Bonjour, ici Agraphe !
Je réécris en début de ce premier chapitre mon petit speech de présentation, puisque j'ai finalement décidé de supprimer le prologue (oui, je ne l'aimais plus).
Voici donc ma première histoire. Elle m'a trotté dans la tête pendant tellement longtemps que j'ai décidé de la mettre sur papier pour la faire sortir. Ca n'a pas marché, et toute cette affaire prend trois fois plus de place qu'avant dans mon cerveau. Et des proportions mamouthesques sous Word (enfin, de mon point de vue, parce qu'en réalité, 10 chapitres c'est pas si long).
Une dernière précision : Pour les besoins de l'intrigue, j'ai simplement... effacé Voldemort. Il n'a jamais existé, il n'y a pas eu de guerre avant la naissance de Harry et le rôle du méchant psychopathe a été donné à quelqu'un d'autre (que j'aime assez, personnellement, mais j'ai peur d'être la seule. Ah non, il y a Valdermore aussi. Mais elle était sous poudre d'or le jour où elle a écrit ça).
Enfin, merci beaucoup à Yuukyun, pour sa relecture de tous les chapitres, et à Dauphin Noir pour sa correction des premiers chapitres !
Bonne lecture, j'espère que ça vous plaira !
Harry Potter appartient à JK Rowling.
Chapitre un : Les orties sont vertes elles aussi
« Neville Londubat ! »
La cérémonie de répartition progressait lentement, et la majorité des élèves de Poudlard rassemblés dans la Grande Salle commençaient à se lasser. Aux quatre tables, les plus anciens, blasés, s'en étaient désintéressés et avaient reporté leur attention sur les premières années qui les avaient déjà rejoints. Ils ne suivaient plus que d'une oreille distraite les décisions successives du Choixpeau, en se contentant d'applaudir lorsque leur Maison était annoncée. Les seuls encore vraiment attentifs restaient les nouveaux arrivants, qui attendaient d'être appelés par la voix stridente du professeur McGonagall. Un peu tremblants en patientant avant leur tour, ils chuchotaient entre eux et se racontaient les légendes des Fondateurs ou les histoires des fantômes.
Un petit brun se tenait au bord du groupe, près des immenses portes. Encore plus minuscule que les autres premières années, il flottait dans une robe sorcière déjà usée mais encore trop grande pour lui. Il avait le nez en l'air, admirant sans retenue le plafond étoilé avec un air d'étonnement ravi, au travers des verres épais de ses lunettes qui lui mangeaient la moitié du visage. La voûte céleste était si profonde, lumineuse, il pouvait presque sentir l'odeur des étoiles. Si différente aussi du ciel de Little Winghing... Là-bas, on ne les voyait pas, les étoiles, toujours cachées par les lumières de la ville, la fumée de la banlieue ou les nuages. Il n'avait de toute façon pas souvent l'occasion de sortir à la nuit tombée, et malheureusement, un placard respectable n'a pas de fenêtre. Depuis l'épisode de la « fugue », il n'avait pas essayé à nouveau de rester dehors le soir non plus. Il ne put réprimer un frisson au souvenir de l'été. Pourtant il était loin maintenant, c'était passé. Il était sauvé. Sauvé par un géant et un grand train rouge à vapeur. Il n'y avait qu'à lui que ce genre de choses arrivait, lui dirait sa tante. Des choses bien anormales pour des gens bien sous tous rapports. Mais après tout, sa famille avait toujours su qu'il n'était pas comme eux (et qu'il fallait le traiter en conséquence).
« Parvati Patil ! » La fille sursauta, et se sépara à regret de sa jumelle qui lui tenait la main.
Le garçon retourna à ses pensées. Et à présent, lui se trouvait là, un sorcier, sous la voûte enchantée d'un château éloigné sur les hauteurs de l'Ecosse. Il avait du mal à y croire, à ce monde tout neuf. C'était trop fantastique. Il aurait pu ne jamais le découvrir, sans ce mystère de la génétique : un minuscule chromosome de sorcellerie qui s'était glissé dans ses cellules, sans demander l'avis de ses parents, qui eux au moins étaient sans aucun pouvoir magique malgré tous leurs défauts, du moins selon les dires de Pétunia. Mais évidemment, il avait fallu que lui-même se révèle encore pire que son père, qui était déjà un bon à rien dans son genre. Il avait fallu qu'il soit un enfant magique. C'était sa première étincelle de chance, et il comptait en profiter (parce qu'Harry savait bien que la chance vient rarement).
