Chapitre 1 : Une peur ancrée en lui
« Debout, Nev. Me force pas … »
« JE SUIS REVEILLE ! Pas besoin ! »
Je me lève aussitôt, sur le pied de guerre alors que je recule devant la femme à moitié humaine. Avec son corps cylindrique et long, elle est une Giratina. Rien que ça ! Je ne connaissais pas son espèce auparavant et je ne crois pas qu'il en existe beaucoup. Je sais juste qu'elle est là, devant moi ! Et c'est le plus effrayant !
« Qu'est-ce qui te prends encore ? Ah non … Pourquoi est-ce je pose encore la question ? Tu me fais le même coup tous les matins lorsque je te réveille. »
Elle croise les bras au niveau de sa poitrine plutôt généreuse, recouverte par un bustier. Je ne m'attarde pas sur elle, je n'ai pas de temps pour ça ! Je ne préfère pas ! Je … Je … Non ! Je ne dois pas faire ça ! Pas du tout même ! Je la regarde, un peu méfiant.
« Je vais te préparer à manger … mais ne t'approche pas de moi, d'accord ? »
« Hmm ? Si je veux m'approcher, je le fais, c'est compris ? »
« S'il te plaît … Sinon, je ne pourrai pas te préparer à manger pour ton petit-déjeuner. Tu veux avoir l'estomac vide ? »
Je sais que ces paroles font mouche puisqu'elle semble un peu décontenancée. Elle marmonne qu'elle va me laisser tranquille pendant que je prépare le repas. Je pousse un petit soupir de soulagement à cette idée avant de m'atteler à la tâche. Il vaut mieux pour moi que je ne perde pas trop de temps car sinon, elle risque de m'en vouloir grandement.
« Voilà ! Mademoiselle Giréléna, c'est prêt ! »
« Arrête avec ce mademoiselle. Tu peux me tutoyer et éviter ce genre de qualificatifs qui n'a aucune valeur à mes yeux, est-ce bien compris ? »
« Je le ferai seulement si j'en ai envie et si c'est vraiment nécessaire. »
« Tu le feras car je t'y oblige … sinon, tes fesses risquent d'avoir à nouveau quelque chose qui risque de les accueillir si tu continues. »
Aussitôt, je pose une main sur ces dernières, inquiet et soucieux. Elle éclate d'un rire tonitruant, considérant ma réaction comme une victoire personnelle. J'ai envie de lui envoyer le repas en plein visage. J'en ai tellement envie !
« Fais-le donc … mais alors, après, tu en subiras les conséquences. »
Elle devine facilement ce que j'ai en tête. Je suis si facile à lire ! Elle le sait parfaitement ! J'en ai envie ! Je m'apprête à le faire mais je m'arrête au dernier moment. Lorsque je lui sers à manger, elle continue de me regarder avec ce sourire moqueur. Elle s'amuse de la situation … Je le sais. Puis elle murmure :
« Tu n'es qu'un faux héros, ne l'oublie jamais, Nev. Tu ne seras jamais ce que tu crois être. »
« ASSEZ ! TIENS ! »
Le reste du repas quitte mes mains pour finir sur le sommet du crâne de Giréléna. Je pousse aussitôt un cri, sachant pertinemment ce qu'elle va faire si ça continue. Je dois m'en aller ! Je dois m'en aller et vite ! Pourtant, elle ne fait rien, mangeant simplement ce qui se trouve dans son assiette tout en murmurant :
« Toi qui n'aimes pas que je te touche … Nev … n'est-ce pas ? Tu vas devoir pourtant aller me laver les cheveux et le visage après le repas. Bien entendu, tu n'as pas ton mot à dire, tu le comprends parfaitement, n'est-ce pas ? »
… … … Je ne peux rien dire d'autre. Je ne fais qu'hocher la tête positivement. C'est de ma faute, j'ai fait une bêtise, je suis impardonnable. Je le sais parfaitement … Je le sais parfaitement … Ah … Ah … Ah … C'est la meilleure chose qui puisse m'arriver.
« Et après le repas, on fera quelques heures de marche. »
Et après encore ? Il n'y a pas que ça. Je le sais parfaitement. Elle a une autre idée en tête. Mais quoi ? AH ! Je le sais parfaitement ! Je le sais ! Enfin … Il croyait … Je n'en suis plus sûr à cause d'elle ! Elle me perturbe complètement avec toutes ces actions ! Voilà tout ! Je suis complètement perturbé à cause de tout ça !
« Une réclamation de ta part, Nev ? Je suis prête à l'entendre si ce n'est pas une idiotie. »
« Non non … C'est rien du tout. Mais d'abord, je vais chercher de l'eau pour pouvoir te laver les cheveux et le visage. »
Il valait mieux que je me taise. Je m'éloigne rapidement de tout cela alors que je vais vers la rivière que j'ai vue il n'y pas trop loin de l'emplacement où nous sommes partis dormir. Voilà ! Je prends un petit seau, le remplissant d'eau avant de revenir vers Giréléna.
