Hello les Oncers,
Il y a quelques semaines, je suis tombée sur une version alternative du conte où Rumple n'était pas un affreux lutin. Ne retrouvant pas l'ouvrage, j'ai décidé, avec ce dont je me souvenais, de fabriquer ma propre version du conte de Rumplestiltskin en m'inspirant des grandes lignes du livre introuvable. Les éléments de base restent les mêmes: la jeune fille enfermée dans la tour et qui doit filer la paille en or contre sa vie sauve et la main du roi ainsi que l'aide qu'elle reçoit. A l'inverse de Cora, Belle ne viendra pas tenter se marier et devenir reine, mais pour une quête beaucoup plus noble. L'histoire de Rumplestiltskin est très différente de celle qu'on connaît. Vous serez peut-être un peu perdu dans les premiers chapitres car vous ne lirez ni son nom, ni celui de Belle. Le début de l'histoire explique pourquoi Rumplestiltskin est maudit (pas de DO cette fois) et ce qu'il devient.
C'est la première fois que j'écris un AU donc j'espère que vous allez adhérer à l'univers que j'ai créé. Comme c'est une version alternative du conte, j'ai voulu garder au maximum l'ambiance conte de fées.
Je remercie ma bêta Valounette72 ainsi que le Lutin des Sous Bois pour m'avoir aidé à bien commencer cette histoire.
Assez parler maintenant. Je vous souhaite une bonne lecture!
Chapitre 1 : Luna
Il était une fois il y a bien longtemps dans un royaume lointain, un jeune homme qui était tombé éperdument amoureux d'une mystérieuse jeune fille à la beauté envoûtante. Cette jeune fille vivait dans la forêt, loin des hommes et communiquait avec la nature. Elle avait de longs cheveux noirs comme la nuit et la peau claire comme la neige. Ses lèvres étaient rouges comme le sang et ses yeux transparents comme l'eau des glaciers. Son frêle corps n'était recouvert que d'une robe courte argentée qui dévoilait ses jambes gracieuses. Elle avait raconté à Marius qu'elle l'avait faite elle-même en tissant du fil d'araignée gorgé de rosée matinale. Trois fois par semaine, Marius s'échappait quelques heures pour aller retrouver sa belle.
Le jour de son quinzième anniversaire pendant le dîner, son père, le roi, lui dit qu'il était temps qu'il devienne un homme. Il lui annonça ses fiançailles avec la fille aînée du roi du Sud. Avec ce mariage, leur deux royaumes allaient disposer de la plus grande armée du monde connu et pourraient repousser toute attaque de barbares ou d'ogres. Marius protesta et s'enfuit. Il passa le pont-levis avant que les gardes ne puissent l'arrêter et s'enfonça dans la sombre forêt. Les branches lui écorchaient le visage et les ronces le retenaient. Malgré tout, il ne faiblit pas et continua sa course folle jusqu'à la cascade où il retrouvait toujours Luna. Le bruit de l'eau et l'ambiance brumeuse créaient une atmosphère mystique. Il leva la tête et vit que la lune était pleine.
- Luna ! hurla-t-il. Luna où es-tu ?
Le son de sa voix porta au loin et résonna contre les roches et les troncs. La température chuta. Marius commençait à avoir peur. Les arbres ondulaient au gré du vent et des hurlements se faisaient entendre au loin. Il s'assit, se recroquevillant sur lui-même. Il frotta ses jambes pour ne pas qu'elles s'engourdissent et appela de nouveau son amour.
Quelques heures plus tard, alors qu'il était sur le point de s'endormir, une branche craqua le fit sursauter. Il se leva d'un bond et sortit son épée par sécurité.
- Luna, est-ce que c'est toi ? demanda-t-il alors que son regard parcourait les sombres fourrés.
- Vas-t-en, demanda-t-elle sans se montrer.
- Luna, j'ai besoin de toi, confia-t-il. Mon père veut me marier à une fille que je ne connais même pas.
- Vas-tu lui désobéir ? demanda-t-elle.
- C'est toi que j'aime. Luna, partons ensemble. Quittons le royaume.
Elle ne lui répondit pas et son silence fit grandir son angoisse.
- J'ai besoin de toi, avoua-t-il. Je ne veux pas de cette vie de château où tout le monde décide à ta place.
- Château ? s'étonna-t-elle. Es-tu un prince ?
Marius devait lui dire la vérité. Il ne l'avait pas fait avant pour ne pas l'effrayer. Mais là, il n'avait plus le choix.
- Je suis le prince héritier.
