Chapitre 1
*Petite précision : Le magasin Loblaws un marché d'alimentation très répandu au Canada.
Les rues de Montréal brulaient sous un soleil de plomb. Il faisait si chaud que même les arbres semblaient soupirer pour un peu de fraicheur à travers leur feuillage d'or. Sophie, son uniforme de Loblaws sur le dos, étaient cependant prête à affronter une autre journée de travail sous la chaleur accablante de cet étouffant mois de juillet. Déjà en sueur rendue au magasin, l'air climatisé qui enveloppa instantanément son corps à l'ouverture des portes la soulagea. Elle s'assit sur un banc et essuya son front. La jeune fille se sentait comme une guerrière sous cet air lourd, une guerrière qui, épée à la main, continuerait à vendre des chaises, des tables et des barbecues à l'extérieur malgré la morsure du soleil et la lourdeur de l'humidité. Le petit répit auquel elle avait droit en ce moment lui permettait d'emmagasiner des forces et lui donnait du courage. Avec un air de défi, elle fixait du regard les immenses fenêtres brillantes du Loblaws. Elle doutait que plusieurs clients soient au rendez-vous aujourd'hui.
Hey, miss papillon!
Sophie sursauta. Il s'agissait de son superviseur qui, l'ayant vu, assise, immobile et pensive sur son banc, avait décidé de la surprendre. En fait, il s'agissait d'un sport national au Loblaws. La jeune femme de 18 ans était si souvent philosophe étant seule qu'un tantinet toucher ou murmure la ramenait aussitôt sur terre de façon parfois si brutale qu'elle provoquait l'hilarité générale. Ses pensées ailées passaient du coq à l'âne sans barrières ni frontières, ce qui lui faisait bien porter le surnom de Miss Papillon, même s'il faisait plutôt référence à la petite barrette en forme de lépidoptère qu'elle portait constamment dans ses cheveux.
Hey, comment vas-tu? Prêt à rôtir sous le soleil? Répondit-elle, enjouée. Même si elle se faisait souvent taquiner, elle ne s'en frustrait pas pour autant et elle aimait bien répondre lorsque son imagination le lui permettait.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille était péniblement en train de pousser vers la sortie la caisse qu'elle utiliserait une fois à l'extérieur.
« Ce sera une journée comme les autres. », se dit-elle en voyant les tentes blanches dressées dans le stationnement du magasin où elle allait s'installer pour une énième fois cet été. En effet, tout semblait très normal en ce 15 juillet 2012.
Personne ne se serait jamais douté que cette journée changerait la vie de Sophie pour toujours.
