- PROLOGUE -
- Il y a quelque chose que vous n'avez pas… la perception du monde qui vous entoure !
Vous traversez la vie sans vous préoccuper des gens, vous n'êtes que haine et colère ! Vous méprisez vos élèves, vous supportez tout juste vos collègues !
Une respiration et elle reprit :
- Comment pourrions-nous ressentir autre chose que du dégoût pour vous… au mieux nous ne vous accorderons que de l'indifférence !
Sur ces mots elle quitta la pièce en claquant la porte, les pauvres montants de bois n'avaient connu jusqu'ici que les ires du professeur de potions… mais ils n'apprécièrent pas le changement pour autant !
Médusé, le regard fixe et les pupilles de ses yeux noirs ne semblant plus n'être qu'une ligne verticale, le professeur Rogue reprit peu à peu ses esprits.
L'éclat que venait de faire la jeune femme était, à n'en pas douter, à mettre au summum des situations les plus ridicules qui pouvaient arriver.
Et dans le terme ridicule, aucun humour ne se cachait, c'était certain !
Le silence qui s'installa dans son bureau, où même le feu brûlant dans la cheminée semblait s'être figé, ne présageait rien de bon…
Personne n'avait jamais osé LUI parler ainsi siffla-t-il entre ses dents… PERSONNE !
- CHAPITRE 1 -
Mais revenons au début de l'histoire…
C'était le joli mois de Mai, les fleurs multicolores s'épanouissaient dans le parc et le ciel d'un bleu azuréen… HUM HUM, pffff attendez une minute, c'est un peu trop… enfin quand je dis trop c'est… en fait… pas assez… en fait, pas assez sombre en comparaison de l'esprit qui avait actuellement devant lui ce joli tableau.
Bien sûr, l'année scolaire était en train de se terminer et au rythme où devaient se faire les corrections des futurs examens, il savait bien que cela lui paraitrait encore plus court.
Mais alors… pourquoi ce sentiment de perte, ce n'était certainement pas le futur départ de ses élèves ou même le fait de ne plus voir les autres professeurs durant les mois d'été qui le gênaient, « bien au contraire »pensa-t-il avec un soupçon d'ironie.
« Au fond, je le sais bien » se dit-il en soupirant… depuis des années à une date assez fluctuante, il avait ce sentiment en sachant qu'il devrait bientôt s'éloigner de Poudlard.
Le château apparaissait parfois à Severus comme le seul lieu où il se sentait vraiment chez lui.
Malgré la présence de tous ces cornichons décérébrés, tout juste bons à gribouiller sur leurs parchemins, et malgré certains collègues à peine plus éveillés que leurs classes, « les grandes vacances » prenaient chaque année un goût de plus en plus amer…
Ses pensées noires coulaient désespérément comme son regard devant le lac où il se tenait.
Et au contraire de tout ce petit monde qui avait des « projets » pour en profiter, lui… n'en avait aucun. Même le Calamar géant devait se sentir moins glacé au fond…
Une semaine passa et ce matin là avait un air de déjà vu.
Le professeur Rogue se réveilla en ayant au moins la satisfaction que cette journée sonnait le glas des examens. La date se rapprochait où il n'aurait plus à supporter les petits scribouillards qu'il avait tant bien que mal essayé d'éduquer tout au long de l'année.
L'un dans l'autre, il devait bien s'avouer que le niveau de ses élèves n'avait pas été aussi désespérément dramatique qu'il avait pu le prévoir.
La fermeté dont il avait fait preuve dans ses cours devait avoir porté ses fruits.
Une grimace de demi-satisfaction aux lèvres il repoussa ses draps et se dirigea vers sa salle de bain privée.
Ses appartements étaient perdus au fin fond des cachots, avantage appréciable pour une personne qui préférait à tout autre chose, le calme.
Comme chaque matin, une rapide douche froide lui permit de chasser les brouillards de la nuit qui encombraient encore ses esprits.
Severus s'examina quelques minutes dans la glace. Ses traits tirés, son visage pâle disaient à quel point ses nuits pouvaient être hachées.
Il avait pris, depuis des années, l'habitude de dormir par tranches de quelques heures. Il n'était pas rare qu'en plein milieu de la nuit une soudaine idée le réveille et qu'il file jusqu'à son labo, contigü à l'appartement, pour tester une nouvelle potion sortie directement de son cerveau rarement au repos.
Parfois durant ses crises d'insomnies, il lui arrivait de corriger également quelques copies, ce qui permettait de ne jamais être en retard sur son programme …
Il se recouchait ensuite pour terminer sa nuit, se réveillant de nouveau aux premières lueurs de l'aube. Les fenêtres du cachot en forme de bulles se trouvaient sous le lac et les rayons du soleil naissant traversant les eaux limpides se reflétaient sur les murs de ses quartiers, donnant une allure fantasmagorique aux lieux, à l'image de leur occupant.
