Harry Potter - Une fin alternative

Attention ! Cette histoire se base sur le livre 7 (et les autres) et contient donc de nombreux spoilers.

Cette fin debute (hehe) alors qu'Harry a tué Voldemort, que la guerre est finie, et que tout le monde est rassemblé dans la grande salle. Harry parle avec Luna et se cache sous sa cape d'invisibilité pour etre un peu tranquille.

Plus precisement, juste apres cette phrase :

Along the aisle between the tables he walked, and he spotted the three Malfoys, huddled together as though unsure whether or not they were supposed to be there, but nobody was paying them any attention.


Chapitre 1

Draco avait les yeux fixés sur la place, derrière Luna, qu'occupait Harry quelques secondes plus tôt.

Il se leva, chuchotant quelques mots à ses parents, et se glissa hors de la salle.

Sans réfléchir, Harry le suivit. Sitôt les portes passées, le brouhaha assourdissant de la grande pièce se tut.

Le hall était désert à l'exception du professeur McGonagall qui montait rapidement les escaliers vers les étages. L'entrée du château rappelait un paysage apocalyptique. Le sol était jonché de débris divers, dont une chaussure, remarqua Harry, et les murs qui ne semblaient pas sur le point de s'écrouler étaient noircis, avec de très nombreux impacts dus aux sorts. La lourde porte en chêne donnant sur l'extérieur avait été arrachée, ainsi qu'une partie de la façade l'entourant. Ca devait être l'oeuvre des géants.

Ses yeux se posèrent sur la silhouette assise seule, dehors, sur les marches, haute, mais tellement frêle dans la lumière de l'aube. Il remarqua, avec un léger choc, à quel point Drago avait maigri, les os de ses épaules se dessinaient clairement sous sa robe. Harry s'approcha et s'assit lentement à coté du blond. Ce dernier, feignant de ne pas remarquer son arrivée, gardait le regard résolument tourné vers le lac. Le ciel était clair, sans aucun nuage, bizarrement calme, le calme après la tempête sûrement, et on pouvait voir l'eau onduler entre les arbres, sous une légère brise.

- Potter...

Il avait encore des cendres dans les cheveux et plusieurs coupures marquaient son visage. Ses traits étaient tirés par la fatigue, sa peau semblait si fine, presque transparente, et pourtant, même alors qu'il était de toute évidence épuisé, Draco gardait le menton fièrement levé. Une mèche de cheveux, si clairs qu'ils paraissaient argentés, portée par le vent, caressait sa pommette haute. Harry ne s'était jamais rendu compte du charme qui émanait de son ennemi, mais maintenant, ce mélange de fierté, de force et de douceur lui sautait aux yeux. Il n'avait jamais pris le temps de le regarder à vrai dire.

Draco se tourna soudain vers lui, surprenant son regard.

- Je sais que je suis irrésistible, Potter, mais arrête de me fixer comme ça ou je vais rougir.

Un éclair de colère passa dans les yeux du brun, l'autre avait un don naturel pour lui donner envie de le frapper. Il ouvrit la bouche pour répliquer. N'importe quoi de méchant, blessant, pour virer ce petit sourire narquois du visage de Malfoy. Il allait faire un commentaire sur son père, tiens.

Mais Draco repris son air sérieux et continua, sans lui laisser le temps de parler.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Tu viens me dire de partir, je suppose. T'en fais pas Potter, je jette un dernier regard sur tout ça et mes parents et moi on s'en va. Pas de raisons qu'on reste après tout. C'est pas notre victoire, on était du mauvais coté...

Il cracha ces derniers mots avec tout le mépris dont il était capable, ce qui, venant de l'héritier Malfoy, sang pur et fils d'ex-mangemort, voulait dire beaucoup. Mais la rage n'avait pas disparu du visage d'Harry. Il était toujours vexé de la remarque du blond et il comptait bien lui faire payer.

- Exactement Malfoy, t'en as bien profité du temps de ton copain l'homme-serpent, mais maintenant c'est fini ça. T'es plus le bienvenu ici. Tu ne l'as jamais été d'ailleurs.

C'était au tour du blond d'avoir l'air furieux, mais il se reprit avant qu'Harry ne remarque son regard blessé et son visage se ferma. Son habituelle moue dédaigneuse reparut.

- J'en ai bien profité ? Tu crois ça ?

Sur le visage d'Harry, la colère s'était désormais teintée d'incompréhension. Il n'avait jamais été très vif d'esprit, à part en cas de danger mortel, et là, il ne savait pas vraiment quoi penser de ces quelques phrases. L'expression terrifiée de Draco au manoir Malfoy, avec les autres mangemorts, sa propre famille, lui revenait.

