Tabula Rasa

Suite de Tabula Non Rasa.

Rating : Général, Aventure drame.

Spoiler : I II III IV V VI VII

Par LiLitheuh (Freyja'Snape / Freyja'Rogue) débutée le 31 Août 2007

Disclaimer : Les personnages, les noms, les caractères et les lieux sont la propriété de J.K. Rowling, ceci par l'intermédiaire des Editions Bloomsbury © et de la compagnie Warner Bros ©. Seul l'intitulé de l'intrigue certains événements relatés et quelques personnages sont à moi.


- 1 - Quoi qu'il en coûte...

Azareth avait abandonné le corps sans vie de Severus, alors qu'elle apprenait l'anéantissement du Seigneur des Ténèbres.
Elle volait doucement au dessus de Poudlard, comptant les morts, les blessés, les pleurs. De tous les endroits du monde lui parvenait la détresse du peuple Sorcier, rapportée par ses milliers d'yeux et d'oreilles invisibles. S'ajoutant à toute cette horreur, sa propre tristesse, ce sentiment d'inachevé, ces remords.
Elle survola longtemps le pays, à la recherche de l'Histoire, mais son esprit était embrumé par les pensées qui se bousculaient. Bientôt la détresse fit place à l'allégresse, les Sorciers enfin libérés de l'oppression de Voldemort pouvaient enfin savourer une liberté nouvelle. Elle les vit rebâtir leurs maisons, et se reconstruire eux-mêmes.
Elle vit des milliers d'enterrements, du plus sobre au plus majestueux. Et parmi les plus simples, elle s'approcha de celui de Severus. Dans un petit cimetière du nord-est de l'Angleterre, dans une terre dépourvue de végétation ou presque, le cercueil était mis en terre devant trois personnes. Elle se posa à quelques mètres, dissimulée derrière un imposant mausolée appartenant à la famille noble de la région. Personne ne dit mot pendant que la triste boîte de pin descendait dans son lit d'humus. Alors que la lourde pierre tombale scellait à jamais la dernière demeure de Severus, elle entendit distinctement le jeune homme aux lunettes murmurer :

- Merci, Severus...

La jeune fille qui serrait dans ses bras un garçon roux, laissa échapper un reniflement.
Ils restèrent quelque instant encore, puis le petit groupe d'éloigna. Elle les regarda marcher d'un pas lourd, puis ils transplanèrent. Elle s'avança alors vers la tombe, et lut l'épitaphe « A celui qui a sauvé le monde. » Elle resta longtemps immobile, fixant de ses yeux blancs l'inscription ridicule. Elle toucha délicatement la pierre froide du nez, et une légère brume s'éleva. Elle pleura deux larmes de sang qui tombèrent en un bruit sec sur le marbre noir. Elle ne pouvait l'accepter... Même si cela devait lui en coûter. Et elle savait qu'elle allait payer cher ce qu'elle comptait faire...
Cette idée obsédait son esprit depuis qu'elle avait senti la vie quitter le corps de Severus. D'une petite étincelle, elle était devenue brasier, et rien ne pouvait l'éteindre. Elle hésitait cependant. Elle savait qu'elle était déjà allée beaucoup trop loin en intervenant une fois de plus.

Ses errances à la recherche des faits la conduisirent bientôt sur les côtes déchiquetées d'Ecosse. Elle ne pouvait hésiter plus longtemps... Elle longea la falaise abrupte, descendit péniblement, se blessant contre les rochers, vers une caverne fouettée par les vagues. L'entrée n'avait rien d'accueillante, bordée de ces sombres pierres acérées. Elle s'immobilisa, pris sa forme hybride, et murmura quelques mots incompréhensibles. L'entrée s'éclaira un instant d'une lumière rouge, et elle pu avancer. Elle maugréa pour elle-même contre ces protections qui l'empêchaient de traverser directement les parois rocheuses. Elle traversa rapidement un long boyau tortueux qui déboucha sur une salle plus haute, large de plusieurs centaines de mètres, et pourvue en son centre d'un immense lac d'eau salée. Elle s'immobilisa près de l'étendue d'eau, et appela.

- Aegirius ! Felrad !

Un bouillonnement d'eau s'éleva devant elle, pendant qu'un grondement sourd lui parvenait à sa droite. Un gigantesque poisson aux écailles irisées apparu à la surface du lac, alors qu'un dragon venait de se coucher près d'elle, sa tête frôlant le haut plafond. Ils se saluèrent mutuellement d'un hochement de tête. Azareth pris alors la parole.

- Mes frères, avez-vous vu ce qui s'est passé ces dernières années ?

Ils hochèrent la tête de nouveau.

- Avez-vous vu ce que j'ai fait ?