Se dirigeant de nouveau vers sa chambre, il découvrit, comme d'habitude, les habits qu'il porterait ce jour.
Les vêtements étaient soigneusement nettoyés et disposés sur le lit par les elfes de maisons appartenant à Poudlard, petit privilège d'être un sorcier dans cet excellent établissement.
Quelques minutes lui suffirent pour être prêt, pantalon noir ajusté, chemise blanche, bottes noires, gilet et robe noire de sorcier irisée de vert rappelant la maison Serpentard dont il était le directeur, tel était le costume qu'inlassablement il portait chaque jour.
Une montre de gousset retenue par une chaîne d'argent complétait sa tenue.
Le professeur Rogue était grand, se tenait extrêmement droit, ses collègues auraient dit : « De manière rigide ».
Si son choix vestimentaire avait été, à la base, une volonté de vouloir passer inaperçu, les nombreuses années passées à Poudlard avaient façonné une image du professeur qui inspirait non seulement le respect mais surtout la crainte.
Aucun élève trainant dans les couloirs à des heures indues ou dans des recoins non autorisés ne se risquaient à commettre deux fois la même erreur s'il avait eu la malchance de le croiser une première fois lors de son tour de ronde.
Traversant le salon, il attrapa sa cape posée négligemment sur le divan, d'un geste ample, la jeta sur ses épaules et tout en claquant la porte de ses quartiers, en ferma la fibule d'argent en forme de serpent.
Une nouvelle journée commençait, il remonta vers la Grande salle pour le sempiternel petit déjeuner entre collègues. 7h00 sonna à la cloche de la tour de Poudlard.
- Mes chers confrères, comme vous le savez, aujourd'hui est le dernier jour des examens, les 7emes années terminent leurs Aspics (Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante) et nous accueillons comme depuis le début de la semaine les examinateurs des différentes options qui sont en sessions ce jour.
Le sourire aux lèvres, le professeur Dumbledore, directeur de Poudlard, s'était levé dès la fin du petit déjeuner pour faire cette annonce.
Le mage à la longue robe bleue et argent se retourna vers les cinq personnes inhabituellement présentes au château.
- Veuillez faire le meilleur accueil à Mr Vari, évaluateur en métamorphose, qui nous vient d'Inde, Mr MacGyrev Neil et MacGyrev Lans, qui sont frères, mais également formateurs à l'institut Durmstrang, respectivement en sortilège et divination, Ms Wonder venue tout droit de l'école privée USA et professeur de Potion et pour finir Miss Elena Graves, une de nos compatriotes, actuellement en poste de DFCM à l'institut Beauxbâtons .
Un murmure de bienvenue et quelques regards curieux en provenance de la table des professeurs de Poudlard accueillirent ces informations.
C'était toujours un événement rare de pouvoir rencontrer des collègues venant d'autres établissements.
Le professeur Rogue, assis à la droite du professeur de métamorphose, MacGonagall, ne put s'empêcher de remarquer une lueur de surprise dans le coup d'œil que celle-ci jeta à l'énoncé du nom de Miss Graves.
- Cette jeune femme vous intrigue ? Vous la connaissez déjà ? Susurra-t-il à son homologue en se penchant discrètement vers elle.
- Il me semble en effet avoir déjà entendu ce nom, mais par Merlin, je ne sais plus en quelle occasion !
- Peut être devriez-vous prendre de cette excellente potion dont les élèves abusent pendant les examens ricana Rogue, elle vous éclaircirait la mémoire…
- Nul besoin de potion ou sortilège je vous rassure Severus ! répondit MacGonagall d'un air pincé. Et si votre manque d'amabilité ne vous étouffe pas avant l'heure, je pourrai certainement vous donner la réponse dès que j'aurai discuté avec cette demoiselle.
Le sourire ironique, Rogue se désintéressa momentanément de sa voisine pour observer de nouveau la jeune examinatrice.
La jeune femme était assez grande. Elle avait les cheveux noirs de jais, longs, raides et ne devait pas avoir plus de 25 ans. S'il n'était pas rare que des élèves doués, tel que lui à ses débuts, puisse accéder à des postes à responsabilités, il se demandait comment une femme aussi jeune pouvait avoir les compétences requises pour la matière ardue qu'était la défense contre les forces du mal.
Poste qui, comme tout le monde le savait, à son grand mécontentement, lui avait toujours été refusé à Poudlard.
Perdu dans ses pensées, il ne pouvait toutefois pas faire abstraction de la grâce et du maintien de Miss Graves, ses traits fins, sa longue chevelure qui encadrait l'ovale d'un visage parfait n'étaient pas pour lui déplaire. Peut-être pouvait-on juste lui reprocher la froideur de ses yeux bleu-gris, mais en termes de regard glacial, Roque devait bien admettre que ses iris obsidiennes n'avaient rien à lui envier.
