Hiraeth
Bonjour bonjour~
Bienvenue dans cette nouvelle fic à chapitres ! Au programme, les Nordiques en chasseurs de fantômes, vous l'aurez peut-être deviné. Cette fic est pré-écrite, donc tous ses chapitres patientent déjà sagement en attendant d'être publiés. Nous prévoyons un rythme de croisière d'un chapitre par semaine~
Cette fiction ne comportera pas de lemons (j'entends les soupirs déçus d'ici), ni de pairings très apparents. Ne reculez donc pas immédiatement en disant "beurk, des OCs" s'il vous plaît, ce sont nos bébés, et vous devriez les apprécier, du moins on l'espère ! .A.
Je ne blablate pas plus, bonne lecture !
- Sue
Chapitre 1 : Une histoire de fantômes
One lives in the hope of becoming a memory. — Antonio Porchia
Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, chasseur de fantôme n'était pas un métier des plus excitants, du moins aux yeux d'Emil Steilsson, dix-sept ans, technicien et expert en électronique à plein temps. Certes, il y avait la petite frayeur habituelle ici et là, qui trouvait généralement une origine dans le comportement imprudent de l'un des membres du groupe. Mais, au final, songeait-il en se balançant d'avant en arrière sur sa chaise, les yeux rivés sur les écrans des caméras de surveillance, ce job n'avait rien d'impressionnant.
Pour être tout à fait honnête, l'Islandais n'avait accepté de faire partie de la bande que pour s'amuser avec du matériel haut de gamme. Il était responsable des caméras, des capteurs, et de tous les objets électroniques dont ils se servaient dans leur chasse à l'esprit. Les Nordic 5, ou N5 pour faire plus court, étaient plutôt connus sur Internet, grâce aux émissions qu'ils publiaient régulièrement sur YouTube. Ils s'étaient fait un nom dans le milieu, et désormais, on leur proposait souvent des offres plus ou moins alléchantes dans le but de purifier un bâtiment réputé hanté.
Emil était de nature très terre à terre et son esprit logique le poussait à rationaliser tout ce qu'il voyait. Contrairement aux autres, qui se laissaient parfois entraîner dans des divagations sans fin ayant pour origine une simple apparition lumineuse à l'écran, il étudiait toujours le milieu ambiant jusque dans les moindres détails afin d'expliquer de manière scientifique les phénomènes mystérieux auxquels ils étaient parfois confrontés.
Cependant, au grand dam de sa pensée pragmatique, il y avait bien des choses que le jeune homme n'avait pas su expliquer : des apparitions visuelles ou auditives qui ne pouvaient trouver leur source dans un son naturel ou une simple ombre, et qui agaçaient profondément Emil. Il ne s'aventurait pas trop dans les lieux en eux-mêmes, et se contentait souvent d'installer le matériel puis de se retrancher dans leur van à l'extérieur pour observer les retransmissions.
Son talkie-walkie se mit à grésiller.
« Emil ! » fit une voix surexcitée. « Le détecteur EMF s'est activé ! Je l'ai entendu ! »
L'Islandais se tourna vers son tableau de bord et constata qu'en effet, le capteur lui indiquait une variation du champ électromagnétique ambiant. Il changea de point de vue pour voir ce que la caméra de l'étage lui montrait, et constata à l'écran que le voyant de l'appareil au sol clignotait rapidement et produisait un son strident.
Rien d'affolant. Les variations du champ électromagnétique n'étaient pas des événements que l'on aurait pu qualifier d'inhabituels, et pouvaient trouver leur origine dans diverses sources. À vrai dire, il avait assez peu confiance en ces objets : ils ne captaient que des fréquences réduites, une fourchette dans laquelle on trouvait la plupart des appareils domestiques, ce qui pouvait causer de nombreuses perturbations.
Bien que le groupe prenne généralement ses précautions pour éviter ces perturbations, elles pouvaient parfois provenir de l'installation électrique de la maison en elle-même.
- Il s'est arrêté de réagir, constata Emil d'un ton las. Sûrement rien d'important.
Un soupir déçu lui répondit.
Matthias Køhler, autre membre du N5, tapota son talkie-walkie en faisant la moue. Pour une fois qu'il était le premier à repérer une activité de l'un des capteurs… Il s'adossa au mur et accrocha le boîtier à sa ceinture. La maison dans laquelle ils enquêtaient, une bâtisse du début du 20e siècle, était très calme, et le seul son qui venait briser le silence étaient les sifflements du vent à travers les volets abîmés. Si fantôme il y avait, celui-ci était discret et ne cherchait apparemment pas à se manifester plus que ça.
