Disclaimer : Blablabla... Comme d'habitude, rien n'est à moi mais à JKR, sauf les idées tordues qui vont pulluler.

Bêta : Mokonalex

Assistante/Elfe de Maison/Infirmière personnelle : Mirabelle31, actuellement en vacances ! Me sens abandonnée... sniff !

Note de l'auteur : Cette nouvelle fic est comme d'habitude un univers alternatif. Elle suit le canon SAUF l'épilogue des reliques de la mort. C'est un SNARRY, malgré le thème particulier. Rassurez-vous, Harry n'est pas un nécrophile qui va tomber amoureux d'un cadavre. Donc ne montez pas sur vos sombrals avant d'avoir tous les éléments en main. Et pour ça, il faudra attendre le chapitre 3...

Je vous préviens quand même que quelques scènes seront un peu gores au début de l'histoire et qu'ensuite l'ambiance ne sera pas joyeuse pour le pauvre Ryry. Bashing Hermione/Ginny/Minerva et Molly. (Je m'amuse) et Drago aura un rôle prépondérant et plutôt sympathique.

Ah oui, j'oubliais... Pour faire plaisir à ma bêta, Dobby n'est pas mort. Il n'a été que blessé gravement par Bellatrix et en garde une cicatrice. C'est la seule entorse que j'ai fait au canon.

J'ai quatre chapitres d'avance. Enfin... trois et demi. N'espérez pas les voir rapidement, je bosse sur une autre fic en même temps et j'en suis à 50 000 mots. Je voulais en faire un OS et puis... impossible de faire court, je suis trop inspirée. J'écris au kilomètre ensuite je la découperai en chapitres. Pas le choix, je ne suis même pas à la moitié du plan. Vous aurez l'intégralité de cette histoire qui se nomme "Intolérance" dans le courant de l'été, je pense.

Bonnes vacances à tous et surtout... bonne lecture !


Comme tous les jours de la semaine, le Ministère de la Magie fourmillait malgré l'heure peu avancée. Il n'était pas encore 9h en ce matin d'avril un peu frisquet que déjà dans le bureau de Gawain Robards, Directeur des Aurors, les parchemins urgents et les rapports de missions s'accumulaient. Le sorcier soupira en se frottant le visage d'une main lasse. Encore heureux que le Monde Magique soit en paix et qu'il n'y avait plus le moindre Mage Noir ni Mangemort à l'horizon depuis déjà trois ans.

Robards grimaça en portant à ses lèvres sa tasse de thé qui avait refroidi. Il la reposa et sortit sa baguette de l'étui dissimulé dans sa manche, dans le but de réchauffer d'un sortilège la tasse de Darjeeling froid. Il n'en eut même pas le temps, sa cheminée s'activa et lui fit tourner la tête.

Dans l'âtre aux braises rougeoyantes, la tête d'Eddy Radford, employé au Service des Anciens Combattants, une des sections du Département des Distinctions et Médailles, venait d'apparaître dans une lueur verte de poudre de cheminette.

— Chef Robards ? On a une urgence ici… Une des alarmes des tombes des héros de guerre s'est déclenchée cette nuit. On vient de s'en rendre compte à l'instant.

Robards se leva de son fauteuil et intrigué, s'agenouilla devant la cheminée.

— Quelle tombe, Radford ?

Un bruit de parchemins froissés se fit entendre et le sorcier répondit à la question.

— La tombe de Severus Rogue, ancien Directeur de Poudlard et Ordre de Merlin de Première Classe. Elle est dans une petite ville moldue du nord-est, Carbone-Les-Mines dans le Yorkshire. Il faudrait envoyer quelqu'un voir un peu ce qui se passe avant que les autorités moldues ne s'emparent de l'affaire s'ils la découvrent. Malheureusement, je n'ai personne sous la main. Marius McFarlan est en vacances et Fabius Dorny est à Sainte-Mangouste avec la Dragoncelle.

— Bon, je vais envoyer une équipe tout de suite pour régler ça. Vous avez les coordonnées de transplanage ?

Un parchemin traversa les flammes sans dommage et Gawain Robards s'en saisit avant qu'il ne tombe sur les braises.

— Je vous tiens au courant, affirma-t-il tout en prenant connaissance du document.

La communication s'interrompit du fait de Radford qui devait être pas mal perturbé s'il devait gérer le service entier tout seul. Le chef des Aurors se releva souplement et épousseta sa robe d'uniforme d'une main nerveuse. Il se dirigea vers la porte donnant sur le Quartier Général des Aurors qui à cette heure, sirotaient du thé, jouaient aux fléchettes ou remplissaient des parchemins de rapports. Robards lança un coup d'œil dans la salle et agacé de l'oisiveté de certains de ses Aurors, il aboya les noms des deux désignés d'office.

— POTTER ! WEASLEY ! DANS MON BUREAU !

Après mûre réflexion de dix secondes, Gawain avait jugé bon de choisir pour cette mission deux héros de guerre qui avaient bien connu le défunt dont il était question. Nul n'ignorait l'admiration que l'Auror Potter avait pour Severus Rogue malgré son passé douteux et sans nul doute, il s'acquitterait de cette mission avec conscience et dévotion.

Harry lisait la Gazette du Sorcier, assis sur sa chaise de bureau dans son box. Près de lui, une boite en carton à la main, Ron Weasley se gavait de donuts provenant d'une pâtisserie moldue par où il avait fait un petit crochet avant d'arriver au Ministère. À l'appel de son nom, Harry leva les yeux et replia son journal. Ron manqua de s'étouffer avec le beignet couvert de sucre glace et les yeux larmoyants et la bouche encore pleine, il posa sa boite sur le bureau d'Harry et suivit son meilleur ami jusque dans le bureau de leur supérieur.