Sa voisine dans le train, Hermione Granger, à présent à Griffondor depuis quelques minutes, le lui avait expliqué : elle était comme lui, ils étaient « nés-moldus ». C'était comme cela qu'on appelait cet étrange hasard, la surprise des enfants magiques apparus au milieu d'une famille qui ne l'était pas. Il avait compris que c'était une anomalie naturelle pour certains, aussi bien chez les Sorciers que chez les Moldus. Son oncle en était un exemple... « Erreur de la nature », « Monstre » !
S'il en croyait ce qu'il avait entendu, les Nés-moldus n'étaient pas les mieux considérés ; mais dans son cas, c'était juste le miracle qu'il avait attendu. Si ses parents le voyaient, est-ce qu'ils seraient aussi fiers de lui ? Les Dursley ne l'avaient pas été, mais le contraire l'aurait étonné. Ils le considéraient déjà comme un étranger avant qu'ils ne découvrent qu'il était encore plus différent d'eux qu'ils ne l'avaient imaginé. Officiellement, Harry avait été admis dans un pensionnat éloigné grâce à ses résultats scolaires – il devrait remercier Dudley, qui, un an au-dessus de lui, l'avait forcé à faire ses devoirs en plus des siens. Le mot « magie » avait été interdit sous leur toit, de même que le mot « hiboux », depuis l'incident de la lettre. Encore un secret qu'Harry garderait jalousement.
Son nouveau monde à lui... Il l'avait finalement. Depuis qu'il était petit, il n'avait jamais osé en demander trop, même dans ses rêves. Il se contentait d'imaginer un endroit sans les Dursleys, cela lui semblait déjà énorme. Et maintenant, toutes les voies qui s'ouvraient devant lui lui tournaient la tête, sans sa famille pour les lui condamner avant même qu'il y pose le pied.
« Harry Potter ! »
Severus Rogue, le terrifiant maître de potion, l'inventeur acide jalousé pour ses succès, l'influent directeur de Serpentard, Severus Rogue, donc, s'ennuyait comme un rat mort. Et qui avait déjà eu le malheur de partager une conversation avec Peter Pettigrow savait toute la force que l'expression prenait dans sa bouche. Ces festins n'étaient que des rassemblements de têtards. Les adolescentes gloussantes se racontaient leurs étés et les garçons exhibaient les centimètres qu'ils avaient gagnés. Cela l'exaspérait simplement. Il allait leur falloir deux bonnes semaines avant de se mettre au travail, or lui n'avait pas de temps à perdre.
Jusqu'ici, il s'était contenté de suivre un moment des yeux l'entrée de sa maison, notant quelques changements subtils dans la dynamique du pouvoir, comme un décalage de place, un rapprochement de tel un et tel autre, mais rien de majeur. Cela l'avait rapidement lassé, c'était sans surprise. Les Serpentards évoluaient tous dans la même société depuis leurs naissances de toute manière, et leurs rôles leurs étaient donnés presque dès la naissance. Qui hériteraient, qui épouserait qui, qui succéderait à la tête de telle faction politique...
Puis il avait regardé la répartition de son filleul, Draco Malfoy, chez les Verts et Argents, sans étonnement non plus. La fierté et l'excitation du gamin d'avoir été envoyé à Serpentard, bien qu'il fasse de son mieux pour les cacher, étaient attendrissantes. Mais Severus admettait qu'il avait toujours été partial vis-à-vis de son filleul, même quand il empoisonnait l'existence de son entourage, au sens figuré voire au sens propre, si son souvenir d'un certain Nouvel An était exact. Il avait certes souvent le mérite de le distraire...
Maintenant, le petit blond s'était facilement fondu parmi ses camarades, bavardant avec les autres premières années tout en faisant déjà usage de ses yeux gris sur les jeunes filles des années au-dessus, sans doute en train de magouiller pour récupérer leurs notes de cours. Draco ne perdait vraiment jamais de temps, se dit le professeur de potion avec un sourire, dissimulé derrière sa main. Avec son visage fin de poupon de porcelaine et ses cheveux blonds qui bouclaient encore un peu, son regard clair et son air de faux enfant sage, il accaparait déjà toute l'attention. Nul doute que tout cela avait été murement réfléchi, et que son filleul avait choisi le comportement qui le montrerait sous son meilleur jour, pour son arrivé tant attendue à Poudlard. C'était au moins un avantage de n'avoir aucun doute sur sa Maison : il avait sûrement répété pendant des jours auprès de Narcissa et tout prévu pour le jour J. Les autres n'avaient vraiment aucune chance de lui résister.
