Salut à tous ! Ceci était sensé être un OS, mais disons que je bloque à rédiger la fin. J'ai donc décidé de le couper et de le faire en deux parties, histoire de ne plus être étouffé par son poids. Je sais ça peux paraître bizarre (surtout qu'on ne peut pas dire qu'il soit très long et donc très lourd), mais c'est comme ça que je le ressens ^^
Sur ce, assez de blabla et place au texte
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Rachel soupira et alluma le séchoir électrique, essayant vainement de faire revenir sa chemise trempée à un état plus proche du sec. Elle n'avait pas prévu un tel acharnement. Et quand bien même elle aurait été avertie, elle ne pouvait pas non plus transformer son casier en armoire. Enfin, elle aurait dû se douter qu'après que Quinn ait laissé sa place de capitaine des Cheerios à Santana, deux rechanges ne seraient plus suffisant, plus suffisant du tout. De toute façon elle n'aurait jamais pensé que le jour même de ce nouveau couronnement elle-même se transformerait en distributeur de soda ambulant…
Elle étouffa un juron, ses chaussettes aussi étaient foutues : Génial ! Elle avait encore deux heures de cours, sa chemise avait été teinte en bleu poisseux, elle n'avait plus de rechange et voilà que ses chaussettes blanches étaient devenues aussi immaculées que la virginité de Santana ! Elle hésitait vraiment à rentrer chez elle. Foutu fierté qui l'en empêchait. Et puis de toute façon elle devrait attendre avant de partir : elle ne pouvait décemment pas se balader en soutien-gorge dans les couloirs. La brune essora une dernière fois sa chemise qu'elle avait tenté de nettoyer, avant de l'étendre sur le séchoir : de toute manière pour ce qu'il chauffait ! Elle déchaussa rapidement ses ballerines et enleva ses chaussettes pour examiner les dégâts : bon, si elle enlevait le plus gros maintenant et les mettait à laver en rentrant elle pourrait éviter que le sucre y incruste la couleur vraiment vaseuse de la boisson.
Rachel respira profondément, se rassurant intérieurement : elle finirait la journée sans chaussette certes, mais si elle arrivait à sécher sa chemise avant la fin de la pause, elle ne raterait pas de cours, ainsi elle ne laisserait pas ses bourreaux se réjouir, et il lui suffirait de se dépêcher de rentrer et de tout mettre à la machine pour que… La jeune femme sursauta brusquement, tirée de sa réflexion par la sonnerie agressive des fins de cours. « Oh non, oh non, nonnonnonnon ! ». Elle entendait à travers la porte la rumeur des élèves qui se pressaient déjà vers leur salle de classe, et sa panique augmenta à mesure que le murmure faiblissait dans le couloir, jusqu'à devenir ce silence pesant qui lui signifiait qu'elle avait perdu. Des larmes de rage menacèrent de couler le long de ses joues : elle n'avait jamais manqué une seule heure de cours, même quand elle était malade ou qu'elle allait mal. Malgré les brimades, les insultes, les remarques qui la laissaient en pleurs dans ces toilettes, malgré les bousculades et les slushies, elle arrivait toujours à se tenir droite sur ses deux pieds. Ettoujours, toujours, elle retournait en cours, les yeux rouges ou les cheveux humides de boisson sucrée, mais la tête haute, fière et dédaigneuse ! Même si elle ne pouvait pas répliquer face à face, ou se battre avec leurs armes, elle refusait de se laisser dicter sa conduite de la sorte, de les laisser mener sa vie : elle continuait de marcher droit, certes au bas de l'échelle et parfois en titubant, mais elle continuait. Elle refoula ses larmes. Bon sang ! Elle se sentait tellement piégée ! Ce n'était rien d'aller en cours ! Rien de rebelle ou d'admirable dans la jungle du lycée, mais c'était son seul signe de lutte, sa seule manière de leur montrer qu'elle ne se courbait pas, qu'elle n'acceptait pas son statut de ''looser'', sa seule manière de rester fière face à leurs attaques, sa seule manière de leur montrer qu'elle n'était pas personne. De se montrer à elle-même qu'elle n'était pas qu'un fantôme chantant.
