«Tue Nagini, tue! »...

« Tu m'as bien servi Severus, tu as été loyal, je suis tellement désolé de devoir en arriver là »….Dit-il d'un ton froid et ironique…

Ces mots résonnent dans sa tête, violemment, cruels. Où est-il ? Est-il en vie ? Où est le seigneur des ténèbres ?

Aïe, cette douleur dans son corps…Oui, il est en vie, il ne peut en être autrement. Il a survécu ! Mais comment ? Par quel prodige ? Oh, il s'était préparé à l'attaque du maître. Dumbledore et lui savaient le danger qu'il allait courir. Il ne voulait pas être terrassé par cet homme noir, non, pas après toutes ces années de sacrifices et de luttes. Non, il allait se battre pour sa survie ! Il avait mis au point quelques potions et prononcé des formules pour se protéger, mais il ne savait pas contre quoi. L'attaque au cou pour l'affaiblir l'a surpris, s'attendant à une attaque magique, une incantation violente. Le maître voulait du sang, son sang…Mais pas question de finir le travail lui-même, non, ça aurait été trop rapide. Il voulait le voir souffrir, Nagini lui donnait cette jouissance de voir ses victimes terrorisées avant de succomber à ses morsures violentes.

« Je suis vivant…Je suis vivant…Je suis vivant… » Severus esquisse un sourire, il avait réussi ! Soudain, il se souvient de l'attaque imminente du château. Que s'est-il passé ? Où sont les autres ? Et Potter, est-il encore en vie ? Il lui a montré les images du passé, en a-t-il profité pour tout dire à ses amis, aux élèves, aux professeurs ? Que de questions qui le rendent soudain très tendu.

Il regarde autour de lui, et se rend compte qu'il est dans le château, dans l'infirmerie. Il est seul, mais entend des pas. Ses questions vont bientôt trouver réponses, au moins pour certaines d'entre elles…

Mme Pomfresh fait irruption dans la pièce, et lève les bras au ciel : « Professeur Snape ! Vous revoici parmi nous, enfin ! Je vais prévenir Mr Potter tout de suite, il est tellement inquiet pour vous ! »

Severus ne sait que penser…Potter inquiet pour lui… ? Après ce qu'il a découvert dans la pensine, son aversion pour son professeur aurait donc disparu ? L'amour qu'il a porté à sa mère Lily ne l'a donc pas écœuré ?

« Inutile de déranger Mr Potter pour moi, Mme Pomfresh. De toute façon, je préfère ne pas recevoir de visiteurs dans l'immédiat. J'ai déjà beaucoup de mal à comprendre que je suis encore simplement en vie, laissez-moi reprendre mes esprits, je vous prie.

-Non, professeur Snape, Mr Potter a insisté pour être prévenu dès votre réveil…si vous deviez vous réveiller… »

Ainsi, Mr Potter n'était pas sûr de me revoir… Bien sûr, à voir mes blessures, comment croire que je pouvais en réchapper…, se dit Snape.

« Mme Pomfresh, comment ai-je pu me retrouver à l'infirmerie ? Je vous avoue avoir quelques lacunes dans mes souvenirs… Et ce n'est pas peu dire…»

Mme Pomfresh esquisse un grand sourire.

« C'est Mr Potter qui vous a amené ici, avec l'aide de Miss Granger et de Mr Weasley, juste avant l'attaque des Mangemorts. Et il nous a donné l'ordre de vous veiller, de ne jamais vous laisser seul. Il vous a mis sous sa cape d'invisibilité, pour vous protéger de ces monstres qui ont envahi l'école. Oh monsieur Snape, il nous a dit de vous considérer comme le sauveur de cette école et du monde des sorciers, que nous vous devons d'être encore en vie ! Je ne sais pas ce que vous avez fait exactement, mais vous auriez vu Mr Potter lorsqu'il a dit cela devant toute l'école, personne n'a mis sa parole en doute ! Je vais le chercher maintenant, nous revenons très vite ! ».