Elle fut prise d'angoisses. Cette révélation allait changer bien des choses. Elle lui avait offert son cœur et elle le sentait se briser. Elle savait que jamais le prince héritier ne pourrait épouser une fille de la forêt comme elle. Une larme coula lentement sur sa joue.
- Est-ce que tu m'aimeras quand même si je te dis que je suis un peu différente de la fille que tu as toujours vu ?
- Qu'importe les apparences ! C'est toi que j'aime.
- Tu me promets que tu n'auras jamais peur de moi ?
- Oui !
A ces mots, Luna se sentit rassurée. Elle inspira profondément, sécha sa larme et sortit de l'ombre. La lueur de la lune vint caresser sa peau qui était à présent gris-bleue et écailleuse. Ses yeux étaient devenus noirs et reptiliens ressortant entre ses mèches noires qui lui couvraient le visage. Deux grandes ailes avaient poussés dans son dos. Ils se fixèrent dans un silence religieux. Le cœur de Luna battait de plus en plus vite. Elle le sentait se serrer petit à petit, anticipant l'effroi qui allait habiter le visage de Marius. Mais à sa grande surprise, il lui sourit et vint à sa rencontre.
- Tu es ravissante, dit-il en lui souriant.
Il s'approcha et lui prit la main. Après avoir parlé de ses craintes, Marius proposa de retourner au château et de montrer à son père que personne ne décide de son destin.
- Mais il va te tuer… s'inquiéta Luna.
- Il ne tuera pas sa chair et son sang.
- Et moi ? Il me verra comme un monstre.
- J'irai lui parler dès que le jour se sera levé, proposa-t-il.
Ils marchèrent jusqu'au sommet de la colline et s'assirent sur une souche. Il mit sa main sous ses ailes et colla son corps contre le sien afin de sentir sa chaleur. Au loin, derrière les collines, les premiers rayons du soleil chassaient la nuit. Les nuages se tintèrent de rose et les oiseaux se mirent à chanter. Les ailes de Luna diminuèrent avant de disparaître. Sa peau redevint laiteuse et ses yeux transparents.
Ce fut main dans la main qu'ils parcoururent le chemin les séparant du château. Marius savait que rien n'était plus fort que l'amour. Sa mère le lui avait lu de nombreuses fois dans les histoires qu'elle lui racontait avant qu'il ne s'endorme. Il lui déposa un petit baiser et promit de revenir la chercher. On lui ouvrit les portes. Il traversa la cour et monta l'escalier pour se rendre dans la salle du conseil où le roi, sa main et ses ministres, en pleine réunion de crise, s'interrompirent. Ils le dévisagèrent avec un regard empli d'un mélange de colère et de soulagement.
- Mais où étais-tu, fils ? se fâcha son père. Nous t'avons cherché toute la nuit !
- Je suis allé retrouver ma bien-aimée, annonça le prince très calmement.
Cet aveu mit le roi dans une rage terrible. Il lui dit à quel point il était dangereux de s'aventurer seul la nuit dans les bois.
- N'oublie pas que tu es l'héritier du trône ! Tu aurais pu tomber sur une créature maléfique ou des bandits.
Une fois la crise passée, le roi demanda aux cuisiniers de préparer un copieux petit déjeuner car tout le monde était épuisé. Marius raconta sa rencontre avec Luna, comment il en était tombé amoureux, comment ses chants mélodieux avaient faits vaciller son cœur et comment elle lui était apparue cette nuit-là.
- Mon fils… dit calmement son père. Tu as de la chance d'être encore en vie.
- Mais Luna est…
- C'est une sorte d'harpie des bois.
- Une harpie ? demanda le prince qui ne connaissait pas ces créatures.
- Ce sont de belles femmes la journée qui vous attirent par leur beauté et leur chant, expliqua son père en tartinant son morceau de pain avec de la confiture de fraises des bois. Vous en tombez éperdument amoureux et quand vous êtes totalement sous leur emprise, elles reviennent la nuit en volant jusque dans votre chambre et vous dévorent.
- Non ! Luna n'est pas méchante ! Jamais elle ne me ferait de mal, protesta le jeune garçon.
- Tu te souviens de Kalev ?
- Le forgeron ?
- Oui, dit son père. Son petit frère est mort ainsi, dévoré par une harpie des bois. C'était l'été dernier.
D'autres ministres lui racontèrent d'autres histoires terrifiantes. Une des descriptions de la créature ressemblaient étrangement à Luna. Elle lui avait donc menti. Jamais elle ne l'avait aimé. Tout ce qu'elle voulait, c'était manger son cœur royal, le plus doux des nectars, afin de conserver sa jeunesse.
