I'm sorry to tell you again
That I love you.
That's unnatural,
I know it.
See me again
Searching for your arms,
Walking on my borderline
With the dark falling on my eyes.
You're the innocent seraph.
I'm the fallen angel.
You don't even know me,
And I know it.
Ignore me, please,
Forget me, even if you saw me crying.
Walking on my borderline,
I'm waiting for my love, I'm waiting for my fall
Qu'est-ce qu'aimer ?
On le sais tous, on le sens tous. On passe sa vie à chercher, à attendre cette sublimation qui vient d'ailleurs, cet instant loué tant de fois qui doit faire battre les cœurs. On attend, on espère, on ne vit que pour ça. Pour l'Autre.
Quel sera le visage de l'Autre ?
Certains disent qu'aimer, c'est aimer son reflet dans les yeux de l'autre. D'autres disent que l'amour est la victoire de l'imagination sur la raison. D'autres encore disent qu'il n'en existe qu'un, un seul être, et qu'il est fait pour nous.
Je ne sais plus en quoi croire.
Lex fit tourner son whisky dans son verre. Il contempla le salon vide avant de vider le verre d'un trait. L'alcool descendit dans son gosier, brûlant ses papilles, lui arrachant une grimace.
C'était trop. Rester enfermé. Sombrer dans sa mélancolie comme on glisse dans les ténèbres. C'était l'hiver. Et Lex avait l'impression que le froid qui régnait au-dehors s'insinuait jusque dans son âme.
Difficile de se rendre compte, d'admettre ce qu'on a dans le coeur. Au jeu d'accepter sa différence, il n'excellait pas. Admettre l'erreur, admettre que l'on a peur. Parler du lendemain sans rien en attendre d'extraordinaire. Rêver d'une autre vie sans pouvoir se la donner. Souffrir de respecter l'autre, l'être aimé qui l'ignore. C'était insupportable parfois.
Lex regarda les étoiles.
Il était seul désormais. La jeunesse avait disparu de sa vie; ils étaient partis. Les cheveux bruns et le sourire de Lana s'étaient envolés vers l'avenir. Le rire de Chloé s'était éteint quelque part à Princeton...
Mais ce qui lui manquait le plus, c'était ces deux yeux verts, ce regard innocent d'ange perdu sur Terre qui plongeait parfois dans ses yeux noirs, noirs de toutes les saletés qu'il avait fait. Lex connaissait la vérité, et pourtant il avait parfois l'impression que c'était lui l'extra-terrestre tant il ne se sentait plus humain après tout le mépris qu'il avait fait de la vie.
Il se croyait dieu et se découvrait la faiblesse des Hommes. Un amour terré au plus profond de sa poitrine et qui s'était réveillé, ne demandant son avis à personne, et surtout pas à lui. Quelque chose de fou, de contre-nature, et si vrai pourtant, si... présent. Qu'en faire ? C'était idiot. Il ne pouvait pas s'en défaire, il ne pouvait pas le virer. Et il ne pouvait pas non plus le laisser s'exprimer.
Fatigué, Lex reposa son verre, saisit sa veste et sortit. Sortir pour s'évader, sortir pour se vider. Sortir pour oublier... et voir la seule personne qui pouvait tout lui rappeler.
Clark reposa sa tasse sur le comptoir du bar et contempla le vide.
Il était rentré hier. Et tout avait changé. Sa petite ville semblait s'être vidée de tout ce qui le rendait heureux autrefois. Les visages n'étaient plus les même, les temps avaient changé.
Il était rentré pour combler un vide... et il se retrouvait plus vidé encore. Ses souvenirs s'envolaient, prenaient la clé des champs pour lui rappeler tout ce qui avait fait son bonheur et son malheur. Son coeur lui murmurait que rien n'était perdu... Mais faire le premier pas... Sa raison s'y refusait.
« Je rentre Clark. Tu m'accompagnes ou tu préfères fermer ?