Et Mme Pomfresh court vers la porte, laissant Severus bouche bée par ce qu'il vient d'entendre. Mr Potter avait donc dit de lui qu'il avait sauvé le monde des sorciers, lui, la chauve-souris du donjon, le bâtard, le monstre ? Et bien, quel retournement de situation ! Il va donc falloir s'habituer à un autre statut, mais pas question pour autant de devenir le gentil Severus Snape…Oh non, pas question de laisser ces maudits élèves tranquilles, il aime trop les tourmenter ! Severus un jour, Severus toujours !

Alors que Severus est dans ses pensées, il revient à lui rapidement en apercevant le trio arriver vers lui.

« Bonjour professeur ! » disent Harry et Hermione en approchant du lit de Snape. « On peut dire que vous nous avez fait peur ! » ajoute Hermione.

« Bonjour Mr Potter, Mr Weasley, Miss Granger. Ravi de me retrouver parmi vous…même si je ne sais pas comment cela peut être possible…Vous avez quelques explications à me donner jeunes gens, je suis perdu en ce moment…Mais vous allez retrouver très vite votre cher professeur des potions qui a certainement dû vous manquer terriblement ! » dit Snape avec un rictus aux lèvres. Il ne va tout de même pas se montrer trop reconnaissant… En fait, le doute s'installe en lui, il ne sait plus où il en est en réalité. Tout d'abord, il faut qu'il connaisse la réponse à cette question qui le taraude depuis son réveil.

« Mr Potter, je me réveille sur ce lit, je suis toujours dans l'école qui est debout, à mon grand étonnement. Je vois bien le grabuge qu'il y a eu, vu l'état de la pièce, mais je ne sais pas si…La guerre est-elle finie, Mr Potter ? Voldemort menace-t-il toujours notre monde ? ». L'angoisse se lit sur le visage de Snape. Il avait mis toute son énergie et même accepté de donner sa vie pour que tout cesse enfin, et que Voldemort disparaisse à jamais.

« Voldemort est mort professeur ! Nous avons réussi ! Vous avez réussi ! Notre monde est libre aujourd'hui, et doit désormais se reconstruire ! Sans vous, cela n'aurait jamais pu être possible » !

« Merci Mr Potter ». Et Snape ferme les yeux. Son visage se détend. Les larmes lui viennent au coin des yeux...

