Note de l'auteur : Cette fic a remporté le concours de printemps 2011 du site Fanfics en folie. C'était un long One Shot à la base que j'ai coupé en chapitres. J'en publierai un tous les jours.

Bêta lectrice : Mokonalex

Disclaimer : Non, non, je ne suis pas elle... Inutile donc d'essayer d'avoir des sous, j'en ai pas...^^

Précision : Je n'écris que des Univers Alternatifs donc je mets ce que je veux dedans, même si pour ça je ressuscite les morts ou en tue d'autres (c'est un exemple). En bref, je suis Dieu, dans mes fics. Je ne veux donc pas entendre un commentaire désobligeant sur le contenu de l'histoire.


Albus Dumbledore sirotait tranquillement sa tasse de thé au citron tout en regardant les deux jeunes hommes qui lui faisaient face, assis dans les fauteuils réservés aux visiteurs. Sur sa droite, dans l'angle du bureau, Minerva McGonagall, digne professeure de métamorphose versait dans sa tasse un nuage de lait, tout en jetant des coups d'œil agacés vers le Directeur de Poudlard.

— Si vous nous disiez pourquoi vous nous avez convoqués, Albus, ça nous avancerait ! fit une voix qui aurait pu être agréable si le ton employé n'avait pas été si froid. J'ai des potions à terminer et des copies à corriger ! Tout le monde n'est pas en vacances !

Cette dernière constatation fut accompagnée d'un coup d'œil méprisant vers la personne qui se trouvait assise près de lui. Le jeune homme en question, leva deux yeux verts indifférents vers le Maître des Potions qui venait d'exprimer son mécontentement.

— Prenez donc une tasse de thé, Severus, au lieu de monter sur vos sombrals. Toi aussi, Harry, prends une tasse de thé, il est excellent…

— Albus, l'interrompit Severus Rogue avec son culot habituel, je ne suis pas venu pour prendre le thé ! Vous aviez quelque chose d'urgent à me dire, soi-disant, alors dépêchez-vous que je puisse vaquer à mes occupations. Et d'abord que fait Potter ici ? Ne devrait-il pas être chez ses Moldus ? Je croyais que vous vouliez que tous les élèves quittent le château pour les vacances de Printemps.

— Justement, Severus, c'est de ça que je voulais vous parler.

— Mais je ne veux pas partir ! s'énerva alors le jeune sorcier aux yeux verts, qui n'avait encore rien dit depuis son entrée dans le bureau directorial. Je reste toujours ici pour les vacances de Noël et de Pâques !

— Je sais, Harry, fit le Directeur en se tournant vers le Gryffondor. Mais Cornélius Fudge a décidé que les barrières magiques du château devaient être contrôlées et améliorées pour la sécurité de ses occupants. Il a donc confié cette entreprise aux Gobelins de Gringotts qui sont, il faut le dire, réputés pour ce genre de travaux. Nos barrières datent des fondateurs. Chaque Directeur qui en était capable en a rajouté quelques unes au fil des siècles. Mais comme elles sont limitées dans le temps, d'après le Ministère, nos défenses s'amenuisent d'année en année, et il est plus que temps de faire les réparations et aménagements nécessaires. Lord Voldemort et ses Mangemorts les ont mises à mal l'an dernier et actuellement, elles seraient à deux doigts de s'effondrer. Oui, Severus, même celles des fondateurs.

— Donc c'est plus qu'urgent… acquiesça la Terreur des cachots en acceptant finalement la tasse de thé que Minerva lui tendait.

— En effet. Et il serait de la folie de continuer à le nier.

— Mais Voldemort est mort ! protesta Harry. Pas que j'y ai été pour quelque chose d'ailleurs… Mais on en est débarrassé, alors pourquoi ça n'attend pas l'été ?

Harry n'avait même pas eu besoin de vaincre le Mage Noir. Non, curieusement, celui-ci s'était précipité en courant vers le jeune sorcier dès qu'il l'avait aperçu, baguette tendue et un atroce rictus sur le visage. L'idiot s'était pris les pieds dans sa robe de sorcier et était tombé la tête la première. Elle avait violemment heurté un gros caillou qui affleurait sur la lande et le tristement célèbre Vous-savez-Qui s'était défoncé le crâne et avait été tué sur le coup. Une mort inattendue et bien peu glorieuse…

Bellatrix, Lucius et tous les autres Mangemorts, stupéfaits par ce coup du sort, s'étaient laissés arrêter sans presque résister. Ils avaient crû leur Maître immortel, et une simple chute de sa hauteur en était venu à bout. Le choc avait été rude pour le côté sombre et les Aurors n'avaient eu alors qu'à les cueillir sans trop de difficultés. La nouvelle avait fait l'effet d'un séisme dans le Monde Magique, et Harry avait été ravi de ne pas avoir eu à tuer lui-même le monstre à la face de serpent. Au moins, il n'était pas devenu un criminel, même pour le plus grand bien.