Luna attendit Marius trois jours et trois nuits près de la cascade. Elle commençait à se demander s'il reviendrait un jour. Quand elle entendit des bruits de pas, elle se releva et sourit en le voyant.
- Marius, tu es revenu, dit-elle avec soulagement.
Mais elle sentit que quelque chose était différent. Son visage était fermé et ses yeux étaient remplis de haine.
- Je sais ce que tu es, dit-il froidement.
La peur la saisit et elle fit un pas en arrière.
- Je vais m'assurer que jamais plus tu ne séduises d'hommes.
- Marius…
Il saisit la dague que son père lui avait donnée et se jeta sur Luna, lui tailladant le visage ! Elle hurla et se débattit de toutes ses forces. Le sang coulait sur ses joues et maculait sa robe argentée. Les corbeaux qui s'étaient abrités sous l'épais feuillage des arbres, s'envolèrent dans un tintamarre assourdissant de croassement.
Il cessa ses coups et se redressa, l'observant en silence. Elle était prostrée en avant et semblait s'étouffer dans ses sanglots. Son visage était enfermé dans ses mains et elle se balançait doucement comme si elle voulait se rassurer et se dire que ce n'était qu'un mauvais rêve. Il saisit un miroir qu'il avait glissé dans sa ceinture et le jeta devant Luna. En touchant le sol, il se fendit.
- Comme ça tu te verras et jamais tu n'oublieras ce que tu es, lâcha-t-il froidement.
- Pourquoi… Marius…
- Quitte le royaume, sorcière.
- Marius… supplia-t-elle allongée dans une marre de sang. Comment…
- Tu m'as menti depuis le début, siffla-t-il entre ses dents.
- Mais je t'aime… murmura-t-elle entre deux sanglots.
- Apparemment, mon père a raison : l'amour est une faiblesse.
Alors qu'il commençait à s'éloigner, Luna se redressa et le regarda avec un regard noir. Celui qu'elle croyait être son amour venait de lui broyer le cœur et de la mutiler. Il avait fait d'elle un véritable monstre. Jamais plus personne n'oserait s'approcher d'elle.
- Marius, je te promets qu'un jour tu vas payer.
- Je te laisse la vie sauve. Pars et ne reviens jamais, répondit-il en brandissant sa dague. Sinon, je te tuerai de mes propres mains.
- On verra bien si tu auras le courage de le faire lorsque je maudirai ton fils.
Son sang ne fit qu'un tour en entendant cette menace. Il prit la dague et la lança dans sa direction. Mais Luna disparut dans un nuage de fumée bleue. L'artefact se planta à la verticale au milieu de la marre de sang dans la terre meuble.
Depuis cette nuit-là, on n'entendit plus jamais parler de Luna. Elle ne revint plus jamais vers la cascade et jamais elle ne tenta de s'introduire dans le château. Quand le roi mourut d'une vilaine chute à cheval lors d'une partie de chasse au sanglier, Marius lança une chasse à la sorcière. Pour lui, elle s'était vengée en tuant son père. Mais elle resta introuvable. La paranoïa le gagna à nouveau lorsqu'il fut couronné roi. Dans l'assemblée, une femme aux longs cheveux noirs fut arrêtée et condamnée à mort. Sa femme tenta de s'y opposer en disant qu'elle devait être jugée.
- Les monstres ne méritent pas notre clémence, répondit-il sans aucun remord.
Elle fut décapitée et sa tête fut mise sur une pique et exhibée pendant des semaines devant l'entrée du château. Non content de sa mort, le roi imposa une taxe supplémentaire à son peuple afin de financer la protection de la famille royale. Certaines voix s'élevèrent mais se turent lorsque certaines têtes tombèrent. Les mois passèrent et le roi oublia Luna jusqu'à la naissance de son premier fils, Aaron. Certain que les mauvais esprits pouvaient se réincarner, il ne voulut prendre aucun risque. Il fit venir un enchanteur pour bénir l'enfant et le protéger des mauvais esprits. Lors d'une cérémonie à huis clos dans la chapelle du château, il fut plongé dans un bain d'herbes pour renforcer ses défenses immunitaires contre les forces du Mal. Sa femme, la reine Isabella du royaume du Sud, lui demanda de ne pas céder à la panique et de laisser leur enfant grandir comme un enfant normal. Malgré tout, Marius ne pouvait s'ôter ses menaces de sa tête. Chaque soir, il allait voir que personne ne se trouve dans la chambre de son fils et vérifiait que la fenêtre était bien fermée.
Que pensez-vous de ce premier chapitre? N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire :)
