouvaient au-dessus du lavabo et sur son petit bureau au bois qui croulait sous les livres. Il préférait la lueur des bougies que celle, trop blafarde et crue, du plafonnier. Il avait toujours préféré enjoliver la réalité, c'était sa spécialité ces derniers temps…Et qu'importe s'il se tuait les yeux, comme disait Mme Agata.
Pendant que son bain coulait, il descendit aux cuisines chercher une tasse et un sachet de thé. Il fit bouillir de l'eau et ramena le tout sur un petit plateau qu'il déposa à côté de la baignoire. Il se déshabilla, rentra dans l'eau brûlante qui marqua sa peau instantanément et s'allongea de tout son long dans ce cocon de bonheur. Il ferma les yeux quelques instants et jura lorsqu'il se rendit compte qu'il avait oublié dans son rituel de piocher un livre et de le poser à côté de la baignoire.
Il se leva donc, pestant contre le froid qui mordait à présent sa peau et, nu comme un vers, se dépêcha de courir dans l'autre pièce prendre un bouquin. Penché et concentré sur la lecture des reliures, il n'entendit pas les pas qui accouraient vers sa porte.
_Draco, t'aurais pas un peu de sav... Ouuuuuups, pardon ! Fit une voix féminine en gloussant derrière lui.
Draco se retourna prestement, cachant ce qu'il pouvait de son intimité, les joues rouges et les genoux repliés dans une posture maladroite.
_Sérieusement Olga ! On t'a jamais appris à frapper ?! Cracha Draco avec le peu de dignité qu'il lui restait à ce moment-là. Dégage !
Olga pouffa dans sa main et s'avança vers lui d'une démarche séductrice, ses hanches souples et larges roulant sous ses pas.
_Bah alors, Draco chou, qu'est-ce que tu fais tout nu ? Tu pensais quand même pas pouvoir t'amuser sans moi ? Demanda t-elle d'un ton cajoleur, un sourire moqueur aux lèvres.
_Olga, vas-t-en… Menaça Draco.
La jeune femme s'avança et pris une des mèches argentées de Draco avec laquelle elle enroula son doigt. Elle se mit à papillonner des yeux en avançant sa bouche comme pour quémander un baiser.
_Et qu'est-ce que tu vas me faire, ô sainte vierge ? Me faire un bisou ? J'ai peuuuur… Dit-elle en montrant clairement tout ce qu'elle pensait de son ton menaçant.
Draco eut un petit rire sadique.
_Non, Olga, mais je pourrais très bien dire à Mme Agata que son protégé s'est fait enlever sa vertu par une petite salope rousse comme toi…
La jeune femme se recula et le regarda d'un air faussement blessé.
_Pfff… T'es pas drôle..
_Non et j'aimerais beaucoup que tu dégages afin que je puisse aller prendre mon bain, lui dit-il, pince sans rire.
La rousse leva un sourcil intéressé en mettant ses mains sur ses hanches.
_Vas-y Draco chou… Je suis pas sûre de bien avoir tout vu tout à l'heure quand tu étais penché.
Son sourcil se leva encore plus haut tandis que Draco fulminait.
_Olga, une bonne fois pour tou…
_ Et je suis même sûre, le coupa Olga, que les filles seraient ravies de voir ce fessier absolument a-do-rable !
_Olg…
_Les fiiiiiiiiiilles ! Ya Draco chou tout nu dans sa chaaaaambre, cria-t-elle en regardant Draco d'un air insolent et un grand sourire aux lèvres.
_Putain Olga, t'es lourde ! Cracha Draco qui chercha à raser les murs et se pris les pieds dans un bouquin par terre. Il trébucha en jurant et voulant se tenir le pied, dévoila à toutes les filles amassées au chambranle de sa porte (« Comment elles ont pu arriver aussi vite, par Merlin! ») son service trois pièces.