Il déplaça son poids sur son pied gauche, ce qui eut pour effet de faire craquer violemment le plancher ; le Danois eut un violent sursaut avant de reprendre contenance. Après tout, pourquoi avoir peur d'un esprit ? Un être immatériel ne pouvait pas faire grand mal. Néanmoins, il se surprit à détester Lukas Thomassen, son coéquipier, qui l'avait laissé seul à l'étage pour surveiller les chambres, sous prétexte qu'il était « trop bruyant » pour qu'il puisse se concentrer.
Il n'était pas d'accord, il ne faisait pas trop de bruit. Il lâchait de temps en temps un hurlement occasionnel, mais bon, c'était compréhensible pendant une chasse aux fantômes, non ? Rassuré par sa propre pensée, il se mit à faire quelques pas de long en large dans le couloir, non sans être terrifié l'espace d'une demi-seconde par son reflet dans un miroir.
« Matthias » lâcha une voix traînante depuis le talkie-walkie, déclenchant un petit cri aigu de la part du Danois. « Arrête de faire autant de bruit, tu m'empêches d'écouter les autres sons. »
Énervé, il s'empara de l'appareil et répondit.
- Mais je m'ennuie, Lukas ! Il se passe rien en haut à part un truc qui a bipé pendant trois secondes.
« Peut-être que si tu étais plus attentif, tu verrais ou entendrais plus de choses. »
Le Norvégien rangea le talkie-walkie à sa ceinture et en baissa le volume pour se concentrer sur sa spirit box. C'était son appareil de prédilection : une radio qui balayait toutes les fréquences, réglée pour ignorer les stations et se concentrer sur les ondes restantes. Lukas était un adepte du dialogue direct avec les entités spirituelles, et obtenait généralement de bons résultats.
D'ailleurs, il avait déjà plus ou moins identifié l'esprit qui hantait cette maison. Il s'agissait du père de famille qui avait vécu là quelques années plus tôt : décédé dans un brutal accident domestique, son spectre était visiblement bien trop attaché à cette maison et à ses souvenirs pour en partir.
C'étaient principalement des déductions, car il était très difficile de comprendre ce que lui disait un voix d'homme qui s'exprimait parfois via la spirit box. Elle était lointaine, étouffée, et il sentait que l'esprit n'était pas maléfique mais pas non plus des plus coopératifs.
- Nous voulons vous aider, dit-il clairement mais pas trop fort. Nous allons purifier cette maison pour tenter de vous apporter le repos. Si vous avez un dernier message à faire passer, c'est le moment… Vous pouvez utiliser l'appareil que j'ai dans les mains…
Le bruit blanc qui s'échappait de la spirit box restait désespérément vide. Lukas soupira et sortit de nouveau son talkie-walkie.
- Tino, Berwald, vous en êtes où ?
« HA ! Haha… Tu m'as fait peur. Euh, rien, on a fouillé le garage mais on a rien trouvé de particulier. Ça a l'air d'être une maison normale – C'ÉTAIT QUOI CE BRUIT ? Ah c'est moi qui marche sur un couvercle en métal. Enfin, voilà. »
Tino Väinämöinen rangea son talkie-walkie et fixa son coéquipier, Berwald Oxenstierna, les mains sur les hanches. Il trouvait l'esprit de cette maison particulièrement faible et inintéressant, ça n'annonçait pas une émission palpitante. Son regard se tourna vers l'objectif de la caméra tenue par le Suédois. Celui-ci était généralement de corvée pour filmer à la main, car son calme olympien et sa tendance à n'émettre que peu de sons étaient idéals pour enregistrer l'exploration. Il n'y avait pas eu beaucoup de manifestations paranormales, ce qui décevait Tino, et –
- AH ! QU'EST-CE QUE… Ah la porte qui grince, hahaha. Ne fais pas ça Berwald, tu troubles l'enquête.
- Désolé.
Donc, il disait. Cet endroit était très loin de l'impressionner. Ils avaient visité des lieux bien plus terrifiants (non il n'en frissonnait pas encore) et cette petite maison de campagne n'avait rien de lugubre, à part CETTE OMBRE TERRIFIANTE SUR LE MUR qui était en réalité celle de Berwald, affairé à tester la température de la pièce.
Un peu au-dessus d'eux, un cri aigu retentit, légèrement étouffé.
- Matthias devrait faire moins de bruit, commenta Tino d'un air désapprobateur. Avec ses hurlements, il trouble nos observations.
- Mh mh, marmonna Berwald, qui n'osait faire remarquer que le Finlandais était probablement pire lorsqu'on parlait de cris de terreur.
