Auteurs : SF/Jem
Fandom : Criminal Minds
Couple : JJ/Emily
Note : Univers Alternatif plus ou moins en saison 5.
La routine faisait également partie du quotidien des agents du BAU. Rapports à taper, dossiers à clôturer, déroulement des enquêtes et petite réunion entre collègues rythmaient parfois les journées des subordonnés du superviseur Aaron Hotchner. Mais quand tout était fait et que ces journées touchaient à leur fin, les agents savaient se détendre et prendre du bon temps.
JJ entra dans le bar qui faisait l'angle de la rue où se trouvait le siège du FBI. Comme chaque soir, il y régnait une ambiance chaleureuse propice à la détente. Pénélope Garcia était assise face à Derek Morgan. Plus loin, Reid discutait avec deux jeunes gens que JJ avait déjà aperçus certains soirs. Hotchner et Rossi buvaient une bière au bar mais où était Emily ? L'agent Prentiss lui avait dit qu'elle l'attendrait avant de rentrer chez elle à Washington.
JJ s'arrêta à la table de Pénélope, son sac à main sur l'épaule et leur demanda.
— Vous avez vu Emily ?
— Elle était là il y a quelques minutes, répondit Derek.
Et JJ voyait sa veste posée sur le dossier d'une chaise. Elle lança un coup d'œil dans la salle. Emily n'était ni au jeu de fléchettes, ni au billard et ne pouvait être qu'à un seul endroit. JJ se dirigea d'un pas pressé vers les toilettes du bar et y entra avant de voir l'agent Prentiss se laver les mains au lavabo. A sa droite se tenait une jeune femme qui prenait le temps de se recoiffer. JJ avança près d'Emily et croisa son regard noisette à travers le reflet du miroir.
— Salut…
Emily se rinça les mains, les yeux sur l'agent Jareau derrière elle. Elle la détailla un instant avant de reposer son regard sur les robinets qu'elle ferma. Elle se tourna vers JJ.
— Salut JJ.
JJ était mal à l'aise, à la fois agacée et troublée. Et cette fille ne pouvait-elle pas se dépêcher de se maquiller pour qu'elle puisse discuter avec Emily ? JJ n'était plus certaine de pouvoir traduire ce seul « salut » de la part d'Emily. Un « salut » détaché et impersonnel alors que le sien s'était voulu amical. Elle frotta nerveusement ses mains sur le tissu de son pantalon tailleur et suivit l'inconnue des yeux qui se décida enfin à sortir. Emily s'apprêta à la suivre mais JJ la retint par le bras :
— Il faut qu'on parle.
Emily s'était arrêtée suite à la légère emprise de la blonde. Au silence qui était retombé entre elles, Emily avait supposé qu'il n'était ni l'endroit, ni le moment d'engager une longue discussion avec JJ. De toute évidence, elle avait eu tort. Elle la vit la contourner, fermer la porte à clef et lui faire à nouveau face, la sonder de ses prunelles bleues avant de venir l'embrasser dans un baiser pressé, appuyé et un doux soupir :
— J'ai envie de toi…
Emily se sentit fondre sur les lèvres conquérantes de l'agent Jareau. A chacun de ses contacts, son corps réagissait autant que son cœur qui venait taper dans ses tempes. JJ avait le don d'affoler son être, d'amplifier son désir permanent pour elle. Elle se laissa emporter par la douceur des lèvres de JJ, mais avant que ses mains ne se posent sur elle, elle se recula et rompit le baiser, essoufflée.
Elle fit un pas en arrière, comme s'il était plus prudent d'imposer une distance de sécurité entre elle et JJ. Leur proximité devenait dangereuse.
— Non, fit-elle.
Un court silence suivit cette brève réponse, juste assez long pour qu'Emily reprenne ses esprits embrasés par le seul baiser de JJ.
— Non, répéta-t-elle en détournant les yeux. D'abord, on est dans les toilettes et ensuite, je ne peux plus faire ça.
JJ ne pouvait et ne voulait pas entendre ces mots qu'elle avait déjà entendus. Son corps réclamait Emily et qu'importaient les discussions qu'elles avaient eues ces derniers jours. Elle pressa son corps à celui de l'agent Prentiss, son front contre le sien et sa main glissa jusqu'à sa nuque où ses doigts se fermèrent.
— Je sais que tu en as envie… Autant que moi Em'…
JJ ponctua sa remarque par un autre baiser alors que sa main cherchait déjà le contact du corps de l'agent Prentiss qu'elle trouva sous son chemisier.