Dès lors, des hurlements stridents de « Ooooh, c'est miiignooon ! » et de « C'est quand tu veux, Draco chou ! » résonnèrent dans le couloir et dans la pièce où un Draco, mort de honte, cherchait à se cacher en mettant le dit-bouquin devant sa nudité.
Une voix forte de femme se fit soudainement entendre et les filles se carapatèrent vers la sortie, laissant le jeune homme seul, se tenant le pied, un livre devant son sexe et les joues rougies, devant une Mme Agata mécontente.
La femme à la carrure épaisse et au chignon stricte se tenait les bras sur les hanches, un air sévère sur le visage et le surplombant de toute son aura écrasante.
_Je peux savoir qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? Demanda-t-elle en courbant sa bouche dans un rictus réprobateur ce qui n'était généralement pas bon signe.
_Heu, balbutia Draco, c'est heu rien… Olga voulait du savon et je suis tombé en voulant… vous savez.. Devant l'air clairement sceptique de la matrone, Draco baissa les yeux en maudissant intérieurement Olga et toutes les autres.
_Dis donc mon garçon, si je t'autorise à pas faire le tapin dans cette baraque, c'est pas pour que tu te pavanes nu comme un ver devant les filles ! Elle pointa un doigt menaçant vers lui en se baissant dangereusement. Alors méfies-toi parce que la prochaine fois, tu t'y colles !
Elle le regarda encore de longues secondes, le doigt toujours pointé sur lui et après un « Humph ! » sonore, s'en alla vers la sortie. Juste avant de claquer la porte, elle adressa un dernier regard au jeune homme qui se tenait maladroitement debout.
_Sois pas en retard à l'accueil. Je t'ai mis ton nouveau corset dans l'armoire, l'autre est chez Lola, elle te le rendra quand elle aura réparé tes conneries.
Et elle claqua la porte brusquement.
Draco, pensant le jugement dernier passé, se releva et se dirigea vers la salle de bain. Il sursauta quand il entendit la porte s'ouvrir. La tête d'Agata glissa à travers l'embrasure.
_Et fais quelque chose pour cette fenêtre, le parquet va finir par s'user et après c'est moi qui paie !
Et la porte claqua une dernière fois comme un glas sinistre.
Après s'être assuré que les pas de Mme Agata s'en allaient dans le couloir, Draco se laissa choir sur le sol dans un soupir à fendre l'âme. Il se releva finalement, l'exemplaire des « 1001 potions » à la main, et se laissa glisser dans son bain maintenant tiède.
_Alors, chou, comme ça on essaye de pervertir les filles de l'étage ? C'est bien joué, parce que y'en a pas mal qui veulent croquer dans tes pommes maintenant… » Dit une voix féminine en entourant les épaules de Draco, alors que celui-ci venait prendre sa relève à l'accueil.
_C'est très drôle Vera. Draco lui jeta un regard noir par-dessus son épaule. C'est cette petite peste d'Olga qui m'a foutu dans ce merdier. Le jeune homme se dégagea de son étreinte et alla se placer derrière le comptoir.
Vera contourna Draco et se plaça derrière son dos, rajustant son corset en cuir marron.
_Mmmh oui je sais. Elle resserra ses lacets d'un coup sec et se pencha à son oreille. N'empêches que j'aurais bien aimé voir ça. Et elle éclata d'un grand rire quand elle vit Draco rougir.
_Vas te faire foutre Vera, grommela-t-il en essayant de chasser les doigts derrière son dos qui laçait la pièce en cuir.
_Mon chou, c'est justement ce que je m'apprête à faire… Elle lui planta un baiser sur la joue et après un dernier clin d'œil, disparu derrière le rideau lourd qui donnait sur le salon principal.
« Ces filles vont me rendre fou.. » pensa-t-il amèrement alors qu'il essayait vainement de desserrer le nœud de Vera. Il batailla quelques secondes avant d'abandonner et de se faire à l'idée qu'il allait passer la nuit à suffoquer. Il était maintenant 23 heures et il était temps pour lui de travailler.