— Messieurs, asseyez-vous, fit Robards en leur désignant les deux chaises se trouvant devant son bureau.

Harry Potter et Ron Weasley s'exécutèrent en silence et attendirent que leur chef leur expose ses désidératas.

— Je viens de recevoir un appel du Service des Anciens Combattants. Comme vous le savez, toutes les tombes des héros tombés pour le Monde Magique au cours de la dernière guerre contre Vous-Savez-Qui, sont surveillées par une alarme magique qui se déclenche si une sépulture est profanée ou abimée de quelque façon que ce soit.

Harry fit un signe de tête pour signifier à Robards qu'il était parfaitement au courant. Celui-ci poursuivit donc sans se préoccuper de Ron qu'il jugeait presque sans intérêt à ce moment.

— Une tombe aurait subi des dégradations quelconques cette nuit, dans une petite ville du Yorkshire appelée Carbone-Les-Mines. Celle de Feu Severus Rogue que vous avez tous deux bien connu.

À la nouvelle, Harry s'agita légèrement sur sa chaise et fronça les sourcils, tandis que Ron en restait bouche bée.

— Je veux que vous alliez tous les deux sur place avant que les Moldus ne se rendent compte des dégâts et ne viennent mettre leurs nez dans nos affaires. Les corps de nos défunts sont toujours protégés par des sortilèges afin qu'aucune partie de leurs dépouilles ne puisse être prélevée à des fins de Magie Noire. Mais des voyous moldus peuvent très bien avoir voulu tenter de s'amuser cette nuit afin de se faire peur, voire des satanistes moldus pour leurs petits rituels ridicules ou même des pilleurs de tombes à la recherche d'or ou de bijoux. Personnellement, je pense plutôt à des voyous. Remettez tout en place, réparez ce qui a été abimé ou démoli et vérifiez l'intégrité du cadavre. Si vous pouvez pincer les responsables, faites-le. S'ils sont de chez nous, arrêtez-les et ramenez-les, c'est Azkaban qui les attend. S'ils sont Moldus, voyez ce que vous pouvez faire pour les empêcher de recommencer. Vous connaissez la procédure, mais pas de vagues, je ne tiens pas à avoir le Bureau de Liaison avec les Moldus sur le dos. Ensuite, revenez ici et faites votre rapport en trois exemplaires sur parchemin timbré comme d'habitude. Des questions ?

Au mot « cadavre », Ron avait pâli et avalé sa salive. Il en avait soupé des morts et ceux en décomposition depuis trois ans le tentaient encore moins. Ses donuts ingurgités précédemment pesèrent soudain très lourd dans son estomac.

— Qu'est-ce qu'on fait si le corps a disparu ? demanda Harry qui craignait le pire.

Gawain soupira et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil de cuir.

— Enquêtez… Il faudra le retrouver, si possible. Si les journaux mettaient la main sur une information pareille, ça ferait un sacré tollé dans notre Monde. Les tombes sont taboues comme vous le savez et seuls les pires individus qu'on puisse trouver chez nous seraient capables d'oser faire une telle chose. Et il y en a, je ne vous apprends rien. Par contre, les sorts dont les corps sont bardés vous aideront à éventuellement le retrouver, après tout ce n'est pas une information connue du sorcier moyen, mais nous n'en sommes pas là. J'espère simplement que nous avons affaire à un cas isolé et pas à un nécrophile quelconque qui va s'amuser avec les dépouilles de nos héros ou même celles des sorciers du commun. Tenez-moi au courant, surtout. Le Ministre ne va pas aimer ça du tout, si on ne règle pas cette affaire très vite.

— Nous partons sur le champ, affirma Harry en se levant de sa chaise, la mine décidée et les yeux glacés.

Robards hocha la tête et lui tendit le parchemin que Radford lui avait précédemment remis.

— Il y a toutes les informations dont nous disposons sur ce parchemin.

Le jeune Sauveur prit le document et tourna aussitôt les talons sans un mot, Ron à sa suite. Robards ne s'embarrassait jamais de courbettes, de bonjour ou de merci, il allait toujours droit au but. Le temps c'était de l'or… pour paraphraser un dicton moldu.

Harry retourna vers son box, le nez plongé dans la lecture de la feuille, Ron lisant par-dessus son épaule.

— Par Merlin, en voilà une façon de démarrer la journée, bredouilla Ron, un peu verdâtre. Tu sais où c'est, toi ?

— Il y a les coordonnées de transplanage ici, mais on n'en a pas besoin. Je connais les lieux, j'étais aux funérailles.

Ron eut le bon goût de ne rien ajouter. Il n'était pas allé aux obsèques de l'ancien Mangemort espion, ayant à ce moment-là de très gros doutes sur l'appartenance de l'homme au côté de la Lumière. Harry avait semblé très sûr de lui mais n'avait pas désiré partager ses informations avec ses deux amis, leur disant que c'était trop personnel, et que de toute façon, Severus Rogue étant mort, il n'était pas utile que ces preuves soient galvaudées. Seul le Ministre Kingsley Shacklebolt et ensuite le Magenmagot en avaient eu connaissance et l'ancien Directeur de Poudlard avait été exonéré des charges pesant contre lui, reconnu comme espion et héros du Monde Magique et pour finir, décoré à titre posthume de l'Ordre de Merlin de Première Classe. Mais pour lors, il avait déjà été enterré dans le caveau familial des Prince, famille de sa mère et seuls Harry et Kingsley accompagné d'un garde du corps de la Brigade des tireurs d'élite de baguette, avaient assisté à la petite cérémonie où avait officié un prêtre cracmol bien connu du Ministère.

