1.
- Une balade ! Une balade !
Enthousiaste, Alhianna sautilla dans la chambre.
- C'est vrai, papa, on va tous seuls et s'amuser ?
D'une inclinaison de la tête, ce dernier confirma, sentant juste ensuite la fillette de huit ans se serrer contre ses jambes, très fort.
- On part à la campagne, je vais aimer !
- Mais j'espère bien mon petit trésor. Et ton grand frère veillera sur toi.
- Non, elle est assez grande ! protesta celui nommé.
Le père tourna son regard vers l'aîné de ses enfants.
- Alphégor, tu veilles sur ta sœur. Sans cela, je ne vous laisserais jamais partir, tous les deux !
Teint pâle, chevelure d'or roux en bataille, le regard gris acier, l'adolescent se tourna vers l'auteur de ses jours avec qui il partageait la même balafre en travers de la joue gauche.
- A tes ordres, papa !
Derrière le frère et la sœur, dans la cour de la grande villa, se trouvaient deux autres jeunes gens, de douze ans.
Alphégor ramassa le sac à dos de sa cadette, le lui ajusta aux épaules avant de se saisir de sien pour en enfiler les sangles.
- On a la bénédiction du big boss, lança l'adolescent. On peut partir pour trois semaines de randonnée sauvage ! Tous au bus !
- Mais, notre budget ? releva l'un des jumeaux aux crinières d'ébène.
Alphégor éclata de rire.
- Les potes, on a décidé de vivre à la débrouille durant nos pérégrinations, mais perso j'ai pas envie de déjà marcher des dizaines de kilomètres pour quitter la galactopole et être claqué avant même qu'on ne se mettre vraiment à bourlinguer !
De la main, Alphégor salua son père debout sur les marches du porche d'entrée, envoya du bout des doigts un baiser à sa mère qui ne lâchait pas le bras de l'homme de sa vie. Alhianna préféra se réfugier une dernière fois dans les jupes de sa mère.
De leur côté, les jumeaux, Rhivan et Thivan, faisaient de même avec leurs parents.
Parés, matériellement et émotionnellement parlant, les quatre jeunes franchirent les murs du domaine, remontant l'allée de la zone résidentielle, pour disparaître au premier carrefour et se diriger vers la Gare des Bus distante de quelques kilomètres.
La porte de la demeure familiale à peine refermée, la jolie blonde aux courtes boucles leva ses yeux saphir sur son époux.
- A-t-on eu raison de laisser partir Alphie et Alhie ? Ils sont si jeunes !
- Ils courent les prés et les bois depuis qu'ils savent ramper ! Idem pour les jumeaux ! Ils savent mieux creuser des galeries et grimper aux arbres que je ne monte et démonte un pistolaser ! Ils sont plus aguerris que bien des adultes. Et j'ai entière confiance en Alphégor.
- Oh, il n'a pas pris de chapeau, et il a le teint si clair…
- Petite maman poule, gloussa son mari. Notre fils va sur ses quinze ans, il saura mener leur petit groupe.
- Mais on n'aura pas de nouvelles durant les trois semaines de leur petite échappée !
- C'était le deal, ma mie. Les enfants, et leurs amis voulaient prouver qu'ils sont déjà de jeunes adultes et qu'on pouvait aussi leur faire confiance sans être sans cesse derrière eux ?
La mère d'Alphégor et d'Alhianna eut un léger sursaut.
- Ne me dis pas que tu as posé une balise de localisation sur eux ? !
- J'aurais pu…
- Ca aurait bien dans ton style, mon bel amour !
- Mais j'ai dit à ces quatre enfants que je leur accordais ma confiance. Je sais que si quelque chose allait mal, ils nous contacteraient. C'est à eux de nous appeler, plus à nous de les couver. Même si je les reprendrai sous mes ailes dès qu'ils reviendront – mais pas avant un bon bain car je pense qu'ils en auront grand besoin !
Rassurés, l'un par l'autre, les deux époux se séparèrent, chacun allant vaquer à ses occupations dans la vaste villa.
Sur la banquette du fond du bus, les quatre amis d'enfance avaient trinqué en heurtant le goulot de leurs gourdes.
- A notre randonnée !
- A nos aventures !
- Quand on reviendra, nos parents sauront qu'on est de jeunes adultes.
- On les rendra fiers de nous !
Des étoiles plein les yeux, le petit quatuor se concentra sur le paysage qui défilait, la galactopole quittée, la campagne s'ouvrant devant eux, pour le défi de leurs jeunes vies.
