Le soir avait fait disparaître la beauté de la forêt. La nuit était froide et semblable aux dix précédentes. Si claire dans le ciel mais dans la profondeur de la forêt, trouble et agitée de cris. Mais justement, il semblait que des voix humaines partait en écho en rebondissant sur le sol gelé. Une clameur féminine s'éleva un court instant , puis si les corbeaux témoins descendaient aux abord de la cime des arbres, ils entendaient des supplications et puis, des grognements de voix, et des pleurs saccadés. Les oiseaux interrogeaient la lune du regard et elle leur répondait en clignant de son seul ?il jaune et en surveillant tristement la nuit. Là, dans une clairière comme nombreuses se trouvaient en Ithilien, quelques hommes, bornés, cupides et cruels, fêtent leur capture qu'ils trouvent si brillante. Pourtant, il n'est si difficile de capturer une jeune fille innocente, terrorisée et paralysée par le froid. Elle est là, jetée rudement sur le sol épineux, gémissant, les larmes faisant deux petits flots sur ses joues noires de crasse. Ses cheveux de feu semblent coruscants alors que les flammes l'illuminent d'une lueur hâve. La panique se lisait dans ses yeux exorbités de frayeur, ses lèvres frémissaient alors qu'elle essayait de respirer normalement et ses doigt tremblaient, essayant de défaire progressivement les liens.

Alors que les sauvages décidaient de son sort en lançant quelques fois des rires saugrenus, Lane avait l'impression de voir des ombres se faufiler à travers les feuillages, un craquement retentit derrière elle, elle n'osa pas se retourner et cessa de bouger, épouvantée encore plus qu'avant. Par chance, les cordes tombèrent dans les branches et elle ne pensa qu'à frotter ses poignet endolori. Puis soudain, quelqu'un hurla derrière elle, elle se retourna et aperçut une silhouette qui se faufilait à ses côtés. Elle émit un hurlement de saisissement et enfoui sa tête dans ses genoux. Alors qu'elle sentait les feuilles bouger sous contact, elle se leva d'un bond. La forêt était froide. Une brume blanche flottait entre les arbres. Lane courait, une pointe brûlante dans son côté, elle ne voulait pas savoir quelles étaient les fous qui osaient perturber ces sauvages, elle voulait partir, loin d'ici, sur son cheval brun. Elle voulait que personne ne la retrouve, qu'elle puisse enfin être tranquille dans la nuit et ne voir personne de laid, de méchant, qui la ferait captive et la garderait jalousement dans un buisson d'épines. Alors qu'elle trébuchait dans les ornières de la forêt, elle entendit entre deux respirations sifflantes, un bruit de galop derrière elle, une grande lumière détacha son ombre sur le sol et elle fut si surprise qu'elle se cogna contre une branche et qu'elle tomba en arrière. Alors qu'elle voyait déjà l'obscurité se refermer sur elle. Elle sentit une main glacée la secouer de sa torpeur, la soulever brusquement en tirant ses cheveux meurtris et mettre debout. Pitié, ne me faites pas de mal, ne me ramenez pas chez eux. Dit-elle, alors qu 'un homme la regardait couvert d'un épais manteau semblable à ceux que portait son père. Il était monté sur un cheval aux côtes saillantes et tenait une torche qui illuminait ses yeux froids. Il rengaina son épée, qui avait coupé quelques mèche à Lane. Vous n'êtes pas des leurs ? Il a parlé d'une voix rauque et froide, que Lane a déjà l'impression de connaître. Non, je suis une prisonnière ! Ils m'ont capturé il y a quelques heures et ont pris mon cheval ! Rendez-le moi ! Nous avons tué toutes les créatures vivantes de ces lieux !jeta l'homme en retenant son cheval qui reniflait le sol. - Est-ce que je vous connaît ?murmura Lane. La silhouette se détacha sur les arbres orangés par le feu, un capuchon posé sur ses épaules. Qui êtes vous ? Dit-il encore en posant les deux mains sur son capuchon. Il tira d'un coup sec, sa tête se dévoila. Des cheveux noirs, plats, le long de son dos. Un étrange visage de cire, bien tracé.Des yeux noirs, mais pâles. Une bouche mince qui se tord vers le dessus, comme si l'homme s'empêchait de ricaner. Pourquoi vous le dirais-je, c'est à vous de me le dire ! Lane était déjà révulsée par le visage à l'air si hautain. Si vous ne me le dites pas, je vous tue. La phrase partit comme une flèche et empêcha Lane de parler. Lane voulut rire. Elle pouffa sans sourire. Vous allez me tuer ?Voyons, en aurez vous le courage ?On ne tue pas une gente dame, maître meurtrier. L'insulte n'en était pas une pour Lane, pour lui, c'était un outrage. Est-ce que vous croyez que je peux être un meurtrier ?Je ne tue que des bêtes qui empestent. Il leva le menton puis rabaissa les yeux vers Lane. Et.Vous êtes une.Gente dame ? Lane se rebiffa devant la mine spectaculairement amusée de l'homme. Elle serra ses petits poings alors que l'homme descendait de son cheval et s'approchait d'elle. Je suis une princesse. Et même les sauvages sont des hommes. Qui est l'immonde seigneur qui vous a engagé pour ce travail ? Une princesse. S'écria t'il sans prendre garde à la question qu'elle lui posait. Dans ce cas, vous devez avoir un bracelet de mithril. Il saisit son poignet, sourit devant sa nudité. Mais Lane, elle, rit. Elle retira sa main, toujours riant, et devant le visage anxieux et furieux de l'homme, elle leva son bras gauche, la manche tomba en accordéon et un bracelet brillant, argenté, se révéla, enroulée autour du poignet, scindé par les extrémités. Un cheval allongé sur le mithril semblait hurler dans le vent.

