Chapitre 1: Une simple évidence

Aussi loin que remonte ma mémoire, Sherlock Holmes c'est toujours vu confronté à des cas étranges ou les indices et la déduction furent ses principales alliés. Mon ami savait -et sait toujours- faire preuve d'un sens de l'observation à toute épreuve. J'ai eu l'insigne honneur de relater ses nombreuses aventures dans divers recueils, aidé de ma mémoire et de mes nombreuses notes. Néanmoins, je n'ai jamais eu le courage de m'atteler au récit de l'une d'entre elles, ne sachant pas vraiment comment m'y prendre. Il me vient pourtant souvent à l'esprit que cette affaire fut l'une des plus intéressantes de la carrière de mon ami puisqu'elle s'éloignait en de nombreux points de ses consoeurs.

Je pourrais dès lors souligner ces nombreuses différences, et ceux durant plusieurs pages. Mais, il n'y en a qu'une qui me semble à ce jour importante: la présence d'un troisième personnage venant s'ajouter à notre duo. Je me souviens de Gabriel comme si c'était hier: un jeune garçon à la casquette marron fixée en permanence sur son crâne et je n'oublierai jamais ses yeux violets si expressifs. Couleur que la science naissante appelée génétique n'explique pas encore. Holmes et moi ne savons guère ce qu'il est devenu. Bien que nous l'ayons depuis recroisé une ou deux fois. Mais, ce qui me revient surtout en mémoire sont les relations étranges qu'il eu avec le détective. A la lueur des explications qui me furent données lors du déroulement de cette affaire, je comprends aujourd'hui mieux les faits.

J'ose enfin me mettre au travail suite à un paquet, arrivé ce matin même à ma battisse, un manuscrit signé du nom de notre dit ami. Il y relate les faits à sa façon et je les publie aujourd'hui, retravaillés par ma main. Ce récit commence donc ainsi:

Watson était un homme plutôt rond. On ne pouvait pas parler d'embonpoint mais il fallait avouer que sa silhouette révélait son intérêt pour les bonnes choses. Un léger ventre rond se dessinait sous sa chemise blanche tirée à quatre épingles. Sa moustache blanche, taillée à la perfection, et ses cheveux impeccablement coiffé trahissait une certaine rigueur, plus exactement une rigueur militaire puisque le médecin avait servit en Afghanistan. Une veste en tweed vert, des pièces de cuir cousus au niveau du coude, un veston ainsi qu'un pantalon de toile marron venaient compléter la tenue. De toute cette personne émanait une sorte de bonté qui ne pouvait passer inaperçue.

L'homme attendait sur le quai de la gare. Une de ses mains fermement accrochée à une valise en cuir noir de grande taille et visiblement bien remplie. Il fouillait de son autre main dans sa poche de veston, cherchant visiblement un objet avec impatiente. Il reprit le dessus sur ses émotions et finit par calmer ses doigts, réussissant à sortir sa montre à gousset. Elle indiquait précisément 12h55.

Enfin, il vit son camarade traverser la foule à grandes enjambées, ses longues jambes le propulsant littéralement au beau milieu des badauds. Il finit sa course devant le médecin, s'appuyant sur ses genoux pour reprendre sa respiration. De toute évidence il avait couru jusqu'ici et après plusieurs respirations saccadées, le détective leva la tête. L'homme de nature athlétique semblait avoir reprit son souffle en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

"Excusez mon retard, j'étais... j'ai eu quelques problèmes sur la route. Satanés gamins!" S'excusa t-il en se redressant, ses longs membres se dépliants d'un même mouvement.

"Du moment qui nous avons notre train." Rit Watson en lui donnant une tape dans le dos.

Holmes sortit de sa poche les billets, un sourire passant furtivement sur son visage et il invita son ami à le suivre.

Watson avait reçu le matin même, alors qu'il déjeunait avec sa femme, un télégramme de la part de son ami détective. C'était la bonne qui lui avait apporté. Aucun des deux époux n'avait semblé étonné de voir le repas ainsi interrompu. Il était fréquent, lorsque l'on était médecin, de voir ce genre de papier arriver à des heures étranges. D'autant plus encore lorsque l'on était l'ami du célèbre détective Sherlock Holmes. Le télégramme disait à peu de choses prêts ceci:

"Lestrade m'attend pour affaire d'homicide. Besoin de vos lumières. Rendez vous 12h45, gare de Londres."

