Disclaimer : Les personnages et l'histoire originale ne m'appartiennent pas. Tout est à la grande JK Rowling, qui aurait pu se passer de faire tuer notre Siri adoré.
Pairing : à voir en cours de lecture.
Genre : Family, Friendship, Drame
Rating : K+
Notes de l'auteur :
- Bonjour à tous. Je fais enfin un OS avec Hermione et Sirius en personnages principaux. J'en suis bien heureuse. L'histoire commence après Les reliques de la mort. Sirius est vivant, sans explications, j'avais pas le courage. Lupin, Tonks et les autres de la véritable histoire sont tous morts, plus d'autres. On est deux semaines après la fin de la bataille, les seuls qui restent au chateau sont les élèves de sixième et septième année qui se sont battus, les professeurs encore en vie (même si on ne les voit pas dans la fic), et les 8 : Harry, Draco, Ron, Luna, Hermione, Ginny, Sirius, Neville (pour moi ce sont les meilleurs, j'y peut rien mdr).
- je crois que j'ai tout dit. Certains penseront que Sirius sort "rapidement" de son état proche de la mort, mais pour moi, il avait juste besoin que quelqu'un le secoue. Il voudrait bien continuer à vivre, mais il a trop peur pour le faire. vous comprendrez au fur et à mesure (j'espère en tout cas lol)
- comme beaucoup de mes OS, il est un peu bizarre, mais je suis comme ça, ça me prend d'un coup, j'ai un besoin impérial d'écrire, et ça fait des textes super bizarre mdr.
Sur ce, Bonne lecture.
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Elle déambulait dans les couloirs du château, comme tous les soirs depuis deux semaines, depuis la dernière bataille. Elle passa devant la porte de chambre à Sirius, enfin, les appartements qu'il avait pour lui dans la tour Griffondor, comme tous les soirs. Et comme tous les soirs, elle l'entendit pleurer. Ses sanglots étouffés par son oreiller, cette détresse si grande. Elle ne pouvait pourtant rien faire. Elle n'était rien, surtout par rapport à lui. Il était si grand, si puissant, si fragile aussi, si impressionnant, si... mais comme elle l'avait affirmé à Parvati cinq minutes auparavant, dans le dortoir Griffondor, elle n'était pas du tout amoureuse de lui.
Un sourire dépité apparut sur son visage, et elle secoua doucement la tête. Elle ne comprenait pas pourquoi personne ne la croyait. Elle n'était pas amoureuse de lui. Mais depuis quelques temps, il avait prit la place d'un père dans son cœur. Et elle ne souhaitait rien d'autre qu'il soit heureux. Elle soupira. Si seulement elle pouvait faire quoi que ce soit. Des bruits de pas la firent se retourner, et elle aperçu la silhouette de Ron qui venait doucement vers lui. Arrivé à côté d'elle, il posa la main sur son épaule.
« Viens, » lui demanda-t-il, « ne reste pas là. Allons ailleurs. Nous devrions parler un peu. Tous ensembles. »
Elle hocha faiblement la tête. Oui, peut-être pourraient-ils faire mieux qu'elle. Ils passèrent chercher Luna, dans le parc, et Neville voulu aller avec eux. Ginny et Lavande étaient déjà dans la grande salle, en compagnie de Draco, leur apprit Neville. Ils avaient décidé de dormir ici, tous les sept, pour être tranquille et réunis, parce que les dortoirs étaient toujours répartis par maison, même s'il y avait tout au plus dix élèves par Dortoir. Les autres, tous les autres, allaient bientôt revenir pour aider à réparer l'école. Même les premières années.
Gin, Lavande et Draco les regardèrent entrer d'un air grave. Ils se saluèrent rapidement, sobrement, pour ceux qui ne s'étaient pas vu, et s'assirent à même le sol, en cercle, les uns près des autres, pour essayer de se sentir moins seul, mais sans vraiment de résultats.