Je le porte à gauche, seigneur. Je suis de Rohan ! Il sembla hurler de rage, puis tendit la main vers celle de Lane. Il n'essaya rien, car il connaissait très bien la solidité du mithril. Ce bracelet ne prouve rien ! Vous pourriez l'avoir volé ! Moi ? Eructa Lane en devenant aussi rouge qu'un pivoine. Elle ne put rien faire, car des hommes se regroupèrent derrière l'homme. Mais, je décide de vous croire. Lane avait envie de le frapper. Et.Qui êtes vous donc, et qui vous fait faire cet ignoble travail, à vous et vos hommes ? Celui qui m'emploie n'est tout autre qu'Elessar, notre noble roi. Quand à moi, je suis. Il secoua la tête et dévoila deux oreilles pointues. Lane ouvrit des yeux ronds. Maintenant, elle comprenait sa noble carrure et ces yeux sombres qui brillaient d'un vieil éclat de jouvence. Je suis Glorfindel, l'un des derniers elfes de la terre du milieu.

- Que ne vous rendez compte que vous faites mal, seigneur Glorfindel. Lane essaya de tirer une fois de plus sur les liens qui effritaient la peau de ses poignets. Elle faillit tomber de son cheval qui clopinait à travers les ornières d'un chemin presque inexistant. L'elfe chevauchait à ses côtés, ses guerriers derrière. Ceux-ci ne devait pas être plus de cinq. Sur quelles choses, princesse ? En premier, vous ne pouvez vous autoriser à m'appeler si familièrement, princesse, en deuxième, vous faites mal en me liant les mains si fort que bientôt on verra les os des mes poignets et en troisième, vous faites mal car vous avez tué des innocents. Des innocents ? s'exclama Glorfindel en souriant d'un air assassin. Alors ceux qui volent les pauvres, qui tuent les riches et qui capturent les jeunes filles pour leur réserver un triste sort sont des innocents ? Vous m'auriez tué d'un coup de lame si. L'elfe tourna la tête vers elle. Si quoi ? Demanda t'il, les yeux plissés. Lane ne prit pas garde à sa soudaine anxiété. En vérité, je l'ignore. Elle croisa son regard qui semblait étrangement soulagé puis poursuivit. Vous m'avez pris par les cheveux, puis vous avez rengainé votre épée. Etait- ce parce que je vous faisais pitié ? Cela, je n'en sais rien. L'elfe parut mâcher la réplique qu'il s'apprêtait à lancer. Il n'est pas commun d'entendre dire une bêtise de la bouche d'un elfe et celui-ci n'en avait certes pas l'intention, mais en avait été sur le point. J'ai.Tout de suite remarqué vos vêtements de riche. Lane s'étonna. Mes vêtements couverts de boue et déchiré par les ronces ? Elle-même se croyait habillée d'autre chose que sa propre robe. Elle s'aperçut que Glorfindel évitait soigneusement son regard. Vous m'auriez tuée si je n'avais rien dit, si j'étais simplement tombée assommée, vous m'auriez donc tranché la gorge ? Cessez un peu de parler, tel une fontaine qui ne peut s'arrêter de couler ! La phrase amusa Lane qui s'enhardit : Ce n'est pas avec une réplique que l'on bloque l'eau de la fontaine, seigneur elfe. Mais lui de la regarder d'un air féroce : Et comment faut-il procéder alors ? Doit-on l'obstruer avec cailloux et terre ? Grogna l'elfe. Lane s'en tint là, elle soupira et tenta une fois de plus de délier les cordes, elle ne fit que serrer un peu plus le n?ud. Quel âge avez-vous ? demanda t'elle au bout d'une heure de marche dans la forêt. Que cela peut-il vous faire ? Jeta-il. Oh, rien. Et elle repartit sur son silence. Je ne sais plus. Dit-il après un regard vers elle. J'ai seize ans. Glorfindel ne répondit rien, il se contenta d'un petit reniflement méprisant. Lane déclara d'un ton presque jovial : Je ne savais pas que les elfes existaient encore mise à part la reine Arwen et ses enfants. Eh bien, détrompez-vous. Il y a moi. Vous ne comptez pas partir un jour aux havres ? demanda t'elle en tripotant malhabilement ses liens. Qui vous a parlé de cette légende ? Vous n'irez pas ? Lane lui sourit alors que les cordes se desserraient et glissaient sur la croupe du cheval. Glorfindel fit celui qui ne voyait rien. Non.