- Je...

- T'es vraiment qu'un sale con.

Tu penses sérieusement que c'était agréable ?

Qu'être forcé à haïr et torturer des gens, en sentant toujours planer la menace de sa propre mort, c'est agréable ?

Tu crois que j'ai demandé à avoir des parents mangemorts ? Que j'ai choisi Serpentard parce que le vert me va au teint, et Crabbe et Goyle pour leur humour et leur conversation ? Tu crois que j'ai eu le choix ?

Et je suppose que tu penses aussi que j'ai demandé à ce psychopathe de me charger de tuer Dumbledore ? Une mission ou j'ai toutes les chances de mourir et dans laquelle je dois assassiner un homme profondément bon qui m'a toujours laissé ma chance ? bien sur, je prends !

La voix de Drago était glaciale, mais il débitait ses phrases sur un ton monocorde sans rien montrer de sa fureur.

- A ma place, tu aurais fait quoi ? Hein ? Tu lui aurais dit non, en le regardant torturer ceux que tu aimes, et en voyant, sur leur visage, au delà de la douleur, tout le mépris qu'ils ont pour toi, parce que tu es faible et inutile ?

Mais ça, tu n'en sais rien, parce que ta route à toi a toujours été du genre simple à suivre. Tu es le héros, le gentil de l'histoire. Pour toi c'est tellement simple de faire des choses bien, tout le monde s'attend à ce que ça se passe comme ça, et Dumbledore, Granger, Weasley et tous les autres veillent sur toi et te poussent en avant.

C'est facile d'être fier de toi...

Harry ne s'attendait pas à ça.

Il se releva d'un coup, il en avait assez entendu. Il voulait juste retrouver Ron et Hermione, et oublier cette histoire. Il était épuisé et tout s'embrouillait dans sa tête.

Il se leva et rentra à l'intérieur mais Draco le rattrapa en quelques enjambés et le plaqua contre un mur. Il lui maintenait les mains au dessus de la tête. Toutes les forces d'Harry semblaient avoir disparues, il n'était plus capable de lutter.

Il se sentait vide, il n'avait jamais imaginé quelle vie pouvait mener son ennemi. C'était Hermione qui était douée pour se mettre à la place des autres, pas lui. D'ailleurs, maintenant qu'il y repensai, elle avait toujours été plutôt patiente avec Malfoy. Autant Ron l'insultait, et cherchait la bagarre, autant elle le laissait parler, en secouant la tête d'un air désolé, comme face à un enfant qui ne se rend pas compte de ce qu'il fait. Sans aucun doute, elle avait compris ce que vivait le serpentard chez lui, entraîné dans un engrenage trop grand pour lui, et trop destructeur aussi.

Elle aurait sûrement dit ça à Harry s'il lui avait posé la question. Mais il ne l'avait pas fait. Pour lui, Malfoy était un méchant, point.

Ses genoux se dérobèrent sous lui, et si Drago ne l'avait pas maintenu contre le mur, il se serait écroulé au sol.

Il ne pu que lever le visage vers le blond, les yeux suppliants muettement. Il savait que l'autre allait lui faire du mal, peut-être pas le frapper, sûrement pas à vrai dire, ils ne se touchaient jamais, mais au moins lui dire des horreurs sur ses parents, ou l'un de ses proches. Il en avait marre de tout ça. Il était tellement faible, peut-être était-ce du au choc d'avoir perdu tant d'amis, ou au fait d'être mort tiens.

Le regard gris, face à lui, était froid, sans la plus petite émotion, parfaitement contrôlé.

Harry se devait de dire quelque chose, il se sentait tellement coupable. Il s'était conduit de manière affreuse. L'année précédente, il avait bien vu à quel point l'autre allait mal, mais il n'avait rien fait, à part l'enfoncer.

Il bafouilla, d'une voix mal assurée.

- Je... je suis désolé Malfoy...

Et là, sous ses yeux éberlués, Drago éclata de rire.

- Depuis quand les gryffondors s'excusent ?

Harry ne comprenait vraiment plus rien, il essayait de s'accrocher au regard argenté comme à une bouée de sauvetage, un regard pétillant, plein de malice à présent, même si le reste du visage du blond ne souriait plus.

- Potter, le monde ne tourne pas autour de toi, même si dernièrement tout le monde te l'a fait croire. Tu n'es pour rien dans mon histoire.