Soupirant, il reporta son attention sur Minerva, espérant qu'elle en soit déjà aux « Y ». Loin de là, tout juste les « P »... Il applaudissait machinalement, perdu à nouveau dans ses observations. Mais l'intervalle entre les acclamations s'étira, et Severus releva la tête pour ce qu'il se passait. Sans doute un qui s'était étalé par terre en montant sur l'estrade, lui suggéra son côté sarcastique. Mais contrairement à ce à quoi il s'attendait, le môme n'avait pas trébuché en allant s'asseoir sur le tabouret. Le Choipeaux était bien en place sur sa tête, lui cachant à moitié le visage, ne laissant dépasser qu'un menton rond et quelques mèches noires. Un Né-moldu, à en juger par les baskets qui dépassaient des plis de la robe d'occasion, déjà un peu grisâtre. Pas pour lui, décida-t-il, sa maison ne comprenait déjà que de très rares Sang-mêlés, le plus souvent mis à l'écart, alors un Sang de bourbe... Ils n'avaient rien à faire à chez eux. Il se pencha quand même pour demander son nom au professeur Flitwick.
« Um ?... Potter, je crois.
- Connais pas. » Sang de bourbe, aucun doute.
Encore une minute passa. Le première année et le Choixpeau paraissaient en grande discussion, et les mains aux ongles rongés serraient sa robe, les jointures blanches. Quoique le chapeau ait décidé, le garçon n'était visiblement pas d'accord. Il semblait même le supplier. Encore un qui rêvait d'aller à Griffondor à cause de ce qu'on lui avait raconté, et pour qui on avait décidé Poufsouffle, se dit Severus avec mépris. Le couvre-chef se redressa d'un coup.
« Assez, j'ai décidé, Monsieur Potter ! »
« SERPENTARD. »
Harry ferma les yeux. Il avait lu l'histoire de Poudlard, il avait aussi lu le livre d'introduction au monde magique recommandé sur la liste. Il avait encore écouté sur le Chemin de Traverse. Il avait senti les moqueries devant ses jeans à la gare, provenant des élèves plus âgés. Il avait entendu certaines recommandations de parents, visiblement richissimes, à leurs enfants : « Et reste poli avec ces Nés-moldus, mais ne les fréquente pas. » Il avait bien vu la lueur de dégoût chez les plus grands qui les avait insultés dans le train, « Miséreux », « Sang de bourbe ». De la boue sous leurs chaussures, voilà ce qu'il était pour ces quelques aristocrates qu'il avait croisé. Hermione le lui avait expliqué, puis le rouquin et ses grands frères dans leur compartiment le lui avaient décrit : l'exclusion, le mépris, le racisme des familles de sang-purs contre les enfants comme eux.
Alors il avait ravalé son orgueil, il s'était abaissé à supplier le Choixpeau, et rien.
Serpentard.
La seule Maison dans laquelle il n'avait aucune chance, où on l'exclurait avant même qu'il ouvre la bouche, où on le détesterait juste pour son sang. Il avait été condamné à ça. Une tâche répugnante, voilà ce que le Choixpeau avait fait de lui.
Sept ans, c'est très long, se dit Harry, pressant ses paupières sur ses yeux.
Le silence s'était fait dans la grande salle. Personne n'avait applaudit.
« SERPENTARD, ai-je dit ! » Le Choixpeau se répéta d'une voix colérique. D'un coup, les murmures gonflèrent et coururent le long des tables. L'enfant était toujours seul, devant tout le monde. Il n'osait pas regarder mais entendait quand même, comme toute la salle, cette ascendance qui sonnait comme une tare : « Né-moldu ».
« SILENCE ! »
Tous sursautèrent au son de la voix furieuse du maître de potions. Severus, aussi ébranlé que le reste des Verts et Argents, s'était levé. Il inspira, et projetant un calme trompeur, comme pour atténuer le choc de la décision, déclara de sa voix la plus posée :
« Eh bien, bienvenue parmi nous, Monsieur Potter. Allez-donc vous asseoir. »
A leur table, Draco regardait avec curiosité l'imprévu qui avait osé s'infiltrer dans son plan.