- Ce n'est pas professionnel du tout. Franchement, comment veux-tu travailler dans des conditions pareilles ? Je veux dire – AH DERRIERE TOI ! Oh c'est mon ombre. Enfin, Matthias est un grand gamin.
Le Suédois se contenta de hocher la tête. Il ne pouvait nier que le Danois était souvent une source d'ennuis ; il était le premier à remuer les pièces de fond en comble, ce qui avait parfois le don de réveiller les morts, certes, mais aussi de les agacer. Heureusement, ils n'avaient jamais eu affaire à des entités très agressives. Il était arrivé que Matthias se prenne quelques objets sur le coin de la figure, mais on prétextait que c'était une coïncidence, tout en remerciant l'esprit d'avoir su viser.
« Je m'adresse à tout le monde » fit la voix de Lukas à travers le talkie-walkie. « Je pense qu'il est temps d'accomplir le rituel de purification. Rejoignez-moi dans le salon. »
Emil soupira. Enfin, ils en avaient fini avec cette enquête d'un ennui mortel. De plus, il avait presque épuisé son stock d'épisodes de Game of Thrones. Tandis que les autres se rassemblaient dans la plus grande pièce de la maison pour commencer le rituel, son portable se mit à sonner.
All I am is a man, I want the world in my hands…
- Nordic 5, nettoyage de maisons hantées, bonjour, répondit l'Islandais d'un ton blasé.
Il était curieux de savoir qui pouvait bien les appeler à cinq heures du matin.
« Bonjour, hum… C'est vous qui vous occupez des phénomènes paranormaux ? »
- De toute évidence, oui, répondit Emil avec un léger sarcasme dans la voix.
« Je suis promoteur immobilier et j'ai un souci de maison à priori « hantée » sur les bras. Non pas que je crois à ces foutaises, m'enfin… Ça m'empêche de la vendre. Tout ça parce que des gamins ont eu la bonne idée d'aller se blesser à l'intérieur et d'en ressortir en clamant qu'ils s'étaient fait agresser par des fantômes. Tout le monde les a crus ! C'est pas dingue ça ? »
- Si vous le dites, marmonna le jeune homme en triturant les boutons de son tableau de bord.
Il surveillait en même temps le rituel de purification afin de s'assurer que tous les membres du groupe étaient bien là.
« Enfin voilà. Je sais que vous êtes plutôt connus dans le milieu… Ah là là, cette génération qui aime se faire peur avec des superstitions stupides. »
- Écoutez, venez-en au vif du sujet. C'est où, et vous payez combien ?
« Payer ?! Comment ça payer ?! Vous n'êtes pas des bénévoles ? »
- À votre plus grand désarroi, non. Il faut bien qu'on finance notre matériel. Et bien que nous ayons des airs de dieux vivants, il faut aussi qu'on mange.
« Bon, bon… C'est bien parce que j'ai pas le choix. Si les clients voient que les grands chasseurs de fantôme ont balancé trois gouttes d'eau bénite dans les pièces, ils seront contents. Quel est votre tarif habituel ? »
- Une vingtaine d'euros de l'heure, mais ça dépend de la situation de la maison, de son emplacement et de sa taille. On vous fera un devis après l'avoir examinée.
« Eh ben, vous vous faites plaisir en plus. C'est un vieux manoir du 17e siècle avec un grand parc… »
Emil nota toutes les informations nécessaires, en surveillant les écrans. Il salua poliment le promoteur immobilier avant de raccrocher, alors que le groupe rejoignait le van.
- Tout s'est bien passé ? demanda le plus jeune en éteignant son matériel.
- Oui, à part Tino et Matthias qui ont hurlé en continu, comme d'habitude.
Les deux se mirent à protester vivement, mais Emil les coupa :
- Ouais ouais, tout ça est très intéressant, mais maintenant on va chercher les caméras et les capteurs. Oh, et on a une nouvelle affaire sur les bras.
- Intéressante cette fois-ci ?
- La totale, un manoir du 17ème siècle avec des histoires d'adolescents imprudents qui en sont ressortis avec des engelures. Reste à savoir si c'est du mythe ou pas.
- Des engelures ? releva Matthias en reniflant d'un air peu convaincu. Ça a l'air d'être un truc de gamins qui se font peur, ton histoire.
- Peut-être… Oh, Matthias, derrière toi !
- QUOI ? QUOI ?!
- Ton ombre.
Le reste du groupe ricana, tandis que le Danois rougissait jusqu'aux oreilles.
- Enfoiré.