L'objet de son attention, ayant fini sa conversation avec son voisin, releva la tête, leurs regards se croisèrent, il eut l'étrange impression de plonger d'un coup dans un grand lac glacé.
De son coté Elena (nous l'appellerons familièrement ainsi) que la conversation avec son consœur commençait à ennuyer, avait jeté un coup d'œil vers la table des professeurs de l'école qui les accueillaient.
L'homme assis à coté de la directrice adjointe la fixait étrangement.
Elle n'ignorait pas la curiosité que leur venue pouvait déclencher, mais le regard qui lui était actuellement adressé en était exempt.
Il semblait plutôt vouloir lire en elle comme dans un livre ouvert, si c'était le cas, cela allait donner du fil à retordre au malotru, Elena étant depuis bien des années une experte pratiquante d'occlumancie, savoir ancestral qui consistait à bloquer toute tentative d'intrusion dans les pensées.
Ayant tout de même un léger doute sur les intentions du propriétaire du regard d'onyx, elle préféra détourner le regard et mettre fin ainsi à cette joute mentale.
Ses yeux se posèrent tout naturellement sur le plafond de la grande salle qui, en ces premiers jours de Juin, resplendissait d'un magnifique soleil artificiel, similaire à l'original qui se trouvait dehors.
Ce plafond magique, évoluant au fil des saisons, du temps et des évènements, était une particularité de Poudlard qui forçait l'admiration de tous les visiteurs.
Apparemment déçu par la rapidité avec laquelle la jeune enseignante avait brisé le contact visuel, Rogue se leva abruptement, déséquilibrant quelque peu le minuscule professeur Flitwick qui avait partagé le petit déjeuner à sa droite.
S'excusant d'un marmonnement inintelligible, il disparut, dans un majestueux tourbillon de cape, par la petite porte située derrière la table des professeurs.
L'examen pratique de potion débutait à 8.00h et il se faisait déjà un plaisir en anticipant les réactions de stress et d'angoisse que les dernières années allaient subir en piochant le sujet, sur lequel ils devraient plancher, dans la coupe réservée à cet effet.
Dans un froncement de sourcils, il pensa : « J'espère que ces petits idiots auront assez de maîtrise sur eux-mêmes pour réussir le plus brillamment possible cet examen, j'aurai peut-être ainsi l'impression que je n'ai pas dépensé tout ce temps à enseigner dans le vide »
Alors que ses derniers pas l'amenaient à la salle d'examen il songea également : « Si tous les élèves avaient autant envie d'apprendre que cette petite Miss Granger, actuellement en première année, je me ferais moins de soucis sur l'éventualité d'une explosion de chaudron ».
Sur cette dernière pensée, il se retrouva à la porte de la salle où l'enseignante en potions et examinatrice Américaine, Ms Wonder, l'attendait. Dans un geste d'une élégance peu commune il l'invita à entrer.
La porte se referma derrière eux dans un petit grincement agaçant.
Une légère brise faisait frémir les feuilles des arbres délimitant la Forêt interdite.
Suite à la journée marathon que venait de vivre Elena, elle avait décidé de profiter du calme et de la fraîcheur du magnifique parc.
Les examens s'étaient déroulés sans incident notable, le niveau des élèves l'avait cependant déçue, peut-être fallait-il mettre cela sur le compte du professeur Quirrell.
« Comment peut-on confier un tel cours à un professeur qui semble terrorisé en permanence et qui a peur de sa propre ombre » soupira-t-elle.
« Enfin, la journée est terminée, il ne me reste plus qu'à voir le Professeur Dumbledore, je n'ai pas encore compris pourquoi il avait jugé bon de me convoquer… hum, j'en profiterai pour lui demander de rester ce week-end, l'accès à bibliothèque de Poudlard et en particulier sa réserve me serait très utile, j'espère qu'il accédera à ma requête »
L'image du Directeur de Poudlard la fit sourire, « Quel personnage, excentrique et cependant si maitre de lui », elle avait pu le remarquer quand il avait détendu l'atmosphère pesante du déjeuner pris en commun dans la grande salle.
Ses quelques blagues et jeux de mots, d'un niveau parfois peut être un peu enfantin avaient été très récréatifs.
Il faut dire que, malheureusement pour elle, la proximité du maître des potions, placé en face de sa chaise, avait jeté un léger froid en début de repas, au contraire de ses collègues qui s'étaient tous montrés si charmants tout au long de cette journée.
« Quel homme étrange, si silencieux, seuls ses regards parlent pour lui »
Elena n'avait cependant pas été surprise d'apprendre de la bouche de Ms Wonder que celle-ci avait été favorablement impressionnée par la rigueur des aspirants à l'examen de potions.