Les deux jeunes sorciers se dirigèrent vers la zone de transplanage de leur service qui permettait aux Aurors de quitter le Ministère pour se rendre en mission. Pour rentrer chez eux le soir ou revenir le matin, tous devaient invariablement emprunter les cheminettes de l'Atrium. Harry se saisit du bras de Ron et ferma les yeux, se concentrant sur leur destination. Il avait choisi un petit bosquet d'ifs qui ornait le cimetière moldu, c'était d'ailleurs de là que Kingsley, son garde du corps et lui-même avaient quitté les lieux, trois années auparavant.

Dès que la désagréable sensation d'écrasement eut cessé, Harry et Ron furent aussitôt aux aguets, baguettes en main. Etant donnée l'heure matinale, les lieux étaient déserts. L'endroit n'était pas des plus joyeux, bien évidemment. C'était un cimetière après tout… Il était de taille moyenne et s'étendait en contrebas d'une pente légère qui menait à une partie bien plus récente au vu des sépultures qui s'y trouvaient. La concession des Prince était dans la partie haute, la plus ancienne, celle qui abritait les tombeaux des notables de la ville et des familles les plus riches. Il y avait des petites chapelles gothiques, des mausolées ornés de statues parfois d'un goût incertain, de simples sarcophages de pierre moussue et pour les plus modestes d'une plaque gravée plantée en terre. Rares étaient les tombes qui avaient des fleurs fraîches, certaines semblaient même abandonnées depuis des années et penchaient, le sol s'étant affaissé au cours des ans et peut-être aussi à cause des trop nombreux trous creusés. Une nuée de corbeaux croassa et s'envola, faisant sursauter et pester Ron.

— C'est par ici, lui dit simplement Harry en se dirigeant vers l'allée sablonneuse qui serpentait entre les tombeaux placés n'importe comment et pour certains envahis d'herbes folles.

Ron le suivit la mine sinistre. Il n'était jamais entré dans un cimetière moldu et il trouvait cet endroit absolument affreux et terrifiant. Une petite chapelle ornée de gargouilles apparut au détour du chemin, juste après une croix monumentale et un ange de pierre auquel il manquait une aile, tombée dans l'herbe encore imprégnée de rosée matinale.

Harry s'arrêta devant le petit bâtiment qui portait le nom « Prince » en lettres gothiques sur son fronton. La porte de bois lourdement ornée de ferrures anciennes avait été démolie – visiblement à la hache – et on apercevait le gouffre béant et noir qu'elle dissimulait autrefois.

— On… on doit entrer là-dedans ?

— Je vais y aller, reste là et monte la garde. Viens me prévenir si quelqu'un se pointe. Tu devrais te désillusionner. Si un Moldu nous voit avec nos robes et nos capes, ça va faire du vilain.

— Oh, oui… Bonne idée, je le fais de suite.

Soulagé de ne pas avoir à entrer dans le tombeau, Ron se donna un coup de baguette sur le crâne et disparut progressivement en une dizaine de secondes. Harry lança un Lumos et sa baguette s'alluma, laissant une petite lueur dansante sur les murs en pierres de taille humides du caveau. Il descendit lentement les marches moussues, promenant sa baguette tout autour de lui, pour ne rien rater.

À la dixième marche environ, il butta sur quelque chose et abaissa sa baguette. Une vieille torche avait certainement dû être retirée de son support et jetée là, mais elle n'avait pas été allumée depuis un bon moment, certainement depuis sa dernière visite, trois ans avant. Harry se baissa pour la ramasser.

Incendio, Nox.

La torche allumée éclairait à présent les lieux sinistres bien mieux que sa baguette ne l'avait fait. Bien sûr, il aurait pu lancer un Lumos Maxima, mais les lieux exigus ne se prêtaient pas à un tel sortilège : il en aurait été ébloui et il lui aurait été impossible d'enquêter décemment.

Le jeune Auror se trouvait à présent dans une petite pièce souterraine de style gothique, aux parois garnies de fines colonnes et avec un plafond orné d'arcs, un peu comme ceux de l'infirmerie de Poudlard ou de la classe de potions. Au fond, il y avait un petit autel de pierre sculptée avec deux vases scellés dessus. Sur les deux murs de chaque côté de la salle, des niches qu'on nommait « enfeus » avaient été aménagées dans la maçonnerie et chacune d'entre elle ou presque contenait un cercueil poussiéreux… ou ce qu'il en restait…

Au moins trois cercueils avaient été jetés à bas et étaient éventrés, voire même complètement démolis et les planches pourries jonchaient le sol. La pièce sentait le moisi, le renfermé et une âcre odeur de décomposition flottait ainsi que des petits nuages de poussière d'os que les pas d'Harry soulevaient. Le jeune homme se figea soudainement lorsque son pied heurta un crâne qui alla rouler un peu plus loin sur les dalles de pierre avec un petit bruit sinistre. Il soupira et porta sa manche d'uniforme à ses lèvres pour aspirer une bonne goulée d'air à travers le tissu, l'estomac un peu retourné. Ce n'était vraiment pas la mission avec laquelle il avait espéré démarrer sa journée, mais les ordres étaient les ordres et si quelqu'un avait profané le cercueil de l'ancien Maître des Potions, ce misérable allait devoir se cacher très sérieusement…

Avisant un support à torche en fer forgé, Harry s'en approcha lentement, prenant garde à ne pas piétiner les tristes restes humains desséchés qui jonchaient le sol. Il y déposa la torche et la vive lueur de la flamme cessa de danser et de répandre ses ombres inquiétantes dans la crypte.