L'ancien médecin militaire n'avait pas eu besoin de réfléchir longtemps, ni de peser le pour et le contre. Il avait simplement jeté un regard à sa femme qui lui indiqua par un signe de tête qu'il pouvait lui fausser compagnie. Il remercia le ciel d'avoir une épouse si compréhensive puis, d'un geste rapide, il avait embrassé cette dernière, lui soufflant un remerciement à peine audible. Il était ensuite monté faire sa valise, sans savoir combien de temps durerait l'enquête. Mais avec le détective, cela ne durait jamais longtemps, si bien qu'il ne prit des vêtements que pour une petite semaine certains de revenir bien plus tôt encore.

Holmes sortit d'une de ses poches un petit carnet alors que nos deux compères se dirigeaient d'un pas rapide vers le wagon. Il l'ouvrit à une page marquée à l'aide d'un crayon de papier. Le carnet de cuir noir était usé, des feuilles avaient été arrachées, d'autres étaient noires d'encre. Les marges servaient autant que le reste de la feuille et les ratures recouvraient une grande surface de celles-ci. Jetant un coup d'oeil rapide vers la feuille que Holmes consultait, Watson pu voir un fouillis de mots que seul le détective devait à comprendre.

"Bien..." Commença Holmes en notant quelque chose rapidement. "Je pense qu'il est temps de faire..."

Un choc le fit taire et le détective fit quelques pas sur le côté, tentant de retrouver son équilibre. Il se rattrapa à l'épaule de son dévoué ami et collègue et ne vit qu'un jeune homme reprendre sa course vers l'avant du train. D'un geste rapide il vérifia la présence de son porte-feuille et laissa ses yeux glisser sur le garçon qui s'éloignait à grandes enjambées, son manteau de velours côtelé claquant sur ses reins.

"Excusez moi!" Hurla ce dernier en se retournant.

"Votre lacet droit est défait!" Lui lança Holmes en retour. Watson eu un sourire en voyant son ami garder son sens de l'observation intact dans n'importe quelle situation.

"Le bouton de votre col à sauté!" Lui répondit le jeune homme avant de disparaître dans la foule.

Les deux compères échangèrent un regard et prestement Holmes porta sa main à son cou et tira délicatement sur le bouton qui ne tenait plus qu'à un fil. Il l'observa ensuite d'un air critique au creux de sa main. Watson se pencha légèrement pour étudier lui aussi le bouton qui n'avait rien de particulier. Le sifflet du chef de gare les sortit de leur transe. Holmes se précipita sur ses pieds et sauta dans le premier wagon qui se présentait. Le docteur Watson fut un peu plus long et du, littéralement, se jeter à la suite de son ami pour atterrir lourdement dans le wagon sous les yeux des personnes présentes. Le bruit de la chute fit sortir quelques bonnes-gens de leurs compartiments et quelques rires éclatèrent ça et là.

Holmes aida le médecin à se relever et l'invita à le suivre, évitant soigneusement de croiser le regard des badauds. Il ouvrit le premier compartiment que sa main rencontra et se stoppa net en voyant, allongé sur la banquette, son manteau lui servant de couverture, le jeune homme qui l'avait bousculé quelque minutes auparavant. Il le détailla à nouveau d'un coup d'oeil critique et voulu faire demi-tour, mais déjà, la voix du garçon s'élevait derrière lui.

"Messieurs, bonjour!"

Le garçon avait lancé la phrase sur un ton joyeux mais aussi moqueur, malicieux. De toute évidence il ne savait pas à qui il s'adressait, il n'aurait alors jamais osé s'adressait à son interlocuteur de la manière suivante. Le détective se retourna rapidement pour voir les yeux violets du jeune homme se poser sur lui, un sourire en coin. Watson finit par pousser son ami dans le wagon, irritait par les allés et venus de celui ci. Sa vieille blessure à l'épaule c'était réveillée suite à sa cascade improvisée et il ne voulait qu'une chose: s'asseoir. Qu'importe qu'un jeune homme soit là, ou non, du moment qu'il y avait une banquette, tout lui convenait.

"Bonjour monsieur!" Lança à son tour Watson en se laissant tomber avec délice sur le siège qui s'offrait à son postérieur.

Holmes, lui, restait planté devant le garçon.