« Il a l'air de savoir tenir son rôle d'enseignant et il a réussi à inculquer ses méthodes aux jeunes élèves, mais pourquoi faut-il donc qu'il soit si peu communicatif avec ses confrères ? »
Arrogance, désintérêt… elle n'avait pas encore pu le définir.
Ses pas l'ayant guidée près de la cabane du Gardien des clés, elle fut surprise d'entendre la voix de l'objet de ses dernières pensées.
- Pensez à me mettre de côté quelques crins de licorne Hagrid, j'en aurai besoin pour les cours de potions l'an prochain …
- Bien sûr, professeur Rogue, mais quelle pitié de devoir encore enterrer l'une de ces merveilleuses créatures, lui répondit la voix de baryton de son interlocuteur.
- Cela ne s'arrêtera-t-il donc jamais ?
- Vous savez bien Hagrid, que tous les professeurs sont sur le qui-vive, il n'y a pas eu d'intrusion, certains pensent qu'ils n'y en aura pas, bien que je ne partage pas leur optimisme. Mais si cela arrive nous trouverons le coupable, quoi qu'il en soit, grinça-t-il.
Les bosquets qui cachaient à la vue d'Elena les deux protagonistes, lui firent rater le mouvement de départ du professeur de potions, qui dans les secondes qui suivirent se retrouva face à elle, manquant de peu de la percuter.
- On espionne ? Lança-t-il, la dominant de sa haute taille.
Se raidissant sous la remarque, mais nullement impressionnée elle répondit :
- Pourquoi ? Il y a quelque chose d'intéressant à apprendre ?
La pupille de son interlocuteur s'étrécit : - Vous ne me ferez pas croire que vous étiez là par hasard !
- Est-ce naturel chez vous cette propension à la paranoïa ? Ou bien forcez-vous le trait spécialement pour moi ?
Le regard de Rogue se fit encore plus perçant et Elena commença à sentir une sorte de petit fourmillement dans son cerveau.
- Oh non, non, non, n'essayez pas de lire dans mon esprit, vous perdez votre temps, je suis une très bonne occlumens et cela pourrait bien se retourner contre vous, sachant que je possède également le pouvoir contraire !
Un mouvement de recul de Rogue permit à Elena de rompre le contact visuel.
- Ne tentez jamais plus d'envahir mon esprit, Professeur Rogue, je ne peux pas vous forcer à avoir confiance en moi, mais toute nouvelle tentative d'intrusion pourrait rendre nos rapports bien plus désagréables pour vous qu'ils ne le sont actuellement, vous n'avez pas idée !
Sur ces mots elle lui tourna le dos et se dirigea de nouveau vers le château ou Dumbledore l'attendait.
Rogue, légèrement surpris, resta figé comme une statue quelques secondes avant de maugréer : - Malgré ses belles paroles, elle ne m'enlèvera pas de l'esprit que sa présence n'était pas fortuite…
Elena venait à peine d'atteindre le hall du château quand elle croisa trois jeunes élèves de Gryffondor reconnaissables à leur tenue rouge et or et qui couraient comme si Merlin les poursuivait. Elle eut à peine le temps de s'écarter pour éviter l'un d'entre eux.
- Harry, souffla la jeune fille du groupe, fais attention !
- Désolé professeur ! Hermione, vite, il faut vraiment que nous parlions à Hagrid le plus rapidement possible.
- Je sais qu'il est dans sa cabane leur dit Elena, attention de ne pas croiser votre professeur de potions, il est d'une humeur exécrable !
- Oh Merci ! Madame euh… ?
- Miss Graves, jeune homme, je me nomme Miss Graves et…un service contre un service … Pouvez-vous m'indiquer le bureau du Directeur ?
- Bien sur répondit Hermione, vous montez ces escaliers jusqu'à la gargouille et c'est là, mais il vous faudra le mot de passe…
- Merci … Hermione, c'est çà ?
Et sur un dernier salut à Harry, Hermione et bien sur Ron, elle s'élança dans l'ascension de la volée d'escaliers qui menait au bureau de Dumbledore.
Celui-ci, situé dans la tour au deuxième étage, était effectivement gardé par une gargouille.
Un peu désemparée, Elena relut la note du Directeur qui lui avait été donnée par MacGonagall dans l'après-midi :
Me feriez vous l'immense plaisir de me rejoindre dans mon bureau à 17h00, j'ai à vous entretenir de certaines choses.
PS : Les chewing-gums crées par maitre Bullard sont mes friandises françaises préférées, qu'en pensez-vous ?
–DUMBLEDORE-
Un éclair de compréhension illumina le regard de l'enseignante et c'est sans hésitation qu'elle s'adressa à l'horrible statue pour lui fournir le mot de passe : - Ballongommes
A sa grande surprise, la gargouille opéra une grimace qui pouvait ressembler à un sourire et s'écarta pour laisser apparaître un escalier hélicoïdal.
