Chapitre 1 : How far will it go?
When will you be satisfied?
This rising toll
Can never be justified.
Stop.

Le building était particulièrement luisant ce jour là. Le ciel était dégagé, le soleil agressif. Quelques oiseaux volaient, ici et là. Tokyo faisait partie de ces villes qu'on reconnaissait du premier coup d'œil. Les immeubles. Les couleurs. La langue. Les gens. Les évènements qui auront lieu à partir de maintenant dépendent de la volonté de plusieurs hommes. C'était un mardi, et les informations avaient prévu un temps splendide. Une semaine rayonnante et belle. L'homme quittait ses appartements. Il jette un dernier regard vers cette immense baie vitrée, blasé. Il pose alors la tasse de café encore chaude dans l'évier. Personne ne l'attendra ce soir. Et, demain, personne ne m'attendra non plus. Il le savait, payer une telle surface, un tel lieu pour lui tout seul, c'était de la folie. Il soupire, prend ses clefs, son sac. Il verrouille enfin la porte. Quand il arrive devant ce building luisant il ne lui accorde même pas un regard. Sa forme spéciale, ses fenêtres interminables. Il s'engage immédiatement dans le hall, et on le salue platement. Chacun se retourne sur son passage, et il répond d'un geste poli mais distant.

-Bonjour, Uchiwa-sama !

-Belle journée, Uchiwa-sama ?

Ils lui sourient tous. S'ils pouvaient lécher le sol pour lui, ils le feraient. Pour un peu de reconnaissance. Pour un regard. Il prend l'ascenseur. Son bureau se situait au cent-vingtième étage. Autrement dit, tout en haut. Cette décision ne venait pas de lui mais son associé. Le vice-président de la firme, Madara. L'homme avait eut beau s'opposer à ce choix, les choses s'étaient pourtant déroulées comme Madara avait prévu. Il trouvait ça empirique. Et, c'était ce qui l'attirait. Il soupira. Quelques personnes prenaient l'ascenseur en même temps que lui, et s'assurent de paraître (évidement) toujours très poli. Il leur accorda un bref regard, et se replongea aussitôt dans ses pensées. Hier, Madara lui avait parlé d'un projet. Il ignorait en quoi il consistait. Mais à chaque fois, sa peau en frissonnait. Il ne craignait pas Madara. Il craignait les conséquences de ses actes.

Car, cet homme est fou.

Les gens descendent au cent-dix-neuvième étage. Il se retrouve seul. Il attend à peine deux secondes, et les portes s'ouvrent de nouveau. La surface de l'étage est divisée en deux. Une partie lui est réservée. L'autre appartient au vice-président. Il descend. La porte le mène à ce bureau aux dimensions malsaines, hypnotiques tant elles lui donnaient parfois le tournis. Mais il s'y était habitué. Il passe devant les aquariums. Les divans en cuir. Les écrans plats, et se dirige vers le bureau en bois. Quelques dossiers l'attendent déjà. Il s'assoit.

-Itachi ?

Il lève les yeux. Surprenant.

Madara arrive, sans toquer. Là encore, c'est vraiment très surprenant…

-Madara ? Bonjour.

-Bonjour, répondit-il en souriant.

Il croisa les bras, et s'avança lentement dans le bureau, d'un pas confiant. Il s'approcha d'Itachi. Il avait toujours ce putain de regard. Personne n'arrivait à le décrypter. Et Itachi encore moins. Quoique.

-Je viens de recevoir la réponse de la banque italienne, là. Ils acceptent de collaborer avec nous sur le projet B30.

-C'est extraordinaire ça.

-Pas qu'un peu. Il paraît qu'une autre firme chinoise leur faisait de l'œil depuis quelques mois. Comme quoi…

Il sourit et vint s'appuyer contre son bureau. Il posa ses mains contre le rebord et l'observa comme s'il était de la nourriture. Quelque chose d'alléchant sans doute. Itachi relève les yeux vers lui.

-Tu viens me demander quelque chose ?

Madara pousse un soupir exaspéré.