Il devait avoir entre 20 et 25 ans et il était extrêmement beau, c'était indéniable. Le genre de beauté qui résidait plus dans le charme que dans le physique. Ses cheveux bruns, coupés courts étaient dissimulés sous une casquette de cuir marron qui semblait avoir vécue mille et une épreuves. Sur son nez retroussé étaient posées de petites lunettes rondes sans branches, à monture d'argent. Ses yeux violets étaient les plus étranges que Holmes n'ai jamais vu, on ne les distingués malheureusement que mal à cause des binocles. Son visage en général était assez fascinant puisqu'il donnait au garçon un air androgyne qui devait être un atout séduction des plus efficace. Le détective laissa glisser ses yeux sur le manteau, il estima qu'il mesurait dans les 1m65-67, une taille plutôt petite pour un homme. Mais le garçon ne semblait pas non plus très gros et Holmes supposa que ses parents devaient être, eux aussi, petits.

Voyant l'air de son compagnon, Watson voulu intervenir. Malheureusement, il n'eut pas le temps de dire grande chose, déjà Holmes se lançait dans une de ses séances de déductions qui avaient le don de mettre mal à l'aise le médecin. Au fond, il trouvait ça malpoli, fascinant, oui, mais impoli tout de même.

"Vous faites preuve d'un certain sens de l'observation."

"Ça m'arrive." Marmonna l'intéressé et fermant les yeux.

"Holmes, asseyez vous et laissez ce jeune homme tranquille." Le sermonna Watson qui savait à quel point son ami pouvait se montrer brusque. Il espérait lui faire entendre raison, sans vraiment y croîre.

"Vous êtes gaucher." Lança soudain le détective en se posant à côté du médecin.

"Ma bosse de l'écrivain se trouve à ma main gauche, il n'y a rien de plus simple à deviner. Surtout qu'elle est assez développée. Et oui, je tiens mal mon stylo." Répondit calmement le jeune homme.

"Mais plus exactement." Lança Holmes sans se laisser perturber. "Vous vous servez de votre main droite pour les travaux demandant précision et agilité."

"Ma manche droite est détachée et repliée afin de laisser ma main libre de tout mouvement." Précisa le jeune homme en montrant la dite manche à Watson qui suivait la joute verbale avec intérêt.

"Vous êtes londonien."

"Mon accent, si je ne me trompe."

"Vous êtes journaliste."

Le garçon sembla réfléchir un instant et finit par s'asseoir sur la banquette en pivotant de manière ridicule. Se plaçant de cette manière son manteau glissa, délivrant à la vu ses vêtements. Sherlock avait vu juste, il était très maigre, impression renforcée par ses vêtements deux tailles trop large qui baillaient en plusieurs endroits. Il était habillé d'une bichromie de blanc et marron. Une chemise blanche, assez épaisse, tombant légèrement au niveau du col -le cou fin du garçon ne le remplissant pas- était surmontée d'un gilet du même velours côtelé que son manteau. Un pantalon, taillé dans le même tissu, recouvrait presque entièrement des chaussures de marche usées. Il tenait tend bien que mal sur les étroites hanches du garçon à l'aide d'une ceinture en cuir percée de trois trous supplémentaires. Il planta ses yeux violets dans ceux noirs du détective.

"Là, je vois pas." Avoua-t-il en secouant la tête d'admiration.

"Vous avez laissez tomber votre carnet note par terre en posant votre manteau de cette manière. Il est ouvert sur l'un de vos articles." Répondit simplement Holmes en se baissant pour ramasser le carnet. Il le tendit au garçon et le silence prit place.

Le carnet était semblable à celui du détective, bien qu'un peu plus haut et moins étroit. Il était fort bien entretenu et ne montrait aucune trace d'usure. Un oeil moins entrainé que celui de Holmes aurait même pu croire qu'il était neuf. Mais il n'en était rien. Le cuir noir de la couverture était usé en divers endroits, mais la couleur du cahier de note camouflée les éraflures. Une étrange trace rouge tachée le coin supérieur droit de la couverture avant. Holmes fronça un sourcil, apparentant le liquide inconnue à du sang. Il chassa cette idée du revers de la main et alluma une cigarette.