Le jeune homme releva la tête en entendait cette voix si douce, si maternelle.
- Je fermerai, ne t'inquiète pas.
La main de Martha s'égara sur sa joue.
- Ça ne va pas mon chéri ?
- Si, aucun problème.
- Tu n'es pas revenu ici pour être malheureux. S'il le faut, repars.
- Ça va, je te jure. »
« Ici ou ailleurs, ce sera toujours pareil » pensa-t-il en écoutant la porte du Talon se refermer. Sa mère avait toujours eu de l'instinct; elle savait ce qui le torturait, peut-être mieux que lui-même d'ailleurs.
Il se servit un autre café avant de laisser tomber son visage entre ses mains.
Les phares s'éteignirent.
Lex resta un instant sans bouger dans sa voiture, contemplant la rue déserte. Il était tard, et pourtant la devanture du Talon restait allumé. Si Martha avait oublier d'éteindre, la facture d'électricité serait salée. Mais quelle importance.
La porte du véhicule claqua. Le jeune homme s'approcha du café, observant qui s'y trouvait.
Devant la silhouette qui lui tournait le dos, son coeur fit un saut périlleux. Lex s'arrêta, contemplant ce corps si familier.
« Ce n'est pas possible ! Il n'est pas revenu ! »
Et pourtant... Jamais il n'aurait pu confondre cette silhouette avec une autre. Ces mèches de cheveux bruns, ces mains dont il avait tant rêvé qu'elles s'égareraient un jour sur sa peau... Cette vision lui arracha une larme, puis une autre.
Il pouvait partir. Mais Clark l'avait certainement entendu. Et puis... il lui avait tant manqué. C'était du masochisme. On pleure de ne pouvoir aimer quelqu'un, mais on ne peut se séparer de lui quand en vient l'occasion. C'était stupidement humain.
Prenant son courage à deux mains, Lex poussa doucement la porte du Talon. Il s'arrêta sur le pas de la porte, mais Clark ne se retourna pas. Il semblait ne pas l'avoir entendu. Au lieu de ça, le jeune homme fredonnait pour lui des paroles inconnues. Son ami en profita pour s'approcher sans bruit.
I'm sorry to tell you again
That I love you.
That's unnatural,
I know it.
See me again
Searching for your arms,
Walking on my borderline
With the dark falling on my eyes.
Your caress will slay me.
And your kiss won't be able to dry my tears.
I should be leaving now.
I know it.
See me again from above,
Pitiful with my love.
Walking on my borderline,
I'm not from this world any more
« Très joli. C'est quoi le titre ?
Clark sursauta. Cette voix... Il ne l'avait même pas entendu entrer. Malgré tout son self-contrôle, ses mains devinrent subitement moites. Le jeune homme resta pourtant assis au bar, le front posé dans ses mains.
- Ce n'est pas une chanson, fit-il d'une voix qu'il espérait calme.
- C'est de toi ? Bravo. Tu devrais changer d'orientation, te lancer dans l'écriture.
- Lex parlait haut pour essayer de cacher son angoisse. Il s'assit sur un tabouret de bar, à côté de son ami. Il s'accouda au comptoir en le regardant.
- Ça va ?
Clark respira, prit son courage à deux mains et releva la tête. Aussitôt ses yeux furent assaillis par la vision de Lex assis, décontracté dans son éternel manteau noir, le sourire aux lèvres. A nouveau sa poitrine lui fit mal, mal à en hurler. Il essaya de s'en cacher en adoptant un masque d'impassibilité, mais malheureusement il n'avait jamais été doué pour dissimuler la vérité. A ce jeu le gagnant ç'avait toujours été... Lex.
- Clark.
- Oui ?
- Tu es sûr que ça va ?
Le jeune homme leva le pouce en signe d'affirmation.
- Tu es rentré quand ?
- Hier. Tu m'excuseras de n'être pas passé...