A vrai dire, je n'avais pas fini ce que je voulais dire, sur l'escalier. Ma tirade était uniquement une introduction, pas très utile je l'avoue, mais tu m'avais cherché, et te faire culpabiliser était un juste retour des choses. Bref, je ne te laisserai pas partir avant d'avoir fini, alors si tu pouvais te remettre debout, ça m'éviterait d'avoir à te porter, tu pèses une tonne.

Harry prit conscience de leur étrange position. Il avait les bras relevés au dessus de la tête, les poignets toujours bloqués contre le mur par Drago, et pour lui éviter de glisser par terre, ce dernier avait appuyé son bassin contre le sien, glissant un genou entre les jambes du brun. Ses yeux verts se détournèrent aussitôt et il prit une teinte rouge brique en essayant, comme il pouvait, de se relever. Il sentait le corps ferme et chaud du blond à travers ses vêtements et ça le mettait horriblement mal à l'aise. Il se redressa tant bien que mal, une bizarre sensation au ventre.

- Tout bien réfléchi, on était mieux l'un contre l'autre, non ?

Il leva un visage horrifié vers le serpentard qui affichait maintenant un grand sourire narquois qui s'élargit encore en voyant l'expression du brun.

Harry le poussa un peu pour l'écarter de lui et cacher son trouble. Il était surpris.

Tout d'abord parce que l'air de défi dans les yeux gris ne convenait pas du tout à la situation, d'après lui.

Mais aussi parce qu'il se rendait compte, tout à coup, que ça faisait plus de 3 ans qu'il n'avait plus vu ce sourire, ce sourire moqueur, tellement plein d'assurance, qui lui donnait à peu près autant envie de mettre son poing dans la figure de Malfoy que de lui sourire en retour. La dernière fois qu'il l'avait vu, c'était lors du cours d'Hagrid sur les hypogriffes. Il revoyait encore le blond faire son sourire avant de chercher la bagarre.

Mais ce qui le surprenait par dessus tout et qui le remplissait d'horreur en même temps, c'était de se rendre compte qu'il avait mémorisé de telles choses à propos de Draco...

- Panique pas, Potty, je plaisante... Enfin, pour l'instant.

Draco avait repris son sérieux et Harry se demanda un instant si cette dernière partie était encore du mauvais humour ou s'il le pensait.

Il chassa cette question tout au fond de son esprit et se recula au maximum contre le mur pour s'éloigner du blond. Malfoy avait ses mains appuyées sur le mur, de chaque coté d'Harry, et ce dernier calcula ses chances de pouvoir s'enfuir. Ca paraissait assez difficile pour l'instant, pourtant il aurait bien aimé. Maintenant qu'il avait reprit ses esprits, cette situation et le comportement de son ennemi le mettaient très mal à l'aise.

Il se sentait toujours faible et incapable de parler avec Draco, de saisir ses sous-entendus, de déceler son humour, et de réfléchir a ses motivations. Les conversations avec lui étaient épuisantes et c'était bien la dernière chose dont il avait besoin.

Draco surprit son regard et reprit la parole.

- Je suppose que tu veux aller retrouver les autres, donc je finis vite. Je, hum, c'est dur à dire, mes parents me déshériteraient s'ils m'entendaient dire ça, un Malfoy ne s'abaisse pas à ça... mais, merci.

Harry le regardait sans réagir, attendant l'habituel sourire moqueur et la phrase méchante qui allaient suivre. Mais comme rien ne vint ...

- Malfoy, j'aurais fait ça pour n'importe qui. Je ne laisse pas les gens brûler vifs quand je peux l'empêcher, c'est tout.

- C'est tout ? Avoue que c'était surtout parce que ton plus grand fantasme c'est de me sentir serré contre toi, sur un balai.

L'abominable sourire était revenu et Harry tenta de mettre une droite bien méritée au serpentard. Manque de chance, celui là avait aussi des réflexes d'attrapeur et il arrêta son poignet avant même qu'Harry ai pu esquisser un geste.

- Du calme, Potty. Bref, merci de nous avoir libéré de tout ça.

Et avant que le gryffondor ai pu lui demander d'expliciter un peu, l'autre avait disparu en direction de la grande salle.

Il ne savait pas qui était sous-entendu dans ce "nous" et ce que "tout ça" voulait dire, même s'il lui semblait que ça devait être Voldemort.

Ca faisait bientôt 24h qu'il n'avait pas dormi, et il avait de plus en plus de mal à remettre de l'ordre dans ses pensées.

"Harry !"

"HARRY !"

La voix de Ron le ramena à la réalité.


A suivre...