Holmes était un homme tout en longueur. Son visage était maigre, blanc et rasé de prêt. Ses membres étaient longs, ses doigts fins et semblables à de longues pattes d'araignée. Son long nez, rappelant celui des dieux grecs à cause d'une légère bosse sur le dessus, était surmonté de deux yeux gris particulièrement envoûtants, brillants d'intelligence et de vivacité d'esprit. Ses cheveux bruns coupés courts surmontaient son crane avec élégance. Il portait son habituelle Iverness Cape grise qui pendait sur une pantalon de toile marron. Aux premiers abords, il n'avait donc rien d'attirant et n'était pas l'homme le plus engageant que la terre ait porté.

Sherlock finit par se tourner vers son ami médecin et lança un regard appuyé vers leur voisin qui faisait mine de dormir. Watson soupira bruyamment et s'enfonça dans son siège pour faire comprendre au détective que non, il ne bougerait pas. Holmes finit par se lever et sortit du compartiment espérant voir son camarade le suivre. Mais le docteur le nargua en engageant la conversation avec le jeune homme qui n'avait pas mérité un tel traitement.

"Comment vous appelez vous?" Lança t-il en souriant.

Le garçon ouvrit un oeil et considéra son interlocuteur.

"Gabriel Wixten. Mais c'est à mon tour de jouer aux devinettes." Rigola t-il, ses yeux brillants. "Vous devez être le grand Sherlock Holmes et son fidèle assistant le docteur Watson. Par contre je n'ai pas le privilège de connaître votre prénom."

Watson sembla un instant interloqué. Il regarda le jeune homme avec les même yeux étonnés qu'ils posaient souvent sur Holmes.

"John Watson" Il tendit sa main à Gabriel qui lui serra avec plaisir. "Mais comment le savez vous?"

Holmes passa sa tête dans la pièce et regarda la poignet de main avec dédain, remarquant au passage que le jeune homme se rongeait les ongles. Il en déduit qu'il était quelqu'un d'anxieux.

"Il n'y a rien de plus simple Watson. N'importe quelle personne un t'en soit peu informée sait qui nous sommes. Nous ne sommes pas non plus inconnus du public."

"Où allez vous comme ça?" Demanda Watson en ignorant son ami qui venait de rompre tout le charme de la rencontre.

"Je vais couvrir une affaire de meurtre et je pense ne pas me tromper en disant qu'il en est de même pour vous."

"Oui d'ailleurs, Holmes, pourriez vous m'expliquer cette affaire?" Lança Watson en se tournant vers le visage maigre du détective. Celui ci fronça les sourcils et jeta à nouveau un regard appuyé vers leur voisin. Il fit ensuite non de la tête et indiqua à Watson qu'il voulait et qu'il exigeait changer de compartiment. Le docteur soupira bruyamment. Il ne voyait pas l'intérêt de changer de lieu alors que le second auditeur était lui même au courant de l'affaire. Parfois, la misanthropie du détective l'exaspérait.

"Une femme a été tué par son mari. Il passe bientôt en jugement. J'ai enfin réussi à obtenir un passe droit pour visiter les lieux." Commença à raconter Gabriel amusait par les échanges de regard entre le médecin et Holmes.

Holmes pinça les lèvres et continua le récit, n'aimant pas du tout qu'on lui vole ainsi -son- dossier. Il effaça Gabriel du champs de vision du docteur Watson, en se plaçant devant lui. Un mouvement brusque du train l'obligea à reprendre son équilibre en se rattrapant au porte bagage et c'est dans cette position qu'il commença son récit.

"Monsieur Edouard Mc Killian est né en Angleterre, dans la banlieue de Londres. Sa mère est morte durant l'accouchement et son père l'en a toujours tenu pour responsable. Si bien qu'il fut élevé par ses grands-parents maternelles qui, en mourant, lui on laissé un héritage conséquent."

"Un château, une petit bout de terrain et de quoi bien vivre." Précisa Gabriel en passant sa tête sur le côté pour voir Watson.

Holmes lui jeta un regard mauvais avant de continuer. "Madame Hélene Neil de son nom de jeune fille est une femme venant D'Amérique. Elle y a vécu la plus grande partie de sa vie. De ce que l'on m'a dit, elle était plutôt rustre et ce n'était pas une hystérique. Brutale même parfois. Le genre de femme qui ne laisse pas marcher sur les pieds par un petit Anglais comme son mari. Il semble qu'elle soit venue dans notre beau pays pour y prendre quelques vacances, elle n'est jamais repartit. Ils se rencontrèrent lors d'une vente au enchère alors qu'il avait une vingtaine d'année. Plus proche des 25 que des vingts d'ailleurs. Monsieur la courtisa bien qu'elle était plus âgé que lui de vingt années et de bien meilleure condition. Les épousailles furent mal vu par beaucoup de personnes de leur entourage. "

Vous en premier, pensa Watson, connaissant le côté misogyne de son ami.