Sur sa gauche, une niche contenait un cercueil récent. Il se souvenait très bien qui se trouvait à l'intérieur, il avait assisté au dépôt de la bière à cet endroit. Le cercueil de chêne clair aux poignées de bronze était brisé et son couvercle poussiéreux avait été maladroitement repoussé sur le côté le long du mur, mais il dissimulait encore une partie des jambes du cadavre. Harry sentit son cœur se serrer en apercevant la robe noire habituelle de l'ancien Mangemort. Elle était grise de poussière et semblait déchirée. Le jeune Auror ignorait dans quelle tenue avait été enterré l'espion et il ne s'attendait pas à revoir la célèbre redingote à boutons. Il pinça les lèvres et s'approcha lentement, pas vraiment pressé de voir le corps décomposé et à demi rongé par les vers. Il avait malgré tout remarqué que l'odeur dans la crypte n'était pas celle à laquelle on pouvait s'attendre en présence d'un cadavre aussi récent.

Ça sentait le bois pourri, des vieux relents de décomposition, la moisissure ainsi que la poussière d'os, et il était familier de toutes ces odeurs, entre ses missions et les souvenirs de ses cours de potions pendant sept ans. Mais ça ne sentait pas du tout la chair en putréfaction. Il savait que Severus n'avait pas été embaumé, le parchemin que Robards lui avait remis n'était pas coché à la case « défunt embaumé » et c'était un petit détail surprenant qui le titillait.

Le corps de Severus Rogue lui apparut enfin en entier et Harry resta là, figé par la surprise et bouche bée, le cœur battant.

Il était intact, absolument intact, comme s'il dormait ou était décédé depuis quelques heures seulement. Ses cheveux étaient poussiéreux, tout comme sa robe et il fallait le dire… sa peau. La robe noire à boutons n'avait pas supporté l'humidité ambiante et était déchirée. On voyait la chemise blanche du sorcier là où les coutures les plus fragiles avaient cédé. Le regard d'Harry balaya le corps, il vit les mains croisées sur le ventre de Rogue, les longs doigts entrelacés sur sa baguette que curieusement les profanateurs n'avaient pas songé à lui soustraire. Des Moldus, très certainement… ou alors les sorts mis en place les en avaient empêchés.

La petite poche qui avait dû autrefois accueillir la montre à gousset de la Terreur des cachots était arrachée et l'absence de poussière sur le tissu noir découvert ainsi que sur les fils de couture, indiquait que c'était récent. Les pilleurs avaient dérobé la montre du sorcier défunt ! Harry serra les dents de rage devant cette infamie et se jura de leur mettre la main dessus afin de reprendre l'objet volé.

Son regard remonta ensuite vers le cou de l'homme et ce qu'il vit le dégoûta encore plus. Du sang séché maculait le col blanc déchiqueté et la cravate noire était également en lambeau du côté où Nagini avait frappé ! Comment était-ce possible ? Le corps avait été remis aux sorciers funèbres de Sainte-Mangouste afin d'être préparé pour les funérailles. Il aurait dû être lavé et rhabillé de vêtements propres, or ce n'était visiblement pas le cas. Harry ne put cette fois-ci s'empêcher de jurer copieusement à voix haute, et ses imprécations résonnèrent dans la crypte. Il pointa sa baguette vers le visage du mort.

Tergeo !

Le léger sort de nettoyage ne retira que la fine couche de poussière et Harry découvrit que le visage du défunt n'était pas du tout altéré, comme il l'avait pressenti. Il avança sa main pour écarter le col déchiré et vit que la peau était encore couverte de sang. Il avait cette fois-ci la preuve que le corps n'avait pas reçu de toilette mortuaire et qu'il avait été enseveli sans un seul égard, avec les vêtements qu'il portait lors de son décès. Pourtant, une chose encore le surprit : la peau était souple et tiède ! Comment était-ce possible ? Severus Rogue était mort depuis presque trois ans, à un mois près et il n'était aucunement décomposé alors qu'il n'avait pas été embaumé, ce qui était évident vu qu'il n'avait reçu aucune préparation même la plus élémentaire. Et en plus, il n'était même pas froid ? Il y avait là un sérieux mystère qu'il se devait de résoudre.

Au nom de Merlin, il avait vu l'homme mourir sous ses yeux !

Pris d'une brusque frénésie, Harry repoussa le couvercle qui dissimulait les jambes du défunt. Les chaussures étaient boueuses, encore une preuve contre les sorciers funèbres, ces infâmes personnages ! Il tâtonna les jambes du cadavre, remonta sur ses hanches fines et sentit quelque chose dans les plis d'un lourd tissu qu'il devina être la cape du mort, et qui avait simplement été déposée au fond du cercueil, lui servant peut-être de linceul. Rapidement il mit au jour ses trouvailles et vit qu'il s'agissait de flacons de potions. Rien de bien étonnant au final.