Emily faiblissait sous le toucher de l'agent Jareau. Les doigts de la blonde laissaient une empreinte enflammée sur sa peau déjà sensible. Les mots de JJ, ses soupirs, ses lèvres la rendaient déraisonnée, lui faisait perdre le cours de ses réflexions. JJ était machiavélique avec elle parce qu'elle savait où l'atteindre pour la faire plier. Elle prolongea le baiser, laissa ses émotions s'exprimer sur ses lèvres qu'elle entrouvrit pour caresser la langue chaude de la blonde. Elle frissonna, saisie par cette montée fiévreuse d'envie. Une envie qui lui vrillait les entrailles depuis des semaines, des mois. Ses mains se posèrent sur les hanches de JJ et ses bras l'enveloppèrent. Emily était faible, misérable et démunie face aux attaques sensuelles de la blonde. Elle la poussa contre le mur, mais entendit cogner contre la porte des toilettes.
Le souffle court, anarchique, JJ rompit le baiser et regarda Emily :
— Je te rejoins chez toi.
Les coups qui venaient de résonner avaient sorti Emily de son moment de faiblesse. Son regard plongé dans celui azur de JJ, elle réalisait son manque de volonté et recula. JJ semblait partout sur elle, en elle.
— Non, arrête.
Emily devait trouver la force de lutter, de garder ses distances.
— Pas ce soir.
Ses mots allaient en contradiction totale avec les exigences de son corps. Après tout, elle était la plus âgée des deux et se le répétait pour trouver la volonté de quitter cet endroit.
— Je dois rentrer, conclut-elle.
JJ ne put retenir Emily dès l'instant où elle déverrouilla la porte et qu'elle quitta les toilettes sous le regard inquisiteur des deux femmes qui entraient. JJ se retrouva seule. Seule avec sa frustration et ses angoisses qui revenaient. Emily n'avait pas faibli. Pour la première fois en huit mois, elle s'était refusée à elle et JJ en était déboussolée. Elle quitta la pièce à son tour, traversa le bar en direction de la sortie sans même lancer un regard à Emily ou à ses autres collègues.
Trois jours passèrent. Tant bien que mal, JJ s'efforça d'ignorer Emily. Trois jours où elles quittèrent Quantico pour Boston afin d'aider la police locale à stopper un pyromane. Trois jours où JJ ne laissa rien transparaître de ses ressentiments ou sentiments à l'égard d'Emily.
Pendant huit mois JJ s'était abandonnée à tous ses fantasmes avec l'agent Prentiss, menant ainsi une double vie que William Lamontagne ignorait. Elle-même avait voulu y mettre un terme à plusieurs reprises, en vain.
JJ était consciente du mal qu'elles se faisaient mutuellement, du mal qu'elle infligeait à Emily en refusant de quitter William, du mal qu'Emily lui faisait en étant simplement elle et en partageant sa vie professionnelle. Chaque jour à travailler ensemble devenait une vraie torture, silencieuse pour l'une et l'autre.
La distance qu'elles s'imposaient, l'ignorance ponctuée de quelques regards avant de se retrouver dans une pièce à la dérobée, ne convenait ni à Emily, ni à la blonde. JJ avait mis fin à cela trois jours plus tôt, dans son bureau, mais n'avait pu se résoudre à son engagement contrairement à Emily qui l'avait repoussée dans les toilettes du bar.
JJ ruminait ce malaise profond qui l'habitait, et d'autres choses qu'elle gardait pour elle. Quelques mois plus tôt, profitant d'un voyage nécessaire à une enquête, JJ aurait quitté sa chambre d'hôtel en pleine nuit pour se faufiler dans celle d'Emily juxtaposée à la sienne. JJ s'était abstenue l'avant veille, la veille, et ce soir, jurant qu'Emily craquerait avant elle, mais jusqu'à cet instant, Emily tenait bon contrairement à elle.
Comment Emily parvenait-elle à la considérer comme elle l'avait toujours fait ? Avec respect, courtoisie, gentillesse… Comment Emily faisait-elle pour agir comme si ces huit derniers mois n'avaient jamais existé entre elles ? Pendant le vol retour Boston-Quantico, JJ s'était retrouvée assise près de Reid, Emily, Derek en face d'eux. Comme souvent, les discussions s'étaient tournées sur leur dernière enquête et si JJ ne parvenait plus à plaisanter ou sourire, Emily semblait comme hermétique à toutes les émotions que JJ ressentait et JJ s'y perdait : Elle avait rompu, elle avait mis un terme à cette relation inappropriée. Non seulement parce qu'elle trompait William, mais aussi parce que le FBI condamnait les relations entre collègues. JJ se répétait avoir pris la bonne décision, voulait s'en convaincre et n'avait guère le choix. Si Emily parvenait à passer outre ce qu'il s'était passé, pourquoi JJ n'y parvenait-elle pas ?