Elle refoula ses larmes et jeta de rage ses chaussettes contre le miroir. Alors quoi, c'était tout ?! Tout ce qu'elle pouvait faire, tout ce qu'elle pouvait donner ?! Elle se sentait tellement mal. Elle avait envie de hurler, de briser, détruire, arracher ce sentiment qui l'étouffait, prisonnière d'une prison trop étroite pour sa volonté. Qu'une stupide chemise trempée l'empêche d'avancer ! Elle ! Elle qui avait tellement envie de se battre, de glisser hors de cette pression qui l'engluait sur l'échiquier grotesque qu'était le lycée. Elle ne voulait être ni le pion, ni le fou ou la reine ! Elle se foutait même d'être celui qui bougeait les pièces. Elle n'appartenait pas à ce jeu ! Elle ne voulait pas y appartenir, elle y était si restreinte. Son corps se mit à trembler sous la rage et elle serra convulsivement le rebord du lavabo, tentant d'absorber et de calmer la violente révolte qui la soulevait. Elle se sentait acculée, mais elle n'avait même pas quelqu'un en face contre qui se déchainer. Sa frustration explosait et grandissait à mesure que ce sentiment détestable d'écrasement faisait se crisper ses muscles. Aucune échappatoire, comme lorsqu'un affaiblissement des cordes vocales l'empêchait de se vider dans la musique et qu'elle devait contenir dans son petit corps toutes les pensées, images, idées…rêves qui fusaient sans arrêt dans sa tête. Elle sentit sa mâchoire se contracter au point qu'un pic de douleur lui vrillât le crâne. Aucune aide, comme lorsqu'elle devait sans cesse se justifier sur ses pères, sur ses rêves, sur qui elle était, sur ce qu'elle mangeait, sur comment elle s'habillait. Ses ongles crissèrent sur l'émail du lavabo alors qu'elle durcissait encore sa prise sur ce dernier. Aucune arme, comme lorsqu'elle voulait affirmer, montrer aux autres qu'elle a le droit d'exister, qu'elle ne se cachera pas et qu'ils n'ont pas leur mot à dire ! Elle frappa violemment le rebord des éviers alors qu'on profond et douloureux sanglot remontait en vagues saccadées de ses entrailles et explosait dans la pièce en un son rauque et bas, presque grinçant, se réverbérant en échos dans la pièce silencieuse comme entre ses dents serrées. Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues, mais elle gardait son regard fixé sur lui-même au travers du miroir, le visage fermé, la mâchoire serrée, ses yeux rougis brillant de larmes et de colère sous la ligne inquiétante de ses sourcils froncés. Elle tentait encore et encore, toujours vainement, de réfréner les vagues de ressentiments noirs qui vibraient le long de ses membres. Elle n'allait pas craquer, pas maintenant. C'était tout ce qu'ils attendaient, tout ce que elle attendait ! Rachel se força à expirer doucement, calmant sa respiration afin de décrisper son corps, de décontracter ses muscles et son esprit. Cependant tout effort d'un retour au calme fût balayé lorsque trois silhouettes blanches et rouges se glissèrent en riant dans les toilettes.
« Eh bien Frodon, tu tentes une nouvelle marque de lessive ?! Ou alors tu t'es enfin rendu compte que tes vêtements étaient à vomir et tu as voulu les teindre pour qu'ils soient moins laid…..visiblement, comme toujours avec toi, c'est un échec….. TU es un échec, le troll. »
Santana, précédant ses deux acolytes, s'était glissée à côtés de Rachel, et, un sourire réjoui sur les lèvres, avait ouvert les hostilités. Sans même prendre la peine d'élever la voix, sans un regard pour la petite brune, s'inspectant négligemment dans le miroir, elle laissait couler les insultes, sans effort, par habitude. Rachel avait toujours formé une source d'inspiration plus que fertile pour l'activité dans laquelle elle excellait : détruire. Mieux, elle l'exacerbait à toujours vouloir lui résister.