Comment croire que c'est fini. Fini d'avoir peur à chaque instant, de ne plus savoir s'il verra le soleil se lever le jour suivant. Enfin, après toutes ces années, il va enfin cesser de faire des cauchemars, nuit après nuit. Ces nuits où il revoit les blessures infligées par son maître, pour l'obliger à être toujours plus soumis. Et les autres Mangemorts, qui partageaient cette passion à faire souffrir les autres, qui lui lacéraient le corps dès que le maître leur disait. Et Bellatrix, cette garce assoiffée de sang et de haine, pour qui la souffrance et la peur étaient sa drogue quotidienne. Et chaque jour devait apporter sa dose à madame ! Combien de moldus ont été amenés auprès d'elle pour qu'elle joue avec eux comme un chat le fait avec une souris. Elle leur faisait croire qu'elle leur laisserait la vie sauve s'ils subissaient ses atrocités sans broncher. Mon dieu, qu'a-t-il fait pendant toutes ces années…Quel monstre il a été. Mais ne l'a-t-il pas voulu ? N'est-ce pas pour cela qu'il s'était engagé auprès de ce grand magicien aux pouvoirs noirs, infinis ? N'a-t-il pas voulu faire payer le mépris que les autres ressentaient en le voyant ? James Potter lui revient en mémoire. Il se revoit marchant dans le parc, lui, toujours habillé en noir, la tête basse devant tous ces jeunes premiers, beaux, mais aussi doués que lui, et qui attiraient l'appétit de toutes les jeunes filles de Poudlard. Sans compter les professeurs qui ne le remarquaient même pas. Il a fallu qu'il en vienne à la magie noire pour qu'on s'intéresse à lui, trop tard. Et Dumbledore, ce très cher directeur Dumbledore…N'a-t-il pas laissé les choses se faire ? Ne lui a-t-il pas dit et redit que ce n'était que des jeux qui ne valaient pas la peine d'en prendre ombrage. Il n'a jamais compris la douleur qu'on lui infligeait durant toutes ces années d'école. Lui qui aurait simplement voulu partager une vie simple avec les autres, avec son amie Lily. Lily…Elle s'est détournée de lui lorsqu'il a commencé à vouloir se défendre face à Potter et sa clique. Non, il faut qu'il arrête de se mentir, c'est lui seul qui a poussé Lily à s'éloigner de lui. Il n'aurait jamais dû lui dire qu'elle n'était qu'une sang-de-bourbe ! Il aurait tellement aimé pouvoir remonter le temps, changer ce moment…Mais il a eu ses moments de revanche aussi, sur ce Potter et sa troupe ! Comme c'était drôle de voir leurs visages le jour où il a jeté un sort de pétrification à tous ces morveux, incapables et prétentieux ! Il a fallu que les professeurs le supplient d'arrêter le sort pour les libérer. Que c'était bon de ne plus être celui qui subit ! Comme il a savouré ce moment encore et encore, en y repensant chaque jour pendant des semaines ! Jusqu'à ce moment où on lui a interdit de jeter ses sorts les plus puissants, ceux qui l'auraient pourtant mis à l'abri des autres élèves. Seul un homme, Voldemort, lui a donné la possibilité de développer ses pouvoirs, et de s'en servir, oh joie immense ! A-t-il tué ? Oui. A-t-il aimé ça ? Oui. Le regrette-il ? Non. Il a beau n'y réfléchir, non, pas de regrets. En tout cas, pendant les premiers temps. Ceux où il croyait que le but de toutes ces tueries étaient de gagner du pouvoir, de prendre une place importante dans le monde des sorciers, de ne jamais avoir à craindre personne. Mais Voldemort voulait plus. Son cerveau malade a voulu aller plus loin. Il voulait la destruction du monde, pour le remodeler selon sa volonté. Aussi bien pour les sorciers que pour les moldus. Et tout cela en infligeant le plus de souffrance possible, en créant un sentiment d'éternel insécurité. Là, ce n'était plus possible. Le massacre de tous ces innocents n'était plus supportable. Oh, il a fallu bien du temps pour qu'il admette qu'il ne voulait plus participer à cela. Mais comment faire pour en sortir ? Il lui a fallu lutter longtemps avant d'arriver à se décider à revenir vers Dumbledore, à lui parler, à le supplier de l'aider. Mais ce n'était pas gratuit. Et le prix à payer était au-delà de qu'il imaginait. Oui, Dumbledore l'aiderait, comme il le pourrait, mais en échange, il devait continuer à faire comme si de rien n'était, et lui rapporter les projets de Voldemort. Il devait devenir le sujet le plus précieux du Maître, lui devenir indispensable. Mon dieu, quelle folie, quelle folie. Des larmes viennent aux yeux de Snape malgré lui, et après quelques instants, il se souvient qu'il n'est pas seul. Et merde, il a fallu qu'il pleure devant Potter et Mademoiselle je-sais-tout. Weasley ? Pas important. Mais les 2 jeunes impertinents…

« Nous comprenons, monsieur, combien les choses ont été difficiles pour vous. Nous ne saurons jamais combien vous avez souffert, mais ce que nous venons de voir nous fait comprendre l'importance de vos actes, et nous ne pourrons jamais assez vous remercier » dit Potter.

« Et que pensez-vous que je doive répondre à cela Mr Potter ? Vous m'avez vu vulnérable, deux fois. C'est assez, cela ne se reproduira pas, comptez sur moi.