Alors qu'elle posait ses pieds sur la première marche, l'escalier de pierre se mit à monter lentement tandis que l'entrée cachée par la gargouille se fermait derrière elle. Une porte de chêne polie avec un marteau en forme de griffon l'accueillit à la fin de l'ascension.
Derrière le panneau de bois, une voix masculine relativement distincte était en train de dire.
- Bien sûr, bien sûr, je me rendrai à la convocation du ministère dès que possible.
Suivi de : - Entrez Miss Graves, je vous attendais !
- CHAPITRE 2 -
Poussant doucement la porte, elle entra dans l'une des plus étranges pièces qu'elle ait jamais vues, circulaire, elle comportait de nombreuses hautes fenêtres, certaines d'entre elles avaient pour panorama les montagnes entourant Poudlard.
Les éclats du soleil déjà bas qui frappaient les carreaux rebondissaient ensuite sur une multitude d'objets en verrerie aux contenus vaporeux et d'autres en argent qui semblaient bourdonner doucement.
Des portraits de sorciers et sorcières actuellement assoupis couvraient les murs et elle discerna sur un perchoir ce qui semblait être un Phénix.
Focalisant enfin son regard sur le Directeur qui, assis tranquillement derrière son bureau, attendait. Elle ne put s'empêcher de sourire en voyant, face à elle, les yeux myosotis pétillant malicieusement derrière ses lunettes en demi-lune.
- Je ne doute pas que vous connaissiez l'exacte propriété de chaque objet dans cette pièce et je serai certainement ravi d'en discuter ultérieurement mais ce n'est pas pour discourir de cela que je vous ai fait venir.
D'un petit geste il lui indiqua le fauteuil en chintz gris et noir placé en face de lui.
Elena s'assit rapidement et d'un sourcil interrogateur attendit que Dumbledore s'explique :
- Vous avez eu l'occasion aujourd'hui de voir le niveau des élèves de dernière année de Poudlard lors de leurs examens de DCFM.
Je dois avouer malheureusement que celui-ci ne reflète pas exactement les ambitions avouées de certains de nos parents d'élèves dans ce domaine, le professeur Quirrell est quelque peu… dépassé, dirons nous. Le jeune homme que j'ai embauché ne s'est finalement pas révélé sous son meilleur jour.
Croisant et décroisant ses longs doigts tout en parlant, il ajouta :
- C'est pourquoi… Je souhaiterais vous proposer le poste pour l'année prochaine.
- Mais j'ai déjà un poste, répondit Elena.
- Je sais, je sais, j'ai discuté avec Mme Maxime, votre Directrice, qui m'a dit que vous étiez très attachée à Beauxbâtons.
- C'est exact, j'ai beaucoup de plaisir à enseigner en France bien que ce ne soit pas mon pays d'origine … dit-elle en se redressant dans son fauteuil.
- Humm humm, loin de moi l'idée de vous contrarier, bien au contraire, je souhaiterais juste que vous réfléchissiez, une petite année à Poudlard pourrait être bénéfique pour nous tous.
Mme Maxime a convenu avec moi que cela favoriserait l'entente et la coopération entre établissements.
L'amabilité du Directeur qui la couvait doucement du regard en attendant une réponse, ne facilitait pas à Elena l'organisation de ces idées. Elle ne s'attendait pas du tout à cela en venant.
- Puis-je réfléchir à votre proposition ?
- Bien sûr ma chère, rien ne presse, de toutes façons je suis attendu au ministère, je dois m'y rendre dès maintenant.
Que diriez-vous de rester ce week-end ? Nous avons de quoi vous loger agréablement, et nous en rediscuterons, de plus j'ai cru comprendre que vous étiez fascinée par notre bibliothèque, cela vous donnera le temps d'étudier quelques uns de nos livres, termina-t-il dans un dernier sourire.
Heureuse d'obtenir, sans avoir eu à le demander, l'autorisation de rester à Poudlard, Elena acquiesça
- Je vais demander au Professeur MacGonagall de vous montrer vos appartements, je vous souhaite une excellente soirée, à bientôt !
Et sur ces mots il la raccompagna à la porte.
L'heure du diner étant encore loin, Elena décida donc de remonter au quatrième étage en direction de la bibliothèque. « Poudlard n'aura bientôt plus de secrets pour moi »pensa-t-elle.
A cette idée, un certain bien être l'envahit, ce serait agréable d'apprendre à connaître tous les recoins du château …
La bibliothèque de Poudlard était célèbre pour renfermer des myriades de livres sur des milliers d'étagères, ce qui se confirma à Elena lorsque celle-ci s'y introduit.
Mme Pince en était la jalouse gardienne, elle n'admettait aucune entorse au règlement.