En fin de journée, tous rejoignirent les bureaux et terminèrent leurs rapports avant de quitter les locaux du FBI. JJ rentra chez elle aux alentours de neuf heures et trouva William endormi sur le canapé. Elle s'arrêta sur le palier et le regarda quelques secondes. Elle n'avait pas envie de rentrer, elle n'avait pas envie de le réveiller, de l'entendre lui demander comment sa journée s'était passée. JJ ferma la porte et repartit dans le parking où était garée sa voiture.
Une demie heure de route éloignait son appartement de celui d'Emily à Washington et JJ avait encore la clef de celui de l'agent Prentiss dans une poche de son sac.
Elle entra dans l'immeuble situé à proximité du capitole et de la Maison Blanche et rejoignit la porte de l'appartement de l'agent Prentiss. Une fois devant, ses doutes s'emparèrent d'elle. Elle coinça une mèche blonde derrière son oreille et se décida à ouvrir sans prendre la peine de sonner.
Les grands rideaux des baies vitrées donnant sur l'obélisque étaient fermés et un silence de mort régnait dans l'appartement. Pourtant, en un coup d'œil, JJ constata qu'Emily était rentrée : Son manteau était posé sur le dossier du canapé, ses clefs sur le comptoir et son sac sur un tabouret. JJ posa le sien près de celui d'Emily et se dirigea vers les escaliers menant à l'unique étage où se trouvaient les chambres.
Sans un bruit, elle atteignit la porte de celle d'Emily et la poussa. Emily était allongée dans son lit, dormait profondément. JJ se mordit la lèvre inférieure. Elle ne pouvait décemment pas repartir chez elle maintenant qu'elle était là ! Elle entra à pas de velours, referma la porte en la poussant sans bruit et ôta ses talons qu'elle posa près de l'armoire. En aucun cas elle rejoindrait la chambre d'ami et en aucun cas elle s'abstiendrait de venir retrouver le lit d'Emily. Elle déboutonna son chemisier, le laissa choir sur la commode et ôta son pantalon qu'elle plia sur le dossier d'une chaise. Emily n'avait pas bougé et continuait de dormir profondément. JJ vint enfin se glisser près d'elle, gardant uniquement ses sous-vêtements et se gorgea des parfums d'Emily qui embaumaient les draps et la pièce.
Emily se réveilla dans un sursaut en sentant un poids sur le matelas. Elle se recula dans un vif mouvement et posa les yeux sur l'intrus. Quand elle vit la blonde près d'elle, sous sa couette, dans son lit en sous-vêtements, elle afficha une mine aussi stupéfaite que perturbée.
— Bon sang, JJ !
Jamais, Emily n'aurait pu soupçonner pareille visite de la part de la blonde. Elle savait celle-ci imprévisible, très malicieuse, mais n'avait jamais songé qu'elle serait capable de se glisser dans son lit en pleine nuit après leur brève rencontre plus tôt dans la soirée. Elle glissa une main dans ses cheveux sans la quitter du regard, déboussolée.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
JJ avait aussi sursauté suite au sursaut d'Emily. Elle glissa une main sous son oreiller, l'autre jusqu'à celle d'Emily posée sur le matelas et frissonna sur ce contact.
— J'avais envie de te voir, répondit-elle d'une voix basse.
Mais pour Emily, cela n'était pas envisageable. JJ dans son lit signifiait bien trop de choses à ses yeux. Déjà, les parfums de la blonde envahissaient sa chambre, ses draps et ses narines. Ces trois derniers jours avaient été un supplice. Elle avait dû travailler près de JJ, brider ses élans, ses envies, son désir permanent. A présent, l'agent de liaison se trouvait dans son lit. Son lit où elles avaient partagé bien plus que des nuits entre collègues. JJ avait même laissé quelques affaires dans sa salle de bains. Elle secoua la tête, s'efforçant de ne pas la perdre une nouvelle fois.
— Non, JJ. Quand tu as envie de voir quelqu'un, tu l'appelles, tu lui envoies un message, mais tu ne te glisses pas dans son lit en pleine nuit.
JJ n'était pas stupide, mais entre Emily et elle, rien n'était conventionnel. Elle se redressa, s'approcha de la brune et glissa sa main sur sa joue pour retrouver le contact de sa peau, un touché plus intime mettant fin aux supplices de ces derniers jours.