-Professeur, ce que veut dire Harry, c'est que nous nous en voulons de ne pas avoir compris qui vous êtes vraiment. Vous êtes un homme…extraordinaire, et encore plus aujourd'hui où nous avons vu vos larmes. Ça vous rend tellement humain ! » dit Hermione.

« Vous en doutiez tellement, Miss Granger ? Vous ne pensiez pas, pas un seul instant, que ce corps misérable puisse renfermer un cœur ? J'avoue que j'ai plaisir à vous faire mes remarques et que ça m'apporte beaucoup de satisfactions de vous voir sangloter devant moi, tout du moins pour certains d'entre vous, mais croyez-moi, mon cœur n'a jamais cessé d'espérer la fin de tout ce mal qui nous entoure depuis si longtemps ».

Hermione et Harry n'en reviennent pas d'entendre le professeur Snape dire ces mots. C'est donc un homme en souffrance qu'ils ont devant les yeux, et ils ne s'en sont jamais aperçus.

« Excusez-moi, miss Pomfresh, combien de temps vais-je devoir rester dans ce lit comme un vieil impotent ? Avec ces jeunes sans cervelles qui me regardent comme une chose curieuse…Déguerpissez donc, vous devez avoir à faire ! N'y a-t-il pas une école à remettre en état ? Allez, partez, laissez-moi me retrouver dans ma solitude, j'ai besoin de faire le point sur tout cela. Ah, au fait, dîtes à Remus, ce vieil animal puant, de ne pas venir me chatouiller de ses pattes de loup-garou avant longtemps, je ne saurai supporter ses railleries ces prochains jours !

-Professeur…Remus est mort. Tonks aussi…» lui dit Hermione, avant de se laisser aller aux larmes.

« Remus, mort ? Bon sang, je ne lui souhaitais pas cela. Je suis désolée Miss Granger, je ne pensais pas… je ne savais pas…

-Vous ne pouviez pas savoir, monsieur, mais il y a eu de nombreux morts parmi nos amis. Fred, le frère de Ron, est mort également. Tué par les mains de Voldemort. » dit Harry.

« Oh…Je suis navré Mr Weasley. Je vous avoue que vos frères m'ont souvent fait sourire avec leurs farces et attrapes. Vous apporterez mes sincères condoléances à vos parents, voulez-vous. Ils vont bien, n'est-ce pas ?

-Oui, monsieur, ils ont survécu. Mais sans Fred… Maman n'a plus de larmes tellement elle en a versées. Elle ne parle presque plus, et ne peut plus regarder Georges. C'est vraiment difficile pour nous. Mais, je suppose que les choses s'arrangeront avec le temps » dit Ron.

Il a bien changé ce Mr Weasley, pense Snape. Où est l'étudiant pleurnichard et couard ? La guerre change les personnes, profondément.

« Laissez-moi à présent. Je suppose que nous aurons l'occasion de nous revoir bientôt, que je le veuille ou non. »…Et Snape ferme les yeux pour signifier la fin de cet entretien.

Harry et ses amis quittent l'infirmerie pour retourner dans la grande salle, enfin, ce qu'il en reste.

« Alors, Hermione, tu penses quoi du Professeur Snape ?» lui demande Harry.

« Je pense qu'il ne va pas mettre longtemps avant de revenir lui-même, et ça me va ! Enfin, je crois…Tu l'imagines tout gentil avec nous ? Moi non ! Beurk ! Non, je préfère notre Snape mesquin et mauvais, tout en sachant qu'il cache une autre nature au fond de lui. Je me demande qui va bénéficier de ce nouveau Snape…

-Pas nous ! dit Ron. Il a déjà jeté son regard noir sur moi. Et j'en ai eu des frissons…»

Harry et Hermione rient de voir Ron toujours aussi intimidé par le professeur, même en sachant le courage dont il a fait preuve pour essayer de sauver autant de vies que possible durant cette guerre. Oui, Snape a changé, reste à savoir à quel point et comment cela se traduira pour eux…