— Les barrières ne tiendront pas jusqu'à l'été, selon l'expertise réalisée par Bill Weasley. Dans une semaine, elles n'existeront plus. Seule celle de Salazar Serpentard tient encore et elle donne des signes de faiblesse depuis longtemps. Et je suis trop vieux pour en rajouter une autre assez puissante pour nous protéger tous.

Harry hocha la tête afin de montrer qu'il avait compris. Il était vrai que le vieil homme qui lui faisait face avait dépassé le siècle et demi, et on ne pouvait plus lui demander un effort qui risquait de le tuer. Il avait besoin de toute sa magie pour compenser l'usure que le temps faisait subir à ses organes. Les sorciers vivaient plus longtemps que les Moldus parce que leur magie prenait le relais lorsque le besoin s'en faisait sentir, et quand la magie ne pouvait même plus compenser les délabrements physiques, les sorciers mourraient. Tout simplement.

— Alors pourquoi je n'ai pas pris le train avec les autres hier matin ? demanda Harry les sourcils froncés.

Severus Rogue se raidit inconsciemment dans son fauteuil, tout en portant sa tasse de thé à ses lèvres. Il sentit avec un malaise grandissant qu'on allait encore lui demander l'impossible. Sa présence était une indication et le regard fuyant de cette vieille chatte de Minerva qui n'osait même pas le regarder, en était une autre.

— J'ai écrit à ta Tante Pétunia pour lui expliquer la situation. Tu n'as nul endroit où aller à part chez eux, car tu n'es pas majeur, Harry. Je ne peux donc pas te laisser seul au Square Grimmaurd. Remus et Tonks sont en vacances en Irlande avec Andromeda et Ted Tonks. Hagrid est à Beauxbâtons où il visite Madame Maxime et comme tu le sais, les Weasley sont en Roumanie auprès de Charlie.

— Hermione ? tenta alors le jeune « Ex-Élu ».

— À Paris pour le mariage d'une cousine qui épouse un français. Comme tu peux le constater, j'ai tout essayé, malheureusement, la chance n'était pas de notre côté.

— Je parie que Tante Pétunia a refusé que je retourne à Privet Drive ! ricana Harry, l'air désabusé.

Le vieil homme posa son regard bleu fatigué sur le garçon qui lui faisait face.

— Exact. Elle m'a répondu qu'ils avaient réservé un séjour dans un hôtel d'une petite station balnéaire et qu'il n'était pas question qu'ils se privent de leurs congés dûment mérités ainsi que des arrhes versés, pour tes beaux yeux. Elle n'a d'ailleurs pas manqué de me rappeler que le jour de tes 17 ans, tu seras prié de quitter son domicile et de ne plus jamais y revenir.

— J'attends ce jour depuis plus de quinze ans ! lança Harry avec un étrange sourire cruel.

Minerva McGonagall le regarda alors avec une pointe d'étonnement tandis que Severus Rogue grommelait dans son inexistante moustache.

— Saleté de Pétunia, c'est bien elle ça, tiens… Pas changé d'un iota, cette charogne !

— Bon, si j'ai bien compris, je ne peux pas rester ici car le château doit être évacué pour les travaux des Gobelins et personne n'est disponible pour jouer les baby-sitters ! Super ! Et je vais où ? fit Harry soudain très énervé.

— PAS QUESTION, ALBUS ! hurla alors le Maître des cachots.

— Plaît-il, Severus ? fit Dumbledore un curieux air naïf sur son visage ridé.

— Je sais très bien ce que vous attendez de moi ! Vieux fou ! Et je vous le dis tout de suite, je ne ferai pas la nounou pour ce petit crétin de Gryffondor ! Potter ne mettra pas un pied chez moi !

— Allons, allons, mon cher enfant… Ne vous emballez pas ainsi ! Il n'est pas question qu'Harry s'installe chez vous.

— Parfait ! Alors qu'est-ce que je fais là ? Je me contrefiche des vacances de Potter, je ne vois vraiment pas pourquoi vous m'avez convoqué et j'ai du travail !

— Harry n'ira pas chez vous, Severus. C'est entendu. Mais j'ai quand même besoin de quelqu'un pour l'accompagner dans le lieu de villégiature que j'ai choisi pour lui.

— PAS QUESTION ! hurla de nouveau Severus.