— Tu ne m'aurais pas invité si je t'avais appelé. Je voulais qu'on discute et quand je suis montée et que j'ai vu que tu dormais, je n'ai pas voulu te réveiller.
La main de JJ sur la peau d'Emily lui provoquait d'autres frissons impossibles à réfréner. Celle-ci luttait tant bien que mal contre ce qui la rongeait depuis des mois. Voir JJ en sous-vêtements dans son lit, entendre sa voix ensorceleuse la troublaient. Elle savait au fond d'elle combien elle était soulagée de l'avoir près d'elle sous la couette, de constater que l'agent Jareau était venue jusqu'à chez elle plutôt que de rentrer auprès de William. Pourtant, elle se rappelait toutes ces fois où JJ avait fini dans cette chambre avant de se lever quelques heures plus tard pour repartir. Son cœur ne savait même plus s'il devait battre pour elle ou se serrer à l'idée que cette histoire, leur histoire ne les avait menées nulle part. Elle se recula et se leva pour imposer une distance entre elle et la blonde. Une distance nécessaire à sa survie.
— Ecoute, JJ… commença-t-elle.
Elle ne savait quoi dire, craignait d'être trop raisonnable, de devoir affronter ce qui, pourtant, la préserverait d'émotions trop insupportables.
— Je ne peux pas continuer comme on le fait. Tu viens, on couche ensemble et tu repars. J'ai droit à quelques heures seulement sans savoir quand sera la prochaine fois.
JJ se pinça les lèvres alors qu'un vent froid soufflait sur elle suite à cette distance imposée par Emily. Que pouvait-elle répondre à cela ? Emily énonçait des vérités qu'elle ne pouvait nier ou contredire. Elle tenta pourtant :
— Je sais ce que tu penses…
Elle se coinça une mèche derrière l'oreille et reprit :
— Je sais aussi ce que je t'ai dit…
Et JJ se perdait dans ses émotions. Après ces trois jours de totale indifférence entre Emily et elle, autant de confusion, de colère et de peine se mêlaient en elle. Ses traits se tirèrent et elle accusa :
— J'ai l'impression que tout ça t'est égal et que ces huit mois n'ont aucune importance à tes yeux !
En entendant le ton de JJ, Emily leva les sourcils, ahurie de la constater en colère. Elle se mit à rire nerveusement et secoua la tête en ramenant ses mains sur ses hanches. La pression montait et toute la pièce s'imprégnait de la tension qui avait toujours existé entre elle et JJ, quelle qu'elle fut.
— Tu n'es pas censée venir chez moi, JJ ! Tu es supposée être avec Will ! D'ailleurs, c'est toi qui as souhaité mettre fin à tout ça parce que tu n'as pas le droit de trahir celui que tu aimes ! Ce sont tes propres mots JJ !
JJ s'en souvenait et cette discussion accentuait ce malaise qui grondait en elle depuis le recul d'Emily quatre jours plus tôt. Elle lança un coup d'œil vers la porte, celle qu'elle devait franchir pour quitter la chambre d'Emily où elle n'aurait pas du rentrer. Que faisait-elle ? Pourquoi sa confusion grandissait-elle autant ? Elle se glissa sur le bord du lit, s'apprêta à se lever mais resta assise un instant, dos à Emily avant de répondre :
— Je ne sais même plus dire qui je trahis.
Emily gardait ses yeux sur JJ, tiraillée entre sa colère envers elle et l'attirance ravageuse qui la dévorait. Elle aurait voulu la serrer dans ses bras, respirer ses parfums, l'embrasser jusqu'à en perdre le souffle avant de redécouvrir son corps pour la énième fois, mais elle devait se raisonner. Elle se perdait dans une relation qui n'en était pas vraiment une, dans ses sentiments qui ne pouvaient être partagés, dans un échange qui n'existait pas.
— Quitte-le.
JJ se tourna vers Emily, son regard sur elle. Cette demande, Emily l'avait déjà formulée, pas aussi directement, de façon plus diplomate et JJ n'y avait jamais répondu. Cette demande sonnait alors comme un ultimatum et JJ ne pouvait l'éviter. Elle détourna les yeux, se leva, récupéra ses affaires et quitta la chambre. Le silence était sa seule option. Elle fit quelques pas dans le couloir, mais Emily la rattrapa, lui saisit le bras et la tourna face à elle.
Leur regard se défièrent quelques secondes, se dévisagèrent… Emily regrettait ses derniers mots.
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