Le jeune Auror les enfouit dans les poches de sa robe sans même prendre le temps de lire les étiquettes et puis s'immobilisa enfin, en proie à l'indécision. Ce cadavre était un mort bien étrange… S'il n'avait pas eu la certitude qu'il fut mort, il aurait pu penser qu'il dormait simplement…

Dormait. Potions. Maître des Potions. Espion…

Les rouages tournaient à toute allure dans le cerveau de l'ancien Gryffondor.

Et si Severus Rogue n'était pas vraiment mort ? C'était une idée folle, délirante même. Mais enfin, rien n'était normal ici. Harry se pencha encore une fois sur le corps, cherchant des indices. Il passa sa main dans les cheveux de l'homme et n'y trouva rien. Il lui sembla juste un instant qu'ils avaient l'air un peu plus longs que dans son souvenir, mais là encore rien d'étonnant. Il n'avait pas revu le sorcier pendant presque une année avant son décès. Il avait pu laisser pousser ses cheveux. Il s'attarda ensuite sur les mains et les déplia sans effort. La baguette roula sur le côté et tomba entre le corps et le bois du cercueil. Harry la ramassa aussitôt et sans prendre le temps de l'examiner, la rangea dans une des poches de son uniforme.

Quelque chose attira encore son regard. Les ongles sur les deux mains à présent dépliées, n'étaient pas roses mais d'une curieuse couleur anthracite. Il soupira et reposa la main tiède qu'il venait de saisir. Les bouts des doigts des morts noircissaient en quelques heures, c'était même un des premiers signes de la décomposition avec l'enfoncement des globes oculaires dans leurs orbites, dû à la déshydratation de ces dits globes. Pourtant là encore, ça ne collait pas vraiment. Les bouts des doigts n'étaient pas noirs, seuls les ongles l'étaient, et les yeux avaient leur taille normale s'il en jugeait par l'aspect du visage de Rogue.

— Réfléchis, Harry, marmonna le jeune sorcier aux yeux verts. Rien n'est normal ici. Pas de décomposition visible, le corps est souple et semble chaud. Et ses ongles sont noirs… comment ça se fait ? Il n'avait pas les ongles noirs quand il est mort. J'aurais remarqué quand il a agrippé ma main… Nan, nan… y a un truc pas clair, ici.

Harry se redressa et regarda encore une fois autour de lui. Il fallait remettre tout en place comme Robards l'avait demandé, mais il n'était pas question qu'il laisse le corps de Severus Rogue dans son tombeau avant de savoir ce qui se passait vraiment. Les sourcils froncés, il se tourna de nouveau vers le mort. Pourquoi le corps avait-il pu être profané ainsi ? Les sorts normalement mis en place sur les sorciers défunts devaient empêcher qu'on ne les dépouille ou qu'on ne porte atteinte à leurs restes. Le Maître des Potions n'avait pas eu de toilette mortuaire, serait-il possible également qu'il n'ait pas reçu les sortilèges habituels ?

Harry ressortit sa baguette de sa manche et lança une série de sorts de détection. Presque tous revinrent négatifs. Severus Rogue n'avait pas reçu un seul des sorts obligatoires et qui étaient pourtant listés sur le parchemin provenant du Service des Anciens Combattants. Il semblait en avoir reçu d'autres mais obscurs et inconnus de lui. Magie Noire ? Il n'était pas un expert en la matière, d'ailleurs qui l'était encore dans le Monde Magique ? Lucius Malefoy peut-être…

L'ancien Mangemort était assigné à résidence depuis la fin de la guerre et on ne le voyait que très rarement au Chemin de Traverse et toujours accompagné par sa femme ou son fils. Le sorcier ne pouvait se rendre qu'à Sainte-Mangouste, à Gringotts ou au Ministère. Pour les autres destinations, il devait demander une autorisation spéciale au Département de la Justice Magique.

Il aurait dû pourrir à Azkaban, mais il n'avait pas participé à la Bataille finale, n'ayant même plus de baguette. Et Narcissa avait sauvé Harry après qu'il eut lui-même sauvé Drago un peu avant. Ils étaient donc quittes. En remerciement, le jeune Sauveur s'était arrangé pour que les Malefoy ne soient pas inquiétés et depuis ils rasaient les murs, essayant de se faire oublier, tandis que Drago tentait misérablement de redorer le blason familial à grands coups de donations à Sainte-Mangouste ou aux œuvres du Ministère de la Magie.

Les autres Mangemorts avaient tous été tués ou capturés. Et ceux encore en vie croupissaient à Azkaban.

Dumbledore n'était plus là non plus, tout comme Fol Œil, et Harry ne savait vraiment pas qui à l'heure actuelle avait les connaissances pour identifier des sorts de Magie Noire, à part Lucius…

En attendant, le corps ne pouvait pas rester là, Harry en avait besoin pour trouver ce qu'il se passait. Il fallait qu'il puisse l'examiner à loisir et faire des expériences sur lui puisque aucun sort ne le protégeait, ce qui allait d'ailleurs grandement lui faciliter la tâche. Il s'approcha de l'escalier de pierre à grandes enjambées.

— RON ! cria-t-il, depuis le bas des marches. RON ! DESCENDS !

La voix inquiète de son meilleur ami se fit entendre.

— Ha… Harry ? Descendre ? Tu… Tu es sûr ?

— J'AI BESOIN DE TOI, IMMÉDIATEMENT !

— Ok, ok… Te fâche pas… Y a… Y a pas d'araignées, hein ?