— JE REFUSE D'ALLER OÙ QUE CE SOIT AVEC LUI ! ajouta Harry aussi furieux que son professeur détesté.

Comme s'il n'avait rien entendu des protestations des deux sorciers, Albus poursuivit sur sa lancée tout en sirotant sa tasse de thé.

— Inspiré par les projets de vacances de ta tante, Harry, j'ai réservé un séjour pour vous deux dans un charmant hôtel de style victorien. L'Hôtel Nabuchodonosor… Il est situé au bord de la mer, dans une petite station balnéaire du Sussex, appelée Planches-Les-Bains[1]. J'ai passé moi-même de très bonnes vacances dans cet hôtel en 1902, donc je peux vous assurer que vous y serez très bien.

— En 1902 ? s'étonna Harry. Et il tient encore debout ?

— POTTER ! protesta McGonagall la bouche pincée. Gardez vos réflexions stupides pour vous !

— Minerva, pour une fois, je dois dire que Potter a ouvert sa bouche utilement, annonça tranquillement Severus, un rictus au coin des lèvres. Êtes-vous sûr, Albus, que votre charmant hôtel ne soit pas en ruines ? Avec vous je m'attends à tout, et surtout au pire…

— Il est en parfait état, répondit le Directeur de Poudlard sans s'émouvoir outre mesure. J'ai d'ailleurs ici, une publicité qui vante les installations modernes dont il est équipé. Outre la plage privée, que j'ai d'ailleurs connue, il y a une piscine dans le parc, une salle de bain dans chaque chambre et un accès à quelque chose que les Moldus nomment Internet. J'ignore ce que c'est, mais il semblerait que ce soit très prisé…

— Internet ? Y a Internet ? Whaouuu ! C'est génial ! fit alors Harry en s'agitant dans son fauteuil. Je vais pouvoir envoyer un mail à Hermione ! Elle va être épatée !

— Qu'est-ce que c'est que cette chose, Potter ? soupira le Maître des Potions en pinçant d'un air las, l'arête de son nez, entre deux doigts fins et pâles.

— Heuuu… hésita Harry en regardant alternativement les trois sorciers qui se trouvaient avec lui dans la pièce. C'est… heuuuu… comment dire…

— Toujours aussi explicite ! Potter ! Si vous ne savez pas ce que c'est, dites-le, au lieu de jouer les Je-Sais-Tout en pensant nous épater.

— JE SAIS CE QUE C'EST ! aboya Harry, les deux mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil. Je cherche juste une façon de vous expliquer afin que vous compreniez !

— Il est vrai que nous sommes mentalement déficients, Potter… Et incapables de comprendre quoi que ce soit !

— Allons, Severus ! Laissez donc Harry nous expliquer ça… ordonna Dumbledore en toisant son professeur de potions par-dessus ses lunettes en demi-lunes.

— C'est comme un réseau de cheminette ! lança Harry à la cantonade. Les Moldus ont des machines, appelés « ordinateurs » qui se relient à un réseau par un système de câbles cachés dans les murs. Ce réseau s'appelle « Internet », c'est une gigantesque base de données, où on peut trouver des renseignements sur tout et n'importe quoi. On peut y envoyer des lettres appelés emails ou mails pour faire court. On peut discuter en direct avec une personne se trouvant à l'autre bout du monde, en le voyant sur son écran avec une caméra accrochée à l'ordinateur, soit en lui parlant avec un micro, soit en tapant les messages sur le clavier de la machine.

— Totalement inutile ! ricana Rogue avec assurance.

— Ah oui ? Imaginez que vous cherchez désespérément un ingrédient de potions hyper rare et que personne n'a chez vos fournisseurs. Imaginez alors qu'à l'autre bout de la terre une modeste apothicairerie perdue dans un coin paumé, possède cet ingrédient dont personne ne veut parce que dans ce coin-là, y a pas un Maître des Potions capable de l'utiliser. Imaginez que l'apothicaire expose son catalogue de produits sur Internet pour se faire de la publicité. Il vous suffirait de taper le nom de cet ingrédient rare dans le moteur de recherche de l'ordinateur et hop ! Miracle ! Dans la seconde qui suivrait, la liste des ingrédients de cet apothicaire apparaîtrait sur votre écran avec les prix et l'adresse pour commander. Ça serait toujours inutile ? Et bien c'est ce que font les Moldus avec tout et n'importe quoi qui puisse se vendre. Des livres entiers sont recopiés et envoyés sur le réseau, des encyclopédies notamment. Il suffit de poser la question dans le moteur de recherche et les réponses s'affichent dans la seconde qui suit. En gros, c'est à ça que sert Internet. En très gros…

— Incroyable ! balbutia presque Minerva. Les Moldus sont capables de choses étonnantes ! Mais il faut une machine, si je comprends bien, Potter. Une machine qu'il faut relier à cette sorte de réseau de cheminette moldu.