Il vérifia que la chemise souple en lin tombait bien sur ses épaules dénudées, sinon Mme Agata allait se faire un plaisir de le rappeler à l'ordre, se tortilla pour la forme dans son corset quelques instants et défroissa son pagne minutieusement déchiré par Lola (« Juste où il faut ! ») qui tombait sensuellement sur ses hanches et laissait voir sa cuisse nue. Il sortit d'un tiroir du comptoir les bracelets dorés qu'il devait mettre à ses pieds nus et à ses chevilles et une chainette dorée qu'il portait lâche. Il accrocha ses bijoux d'épaules, sortes de chaines dorées entremêlées, à son collier et son corset. Il posa sur son visage un voile léger qui balayait ses pommettes et laissait voir ses lèvres, et personne ne le reconnaissait.
Tous les employés du 5 voie Suburane devaient prêter Serment lorsqu'elles entraient dans la Maison. « Ce qui fait le Bonheur des Hommes, doit rester un secret » était le mantra de Mme Agate. Aucun nom n'avait jamais été dévoilé et que ce fut-ce Draco Malfoy, le fils pariât, qui travaillait ici, ne faisait pas exception. C'est en grande partie ce pourquoi Draco était venu se réfugier ici.
Il avança dans le couloir, pris dans un cagibi caché sur le côté une pancarte sur pied qui montrait une photo vivante d'une fille qui ondulait, des serpents autour de son cou et de ses cuisses et qui indiquait « Soirée Mille et une nuits ». Il ouvrit la porte et fut saisi un instant par le froid automnal qui glissait sous ses vêtements légers. Il posa la pancarte juste devant l'entrée, jeta un coup d'œil aux alentours et s'empressa de refermer la porte. Il se plaça derrière son comptoir avec un dernier frisson et attendit ses clients.
Quelques minutes plus tard, un groupe d'hommes entra, riant et s'esclaffant fortement. Ils avancèrent directement vers la salle principale sans se soucier de Draco.
Le jeune homme contourna le comptoir et se mit derrière eux. Il toussota légèrement pour indiquer sa présence et lorsqu'il obtint une partie de leur attention, deux des hommes ne pouvant s'empêcher de jeter un coup d'œil derrière le lourd rideau pour voir ce qui les attendaient, il dit d'une voix douce et séductrice, comme le lui avait appris Mme Agate :
« Messieurs, bienvenue au Bonheur des Hommes, plus noble Maison de plaisir de tout le Londres Sorcier. Puis-je vous débarrasser de vos capes ? »
La nuit était déjà bien avancée quand Draco entra dans le salon principal, laissant la relève de l'accueil à une autre fille. Une musique arabisante distillait son hypnotisante mélopée dans la salle, affolant encore plus les sens et l'envie. Sur la scène principale, deux jeunes filles ondulaient à même le sol, dans le tintement doux des clochettes à leurs pieds, se caressant doucement en enroulant leurs serpents blancs et dorés autour des cous de l'autre dans une dangereuse danse de séduction onctueuse. Derrière les alcôves à peine cachées par des voiles légers, d'autres danses, plus millénaires et plus passionnelles laissaient voir leurs corps dénudés et humides serpenter les uns sur les autres. Au centre de la pièce, des jeunes filles alanguies nourrissaient à mains nues leurs clients d'un soir, à coup de pâtisseries luisantes de sucre, de dattes couleur miel et d'une boisson sombre que Draco soupçonnait fortement être une potion aphrodisiaque alcoolisée. Les gloussements discrets et gémissements moins discrets des couples montaient jusqu'au plafond revêtu pour l'occasion d'une tenture gravée de milliers de strass or.