La guerre avait fait de drôles de choses... enfin, pas drôles, mais spéciales. Des couples avaient explosé, d'autres s'étaient reformés. Draco était maintenant avec Ginny, Ron avec Luna et Lavande avec Neville. Et ils étaient bien comme ça. Pas heureux, mais le seraient-ils de nouveau un jour ? Ils se battraient pour l'être en tout cas.
Mais la guerre n'avait pas engendré que des couples. Au fond, elle n'avait provoqué qu'une seule et unique chose. Le chaos : La souffrance. Morale, physique. Les regrets. Les remords. Les envies de vengeances inassouvies…
Dans la Grande Salle, ils se regardèrent longuement, échanges silencieux que seuls ceux qui ont vécu quelque chose de terriblement fort peuvent comprendre. Hermione les regarda tour à tour. Elle se désespérait chaque jour de la maturité qu'ils avaient acquis. Ils avaient dix sept ans, et pourtant ils ne faisaient plus de blagues, ils ne s'amusaient plus, et les voir sourire était chose rare. Cependant, ils tenaient, ils se battaient et tentaient de réapprendre à vivre, malgré les pertes de cette foutue guerre. Et ceux qui n'avaient pas pu continuer. George, qui avait finalement rejoint Fred, Mc Gonnagal, qui s'était endormie un soir pour ne plus se réveiller, rejoignant celui qu'elle avait aimé tant d'années, Rogue, enfin en paix, en tout cas ils l'espéraient, Percy, qui s'était soulevé contre le ministère, emportant cinq Mangemorts en faisant exploser le bureau du ministre, Hagrid, Lupin, Tonks et tellement d'autres. La plupart des professeurs, des elfes de maison, quelques centaures, des élèves par dizaines. Et Harry… Harry qui avait bravement combattu, mais qui avait perdu. Et Sirius, fou, pas de douleur ni de chagrin ni de colère, non, juste fou, qui avait tué le mage noir d'un sort d'implosion. Un sort pour faire mal. Très mal.
Mais eux, qui étaient encore vivants, ils étaient les héros. Ils n'avaient pas le droit de se plaindre. Après tous, ils étaient vivant, les membres de l'AD, tous, ou presque, quoi de mieux ? Ceux qui disaient ça ne savaient apparemment pas qu'il était parfois plus difficile de vivre que de se laisser mourir. Tous savaient qu'Hermione était totalement dévastée par l'état de celui qu'elle tentait par tous les moyens de faire revivre. Même si elle n'en parlait pas.
« Hermione, je ne suis pas aveugle, et je serais heureuse pour toi, et pour lui aussi, bien sûr, commença Neville d'une voix douce. Mais... » sa voix s'étrangla et il ne put continuer.
La jeune femme releva les yeux et les planta dans les siens. Leurs iris brillaient de larmes trop contenues. Il finit péniblement sa phrase
« Je... je ne sais pas s'il est capable de s'en remettre. Et j'ai peur pour toi. On a tous peur. Si tu t'attache... »
Elle le coupa en éclatant d'un rire sans joie.
« C'est un peu tard pour ça, » déclara-t-elle, sarcastique, une larme coulant sur sa joue malgré elle.
Le jeune homme brun soupira lourdement, changeant de sujet.
« J'ai honte, mais j'en veux à ceux qui n'ont pas connu la guerre, et toutes ces... » il regarda autour de lui, montra la grande salle, encore dévastée, sans pouvoir mettre de mots assez fort sur ce qu'ils avaient vécus. Le blond prix la parole.
« C'est pour qu'ils ne connaissent pas le même sort que nous qui nous sommes battus. » Il haussa les épaules. « Je leur en veux aussi, ne te méprend pas, mais il vaut mieux penser qu'on a fait ça pour eux... »
Il s'égare dans ses pensées sombres. Les coins de la bouche d'Hermione tremblent légèrement, dans une vaine tentative de sourire. Partie la voix glaciale et arrogante de l'ancien Serpentard. Elle est devenue grave, et compréhensive.
« Parce que personne ne mérite ça. Personne, » murmure l'ancienne Serdaigle.