"Ils se marièrent après seulement quelques mois de relation et eurent un enfant, Samuel. Ce dernier est actuellement en voyage dans le cadre de son travail, il est avocat. Il est partit pour un mois."

"Maintenant, les faits. Depuis quelque temps Madame Mc Killian est alitée. Elle n'a pas bougé de son lit depuis presque deux semaines. Rien de bien grave. Elle tousse et se trouve fatiguée. Elle mange bien et se fait monter son repas matin, midi et soir par la bonne. Dans la nuit du mardi au mercredi, madame Hélène Mc Killian meurt dès suite de blessures par arme blanche."

"Un coupe papier. Vous savez le truc qui sert à ouvrir les enveloppes."

"Je vous en prie, laissez Holmes parler." Lança Watson qui craignait les colères du détective.

"Elle fut poignarder dans le torse, alors qu'elle se trouvait dans son lit, par trois fois. Une fois dans le ventre, une autre dans le poumon et enfin dans le coeur. Le mari c'est rendu à la police dès le lendemain matin accompagné de la bonne. C'est cette dernière qui a découvert le corps en venant réveiller sa maîtresse, lui portant son petit-déjeuné."

Il se tu et retourna s'asseoir à côté de Watson.

"Je ne comprends pas Holmes, toute cette affaire m'a l'air pourtant très claire. Le mari à tué sa femme, il c'est confessé. Qu'allons nous faire là-bas?" S'interrogea Watson.

"Le commissaire qui fait appel à ma personne est intimement convaincu que quelque chose cloche dans cette affaire. Il ne pense pas avoir mis la main sur le bon suspect. Il est intimement convaincu que le fils est une bien meilleure piste, mais il n'arrive pas à le prouver. Il espère que je serais plus apte que lui à le démontrer."

"Pourquoi ne croit-il pas en la culpabilité du mari?" Demanda Gabriel, s'insinuant dans la conversation comme si de rien n'était.

"Monsieur Mc Killian c'est trompé plusieurs fois en racontant sa version des faits. Une fois même il a raconté qu'il avait touché sa femme par deux fois. Les horaires qu'il a annoncé ont mainte fois changé, une fois il était 22h00 lorsqu'il est monté voir feu madame Mc Killian, une autre 23. De toute évidence Monsieur n'a pas bien apprit sa leçon. Nous pouvons dès à présent conclure de trois choses l'une."

Lança t-il en posant ses pieds sur le rebord de la fenêtre.

"Ce n'est pas un accident. On ne poignarde pas par trois fois une femme par mégarde. Le couple Mc Killian n'était pas le couple le plus soudé qu'il existe sur cette terre. En effet l'homme ne c'est pas soucié du devenir de sa femme avant que l'on ne découvre son cadavre, alors que celle ci était malade. Watson, si vous saviez votre femme alité, n'iriez vous pas lui rendre une petite visite avant d'aller vous coucher?"

"Bien sur que si! Je pense même que lui aurait fait la conversation."

"La troisième et dernière conclusion est que le meurtrier n'est pas monsieur Mc Killian, et je pense que je n'ai pas à justifier cette affirmation."

Les yeux de Holmes se portèrent sur Gabriel qui le regardait en prenant des notes dans son carnet. Il fronça les sourcils et décida d'ignorer le garçon pour le reste du voyage. Ce qu'il fit de manière experte. Il finit même par s'endormir, bercé par les mouvements répétitifs du train.

Ils mirent pied à terre devant l'inspecteur Swanson. Un homme, grand et maigre, plus blanc que blond. Son visage carré et dur était entouré de longue patte bien rasée. Toujours bien droit dans ses affaires, il regarda Holmes comme s'il s'agissait du bon dieu, venu sur terre pour l'aider. Il passa une grande main dans ses cheveux à la couleur si singulière, et invita ses deux nouveaux collègue à le suivre vers la voiture qu'il avait fait venir spécialement pour eux. Il suivait le détective, embrassant presque ses pas. S'il avait pu le faire, il lui aurait très certainement adressé une prière.