Draco admira quelques instants le travail de Lola, cette génie de la couture, avant de tomber sur le regard sévère de Mme Agate, qui, du haut de son balcon au deuxième étage surveillait chaque soir son établissement. Il se dépêcha de descendre dans les sous-sols des cuisines, envoya un bonjour général aux cuisinières qui s'affairaient aux fourneaux, et pris un plateau en argent massif et son nécessaire de carafe, verres aux couleurs chatoyantes et alcool brûlant et remonta les bras chargés de son fardeau. Il déposa le tout derrière un comptoir qui donnait sur la salle principale, prépara son plateau, réajusta sa tenue et commença à déambuler parmi les tables, versant dans les verres vides cette boisson étrange.
Tout ce qu'il lui fallait faire, c'était de ne pas, évidemment, renverser de liquide sur les clients, de se tenir droit « et digne » dixit Agate (« Je dois être fier de travailler dans une maison de passe ? » Avait-il demandé d'un air écœuré alors qu'il faisait ses débuts. Il se souviendrait toujours de la réponse de Mme Agate, depuis il s'efforçait de lui faire honneur.) et d'échapper aux mains baladeuses le plus discrètement possible.
Dans sa ronde, il croisa Olga qui descendait des escaliers menant aux chambres, accompagnée d'une des jumelles Fiescha et d'un homme qui avait été apparemment satisfait par ces demoiselles.
Quand la rousse passa devant lui, elle lui mit discrètement une main aux fesses, accompagné d'un petit rire moqueur. Draco l'empêcha alors de partir en lui tenant le bras de sa main libre.
_La vengeance est un plat qui se mange froid, Olga. Et n'oublie pas qu'on me surnommait le Prince de Glace, lui glissa-t-il à l'oreille.
Olga eut un petit gloussement alors que la jumelle à ses côtés lui demandait de quelle vengeance il s'agissait. Olga balaya sa question d'un revers de la main et l'entraîna plus loin, vers un groupe d'hommes assis en face.
Draco lui jeta un regard amusé et reparti à sa tâche dans le tourbillon de la nuit.
Quelques heures plus tard, alors que le matin étendait ses rayons blafards sur un Londres ensommeillé, les derniers clients remettaient leurs capes et chapeaux, se dirigeant en titubant vers la sortie, accompagnés de jeunes femmes riant et caressant une dernière fois leurs passions d'un soir.
Draco finissait de ramasser les derniers verres, secouait les coussins qui seront nettoyés plus tard par la femme de ménage et replaçait dans les coupelles au creux des mains des statues des préservatifs neufs. Il monta en baillant le petit escalier, une dernière tasse de thé à la main, où une jeune femme dormait déjà accrochée à la rambarde, l'enjamba et se dirigea d'un pas chancelant vers sa chambre. Il passa devant la chambre d'Olga, dont la porte était ouverte et s'empressa d'y entrer afin de lui envoyer une dernière pique avant la nuit.
La tasse de thé s'écrasa au sol et Draco resta interdit dans l'embrasure de la porte.
Le corps d'Olga était allongé d'une manière tordue sur le petit lit, un bras pendant dans le vide et l'autre formant un angle bizarre sous son corps couché sur le dos. Sa tête était rejetée en arrière et son visage figé dans une expression de terreur, la bouche ouverte. Son ventre était ouvert du début de sa poitrine jusqu'au début du pubis dans une entaille profonde et nette, sanguinolente et crue, ses entrailles posées sur son ventre dans une étrange attention de perfection.
Draco recula d'un pas devant ce spectacle morbide et il ne sentit plus qu'il n'entendit un cri déchirant à ses côtés. Une des filles se tenait là, les mains crispées sur sa bouche et hurlant à n'en plus finir, les yeux rivés sur le corps d'Olga. Draco se tint soudainement au chambranle de la porte, pris d'un vertige et, sentant que des personnes le poussait à l'intérieur pour voir la scène, se retourna et se fraya un chemin dans le couloir à travers les filles tirées du sommeil, leur mascara coulant et leur jupes de travers, et fini par s'adosser à la porte de sa chambre, se laissant glisser le long, regardant d'un air absent les pieds nus qui s'empressaient devant lui de découvrir le spectacle macabre.
A suivre...