- Tu es grand, tu fais comme bon te semble. Je ne vais pas me vexer pour si peu.
Clark avait un tel regard que son ami se pencha vers lui.
- Par contre tu m'inquiète un peu. Je t'ai rarement vu aussi soucieux.
- Les choses ont changé depuis mon départ.
- Ici ? Tu veux rire ?
- Non, je parlais... de moi.
Cette phrase fit mal à Lex sans qu'il sache vraiment pourquoi. Il ôta son manteau et contourna le bar pour se servir du café chaud. Puis il se retourna et regarda son ami dans les yeux avec tout ce qu'il avait de courage.
- Tu veux m'en parler ?
C'était idiot comme question. Mais c'était sincère. Même s'ils avaient divergé par le passé, leur amitié était toujours très forte.
- Lex...
Clark regarda les yeux gris de son camarade. Après tout, il faudrait bien que les mots sortent un jour.
- Si tu pars je ne t'en voudrais pas.
- C'est si terrible que ça ? D'habitude les lourds secrets c'est plutôt ma spécialité, fit le jeune homme avec un sourire.
Son ami respira profondément avant d'appuyer un grand coup sur sa volonté pour que sortent les mots fatidiques.
- Je crois... Je crois que j'aime les hommes.
Si l'on avait été dans un sitcom, Lex se serait sans doute cassé la figure sous l'effet de la surprise. Mais on était dans la réalité, et le jeune homme resta droit comme un i. Par contre, la tasse souffrit d'un atterrissage trop violent.
- Je suis désolé. Je n'aurais pas dû te le dire à toi.
- Tu... Tu es homosexuel ? Toi ? Clark ?
Lex ferma un instant les yeux pour essayer de faire taire les pensées qui se bousculaient dans sa tête. Puis soudain il s'inquiéta.
- Pourquoi est-ce que tu n'aurais pas dû me le dire ?
Avait-il été transparent à ce point ?
- Tu es mon meilleur ami. N'importe qui brouillerait les frontières avec une telle information.
Mais Lex ne le laissa pas terminer. Il reprit le contrôle des événements et revint s'asseoir près de son ami. Puis il secoua la tête en souriant.
- Ce n'est pas à un vieux singe que l'on apprend à faire la grimace.
- Tu ne vas pas me dire que tu...
- Tu ne crois quand même pas qu'avec ma vie dépravé de jeune imbécile je n'ai pas connu de flirts avec des hommes ? C'est le cas de beaucoup de gens, de beaucoup de jeunes qui sortent trop et font trop la fête.
Malgré sa super audition, Clark se demanda un instant s'il n'avait pas des problèmes avec ses oreilles. C'était bien Lex qui était en train de lui confier ça ?
Il hésita. Mais finalement la situation était séduisante. Clark se sentit soudain plus proche de son ami. Ils partageaient quelque chose d'unique. Le jeune homme se laissa doucement aller.
- Je ne te dis pas que tu te trompes. Je ne suis pas dans ta tête. Si tu crois être homosexuel, ce n'est ni une tare ni un problème. Tu dois juste faire attention à deux choses.
- Quoi ?
- Assure-toi que cette impression ne te vient d'un flirt étrange, ou que tu ne confonds pas l'amour et l'amitié envers un homme. Ce sont des choses qui arrivent.
« Et c'est moi qui dit ça. Non mais je rêve ! »
- Je n'y crois pas. Toi, tu as eu des flirts avec des mecs ?
- Je cherchais la nouveauté, les sensations. Quand j'étais jeune c'était un jeu.
« Et maintenant ça n'en est plus un. »
- Tu as aimé des femmes pourtant Clark. Qu'est-ce qui te fais croire que tu as changé ?
- C'est... la présence de certaines personnes... Ça m'attire et me trouble à la fois. Tu crois que je me trompe ?