Envolée la naïveté et l'indifférence de Luna. Elle était plus sérieuse que n'importe qui, autre que ces sept là.
Hermione ramena les autres au premier sujet malgré elle. Elle ne savait vraiment plus comment faire.
« Comment dois-je faire ? Je ne sais même pas comment l'aborder. Je lui parle, il ne répond pas, je tente de l'aider, il me repousse neuf fois sur dix. »
« Mais nous, c'est tout le temps qu'il le fait. A chaque fois, il fuit, » souffle Ron.
« J'ai peur de le brusquer, » avoue la jeune femme.
« C'est peut-être ce qu'il faut faire, » suggéra Ginny. « Hey ! Ne me regardez pas comme ça, ce n'est qu'une idée, » se récria-t-elle en voyant les regards éberlués de ses amis se tourner vers elle.
Draco fronça les sourcils.
« Ton idée n'est peut-être pas si mauvaise que ça, » murmura-t-il.
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Ron se tourna vers lui, ouvrant la bouche pour lui faire une remarque acerbe lorsqu'il remarqua la façon dont Draco le regardait.
« Il est comme nous Ron, » continua le blond. « Il se renferme sur lui-même, jusqu'à ce qu'on vienne lui mettre un coup de pied aux fesses. C'est à double tranchant, je le sais bien. Soit il sort de sa torpeur, soit... »
« Soit ça l'enterre plus vite. Mais de toute façon, dans l'état où il est, il y va tout droit aussi, dans la tombe. Il faut faire quelque chose. J'en peux plus, je... » La voix d'Hermione se bloqua alors que les larmes ruisselaient sur ses joues. Elle continua, la voix entrecoupée de sanglots. « Je... je vais aller le voir demain... quand il n'y aura plus que... nous ici... »
Personne ne dit rien pendant un moment. Puis Ron prit la parole.
« Nous sommes pareils. » Dit-il doucement. « Nous ne sommes pas aussi renfermés que lui, mais nous ne parlons qu'entre nous. Les autres… c'est comme s'ils n'existaient pas. »
« C'est vrai, » souffla Luna, « et contrairement à lui, nous avons nos moitiés pour nous soutenir, ne pas nous laisser seul avec nos cauchemars. »
« Pas tous, » murmura Ginny, mais tout le monde l'entendit et se tourna vers Hermione.
« Je ne vais pas moins bien que vous, » les rassura-t-elle, en tentant de sourire.
« Peut-être pour l'instant, parce que tu te préoccupe plus de Sirius que de toi, » repris Ron, « mais si tu y arrive... » il réfléchit quelques secondes. « En fait, que tu y arrives ou pas, un jour, tu vas t'effondrer. Comme lui. La différence, c'est que tu nous a nous. Alors que lui... »
Hermione se leva brusquement, le regard noir.
« Il pourrait nous avoir aussi ! » Sa voix vibrait de colère contenue.
Elle quitta la salle à grand pas, et, alors que les autres auraient du logiquement s'inquiéter pour Sirius qui, à priori, allait en prendre plein la figure, ils sourirent, une étincelle de vie dans le regard, lueur qui prouvait qu'à chaque instant, ils revenaient un peu plus à la vie.
Hermione, elle, arrivait déjà dans la tour de Griffondor. Elle fit exploser le portrait qui protégeait les appartements de l'animagus, et monta d'un pas rageur la volée de marches qui conduisait au salon. Tant pis si les autres entendaient tout. Elle se dirigea ensuite vers la droite et ouvrit la porte de la chambre dans un fracas épouvantable. Sirius ne sursauta même pas. Il ne releva pas la tête non plus. Il était assis au bord de son lit, la tête dans les mains, les coudes sur les genoux. Et il ne bougea pas d'un millimètre. Ce manque de réaction finit de la faire sortir de ses gonds.