Holmes sembla soudain plein d'énergie et ceux d'autant plus lorsque le journaliste s'éloigna pour se trouver un fiacre. Il insista pour se rendre aussitôt sur les lieux du crime et ils montèrent dans une voiture tirée par deux chevaux à la robe brune qui s'ébranla avant de s'élancer sur la route.

La maison des Mc Killian ressemblait bien plus à un manoir qu'à une bicoque familiale. Fait de bois noir, elle faisait légèrement penser aux maisons hantées que Watson avait vu décrite dans certains livres que sa femme aimait à lire pour se faire peur. Une petite femme, vêtue d'une robe bleu surmontée d'un tablier blanc, ses cheveux de même couleur tirés en chignon, les accueilli sur le perron, tranchant étrangement avec l'air hostile de l'habitat. Elle leur lança un sourire triste en les invitant à entrer. Holmes monta quatre à quatre les marches de l'escalier, toujours aussi heureux de se lancer dans au coeur de l'action.

Il poussa la porte de la chambre de la défunte et se retrouva face à une pièce richement meublée. Un lit aux draps enduits de sang trônait au milieu d'un nombre impression de commodes et d'armoire. Celles-ci avaient été ouvertes et contenaient principalement des robes et des vestes somptueusement décorés. Il parcouru rapidement des yeux la pièce. Sur la table de nuit on pouvait voir une photo, représentant la famille posant devant la demeure. Le père tenait le fils par l'épaule alors que la mère se tenait en retrait. Holmes hocha la tête et s'avança vers le lit. Mais seulement, un petit tas de lettre s'y entassait. Prêt de la cheminée un fauteuil était renversé. Il remarqua des traces de pas ensanglantées, mais ne pu distinguer qu'une paire de chaussures. Le détective fit la moue. Au milieu des draps tachés de sang avaient été posé l'arme du crime.

Holmes ne quitta même pas la pièce pour mener ses investigations. Demandant un canif plat il se mit à fureter dans la pièce, tel un chat. Observant chaque chose avec un intérêt ne laissant rien échapper à son oeil de lynx. Il demanda à ce que l'on ouvre bien grand les volets, la journée n'était pas vraiment la plus lumineuse de la saison. Ainsi il passa plusieurs heures à tourner rond autour du lit, parfois debout, d'autre fois à quatre patte, le tout sous les yeux admiratifs du l'inspecteur Swanson.

Lorsque le détective observait ainsi des lieux, on ne le reconnaissait plus. Il marchait, le dos cambré, se baissait, se relevait, se déplaçait sur la pointe des pieds, inspectait tout et n'importe quoi dans une logique qui n'appartenait qu'à lui. Logique imparable de toutes évidences et ayant déjà fait ses preuves à maintes reprises. Par moment, il poussait un petit cri de victoire et bien souvent il se parlait à lui même. Watson aimait à dire qu'il se comportait comme possédé lorsqu'il se trouvait face à un nouveau cas. Enfin le détective se laissa tomber dans un fauteuil, sourire aux lèvres et il s'alluma une cigarette bien méritée.

Watson c'était retiré depuis un moment. Il était occupé à goûter une exquise tarte au pomme dans la cuisine quand on le fit appeler. Holmes voulait lui parler. Et tout de suite! Montant dans les étages pour retrouver son camarade, Watson fit une heureuse rencontre. Enfin pour lui. Et il n'eut pas le temps de dire mot lorsqu'il se présenta dans l'encadrement de la porte que le détective se redressait et se dirigeait vers lui.

"Maintenant que nous sommes seuls, il est temps que je vous expose ma théorie."

"Hé bien..." Marmonna Watson en souriant légèrement.

Une tête surmontée d'une casquette passa par dessus l'épaule de celui ci et un garçon au yeux violets fit son apparition. Holmes se rembruni aussitôt et poussa un soupir exaspéré, alors que le journaliste sortait son carnet et commençait à noter des choses.

"Ne vous gênez pas pour moi." Lança Gabriel en sortant de la pièce après en avoir fait le tour sous le regard assassin du détective.

Watson émit un petit rire amusé et s'approcha de son ami qui fulminait.

"Je vous écoute Holmes."

"Hé bien mon cher ami, je suis en mesure de prouver par a+b que Monsieur Mc Killian n'a rien à voir dans cette histoire. L'inspecteur Swanson a un bon nez, il a mit le doigt sur la bonne personne en désignant le fils.