Cette femme, grande et sèche, au nez busqué, semblait attendre Elena debout devant son pupitre. Elle faisait penser à un mélange de vautour et de dragon femelle.
Avant même que la jeune femme n'ait pu se présenter, la bibliothécaire s'exprima dans ces termes : - Le Directeur m'a prévenue de votre visite, vous avez accès à tous les ouvrages de l'école, ce qui inclut, précisa-t-elle dans un pincement de lèvres, ceux de la réserve.
L'ayant remerciée Elena se dirigea vers la section Sortilèges de la réserve, délimitée par un cordon, elle savait pouvoir y trouver ce qui la ferait patienter jusqu'au repas.
Et en effet quelques minutes après, confortablement installée dans un des fauteuils qui jouxtaient les nombreuses tables de travail, elle était plongée dans « Sorts et enchantements anciens et oubliés ».
Rogue, qui venait de croiser le trio infernal, retournait tranquillement vers la salle des professeurs. « Encore à trainer dans les couloirs ces trois là, Potter avait un air coupable, je vais continuer à le surveiller, il finira bien par se faire prendre la main dans le sac, il ne faudrait pas que toutes ces histoires de troll, d'attrapeur au Quidditch et autres inepties lui montent à la tête ou il finira par ressembler définitivement à son père ! Sale gamin ! » Une grimace de dégoût déforma ses traits alors qu'il entrait dans la salle.
Le dîner arriva enfin, Elena eut la bonne surprise d'être placée à côté de MacGonagall et surtout loin de Rogue. Si une chose négative devait peser dans la balance de la décision qu'elle avait à prendre, il était certain que la présence d'un certain professeur de potions dans cette école n'y serait pas pour rien …
Ces autres collègues étaient partis, les examens étant terminés, elle était seule à rester au château, suite à l'étrange conversation qu'elle avait eue avec le Directeur.
Entre deux phrases échangées avec le professeur de métamorphose, Elena laissait son regard glisser le long de la salle à manger. Les élèves des quatre maisons, affamés suite à leurs pénibles examens, s'étaient avec un enthousiasme certain, jetés sur la nourriture qui apparaissait magiquement sur les tables.
Seul un petit groupe, composé des trois jeunes gens qu'elle avait rencontrés en fin d'après midi, ne partageait pas l'euphorie générale. Harry, Hermione et le rouquin dont elle ne connaissait pas le nom se parlaient en chuchotant et lançaient parfois de discrets regards excédés vers le professeur Rogue.
Avec un sourire complice à leur attention, Elena ne put s'empêcher de penser qu'une certaine unanimité (oserons nous dire hostile ?) se créait naturellement contre ce fameux professeur !
Le dîner enfin terminé, le professeur MacGonagall l'accompagna à la porte des appartements qui lui avait été attribués pour le week-end et lui donnant le mot de passe qui permettait d'y accéder, lui souhaita une bonne nuit.
Cette journée un peu particulière était enfin arrivée à son terme… elle avait bien mérité de se reposer… enfin elle le pensait.
Quelle ne fût donc pas sa surprise lorsque des bruits sourds la réveillèrent quelques heures seulement après s'être endormie.
Quelqu'un tapait furieusement à sa porte !
Se levant précipitamment, elle se dirigea dans un léger brouillard vers le tableau qui gardait l'entrée de sa chambre. A peine ouvrit-elle qu'une MacGonagall essoufflée lui tomba dans les bras en murmurant : - Il s'est passé quelques choses, trois élèves de ma maison ont disparu, nous avons besoin de votre aide !
- Mais quoi,…comment ?
- Le jeune Potter et ses amis ... ils sont partis à la recherche de la pierre philosophale cachée au deuxième étage, Dumbledore est parti les chercher mais… on ne sait jamais, venez, vite, il n'y a pas de temps à perdre !
Elena eu juste le temps d'attraper sa cape pour masquer sa chemise de nuit, que déjà, Minerva lui empoignait le bras pour la forcer à la suivre.
Ayant rejoint les autres professeurs : Flitwick, Rogue, Chourave, dans le couloir du deuxième étage de l'aile droite ils s'enfoncèrent à la suite de la sous-directrice sous la trappe que masquait partiellement l'énorme corps d'un chien à trois têtes, ses babines baveuses vibrant au rythme d'une respiration heureusement calme.
Elena ne put s'empêcher de penser que l'école était tout de même un endroit peu approprié pour garder une bête qui n'avait vraiment rien de commun avec un chihuahua.
La suite des pièces qu'elle découvrit ensuite recelant une immonde plante appelée filet du diable, ainsi que la salle des clés volantes ne la rassurèrent pas plus sur la capacité qu'avait le dirigeant de cette école à défier toutes les lois élémentaires de sécurité dues à ses élèves.