« Mais que fais-tu ! Que cherches-tu ! » S'écria-t-elle. « Être seul et refuser toute aide ne résout rien ! Ce n'est pas en restant enfermé que ça va changer quoi que ce soit ! Tu as beau rester enfermer, le monde continue de tourner ! C'est injuste mais c'est comme ça ! Tu ne peux pas rester comme ça sans rien faire ! Tu ne manges plus, tu ne dors plus, tu te laisses crever lentement ! Ce n'est pas une solution ! »
Il releva les yeux vers elle et se mit debout d'un geste, dardant son regard gris acier sur la jeune femme qui se senti vaciller. Mais le ton de l'homme n'avait rien d'amicale.
« Parce que tu en as trouvé une, toi, de solution ? »
« J'essaie de vivre ! De survivre, au moins ! »
« Tu as des raisons de survivre ! » Il se laissa retomber sur le lit.
« Parce que toi tu n'en as pas ? Je sais ce que tu ressens... »
« NON TU NE SAIS PAS ! » La coupa-t-il d'une voix plus que glaciale. « TU CROIS SAVOIR MAIS C'EST TOUT ! »
« ALORS QUOI ? PENDANT QUE TU COMBATTAIS ET QUE TU VOYAIS LES AUTRES MOURIR A TES PIEDS JE FAISAIS DU TRICOT EN ALASKA PEUT-ETRE ? J'ETAIS LÀ ! COMME TOUT LE MONDE ! ET J'AI VU MES AMIS MOURIR ! LA SEULE CHOSE QUE JE NE CONNAIS PAS C'EST AZKABAN ! TU VEUX PEUT-ETRE QUE J'AILLE Y FAIRE UN TOUR, ET JE TE DIS COMMENT C'EST EN REVENANT ? »
La réaction d'Hermione le remua, mais ça ne changeait rien au fond, pour lui.
« Je n'ai plus rien, » murmure-t-il.
« Tu n'as plus rien parce que tu le veux bien ! Si tu prenais la peine de sortir de cette foutue pièce, tu te rendrais compte qu'il y a des gens qui t'aiment et qui sont terrorisés à l'idée de perdre encore une personne qui leur est chère ! Tu trouve qu'il n'y a pas eu assez de morts ? »
« Je ne sers plus à rien. Je ne suis plus rien. »
« NOUS N'AVONS PLUS PERSONNE SIRIUS ! PLUS PERSONNE ! TU ES NOTRE SEUL LIEN AVEC HARRY ! TU ES TOUT CE QU'IL NOUS RESTE ! TOUT CE QU'IL ME RESTE ! »
Elle s'arrêta, avant d'en dire trop. Ce n'était pas le moment. Elle continua, la voix brisée d'avoir trop hurlé.
« Nous ne sommes pas Harry, ni James, ni Rémus, nous ne te ramènerons pas ceux que tu as perdu, mais songe au mal que tu nous fais en nous abandonnant ainsi. »
« Tu crois que moi je n'ai pas mal ? »
« Mais bon sang bien sur que tu as mal ! Mais tout à TON malheur, tu oublie que le monde sorcier a aussi mal que toi. Tu te souviens de Luna, de Ron, de lavande, de Ginny, de Neville, de Draco ? Dis-moi, te souviens-tu qu'ils étaient à tes côtés pendant la bataille ? »
Elle s'arrête quelques secondes, et il la regarde enfin dans les yeux. Alors elle continue.
« Est-ce que tu te rappelles qu'après avoir tué Voldemort, tu m'as poussé d'un trajet d'Avada Kedavra en me hurlant dessus que je n'avais pas le droit de mourir? Et juste après, tu as prit un Sectumsempra de plein fouet pour protéger Ginny. Elle t'a supplié de te battre, tu lui as juré et tu t'en es sorti. »
« Et tu vois quelqu'un m'aider, toi ? Comme tu le dis si bien, tout le monde a mal, » dit-il d'une voix sarcastique en rebaissant la tête.
Hermione se força à se calmer. S'il disait ça, ça voulait dire qu'il acceptait, au moins un minimum, de l'aide. Elle s'avança et s'agenouilla, pour se retrouver à sa hauteur.