Ils acquiescèrent.

- Et vous, qu'avez-vous fait ?

Une voix profonde s'éleva de la gueule du dragon.

- Nous sommes restés à notre place, comme nous devons le faire. Nous avons vu les tentatives désespérées de tes créatures. Nous avons vu leur folie.

- Vous avez vu ce que vous vouliez voir. Je n'y ai pas vu que de la folie, j'ai vu aussi le courage, la force.

- Azareth, s'éleva la voix étrange de Felrad, comme si elle était composée de centaines de voix différentes. Nous t'avions dit qu'offrir la magie à ces humains vaniteux était une erreur. Nous te l'avons démontré à plusieurs reprises, et cette fois encore, tu refuses de voir.

- Vos créatures ne font-elles pas aussi d'erreurs ? Tes dragons, Aegirius, et toi Felrad, tes démons de l'eau ?

- Nos créatures ne sont pas vaniteuses comme les tiennes, elles suivent leurs instincts, ceux qu'on leur a donnés. Répondit Aegirius.

- Les Sorciers ne sont pas mes créatures. Ils n'ont pas mes instincts, ils tentent eux-mêmes de vivre alors que vos créations se contentent de faire ce que vous leur avez appris. Ils ont droit à mon aide.

- Ton aide ? Pourtant nous avons vu qu'ils ne t'écoutent pas. Depuis ces milliers d'années, ils n'ont pas grandi, ils restent ces erreurs que tu n'aurais jamais dû faire naître.

- Ils apprendront. Un jour, naîtra celui qui saura les faire changer.

- Quand, Azareth ? Repris la voix multiple de Felrad. Nous sommes las de voir tes erreurs perturber le cours des choses.

- Ils ont autant leur place en ce monde que vous.

Elle parlait calmement, gardant sur son visage cette expression neutre, chassant toute colère ou impatience, qui pourrait anéantir toutes ses chances. Tant qu'elle réussissait à argumenter, il y avait espoir. Ils hochèrent la tête. Elle avait gagné la première partie.

- Je sais que je peux les aider à perdre ce sentiment de supériorité. Je sais que je peux faire naître celui qui les changera.

Ils restèrent silencieux. Elle joignit ses mains en coupe, et une légère brume s'éleva entre elles. Elle formait de compliquées arabesques, s'enroulant et se déroulant comme des serpents de fumée. Ils observèrent quelques instants les ondulations fantomatiques.

- Cette âme est morte, Azareth. La résurrection nous est interdite. Murmura Aegirius

- Parce que nous l'avons interdite, ajouta t-elle. Je ne demande pas sa résurrection.

- La réincarnation n'est pas prévue pour les Sorciers, seules certaines créatures... Commença Felrad.

- Je sais, je demande une exception. Une seule. Je sais que cette âme est celle que j'attendais depuis le jour où j'ai offert leurs pouvoirs au Hommes.

Ils restèrent silencieux quelques minutes. Azareth regardait toujours la fine brume argentée s'agiter dans ses mains.

- Azareth, si nous acceptons, tu devras en payer le prix un jour, tu le sais, murmura Aegirius de sa vois profonde.

- Je sais, chuchota t-elle.

- Je te souhaite de ne pas te tromper cette fois, ou nous seront obligés de te contraindre à cesser d'aider tes Sorciers.

- Nous t'ôterons tes pouvoirs, ainsi que ceux de tes protégés, ajouta Felrad. Nous ne supporterons pas un nouvel échec.

Elle baissa la tête, puis acquiesça. Elle attendit quelques secondes dans le silence, avant que la voix de Felrad ne s'élève à nouveau.

- Où veux-tu envoyer cette âme ?

- J'ai déjà mon idée. Mais il faudra attendre quelques années.

- Soit.

Elle s'approcha d'eux, tenant toujours dans ses mains l'âme tourmentée. Elle ouvrit légèrement les doigts, et la fine brume s'éleva de quelques centimètres. Elle souffla alors doucement, faisant frémir le léger brouillard. Felrad et Aegirius firent de même, et après quelques instants, l'âme désormais calme, claire et pure reposa à nouveau entre les mains d'Azareth.

- Nous te laissons agir à ton aise une dernière fois Azareth. J'espère cependant que cette fois les résultats seront meilleurs. Lança Aegirius, pendant qu'elle fermait ses mains, faisant disparaître le nuage.
Elle s'inclina, et se transforma en Sombral avant de repartir.

Oh oui cette fois elle fera beaucoup mieux... Même si cela était contre tous les principes qu'elle s'était fixés avec ses frères. Même si pour cela elle devait violer toutes ses lois. Même si elle allait devoir faire de nouveau souffrir cette âme...