Elle commençait à croire que le fait de vivre dans le monde magique avait un peu perturbé les grands esprits de cette école.
Mais ce fut avec un soulagement certain qu'ils trouvèrent Hermione, tenant sur ses genoux la tête de son ami roux qui ne semblait qu'un peu groggy.
- Ça ira dit-elle, Ron a juste été assommé par la Reine blanche, le professeur Dumbledore vient de passer, il est allé rejoindre Harry pour faire face à Ro ...
Hermione n'acheva pas sa phrase, elle venait apparemment de réaliser quelque chose en fixant l'homme aux cheveux noirs qui se tenait devant elle et qui vérifiait l'état de Ron.
- Mais qu'est ce que vous faites là !? S'indigna-t-elle
- Ce serait plutôt à nous de vous poser la question, avez-vous la moindre notion de ce que l'expression « couloir interdit » veut dire ? Questionna-t-il avec rage.
Ses yeux noirs lançaient des éclairs… - Mais alors si ce n'est pas vous ... reprit Hermione.
- Si ce n'est pas moi qui quoi ? Allez-vous enfin vous exprimer de façon sensée ? dit-il en se mettant presque à rugir.
- Professeur Rogue… commença Elena en posant sa main sur le bras gauche du maitre des potions. Je ne pense pas que c'est en lui criant dessus que vous obtiendrez des réponses.
- Cessez avec vos sautes d'humeurs ! Nous devons encore retrouver Harry et le directeur s'énerva MacGonagall. S'il vous plait, Professeur Flitwick, Pomona, veuillez conduire ses enfants à l'infirmerie.
Traversant l'échiquier géant qui avait été le théâtre de cette conversation, mais qui auparavant semblait avoir subi la pire des batailles, les trois derniers professeurs se dirigèrent vers la porte du fond.
Le fait d'enjamber un troll assommé dans la pièce suivant ne perturbant pas plus que ça ses acolytes, Elena commença à faire preuve d'un certain sens pratique et se dit, qu'après tout, elle aurait bien le temps de s'inquiéter quand ses collègues feraient de même.
- Si je ne m'abuse, vous semblez tous deux connaître chaque pièce que nous traversons, avança Elena tout en contournant le bras du troll.
- Bien sûr ! … Ne soyez pas stupide, puisque c'est nous même qui les avons ensorcelées ! Lui répondit Rogue.
- Pour garder la pierre Philosophale …
- Vous comprenez vite mon petit, dit MacGonagall d'un ton plus doux.
- Reste-t-il encore beaucoup de sortilèges ?
- Le mien seulement, jeta la voix sifflante de Rogue, mais je vous éviterai l'empoisonnement, c'est promis.
Elena eut presque immédiatement la réponse à ses interrogations quand ils entrèrent dans une salle où il n'y avait rien de plus effrayant qu'une série de 7 fioles d'aspect disparate posées sur une table en bois.
- Effectivement… fit-elle tout haut.
- La fiole nécessaire pour libérer le passage est vide, marmonna Rogue, impossible d'aller plus avant !
- Et bien sur vous n'avez pas prévu de solution de secours… pour les secours justement !
- Personne n'était censé arriver jusqu'ici ! Ce n'est tout de même pas ma faute si ce couloir a fini par ressembler à un quai de gare ! Maudits élèves !
- Ne sautez pas trop vite à la conclusion professeur Rogue, c'est peut être la meilleure chose qu'ils aient faite de la journée !
- Comment pouvez-vous… ?
Elena l'empêcha de parler en s'avançant vers les flammes noires qui les séparaient encore de Dumbledore et du jeune Harry.
- Je constate simplement que les défenses mises en place pour la protection de la pierre philosophale viennent d'être passées par un gamin de quoi… 11 ans ?
Ces pupilles s'étrécirent, signe d'une intense concentration, pendant que ses mains touchaient presque le rideau de flammes. ' Evanesca Héphaisto'
Et à la surprise de MacGonagall et d'un Rogue abasourdi, les flammes s'éteignirent, libérant le passage.
Helena se retourna en souriant et dit : - J'ai bouquiné avant de m'endormir… un livre sur les sortilèges, il y en avait un qui faisait référence à la façon d'éteindre les feux des volcans…
- Et tout naturellement il vous est revenu à l'instant…, vous êtes une jeune femme étonnante Miss Graves.
- Merci professeur MacGonagall ! répondit Elena en rougissant légèrement.
- On ferait bien d'y aller, ajouta le professeur Rogue en avançant à travers l'ouverture.
- Nous ne savons pas ce qui est arrivé à…
- Rien qu'un petit séjour à l'infirmerie ne puisse guérir, répondit la voix étouffée du Professeur Dumbledore. Mais vous devriez vous dépêcher d'y amener ce garçon, il vient de livrer une dure bataille.