« Tu as tellement mal, » dit-elle de la voix la plus douce qu'elle pouvait, « que tu as envie de te jeter de cette fenêtre à chaque seconde qui passe. Mais tu ne l'a pas encore fait. Ce n'est pas un manque de courage. C'est un espoir complètement horrible. Un espoir qui fait que tu es encore en vie. Celui que peut-être quelqu'un va venir et va t'aider. Puis quand cette personne se présente, tu prends peur. Parce qu'accepter de l'aide, c'est s'attacher à la personne. Et tu te dis qu'il n'y a aucune garantie que cette personne vive. Et tu ne veux plus souffrir. Mais tu dois comprendre une chose... »
Elle s'arrêta pour trouver ces mots, puis elle se rendit compte que des mots ne seraient pas suffisants. Alors elle se leva et lui tendis la main.
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Quand la main de Sirius rentra en contact avec celle de la jeune femme, elle eut une irrépressible envie de le prendre dans ses bras, mais elle se retint. Ils sortirent de la chambre mais Sirius s'arrêta. Elle eut peur qu'il ne veuille pas aller plus loin, mais en se tournant vers lui, elle vit qu'il la fixait intensément..
« Pourquoi ? » demanda-t-il d'une voix rauque. « Pourquoi m'aider ? »
« Je… » elle ne termina pas sa phrase, n'osant répondre.
« Je n'ai rien à t'apporter, » dit-il en baissant les yeux.
« Bien sûr que si, » assura-t-elle dans un demi-sourire. « Je… » Elle inspira un grand coup et se lança. « Tu es devenu important pour moi. Bien plus important que tu ne le devrais. »
Elle vit les yeux de Sirius s'écarquiller et elle rigola franchement pour la première fois depuis des mois.
« Non ! » S'exclama-t-elle. « Ne vas rien t'imaginer ! Laisse-moi finir. »
Elle reprit soudain son sérieux.
« Tu es un père pour moi, » finit-elle par lâcher, sans autre explication.
Sirius n'eut pas de réaction particulière, ce qui angoissa la jeune femme. Il garda le silence quelques secondes.
« Depuis quand ? » demanda-t-il simplement.
« Depuis les vacances entre ma sixième et ma septième année. Enfin, ça a commencé à Noël, lorsque je t'ai raconté que j'avais effacé de la mémoire de mes parents tout souvenir de moi, et que je les avais envoyés en Australie. Tu m'as pris dans tes bras, et je m'étais sentie sereine pour la première fois depuis des mois. »
Elle s'arrêta quelques secondes, comme pour rassembler ses souvenirs.
« Lorsque nous nous sommes revus quelques semaines plus tard, à l'enterrement de Rémus, tu avais l'air si mal… Au début, je me suis persuadée que je voulais juste t'aider parce que tu en avait subi bien trop, et puis lorsque je t'ai revu, j'ai bien été obligé d'admettre que vouloir t'aider n'engendrait pas ce manque viscéral lorsque je partais de chez toi, ni le besoin de te voir tous les week-end, ni cette sensation de calme qui me prenait lorsque j'étais près de toi, » finit-elle en souriant presque.
Il secoua la tête, puis releva les yeux, un espoir fou flottant au fond de ses pupilles. Elle lui prit de nouveau la main en disant
« Viens, tu reviendras ici immédiatement après si tu veux, mais viens, je t'en prie. Laisse-moi te montrer une chose. »
Il acquiesça et elle l'entraîna dans les couloirs et les escaliers du château. Lorsqu'elle arriva devant la grande salle, elle ralentie le pas, comme si elle ne voulait pas y arriver trop vite. Et c'était le cas.
Merlin, aidez-moi, aidez-le, supplia-t-elle en silence.
Après une rapide mais, espérait-elle, efficace prière, elle reprit un rythme normal. Elle sentait la main de l'homme se crisper dans la sienne. Elle la serra doucement pour le rassurer mais continua à avancer. Elle s'arrêta sur le pas de la porte de la grande salle, Sirius à ses côtés. Ils restèrent silencieuse quelques instant, puis s'avancèrent dans la grande pièce de quelques mètres.