"Voyons Holmes, celui ci n'était pas présent ce soir là, il est parti en voyage le matin même d'après les dire de son père et des bonnes. Je veux bien croire que vous êtes doué, mais..."

"Les absents ont toujours tord Watson!" Lança la voix de Gabriel dans le couloir. Holmes eu soudain un sourire, qu'il effaça aussi rapidement qu'il était apparu.

"Bien, que tout le monde vienne voir! Watson, prenez des notes!"

"Je crois que Gabriel s'en charge très bien tout seul." Rit Watson en regardant le garçon écrire frénétiquement dans son coin.

"Ce... garçon n'est pas mon ami et collègue le Docteur Watson et ceux dernier va donc prendre des notes pour ses histoires futures!"

Lorsque l'inspecteur Swanson les eux rejoint, Holmes alla se placer devant la porte de la chambre. Il alluma une nouvelle cigarette, soupira bruyamment.

"Bien. Je me présente Samuel Mc Killian. Je viens voir ma mère pour une raison bien particulière. Je suis d'ailleurs tendu et je fume une cigarette sur le pas de la porte. Je jette mon mégot, entre et me dirige vers le lit de ma mère. Je m'allume une nouvelle cigarette, que je fume en arpentant la pièce comme cela. Je passe souvent ma main dans mes cheveux, gominés. A un moment je me stop et posa ma main gauche sur ce meuble. Je tiens quelque chose dans cette main. Je dirais un papier. Je fini par me diriger vers la cheminée et j'y jette ce papier. Soudain, je m'énerve, renverse ce fauteuil, me dirige vers le lit de ma mère. Je m'appuie de mes deux mains sur la matelas, là je lui dis quelque chose qu'elle n'apprécie pas puisqu'elle me giffle. Je perds mes lunettes qui se brisent. Je m'empare du coupe papier qui se trouve sur la table de nuit où est entassé le courrier et la poignarde. Mon père arrive, ne prend pas soin de faire attention aux empreintes, nous portant les mêmes chaussures et avons la même pointure. Il ordonne que l'on fasse ma valise et je pars aussi vite vers la gare."

L'espace d'un instant tout le monde le regarda sans dire mot. Le journaliste fini par se racler la gorge.

"Et... comment pouvez vous en être sur?"

"Il n'y a rien de plus évident. Suivez moi bien! Je sais que notre homme c'est tenu devant la porte de la chambre en fumant une cigarette puisque celle ci en tombant sur la moquette l'a taché ainsi que légèrement brûlé. La maison n'a pas été touché depuis le meurtre afin de laisser les choses en état. Les domestiques étant compétents je n'aurais pas du voir cette tâche noir mais seulement les poils de tapis brûlé si cela était survenu à un autre moment qu'avant le meurtre. Ensuite, Monsieur à fait tomber des cendres de cigarette tout le long de ses allers et venus dans la pièce. J'en ai récupéré des les rainures du parquet grâce au canif. Ses cheveux étant gominés, en passant sa main des ses cheveux il en déposé sur sa peau. Peau qu'il a appliqué sur ce meuble, transvasant la gamina sur le bois."

Il fit tomber des cendres de sa propre cigarette sur le meuble en question et souffla délicatement dessus. Si la plus part des résidus de cigarette s'envolèrent aussitôt d'autre restèrent accrochée à une substance présente sur la surface plate du bois. Ainsi à force de déposer des cendres une forme net se dessina.

"Vous remarquerez au passage qu'il ne s'agit pas du plat d'une main mais de sa tranche, la main est fermée. J'en déduis donc facilement qu'il tenait quelque chose. J'ai supposé qu'il s'était dirigé vers la cheminé au cause du fauteuil renversé, il a du se diriger par là puisque sa mère n'a pas bougé de son lit. Je pense qu'il tenait dans sa main un papier car c'est la chose ayant pu brûler aussi facilement dans la cheminée et ne laisser aucune trace reconnaissable parmi les cendres. Enfin nous pouvons voir qu'à force d'être resté assise dans son lit Madame Mc Killian à laisser son empreinte bien net dans le matelas. Et surtout qu'elle n'a pas bougé! Donc si elle donné une claque à son fils c'est lui qui c'est approché. Pour les lunettes, j'ai trouvé cela par terre."

Dit-il en sortant de sa poche des petits éclats de verre.