— J'en ai une. Je veux dire, j'ai un ordinateur portable dans ma malle. Je l'ai acheté pendant les vacances de Noël. Hermione et moi avons été dans le Monde Moldu avec Tonks et on s'est offert ça. Ça ne marche pas à Poudlard à cause de la magie et de l'absence d'énergie moldue, mais ailleurs oui. Et si je suis obligé d'aller passer deux semaines dans cet hôtel, je compte bien utiliser enfin mon ordinateur portable et en profiter pour envoyer un mail, c'est-à-dire un hibou électronique, à Hermione à Paris. Et elle l'aura une seconde plus tard.

Dumbledore hocha la tête en silence, les yeux pétillants. Cette curieuse chose moldue semblait ravir Harry Potter, au point qu'il avait l'air capable de faire abstraction de la présence du Professeur Rogue qui lui, marmonnait des insultes et maudissait les Moldus à tout va, bien que l'exemple donné par Harry l'eut fortement intéressé sur le coup. Mais les sorciers ne connaissant pas Internet ni les ordinateurs, pas un apothicaire n'afficherait ses ingrédients dans cette chose, et c'était fort dommage…

— Pourquoi moi, Albus ? fit la Terreur des cachots contrariée.

— Parce qu'avec Minerva, vous êtes le seul célibataire, mon garçon. Tous les autres professeurs sont dans leurs familles. J'ai besoin de la sous-directrice ici pour le problème des barrières magiques, donc il ne reste plus que vous.

— Je ne suis pas le seul célibataire ! Cette vieille chouette de Trelawney n'est pas mariée, il me semble !

— Sybille est partie hier pour le Symposium de la voyance à Delphes. Donc, comme je le disais, vous êtes le seul.

— Encore heureux ! pesta Harry. Je n'aurais pas voulu passer de congés avec Trelawney, merci bien ! Elle m'aurait prédit ma mort trois ou quatre fois par jour !

— Mes enfants, poursuivit Dumbledore sans paraître remarquer les réflexions d'Harry sur la professeure de divination, vous transplanerez dès demain matin à Planches-Les-Bains. Severus, je vous donnerai les coordonnées pour ce faire. Vous avez la journée pour faire vos bagages. Harry, je souhaite que tu te rendes tout à l'heure à Pré-Au-Lard avec le Professeur McGonagall, tu iras chez GaiChiffon pour refaire ta garde-robe qui n'est pas adéquate pour l'endroit où vous devez vous rendre. L'Hôtel Nabuchodonosor est un hôtel trois étoiles et donc il sera nécessaire d'adopter un certain décorum et il faudra que tu sois correctement vêtu. GaiChiffon a, comme tu le sais, un important rayon de vêtements moldus, puisqu'ils ont la clientèle des élèves né-moldus de Poudlard.

— Pas un luxe, ricana Severus Rogue en détaillant son voisin de fauteuil. On dirait un mendiant et pas l'ex Sauveur du Monde Magique.

— Si vous connaissiez ma tante, Professeur, vous ne vous étonneriez pas de mes vêtements ! Je mets ce qu'elle me donne ! protesta Harry, vexé.

Curieusement, Severus se contenta de renifler et ne rajouta rien. Albus Dumbledore poursuivit alors ses recommandations.

— Tu verras, Harry, cet endroit est un vrai petit paradis. Je suis certain que tu passeras un très agréable séjour.

— Un cauchemar, vous voulez dire, pesta Severus, les bras croisés en signe de protestation. Des vacances avec Saint-Potter, ça ne peut pas être autre chose…

— Parce que vous croyez que ça me fait plaisir d'être obligé de vous supporter ? Déjà que deux heures à suivre pour un cours de potion c'est l'enfer, alors deux semaines ! J'en suis malade rien qu'à l'idée !

— Et quelle est ma récompense pour cette nouvelle mission, Albus ?

— Allons, Severus, pas de marchandage, mon petit ! Je verrai avec Fumseck pour vous obtenir un flacon de larmes de Phénix.

— Un gros !

— N'abusez pas, Severus. Un moyen au mieux… et seulement si tout se passe bien, donc attention à votre mauvais caractère.

— JE N'AI PAS MAUVAIS CARACTÈRE !

— Mais oui… on vous croit ! se moqua Harry. Vous nous le prouvez tous les jours depuis six ans.


[1] Inspiré par le « Carbone Les Mines » de JKR et Ménard.