« Tu veux me montrer la désolation de la grande salle ? » demanda-t-il sur un ton monocorde.
« Non, » répondit-elle de sa voix toujours douce. « Je veux que tu regarde plus loin que ce qui saute aux yeux. Oui, la salle est détruite, mais le château est toujours debout. Oui, elle est en morceaux, mais regarde mieux. Tu les voix, les six ? Gin et Draco, juste là. » Elle les montra du doigt, qu'elle déplaça vers les deux autres couples progressivement. « Et les autres. De nous sept, nous avons tous autant souffert. Nous avons tous souffert de sort horribles, du Sectumsempra au Doloris. Ron et Ginny ont perdu trois des leurs plus leurs parents, et Gin s'est fait violée. Luna a vu son père se faire tuer sous ses yeux, et torturer surtout. Elle a été violée aussi. Neville… Voldemort, lors d'un raid à sainte mangouste, a capturé ses parents et les a encore torturés, alors qu'ils étaient déjà fous depuis tant d'années. Il leur a sectionné les membres les uns après les autres. Neville a assisté à tout ça sous impérium. »
Elle retint un haut le cœur déclenché par le souvenir. Elle avala sa salive et reprit.
« Draco a du renier sa famille, sa mère surtout. Il en a toujours voulu à son père, mais sa mère a tenté maintes fois de le protéger, pour finir par mourir elle aussi. Il a du se battre seul, contre sa maison, il a du se battre contre notre maison, contre Griffondor, pour nous prouver son allégeance. Et il a fallu que sa mère meure pour qu'on finisse par le croire vraiment. J'en ai honte aujourd'hui. Tellement honte. Mais on ne peut pas changer ce qui est passé. On ne peut que regretter, mais en faisant ça, on se tue à petit feu. » Elle s'interrompit un instant. Sirius en profita pour prendre la parole.
« Et toi ? » demanda-t-il. « Tu dis que vous avez tous souffert. Parle-moi de toi. De ce que tu as subi. Je sais pour tes parents, mais je sais aussi que tu ne m'as pas tout dit sur eux. »
Sa voix était grave, sans animosité, sans curiosité, mais lorsqu'elle releva la tête vers lui, elle vit de l'inquiétude dans son regard.
« Je... » Hésita-t-elle.
Après tout, il faudrait bien lui en parler un jour. Alors pourquoi pas aujourd'hui.
« Je t'ai dis ce que j'avais fait subir à mes parents. Mais tout a changé. Tout allait parfaitement bien pour eux. Enfin, pendant deux ans en tout cas. Ils ont même eu un petit garçon. J'ai eu un petit frère. »
Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues pâles.
« Vol... Voldemort les a trouvé et les a fait écarteler devant moi et je me suis fait... Tout... tout ce que je t'ai raconté, le viol de Luna, celui de Ginny, le... le mien, » souffla-t-elle, les meurtres… « Ils nous enlevés, les uns après les autres, nous relâchant après. Nous étions en vie, bien sûr, mais détruits. Nous aurions pu devenir mauvais, passer de son côté. Mais nous avons fait le contraire de ce que Voldemort attendait. Nous nous sommes rapprochés, et nous avons tout affronté d'un seul bloc. Dans les premiers mois, il ne s'est pas passé une journée sans que l'un de nous, voir plusieurs, finissent à l'infirmerie, nous nous entre-attaquions sans cesse. Mais à la moindre attaque contre l'un de nous, les autres se rassemblaient pour le défendre. »
Elle le laissa examiner la Grande Salle. Elle crut même apercevoir l'ombre d'un début de sourire en voyant Draco et Ginny dans les bras l'un de l'autre.