« Voilà … J'ai ce qu'il te faut. »
Elle ne dit rien, restant parfaitement immobile alors que je prends un gobelet, le plongeant dans le seau d'eau. Je mouille ses cheveux, commençant à les nettoyer sans rien dire à mon tour. Je commence à lui laver les cheveux de la meilleure façon qu'il faut, retirant la nourriture qui se trouve à l'intérieur. Puis ensuite, je fais de même avec son visage. Il est impassible et immobile.
Alors que je me rapproche de ses lèvres, sa langue sort subitement, venant lécher ma joue. Je pousse un cri de surprise, tombant à la renverse avec le gant de toilette que j'utilise. Elle pousse un rire tonitruant, amusée par ma réaction avant de dire :
« Il est si facile de te surprendre, que cela soit en bien ou en mal. Oh que oui … Tellement facile même que ça en est un peu désarmant. Aller … Termine ton travail. »
« … … … Si c'est encore pour se moquer de moi … »
Je marmonne cela mais je m'attèle à terminer ma tâche. Finalement, elle est complètement propre et nous nous mettons en route. Une journée qui se passe tranquillement, sans aucune attaque de femmes-pokémons. Je me demande si elles n'osent pas m'attaquer car je suis accompagné par la reine d'entre elles ? Ça serait une bonne raison mais j'ai aussi l'impression qu'il n'y a pas que ça, loin de là. Et elle me l'a dit clairement : même si elle est la reine, elle n'en a rien à faire et ne m'aidera pas dans mon combat. C'est logique … sauf le fait qu'elle m'accompagne.
Mais pendant toute la journée, rien ne se déroule et finalement, je prépare déjà le repas du soir. Lorsqu'elle a terminé de manger, elle me regarde pendant quelques secondes alors que je fais la vaisselle, tel un esclave.
« Dès que tu as fini de digérer, prépares-toi. On va réellement commencer l'entraînement aujourd'hui. J'ai attendu deux bonnes semaines mais visiblement, tu n'as rien demandé. Tu n'es qu'un imbécile de première catégorie pour ne pas m'avoir rappelé cela. »
« Je ne veux pas … Enfin … Je … »
« Tais-toi, tu n'as pas le choix. Que tu le désires ou non, est-ce bien compris ? »
« … … … D'accord mais tu ne pourras pas forcer à me motiver. »
« Tu veux prendre un pari que tu seras forcé de perdre ? »
Je préfère me taire. Je sais parfaitement ce qui risque de me tomber dessus si je continue ainsi. Je ne dirai rien … Je ne dirai rien du tout, ça sera bien mieux, oui. Gloups ! Je toussote légèrement avant de faire apparaître mon maul. Il faut juste que je paraisse motivé à ses yeux, ça sera amplement suffisant normalement ! Enfin, j'aimerai le croire mais je n'en suis pas sûr. Elle me fait peur … Elle me fait tellement peur même. Je ne veux pas qu'elle me touche. JE NE VEUX PAS !
« Bon … Essayes donc de m'atteindre. »
L'essayer de l'atteindre ? Je sais pertinemment que ça ne va servir à rien ! Mais je m'exécute, courant vers elle, le maul en main. Si je peux juste lui donner un coup des plus violents, je …
« Imbécile. Tu penses attaquer qui par surprise comme ça ? »
Le maul quitte mes mains alors qu'elle a juste donné un coup de queue. Je ne l'ai même pas serré assez fort. Je me prends une claque de sa part avec sa queue alors qu'elle reprend :
« D'abord, tu attaques de front alors qu'il est si facile de lire sur ton visage ce que tu comptes faire. Ensuite, tu ne tiens même pas réellement ton arme. N'importe qui pourrait te la prendre sans même que tu ne réagisses. »
« Pardon … Je … n'étais pas concentré. Je … AH ! NON ! » dis-je aussitôt alors que sa queue se rapproche de mon pantalon. Je fais aussitôt un saut en arrière.
« Si je remarque que c'est parce que tu es trop excité que tu ne peux pas te concentrer, je me ferais un plaisir de te … vider l'esprit. »
Je sais parfaitement qu'elle ne parle pas réellement de l'esprit ! Je ne veux pas qu'elle me touche ! Je ne veux pas ! SI elle me touche … Si elle me touche … Je … Je … JE NE VEUX MÊME PAS L'IMAGINER ! JE NE VEUX PAS !
