Prologue
La soirée était déjà bien avancée, et pourtant il régnait une atmosphère presque aussi étouffante qu'en pleine journée. Ce mois de juillet s'annonçait assurément plus intense que celui de l'année précédente et peu de personnes osaient s'aventurer dehors à moins d'y être forcée par une raison impérieuse. Si bien que cette nuit là, tout était d'un calme serein et la plupart des rues restaient désertes dans cette partie de la ville.
Mais la quiétude apparente fut bientôt troublée par la présence d'une créature incongrue. Si à première vue, elle faisait penser à un chien, sa taille en aurait effrayé plus d'un. L'animal toutefois ne se contentait pas d'errer sans but, il continua son chemin comme s'il était guidé par une carte invisible car sous l'apparence d'un simple chien au pelage noir se cachait en réalité un sorcier. Et son nom était Sirius Black.
L'animal tourna de nouveau dans une ruelle faiblement éclairée et le dénommé Sirius ne put s'empêcher de trouver cela trop facile. Bien sur il ne s'était pas attendu à rencontrer les difficultés qu'il lui avait fallu affronter pour s'échapper d'Azkaban, la grande prison des sorciers, mais tout de même il n'aurait pas été contre un peu d'actions quand jusqu'à présent il n'avait eu que le loisir de se cacher, changeant d'endroits pour ne pas être repéré avant de finir au morne 12 Square Grimmaurd, cauchemar de son enfance. Et il était particulièrement frustrant de voir qu'il avait dû fuir tout ce temps alors que très peu de personnes connaissait sa nature d'animagi ni même sa véritable forme animale.
Mais ce n'était pas là les seules pensées qui occupaient son esprit. En effet, si le plan se déroulait jusqu'à présent sans encombres, il avait encore du mal à croire qu'il avait réussi à convaincre Albus de lui confier cette mission. Il avait cru que le vieux sorcier le sermonnerait encore sur son imprudence et sur le danger que toute sortie pouvait constituer mais il avait finalement changé d'avis. Entre autre chose, il avait apparemment été question de seconde chance.
Alors qu'il arrivait en vue de sa destination, Sirius secoua la tête dans un geste très humain. Peu lui importait les raisons qui avaient poussées Albus à accepter, il se réjouissait à l'idée de pouvoir revoir Harry et de le ramener avec lui. A cette pensée son cœur se troubla. Et le souvenir du jour où James et Lily lui avaient demandé d'être son parrain lui revint douloureusement en mémoire. Ce jour là, ils lui avaient fait promettre de veiller sur leur fils s'il leur arrivait malheur. Mais, lorsque cela avait été le cas, la rage et le chagrin l'avait consumé tout entier, aveuglant son jugement, et il s'était rué à la poursuite du traitre. Le chien poussa un grognement furieux qui se répercuta longtemps dans le silence de la nuit. Alors qu'il avait été enfermé par erreur à Azkaban, le jeune Harry avait été confié à la seule famille qu'il lui restait, son oncle et sa tante. En repensant à tout ce qu'ils lui avaient fait subir, Sirius sentit son cœur se serrer et se dit qu'il était grand temps qu'il vienne les remercier à sa façon, dusse-t-il entendre Albus Dumbledore lui faire la morale pour les dix prochaines années.
oOo
Occupé à lire le journal comme à son habitude, Vernon Dursley jura à mi-voix lorsqu'il entendit un grattement continu à la porte du 4 Private Drive suivi d'un aboiement sonore. Pendant un instant, il ignora les bruits et tacha de se reconcentrer sur ce qu'il lisait. Mais le vacarme reprit de plus belle et il pesta contre son voisin qui avait encore dû laisser son chien en liberté pour mieux les contrarier. Alors que sa femme, Pétunia, s'était attelée à nettoyer sa cuisine pourtant déjà immaculée, et que son fils, Dudley, était assis nonchalamment sur le canapé à regarder son émission favorite, Vernon se leva en maudissant maîtres et animaux car on n'avait pas idée de déranger les honnêtes gens à une heure aussi indécente. Ouvrant la porte d'entrée d'un geste brusque, il s'apprêtait à faire fuir le monstre qui osait perturber sa lecture. Mais, ce n'était pas un chien qui se tenait face à lui, il se retrouva nez à nez avec un homme de haute taille vêtu d'une longue cape noire.
Bonsoir
La voix était si grave et tranchante que malgré l'atmosphère étouffante de ce mois de juillet, Vernon Dursley fut parcouru d'un long frisson glacé et il sut contre toute attente qu'il aurait finalement préféré avoir affaire au chien du voisin.
A suivre