« C'est ça que je voulais que tu voies, que tu comprennes, » reprit-elle. « Tu es d'une génération avant nous. Tes amis, tu ne les as plus. Ils sont morts. Mais tu peux en avoir de nouveaux, tout en gardant ceux qui sont partis au fond de ton cœur. Tu te rappelle ce que tu as dit à Harry, avant de partir, la première fois ? » Demanda-t-elle en levant les yeux vers lui. « Que ceux qui nous aiment ne nous quittent jamais vraiment. On finit toujours par les retrouver. Là. » Murmura-t-elle en posant sa main sur le cœur de Sirius. « Et c'est vrai, ils sont avec nous, à chaque instant. Et la douleur s'atténue, petit à petit. Tu peux alors repenser à eux sans trop souffrir. Mais ne délaisse pas pour autant les vivants. »
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Elle le serra dans ses bras, plus pour son besoin à elle qu'à lui, mais il répondit et l'embrassa sur le front.
« Tu sais, Hermione, » commença-t-il, « je ne sais pas si je serai capable... de te rendre ce que tu me donnes. »
« Si, et tu le fais déjà, en ce moment, en acceptant de parler, d'être à mes côtés. Un jour, je trouverai sûrement quelqu'un pour partager ma vie, mais jamais je ne te laisserai seul, » murmura-t-elle.
Sirius laissa passer quelques secondes, laissant son regard errer sur les trois couples. Au fond, ils avaient mal aussi.
« Nous ne pouvons pas comparer nos douleurs, dire que l'une est moins forte, moins importante qu'une autre, » souffla Hermione, comme si elle lisait dans les pensées du Maraudeur. « La seule chose à retenir, c'est que nous avons mal, mais qu'ensemble, on peut se battre... nous tous, unis. »
Il avança d'un pas dans la salle, et les autres se retournèrent. Ils n'osèrent plus bouger, mais un léger sourire de Sirius les rassura tous. Puis, soudain, Ginny se précipita sur lui et le serra dans ses bras. Il n'y eut pas de paroles, mais il n'y en avait pas besoin non plus. Puis ils entendirent du bruit, dehors, et décidèrent de voir ce qu'il se passait.
Ils sortirent dans le parc pour voir une masse grouillante arriver. Des élèves, les élèves de Poudlard, les anciens comme les derniers arrivés, des adultes, des parents, des oncles des tantes, des cousins... des dizaines de personnes arrivaient. Ils se figèrent lorsqu'ils se rendirent compte qui étaient les huit personnes qui étaient sur le pas du grand hall de Poudlard. Les Héros. C'étaient leurs noms. Derrière eux, les élèves qui étaient restés au château se précipitèrent sur le reste de leur famille qui venait d'arriver. Mais tout le monde était fasciné par ces personnes. Droites, la tête haute, mais le regard rempli de fantômes, de morts, un cœur d'or broyé par la guerre, une âme arrachée par les meurtres qu'ils avaient du commettre. Et ils étaient toujours debout.
Un petit garçon s'avança, personne ne songea à le retenir, où à bouger. Il rejoignit le groupe de huit. Ils le regardèrent s'avancer, et s'agenouillèrent pour être à son niveau.
« Bonjour, » dit-il d'une voix fluette.
« Bonjour, » répondit Ginny pour les autres.
« Vous pensez que Poudlard, il sera neuf à la rentrée ? »
« Oui, je pense, si tout le monde aide, » lui dit Draco.
« Parce que mon frère vient d'avoir onze ans, mais il n'a pas reçu de lettre. »
Draco regarda Hermione, qui avait insistée pour remettre en ordre les lettres rédigées par Dumbledore et Mc Gonnagal, et à la surprise de tous, ce fut Sirius qui répondit au garçon.
« Ne t'en fait pas, les lettres ont du retard, mais elles arriveront. Je te le promets, » lui assura-t-il avec un vrai sourire.
Le garçonnet sauta au cout de Sirius en lui disant au moins trente fois merci en l'espace de quelques secondes. L'homme se trouva un peu désemparé, mais la main d'Hermione qui se posa sur son bras le rassura, et il enlaça le gamin en se relevant, suivi des autres. La sœur du garçon, qui portait un uniforme de Serpentard, vint à son tour vers eux pour les remercier. Puis elle reprit son frère et reparti vers le reste de la foule. A l'étonnement général, la suivante à parler fut Padma Patil.