- Je ne sais pas. Je ne suis pas toi. Mais même si tu recules un jour, sache qu'une expérience homosexuelle n'a jamais tué personne. Ce n'est pas l'enfer et on peut en revenir.
Clark sourit un instant.
- Quoi ?
- Tu es toujours d'un calme olympien. Pendant cinq secondes j'ai essayé de t'imaginer jeune et fou.
Lex eut un sourire amusé.
- Je suis trop didactique, c'est ça ?
- Un peu. Mais je ne m'en plains pas, fit-il précipitamment.
- Tu dis ça pour ne pas me vexer, répondit Lex.
Chaque atome de son être priait pour que Clark cesse ce sourire si nouveau, ce petit sourire en coin plein de défi, et qu'il se taise.
Clark voulut un instant lui demander jusqu'où il était allé autrefois, mais il se retint. C'était trop tôt pour ça. Il se contenta de demander:
- Qu'est-ce que je devrais faire selon toi ?
- Soit tu attends que le train passe, soit tu monte dedans pour voir s'il t'emmène là où tu veux aller.
- Magnifique métaphore ! Si c'est vrai ! Fit Clark en riant devant l'expression de son ami.
Il se reprit.
- En décodé ça donne... ?
- Jette-toi à l'eau. Il n'y a presque que comme ça que tu pourras être sûr de ce qu'il y a dans ton coeur et ta tête.
- Tu veux dire ? Sortir... Être avec un homme ?
Il écarquilla les yeux avant de frissonner.
- J'en suis incapable. Tu es fou ! Je n'y arrivais déjà pas avant avec les femmes.
- Demande-toi pourquoi.
La phrase l'interpella. C'est vrai... Pourquoi... ?
- Ça ne te tuera pas.
- Je ne peux pas Lex. J'en aurais jamais le courage.
Lex sourit. Maintenant ! Maintenant il pouvait lui dire ce qu'il avait sur le coeur...
Mais... Et si ce n'était pas partagé ? Clark était jeune, il se cherchait. Lex en savait quelque chose. Par quelques mots échappés, il perdrait peut-être tout à l'instant même où son amitié avec le jeune homme prenait un sens nouveau.
Il regarda à nouveau ces yeux verts, innocents, et se sentit disparaître. Il aurait tout donné pour lui. Non, en fait il allait tout donner pour lui. Il était temps d'effacer l'ardoise de son égoïsme.
- Je resterai avec toi.
Clark le regarda, incrédule.
- Je resterai avec toi, reprit-il. Va de l'avant, découvre-toi. Si tu as besoin de moi je serai là. Si tu veux que je t'accompagne quelque part, que je reste ou que je m'efface, je serai là. Si tu veux tout foutre en l'air ou revenir en arrière, je serai là.
Il se leva et s'approcha de son ami.
- Je serai toujours là.
Clark n'osait croire à ce qu'il entendait. C'était une véritable preuve d'amitié, sinon d'amour que Lex lui offrait là. Mais malgré tout...
- Je ne pourrai jamais me lancer.
Lex sourit avec confiance.
- Ferme les yeux.
Clark obéit sans y réfléchir. Ses paupières se fermèrent.
Dans l'obscurité, il sentit soudain les lèvres de Lex se poser sur les siennes. Rien de plus, juste un chaste baiser, à peine plus qu'un effleurement. Mais le contact était électrisant. Il sentit ces lèvres masculines caresser les siennes avec douceur. Un instant Clark perdit le fil de ses pensées, perdit presque sa volonté, faillit ouvrir les lèvres. Mais sa raison reprit le dessus. Bientôt le contact se rompit, et le jeune homme rouvrit les yeux.
Lex le regardait en souriant, accoudé au bar.
- Tu n'auras plus peur maintenant. C'est la première fois qui donne confiance. J'espère que ça pourra t'aider.
Clark se mordit un instant les lèvres, ce qui fit doucement rire son ami.
- Je crois que oui. »