-Pourquoi faut-il toujours que tu aies cette image de moi ! Pourquoi ne pourrais-je pas simplement venir te voir, dans ce bureau coupé de tout ce monde en dessous nos pieds ?

Madara approche son visage de celui d'Itachi. Ce dernier ne recule pas. Il est très près. Il sent son souffle contre ses lèvres. Et ça ne lui fait rien.

-Parce que tu ne viendrais pas, simplement pour me voir. Ca n'existe pas ça.

Madara haussa les sourcils. Il s'éloigne un peu, et observe Itachi, supérieur.

-Dis moi ce que t'as à me demander, dit Itachi en détachant chaque syllabe.

Madara croise les bras. Il sort un paquet de cigarettes, le jette sur mon bureau après en avoir ôté une. Il la coince entre ses lèvres, l'allume sans gène.

-Bon.

Il tire une taffe.

-Je te dis ça concrètement ou je prends mon temps ?

Itachi lança un regard empli de reproches à Madara.

-D'accord, d'accord, s'empressa t-il de dire.

Madara expira lentement. Il ressemblait presque à un dragon, majestueux et mystérieux à la fois. Il scrutait le visage d'Itachi, et voulait capter chacune de ses expressions.

-Des gars. Pas si loin d'ici. Ils sont en relation avec la Birmanie.

Il sourit. Itachi ne comprenait pas où il voulait en venir. Il se contenta d'attendre que Madara finisse ses explications vaseuses.

-Il paraît qu'on peut carrément s'offrir un bon réseau là bas.

-Un réseau.

-Itachi, fais pas l'idiot. T'as rarement fumé des cigarettes et c'est pas de la neige que tu conserves dans ce tiroir même qui prouvera le contraire.

Itachi sonda le regard de Madara, joueur et moqueur. Celui-ci déposa les cendres dans le cendrier d'Itachi.

-Pourquoi mettre l'entreprise dans cette merde ? demanda lentement Itachi, tu sais très bien où ça va nous mener toutes tes conneries. On va se faire avoir.

-T'es tellement pessimiste que, des fois j'me demande pourquoi on travaille ensemble.

Madara afficha une expression de stupéfaction, puis lança un grand sourire à Itachi.

-Ah oui, je sais pourquoi on bosse tous les deux, c'est vrai. J'avais oublié.

Il plaqua sa main libre à son entrejambe. Il la serra, sans aucune honte.

-Ya que ça qui doit vraiment t'intéresser au fond…

Itachi se leva de sa chaise, et Madara tira son associé par sa cravate.

-Tu comptes aller où, hein ?

Itachi leva le visage vers Madara.

-Nulle-part.

-J'ai pas fini de te parler.

-Je sais.

Madara baissa les yeux vers les lèvres d'Itachi. Il les contempla de longues secondes, avant de laisser l'homme libre. Les cendres de sa cigarette s'étaient épaissies. Il les fit tomber dans le récipient en argent.

-On aurait tord de pas en profiter. Nos capitaux, nos petites banques là. Elles se font toutes talonner. Ca ne t'embêterait pas, toi de te faire détrôner comme ça ? D'un claquement de doigt ? Si on renforce nos revenus, je peux t'assurer qu'ils vont avoir besoin d'un miracle pour oser seulement s'élever à nos côtés.

Itachi se redressa. Madara écrasa sa cigarette.

-Et puis, t'imagines à quel point on va en profiter ?

Madara fit mine d'applaudir.

-Des jeunes, qui n'attendent que ça. De très beaux jeunes… Oh et puis ! Ta neige deviendra éternelle.

Itachi s'éloigna de Madara. Celui-ci, stupéfait se retourna.

-Attend, tu t'en vas là ?

-Non non, je pars.

-C'est bien ce que je dis !

-Ah bon ? Je n'ai pas entendu.

Madara poussa un grognement indisposé. Il quitta le bureau, et se rua sur son associé, d'un pas décidé.

-Mais, qu'est ce que tu fais ? Pourquoi est-ce que tu fuis le chemin de la réussite ?