"Si je vous dis: fumeur, portant des lunettes, cheveux gominés à qui pensez vous dans cette demeure Inspecteur Swanson?"

"A Samuel Mc Killian! Bon dieu! Monsieur Holmes! Mais vous êtes génial!"

"C'est le moins que l'on puisse dire." Souffla Gabriel, observant avec admiration le détective.

Ce dernier bombait le torse. On ne pouvait pas vraiment dire qu'Holmes était du genre à se flatter des compliments. Mais comme tout homme, il les accueillait avec plaisir. Watson vint lui donner une petit sur l'épaule, n'ayant pas besoin de lui montrer son admiration. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, ce n'était plus vraiment la peine.

L'affaire terminée, Holmes était rentré chez lui, devant supporter l'intolérable présence du journaliste que son ami docteur semblait apprécier. Les deux protagonistes riaient de bon coeur et Watson faisait l'inventaire des aventures du détective sous les yeux émerveillés du jeune homme qui semblait être l'un de ses plus fervents admirateurs.

Homes fut soulagé lorsqu'il poussa la porte de son appartement pour se poser dans son fauteuil préféré allumant un bon feu de cheminée. Mais bien vite l'ennui le prit aux tripes et le mit d'humeur massacrante. Un jeune vendeur de journaux en fit d'ailleurs les frais. Il s'attela à vérifier ses soupçons au sujet du mobile, ce qui ne lui prit pas plus de deux jours. Après quelques temps à tenter de s'occuper comme il le pouvait, le détective du se résoudre à se faire une injection de morphine, dernier recourt qu'il connaissait lorsque trop de temps séparés deux affaires. Mais alors qu'il préparait son matériel on vint toquer à sa porte. Le coeur du détective bondit et l'homme se dirigea vers son entrée, rangea seringue et fiole de liquide à la va vite dans un tiroir. Lorsqu'il ouvrit la porte, il fut tout simplement déçu de voir que ce n'était que Watson.

"Holmes!" Déclara ce dernier en souriant. "Me voilà heureux de vous voir!"

Le détective se traîna jusqu'à son fauteuil. Il s'assit, las et invita d'un geste de la main Watson à s'asseoir. Le docteur regarda tristement son camarade. Il n'était jamais agréable de le voir dans cet état pitoyable. Il réfléchi un instant... comment remonter le moral d'un détective en manque de réflexion? Il sourit.

"Et alors, ce mobile?" Lança t-il avec joie en se posant.

Holmes leva ses yeux noirs vers son ami et lui sourit. Il était touché par ce geste. Il se redressa, et entama son récit.

"Comme l'on pouvait s'en douter, monsieur et madame avait quelques problèmes de couple et ce n'était pas la première fois que cela arrivé à Madame Mc Killian. Je n'ai eu aucun problème à faire parler ses anciennes soit disant amies. La femme était connue pour ses aventures extra-conjugales. Elle n'est jamais resté bien longtemps avec un homme. Allez savoir pourquoi elle c'est mariée avec celui-là. Son union ne l'empêcha pas d'aller voir à droite et à gauche. Les femmes!" Soupira t-il en joignant ses mains.

"Malheureusement la discrétion n'ayant jamais été son fort presque tout Londres était au courant des ses petites escapades coquines. . Monsieur Mc Killian m'a avoué le savoir depuis plusieurs années, et il s'était fait à cette idée le pauvre homme. Mais pour son fils, ce n'était pas pardonnable. Il en discuta plusieurs fois avec sa mère. Lorsqu'elle lui avoua que son père n'avait jamais rien été pour elle, et lui non plus d'ailleurs, le jeune garçon c'est laissé submerger par la rage. Voilà tout mon ami, la colère."

"Une bien triste histoire Holmes."

"N'est-ce pas."

Watson se laissa glisser dans son siège et après un temps de silence, sortit un journal. Holmes y jeta un coup rapide et après quelques secondes, laissa échapper un grognement qui surprit Watson. Il tourna la page pour voir un article signer de la main de Gabriel portant comme titre "L'affaire Mc Killian, une nouvelle victoire de Sherlock Holmes". Il eu un sourire.

"Vous savez mon ami, Gabriel est un auteur talentueux."

"Je n'en doute pas..." Grogna Holmes en allumant sa pipe. "Et du moment qu'il reste loin de moi..."

"Je sais Holmes... tout vous va."