Harry leva les yeux vers le plafond et soupira. Ron et sa phobie des araignées… Il jeta un coup d'œil le long des murs et du plafond et lança deux ou trois sorts de nettoyage pour retirer les quelques vieilles toiles d'araignées chargées de poussière qui garnissaient la crypte.

— NON, C'EST BON ! DESCENDS !

Il entendit l'écho des pas de Ron sur les marches de pierre et commença à remettre tout en ordre. D'abord, il conjura un ossuaire de bois vernis, semblable à un petit cercueil et entreprit d'y faire léviter les os qui jonchaient le sol. Un petit cri étranglé lui fit tourner la tête et il vit Ron, pâle et les yeux écarquillés, qui examinait la pièce avec inquiétude.

— Aide-moi ! Il faut remettre les os dans une boite décente. Leurs cercueils sont pourris, on peut pas les laisser par terre.

— Qui… qui a fait ça ?

— …Moldus qui voulaient s'amuser, je suppose… pesta le jeune brun qui baguette en main, faisait toujours léviter les morceaux de squelettes.

— Et le Professeur Rogue ?

Harry donna un coup de menton pour désigner l'endroit où reposait Severus. Ron suivit le geste et se tourna dans la direction indiquée. Ses yeux s'écarquillèrent et sa pomme d'Adam fit l'ascenseur sur son cou.

— Il est… ils l'ont ?

— Non, ils lui ont juste pris sa montre, et je te jure bien qu'ils vont le payer. D'ailleurs y a un truc bizarre, faut que je te montre, viens…

Harry prit Ron par le bras et le traîna vers le cercueil de l'ancien espion. Sentant sa résistance, il le rassura.

— T'inquiète, il n'est pas décomposé. Pas du tout même et ce n'est pas normal. D'ailleurs rien n'est normal ici. Regarde.

Intrigué, Ron regarda le corps de son ancien bourreau… heu… professeur de potions. Surpris par sa fraîcheur, il se pencha, les sourcils froncés afin de mieux l'examiner.

— Ouais, je vois ce que tu veux dire, mec. C'est pas normal du tout. Il est nickel. Pourtant j'ai bien vu sur le parchemin qu'il n'avait pas été embaumé, nan ?

— Exact. Et c'est pas le plus étonnant. Touche-le !

— T'ES MALADE ? sursauta Ron en s'écartant brusquement.

— Je te demande pas de danser un slow avec lui, je te demande juste de le toucher. Mets ta main sur sa joue et dis-moi ce que tu en penses…

À contrecœur, Ron obéit tout en lançant un regard de tueur à Harry. Toucher la Chauve-souris des cachots… Jamais il n'aurait souhaité le faire de son vivant, alors mort, c'était encore pire !

Il posa un doigt sur la joue du défunt et le retira aussitôt. Harry soupira et lui prit le poignet.

— Je t'ai dit de le toucher ! Alors arrête de faire ta chochotte, par Merlin !

— Héééé ! T'en as de bonnes, toi ! Putain, mec, c'est Rogue ! Avec la chance que j'ai, je le touche et ce con-là va ouvrir les yeux rien que pour me faire chier ! Nan mais t'as vu, il a l'air vivant, on dirait qu'il dort !

Harry pinça les lèvres et ne releva pas. Ron avait, bien malgré lui, mis le doigt sur le problème : Severus Rogue ne paraissait pas mort du tout. Il n'avait donc pas rêvé.

Il tira sur la main de son ami et la posa sur la joue du sorcier décédé et l'y maintint quelques secondes.

— Huuuuuh ? fit Ron, toujours aussi explicite. Il… il est mou ? Je croyais que les morts étaient durs, moi…

— Nan, sauf au début. Rigor Mortis [1], t'as oublié ? On a vu ça en cours à l'Académie ! Mais c'est pas de ça que je veux parler.

— Ben, il est… comme qui dirait… pas froid.

— Encore exact. Et ça, mon vieux, c'est pas normal.

— Ben, prends-lui sa température !

Harry resta un instant bouche bée devant la suggestion de Ron. Il eut un fugace instant, la vision de sa Tante Pétunia, armée d'un thermomètre médical à mercure bien connu des Moldus, s'apprêtant à l'introduire entre les fesses volumineuses d'un Dudley braillard, outré de cette atteinte à sa dignité. Il cligna des yeux pour chasser l'odieuse pensée et se souvint alors du sortilège médicomagique que Madame Pomfresh employait sur lui à la moindre occasion.

— T'as raison, Ron. Je comprends même pas comment j'y ai pas pensé.

Harry pointa sa baguette sur le cadavre.

Temperatura !

Un chiffre sortit de la baguette, accompagné d'une étoile bleue, indiquant une température un peu trop basse… Mais pas anormale…

— 36.1° ? Harry, mec ! Ce type est mort depuis trois ans et il a encore de la chaleur ? Comment c'est possible ? On est en avril, ça caille comme pas possible dans ce comté, par Merlin. Ce caveau est presque une glacière et Rogue est encore chaud ?

— Je sais, Ron. Rien n'est normal. Depuis que je suis entré ici et que j'ai vu son corps, je vais de surprise en surprise. D'abord, il est chaud et aucunement décomposé, on est d'accord. Ensuite, il n'a pas eu de toilette mortuaire. Je veux dire qu'il porte encore les vêtements dans lesquels il est mort, et il n'a pas été lavé…

Harry avança sa main pour écarter le col de la chemise déchiquetée et poursuivit ses explications.