« Alors … Maintenant, reprenons, n'est-ce pas ? Tu as intérêt à être bien plus concentré … car sinon … Je risquerai de me fâcher. »
« Je vais me concentrer ! Je te le promets ! Dis-moi alors ce que je dois faire ! »
« Alors d'abord récupérer ton arme. »
Hein ? Ah bien sûr que oui ! C'est normal et logique même ! Je vais rechercher mon maul, bredouillant quelques mots avant de me remettre en face d'elle. Elle a toujours son air des plus sérieux … Celui où elle va me faire souffrir.
Pourtant, elle m'explique peu à peu comment concentrer mes attaques sur ma cible tout en frappant rapidement et vivement, sans perdre de précisions. Je ne sais pas comment elle fait mais ses explications semblent si simples.
Et malgré mon maul, je peux commencer à frapper avec rapidité dans le vide, donnant plusieurs coups à gauche et à droite bien que toutes atteignent une cible imaginaire, normalement au même endroit. Après cela, elle me dit :
« Cette attaque n'est pas très forte et puissante mais elle te permets d'abattre plusieurs coups sur un ennemi qui n'est pas forcément très résistant. Ainsi, tu peux prendre l'ascendant sur ceux qui n'ont pas les moyens de se défendre. Par contre, si tu as affaire à une carapace ou une armure, autant abandonner l'idée de faire des blessures. »
« Je … Est-ce cette attaque a une histoire comme l'arme ou non ? »
« Celle-ci ? Non … Rien du tout pour le moment. »
« Ah … Je m'attendais encore à une histoire effroyable. Je ne sais pas … AIE ! »
« Hmmm ? C'est quoi ce gémissement plaintif ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? »
« Tu me frappes de toutes tes forces quand tu répliquais à mes attaques ! Ca fait des marques, voilà ce qu'il y a ! »
« Encore et toujours à te plaindre. A part ce qui se trouve entre tes jambes, tout le reste semble être digne d'une fillette de dix ans. »
« ... … … Bien entendu, qui aurait pu en douter autrement sinon ? »
J'accuse le coup comme d'habitude puisque je commence à avoir l'habitude justement … d'entendre ça de sa part. J'hausse tout simplement les épaules avant de ranger le maul, celui-ci reprenant la forme du pendentif que je mets autour de mon cou, à côté du reste. C'est aussi simple que ça … Voilà … C'est aussi simple … que ça.
Tellement simple … et tellement risible. Voilà que mon entraînement est terminé. Aussitôt fait, aussitôt … oublié ? Je n'espère pas. Cela pourrait m'aider. Mais pourquoi est-ce que Giréléna m'aide de la sorte ? Qu'est-ce que ça lui apporte réellement ?
« Giréléna, tu ne veux vraiment pas me dire pourquoi tu m'entraînes ? »
« Je n'en vois pas de raisons car il n'y en a aucune. »
« Ca ne répond pas vraiment à ma question. »
« Qui a dit que je comptais y répondre au départ ? »
Elle marque un point … même si je ne l'apprécie pas vraiment. Pas du tout en fait. Comment est-ce que je pourrai apprécier une telle remarque ? Ou alors une telle femme-pokémon ? Il faut être juste fou pour ça !
Complètement fou et désespéré. Je ne l'apprécie pas. Pas du tout même. Elle est juste … folle … Je la hais. Je la hais tellement cette Giréléna ! Cette femme-Giratina ! AH ! D'ailleurs, je vais me moquer d'elle.
« Giréléna, ta mère n'a pas forcément mis beaucoup de temps lorsqu'elle t'a donné ce nom, tu ne crois pas ? Giratina, Giréléna, c'est exactement pareil. »
« Puisque tu t'avises de parler de ma mère pour m'insulter … Je vais te punir … mais pas sexuellement. Ce genre de choses, tu ne le mérites pas. »
« Ah ? Euh … Qu'est-ce que j'ai dit ? Je l'ai insultée ? »
« Dans ma famille, nous portons toutes le nom de Giréléna. Ainsi, ma mère s'appelait Giréléna et ainsi de suite. Tu es un imbécile mais cela, tu ne le savais pas encore. »
Et la punition ? Je commence déjà à la craindre. Peut-être que j'ai touché un point sensible ? Je n'aime pas me moquer. Je m'approche d'elle, un peu confus avant de murmurer :
« Pardon, Giréléna. Je ne voulais vraiment pas me moquer et … »
« Si, c'est que tu comptais faire mais tu es tellement simplet gentillet de nature que tu as tout de suite cherché à t'excuser. Mais tant mieux que tu te sois rapproché … héhéhé. »
Comment ça ? Je … AH ! NON ! Mon maul apparait subitement dans mes mains alors que je repousse la queue de Giréléna avec mon arme. Elle a encore essayé !
« Bien bien bien … Une bonne réaction cette fois. »
Hein ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Elle signale qu'elle va aller dormir alors qu'elle me tourne le dos. Je reste méfiant, attendant quelques minutes avant de ranger mon arme dans le pendentif. Oui … C'est mieux que je sois suspicieux … question de prudence.