« J'étais une des filles les plus superficielles de ce château, et je le suis sûrement encore un peu aux vues du temps que j'ai mis à me maquiller et me coiffer ce matin, » commença-t-elle provoquant quelques rires. « Mais je ne suis pas idiote pour autant. J'ai livré bataille à vos côtés, » lança-t-elle en se tournant vers les Héros, « et je suis tellement fière de l'avoir fait, même si je me dis à chaque instant que je donnerais tout pour qu'il ne se soit rien passé. Mais c'est ainsi. Et aujourd'hui, nous ne pouvons que vous dire merci. Si l'un de vous n'avait pas été présent, je ne crois pas que nous serions là aujourd'hui. Alors, même si le mot est tellement faible par rapport à la reconnaissance que vous méritez, merci. »
Et elle commença à applaudir, suivie par tout le monde. Les plus jeunes criaient et courraient en tout sens, n'attachant d'importance qu'à la joie présente, et non à sa cause. Hermione regarda les autres, et vit qu'ils souriaient. Elle-même ne put s'empêcher de le faire. Elle se tourna vers Sirius, qui souriait également, les yeux pétillants d'un espoir peut-être plus accessible qu'il le prévoyait, un bonheur pas si loin que ça, mais bien à sa portée.
« Tu vois, » dit Hermione en posant sa main sur son épaule. « Ils ne comprennent pas tout, mais ils savent ce qu'on a fait. Et ils sont là, pour nous aider, même si ce n'est que pour reconstruire. Ils sont là. Et tous les sept, nous sommes là pour toi. Moi, je suis là pour toi, » finit-elle par murmurer. « Nous sommes tous ici, les uns pour les autres. »
Il resta silencieux un long moment, la tenant toujours contre lui, l'enserrant de ses bras, ayant besoin de savoir qu'elle était là, qu'elle n'allait pas l'abandonner. Il ne savait pas comment ça allait se passer. Il savait que ce serait difficile, très difficile, mais il avait un espoir d'y arriver maintenant. Il reporta son attention sur la jeune femme entre ses bras. Elle méritait tellement mieux que lui, une vraie famille... et puis, elle était jeune, et lui… en bien, il avait l'âge s'être son père après tout… Cependant, elle perdait peut-être son temps… mais lui, ne méritait-il pas mieux, aussi ? Et puis, après tout, c'était elle qui était venu le chercher. Il n'était pas prêt à être un père... pas encore. Ce petit bout de femme avait le don de tout renverser, et de faire croire en la vie à tout le monde, comme elle l'avait fait maintes fois auparavant, et comme elle l'avait fait pas plus tard qu'aujourd'hui, pour lui.
Il releva la tête pour contempler le coucher de soleil, et il vit les autres commencer à travailler, même s'il allait faire nuit. Ils voulaient commencer à tout prix. Ils se passaient les pierres et, de sortilèges en sortilèges, les premiers blocs de roches retrouvèrent leur emplacement d'origine. Puis il tourna la tête vers le soleil, avec le lac en dessous, et le calamar qui étendit paresseusement une de ses tentacules avant de plonger dans les abysses pour la nuit. Puis le soleil se coucha, et Sirius, pour la première fois depuis longtemps, se dit que demain pouvait être meilleur. Il serra un peu plus encore contre lui la jeune femme dans ses bras, qui attendait depuis presque une heure qu'il fasse quoi que ce soit et se dit que oui, demain ne pouvait être qu'une bonne journée. Parce qu'il ne serait pas seul. Plus seul. Il embrassa la tempe d'Hermione, qui releva la tête. Ils y arriveraient.
« D'accord... » Souffla simplement Sirius.
Les trois autres couples les rejoignirent. Ils avaient toute la vie devant eux désormais. Il faudrait penser les plaies, ils devraient oser recommencer leurs vies là où ils les avaient laissées. Mais ils y arriveraient.
Ensembles.
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FIN
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30 mars 2010