— Il est couvert de sang. La plaie est encore là, mais masquée par le sang coagulé, alors on voit pas grand-chose. Comme tu peux le voir sa cravate et son col de chemise sont déchiquetés et tâchés de sang. Et c'est pas fini… il n'a reçu aucun des sortilèges obligatoires qu'on met sur les cadavres avant de les enterrer.

Ron regarda son ami, bouche ouverte.

— Comment ça se fait ? Tous les morts doivent être enterrés dignement, c'est la loi.

— Ils en avaient rien à faire, Ron. Pour eux, il n'était qu'un Mangemort et je suis prêt à parier qu'ils ont traité tous les Mangemorts et leurs alliés de la même façon. Dès que le corps est arrivé, ils l'ont déposé dans un cercueil, enroulé dans sa cape comme il était en arrivant, sans même lui jeter un regard.

— Merde ! fit Ron, soufflé. Et t'as remarqué quoi d'autre ? Et c'est quoi cette poussière qui le recouvre ?

— Il a des sorts de Magie Noire sur lui, je pense, parce que je n'arrive pas à les identifier, je les sens juste… sombres. Et la poussière, soupira Harry en fermant les yeux momentanément, il n'est pas difficile de comprendre d'où elle vient. Quand je suis arrivé, le couvercle de son cercueil n'était pas totalement écarté. C'est moi qui l'ai complètement retiré pour mieux examiner Rogue. Et comme tu peux le voir, à partir des genoux, son pantalon est relativement propre. Enfin pas couvert de cette poussière grise… Je crois que c'est de la poussière d'os et de vieux bois pourri. Les profanateurs ont dû ouvrir en premier ce cercueil et être un peu rebutés par l'aspect du cadavre. Trop frais pour oser… Alors ils sont allés détruire les vieux cercueils des Prince. Cette famille est éteinte depuis des lustres, alors les cercueils dataient de longtemps et il n'y avait plus dedans que des squelettes ou de la poussière. Quand ils les ont démolis, la poussière d'os a volé partout et est retombée sur Rogue. Avant de partir, l'un d'eux est retourné examiner le corps et sûrement voir s'il n'y avait rien à voler et il a arraché la poche pour lui piquer sa montre à gousset. Pour ça que le tissu est propre là, tu vois.

— Bonnes déductions, Harry. Et on fait quoi, maintenant ? Et… pour lui ? demanda Ron en désignant le cadavre d'un mouvement de tête.

— J'ai conjuré un ossuaire comme tu as vu, et j'y rangeais tous les os quand tu es arrivé. On va finir ça et mettre le coffre à la place d'un cercueil démoli dans une des niches. Et puis on jettera un Evanesco pour retirer la poussière. Un Reparo sur les cercueils encore potables et sur la porte et ce sera bon.

— Et lui ? insista Ron.

— Je l'emmène avec moi, répondit Harry après un instant d'hésitation.

— PARDON ? s'horrifia Ron. T'ES PAS UN PEU MALADE ? Tu… Tu veux voler un cadavre ? Un putain de cadavre dans son cercueil et te barrer avec ?

— Pas vraiment. Je vais juste prendre le corps et laisser le cercueil. Je veux comprendre pourquoi il est dans cet état… chaud, pas décomposé, comme… comme endormi. Et je vais faire ce que ces fumiers de sorciers funèbres n'ont pas fait. Je vais le laver et le changer.

— Et après ? fit Ron, vénéneux, les bras croisés sur sa large poitrine, dominant son ami de toute sa hauteur.

— Après ?

— Oui, tu vas le garder chez toi comme une relique ? L'exposer en souvenir dans une vitrine ? EXPLIQUE-MOI DONC CE QUE TU VAS FAIRE AVEC CE CADAVRE ET CE QUE TU VAS DIRE À GIN' QUAND ELLE VA VOIR ÇA !

— Arrête de hurler comme ça ! Et ne dis pas de sottises, je ne vais pas l'exposer, enfin ! Je veux juste comprendre ce qui se passe… Je veux savoir s'il est vraiment mort.

— Vraiment mort ? Vraiment mort ? Mais enfin, mec, tu perds la boule ou quoi ? On l'a vu mourir ! Tu as été à ses obsèques ! Il a passé trois ans dans son cercueil, bien sûr qu'il est mort !

Harry passa une main nerveuse dans ses cheveux en pétard.

— Et bien… j'en suis pas si sûr que ça, tu vois ? murmura-t-il dans un souffle.

Ron écarquilla les yeux et ouvrit la bouche de stupéfaction.

— T'es complètement cinglé ! N'espère même pas que je vais te couvrir pour ça, ni te donner un coup de main !

— Je ne te demande pas de le faire, Ron ! s'énerva Harry. Je vais gérer ça seul. Et s'il s'avère qu'il est bien mort… et ben, je le ramènerai ici, après. Et je lui offrirai un cercueil neuf, un beau, bien solide, pas comme celui-là, c'est du « déclassé » pour indigents. Ça m'avait frappé d'ailleurs aux funérailles. Je pensais que c'était sa volonté au début, mais maintenant, je sais que c'était une vengeance mesquine de ces crétins de Sainte-Mangouste.

— Possible. Mais rappelle-toi que tous les Mangemorts enterrés l'ont été avec ce même genre de cercueil. J'ai été de sécurité pour l'enterrement des Lestrange et ils avaient le même.

— Ah bon ? J'ai pas eu cette mission, moi. Pour aucun.

— Tu les avais déjà zigouillés, on n'allait pas encore en plus te demander de faire la sécurité aux enterrements, nan ?