Itachi s'arrêta de marcher. Il se retourna vers Madara et sonda son regard de longues secondes, interminables et puissantes. Itachi, la main sur la poignée de la porte du bureau s'était figé.

-Je vérifie que le bureau est fermé.

Madara parut surpris. Puis, il décrocha un sourire éclatant et vicieux. Il s'approcha de lui, et porta ses mains à sa chemise. Il la tira lentement à lui, et leva les yeux vers ses deux cernes creusés et pâles.

-Tu dis que ça rapportera à l'entreprise ? demanda Itachi.

Madara hocha vivement la tête.

-La crédibilité en plus. On va avoir une demande d'emploi croissante. Tout le monde va nous envier, Itachi. Et nous, on va être tellement au dessus de tout ça.

Madara embrassa le cou d'Itachi. Il le lécha, doucement. Il se dirigea à son oreille. Ses mouvements avaient quelque chose. Quelque chose d'animal.

-Je les contacte ce soir, murmura t-il, et demain nous serons déjà les rois du monde.

Itachi attire Madara brutalement vers lui, et le plaque contre la porte du bureau. Ce dernier pousse une plainte, sonore et sensuelle. Il le fixe, paniqué. Enfin, Itachi relève la jambe de Madara à sa taille. Ils s'embrassent. Et Itachi baise Madara. Il n'y a pas d'hésitation. Ses coups de reins avaient été d'une brutalité impeccable. C'en était même malsain, qu'un simple homme puisse être si parfait.

Madara avait joui. Sa silhouette fine s'était cambrée contre la porte.

Deux mois s'étaient écoulés depuis cet accord.

Le jeune Uzumaki Naruto avait déjà travaillé un an dans son entreprise familiale. Cependant, il avait décidé de voler de ses propres ailes. Les banques étaient un terrain qu'il n'avait pas exploité jusque là. Cela dit, il avait été habitué aux réseaux financiers internationaux depuis longtemps. Il était riche, c'est vrai. Mais, il était seul. Mais à Tokyo, c'est tout bonnement impossible. Vous ne restez seul jamais longtemps.

Il regardait sa montre, un peu pressé. Il regardait autour de lui. Tout le monde avait l'air tellement professionnel…C'était la grande annonce. Il n'avait pas choisi la facilité en s'engageant dans cette entreprise là. C'était l'élite. La crème des crèmes. La plus influente, la plus incroyable. Secrétaire personnel. Le travail rêvé. Uchiwa Cie proposait des prix très intéressants. En réalité, ils dépassaient même la notion d'intérêt. Le salaire en question était, pour Naruto cinq fois supérieur à son ancienne paye. Il avait voulu se présenter pour un autre poste, quelques semaines auparavant. Le même, en réalité, mais pas pour le compte de Madara Uchiwa. Cette fois-ci, le patron Itachi cherchait activement un secrétaire personnel. Les attentes de l'homme avaient été très claires. Naruto se souvenait de ce qui était marqué sur le site. Un homme qualifié, dynamique, sérieux et agréable. Lorsque la femme sortit du bureau, en pleurs, Naruto afficha une expression légèrement inquiète.

-Uzumaki Naruto ? demanda une femme en soupirant.

Cette dernière portait un tailleur, des lunettes. Elle avait de longs cheveux rouges.

Naruto se leva, son sac dans la main droite.

-C'est moi.

La jeune femme hocha la tête.

-Suivez-moi, dit-elle en cochant visiblement quelque chose sur les paperasses qu'elle parcourait.

Naruto s'empressa d'obéir. Il quitta la salle d'attente. Il tenta d'oublier la vision de la femme, en pleurs sortant de l'entretien qu'il s'apprêtait à passer lui aussi. Mais il n'y arriva pas. Enfin, lorsque la femme arriva devant une grande porte stérile, elle la désigna du bout de son stylo.

-Uchiwa-sama n'aime pas les prétentieux, lui dit-elle d'un air suffisant, et ce qu'il aime encore moins, c'est le mensonge. De toute façon, il vous aura démasqué avant que vous ne pensiez déjà à mentir.