Un soupir de soulagement expirant sur les lèvres de MacGonagall vint conclure cette phrase.
Les trois professeurs pouvaient à peine discerner dans la pénombre de la pièce, le corps de Dumbledore penché sur Harry et son regard un peu inquiet qui allait de l'un à l'autre des protagonistes. La scène se reflétait à l'infini dans le grand miroir qu'Elena voyait devant elle.
- EPILOGUE-
- Et bien Elena, vous serez ravi d'apprendre, que le jeune Harry va beaucoup mieux.
- Il a repris conscience ?
- A l'instant, la pauvre Pom Pom va devoir l'attacher si elle veut qu'il reste tranquille dans son lit, il est en pleine forme ! Sa barbe blanche tressautait au rythme de ses gloussements.
Elena qui commençait à avoir une certaine idée du sens de l'humour de Dumbledore lui renvoya un franc sourire.
- Peut être devrait-elle demander à Rogue d'opérer un sortilège du saucisson sur Harry, je suis sûre qu'il en meurt d'envie.
- LE PROFESSEUR Rogue, Miss Graves, ne ferait pas de mal à un élève, vous pouvez en être persuadée.
Reniflant légèrement devant la grande confiance qu'accordait Dumbledore à son collaborateur, Elena n'insista pas.
- Cependant professeur, vous ne pouvez nier que quelques 'Incarcerem' empêcheraient vos élèves trop curieux de se retrouver dans des situations impossibles !
- Pensez-vous que la curiosité soit un défaut Miss Graves ?
- Comme beaucoup de qualités poussées à l'extrême, elle peut le devenir…
- Et cela dépend de quoi à votre avis… ? demanda-t-il
- Eh bien, je pense que cela dépend essentiellement de la personne qui en use.
- Voila en quoi je vous rejoins tout-à-fait chère Elena, si Harry et ses amis ont poussé la curiosité jusqu'à accéder au couloir interdit, ce n'était pas du tout dans un but négatif. ILS VOULAIENT savoir dit Dumbledore en appuyant sur les mots, ils voulaient savoir qui se cachait derrière les événements et ils voulaient l'arrêter.
- Comment ont-ils pu passer tous les obstacles qui menaient à la pierre ? Ils sont si jeunes !
- Je dois avouer Miss Graves que certains élèves de cette école sont diablement doués gloussa-t-il, à moins que ce ne soit nos professeurs qui aient besoin d'être encore plus imaginatifs.
- Dans un cas comme dans l'autre l'union fait la force Mr le directeur, seul, aucun des enfants n'aurait pu passer, et seul, aucun professeur n'aurait efficacement protégé la pierre.
- Nous sommes d'accord pour la deuxième fois en quelques minutes, n'est-ce pas merveilleux ?
Elena pouvait voir dans les yeux bleus de Dumbledore des myriades d'étoiles brillantes
Le Directeur avait réussi en quelques mots à lui faire entendre et même dire qu'à Poudlard, des élèves intéressants côtoyaient des professeurs tout aussi dignes d'intérêt et qu'en plus, ils étaient sur la même longueur d'onde.
- Ne croyez pas que je sois dupe de vos machinations, Mr Le Directeur, nous savons qu'en ce dimanche soir nous attendons tous deux que je réponde à votre proposition.
- Une proposition que vous pouvez donc maintenant envisager sérieusement.
Riant maintenant franchement, Elena ne put s'empêcher de répondre :
- Si vous pouvez me promettre que la vie à Poudlard est pleine de monstres repoussants, de plantes maléfiques, de sorciers corrompus ou même de fioles empoisonnées, peut être que je vais commencer à réfléchir sérieusement à la question !
- J'espère ne pas vous décevoir si je vous dis que seules les fioles empoisonnées sont une constante dans cet établissement (faisant mine de renifler son verre).
Elena manqua de s'étouffer en buvant dans le sien.
Cette conversation qui se déroulait dans le salon situé dans les appartements d'Elena, voyait les deux interlocuteurs confortablement installés dans deux larges fauteuils faisant face à un ronflant feu de cheminée.
Après quelques instants de silence, une dernière pensée qui torturait Elena la poussa : - Vous nous avez dit hier que vous alliez détruire la pierre philosophale. Est-ce le seul moyen pour Voldemort de revenir ?
Le regard bleu acier d'Elena rencontra une dernière fois le regard myosotis du directeur.
- Je crains malheureusement que non …
Le professeur Dumbledore ayant fini son verre, le reposa délicatement sur la table près de la cheminée, il se leva et commença à se diriger vers le portrait qui gardait l'appartement
- Professeur ?
- Oui Miss Graves ?
- Vous pouvez compter sur moi l'an prochain !
- Je n'en ai jamais douté.
La porte se referma doucement sur ses mots.