— Heuu… Si tu l'dis…

— Et qu'est-ce que tu vas dire à Ginny ?

— Rien. Ce sont pas ses mandragores et elle me court sur le râble avec ses jérémiades et ses exigences.

— Et allez donc ! Maintenant tout va être de sa faute ! Qu'est-ce qu'elle a encore fait, cette fois ?

— Lu les conneries de la mère Skeeter pour mieux me les balancer en pleine tronche, comme d'habitude. Exigé qu'on se marie dans le mois, comme d'habitude. Demandé que je donne des vêtements à Kreattur, encore une fois.

— À part la mère Skeeter, je ne vois rien de déraisonnable. Tu devrais penser à te marier, c'est pas mal le mariage, moi je me plains pas ! Et Kreattur est une saloperie d'Elfe qui serait très bien loin de toi. En plus ça ferait plaisir à Hermione. T'as qu'à l'offrir à la mère Malefoy !

— Je n'ai pas du tout envie de me marier, Ron ! Je t'ai déjà dit que je n'étais pas prêt et que je voulais ma liberté. J'ai dû obéir aveuglément toute ma vie à tout le monde, les Dursley, Dumbledore, les profs, et maintenant Robards et Kingsley. J'aimerais bien avoir de temps en temps mon libre arbitre et pouvoir choisir ma vie ! Et tu veux que je te dise, Ron ? Ta sœur est tellement infecte que j'ai de plus en plus de mal à rester dans la même pièce sans avoir envie de lui lancer un mauvais sort pour la faire taire et la foutre dehors ! C'est une véritable mégère, une harpie ! Et sans jeu de mot avec sa foutue équipe de Quidditch, là !

— Tu veux la quitter ?

Les yeux de Ron se plissèrent méchamment. Il n'appréciait pas du tout ce que son ami venait de dire de sa petite sœur, même si au fond de lui, il savait bien qu'il n'avait pas tout à fait tort.

— J'y pense ! J'en ai plus que marre de ses conneries. Quant à Kreattur, avec moi il est correct maintenant. Et j'ai besoin de lui pour entretenir la maison avec Dobby. C'est trop grand pour un seul Elfe. Alors tu permets, c'est MON Elfe et j'en fais ce que je veux ! OK ?

— JE NE T'AIDERAI PAS !

— Mais je ne te demande rien, Ron… susurra Harry avec ce qu'Hermione appelait « sa voix de Serpentard ». Au contraire, j'ai une mission pour toi. Je veux que tu traques le saligaud qui a volé la montre de Severus et que tu me la ramènes. Tu es le « nifleur » humain, comme disaient les profs à l'Académie… Le meilleur pour retrouver les objets magiques volés et cachés par les Moldus. Alors, prouve-le !

En s'entendant dire qu'il était le meilleur, Ron se radoucit et se rengorgea, un petit sourire au coin des lèvres.

— Bon, bon… C'est vrai, je suis le meilleur. Faut le reconnaître. Et je fais quoi du mec ?

— Ce que tu veux, je m'en fous. Arrange-toi simplement pour leur foutre suffisamment les pétoches pour qu'ils ne recommencent jamais ce qu'ils ont fait ici. Je suis sûr que si tu trouves la montre, le voleur et ses petits copains ne seront pas trop loin. La piste est trop fraîche. Ils ont fait ça cette nuit, ils doivent encore dormir…

— Et toi, pendant ce temps-là ? Tu vas commettre ton crime, hein ?

— NON ! Je vais tout remettre en ordre ici et je vais juste emmener provisoirement Severus avec moi. C'est tout.

— C'est Severus, maintenant ? ricana Ron. Tu es tombé brusquement amoureux de son cadavre ?

— Tu as fini tes sottises ? gronda Harry, furieux. Je ne te permets pas de lui manquer ainsi de respect ! Il a eu son compte cette nuit, il me semble ! Va retrouver sa montre que je puisse la lui rendre !

— Je te préviens, je saurai ce que tu auras fait de lui, je te surveillerai… Et je le dirai à Mione ce soir. Elle va te démolir !

— À tes souhaits !

Harry se retourna, baguette à la main, dans le but de continuer à ranger les os épars dans l'ossuaire. Ron ne vit pas le rictus amusé qui orna un instant le visage de son collègue et meilleur ami. Harry entendit le crac de transplanage et lança un Wingardium Leviosa sur le crâne qu'il avait fait rouler sous son pied en arrivant.

— Vous voyez, Professeur Rogue, dit-il à voix haute en s'adressant au mort. Ron est tellement prévisible. Il suffit de le brosser un peu dans le sens du poil et hop ! Il fonce dans tous les panneaux.

Harry déposa le crâne dans l'ossuaire et retourna près du cadavre qu'il fixa encore longuement.

— Je ne sais pas ce que vous avez bien pu trafiquer, Professeur, mais j'ai comme l'impression que vous n'avez pas fini de livrer tous vos secrets. D'ailleurs, je ne suis pas vraiment convaincu que vous soyez réellement mort. Vous étiez trop malin pour vous faire avoir ainsi, pas vrai ? Je trouverai, je vous promets que je trouverai et que je vous ramènerai si c'est possible. Sans faire appel à un Nécromancien bien sûr. Si vous êtes vraiment mort, vous avez le droit au repos éternel, mais si vous ne l'êtes pas… Fini de jouer les Blanche-Neige ou les Belle Au Bois Dormant, Professeur…


1 Rigidité cadavérique