Se délectant de son triomphe, elle se tourna vers Rachel, laissant glisser son regard sur sa victime avant de surenchérir :
« Oh pardon, au temps pour moi, il ne s'agissait pas de lessive, mais visiblement d'un nouveau shampoing » ricana-t-elle, saisissant entre ses doigts une mèche de cheveux poisseuse et collée par le sucre, où un reste de glace était encore coincé dans les nœuds créés. Elle gloussa en retirant le morceau de glace avant d'inspecter ses doigts avec dégout, comme si ce simple contact pouvait ruiner sa parfaite manucure ou simplement porter atteinte à sa santé. Se rapprochant encore, elle s'essuya négligemment la main sur le bras de la petite brune.
« Il faudra que tu me donnes la marque, la coiffure crade façon looser-sans-fierté est tellement tendance cet été ! Je m'en voudrais d'être à la page. » Le sourire narquois vissé sur les lèvres, elle sifflait son venin sur le ton hypocrite le plus irritant possible. Un léger coup d'œil à la posture figée de Rachel, à sa mâchoire crispée, à son regard humide bouillonnant de rage, et les coins de son sourire s'élevèrent encore plus. Savourant d'avance l'effet de sa phrase à venir, elle se lava négligemment les mains, éliminant les résidus de sucre, laissant s'égrener les minutes de silences et s'élever la colère de la petite brune. Et lorsque cette dernière fut au comble de la tension et de l'attente, elle laissa tomber sa réplique, la vicieuse, la basse, la cruelle, celle qui brisait, qui faisait que tout le monde avait peur d'elle, qui faisait que personne ne la respectait certes, mais qui faisait que personne n'osait l'affronter non plus.
« Malheureusement, je ne pense pas que cette coiffure me convienne. Je n'ai pas l'immonde nez qui la met en valeur.… ni le physique de Mister Hyde. En fait, il n'y a que toi qui puisse la porter. Puisque tu ne veux pas simplement disparaître pour faire plaisir à tout le monde, que tu sois sale et colorée ou que tu sois ennuyante et bruyante, ça ne change pas grand-chose : dans tous les cas tu n'es personne. Tu n'es rien. Mais comme ça, peut-être qu'avec un peu de chance le gouvernement se rendra enfin compte qu'il faut te supprimer pour le bien de l'espèce humaine, ou pour mon bien, ce qui revient au même. »
Elle bouscula rudement la petite brune pour accéder au sèche main et haussa un sourcil à la vue de la chemise bleutée suspendue dessus.
« Si tu pouvais éviter de laisser trainer tes affaires partout ce serait bien. Déjà que respirer le même air que toi est assez dangereux alors si en plus tu sèmes tes microbes et tes gènes de looser partout on risque l'épidémie. Et je me verrai dans l'obligation de réagir…et tu n'aimerais pas ça, n'est-ce pas ? »
Mais, alors qu'elle jetait négligemment la chemise à la poubelle,elle se sentit poussée brusquement en arrière. Elle ouvrit de grands yeux choqués sur la petite brune qui, après avoir récupéré sa chemise, la poussa encore une fois plus loin d'elle d'un geste rageur. Sérieusement ? Rachel fermement campée sur ses pieds la regardait avec colère, mais les mouvements fébriles de ses mains crispée sur la chemise trahissaient sa nervosité : elle venait tout de même de provoquer Santana, la fille qui n'hésitait pas à utiliser la violence pour préserver son autorité. Qui n'hésitait pas à utiliser la violence tout court, raison valable ou pas. Cependant ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'elle courberait l'échine. Elle essuya rapidement les quelques larmes qui s'étaient échappées et qui lui brouillaient la vue. Elle se redressa et vrilla son regard dans les orbes sombres de la latina. Elle déglutie difficilement en voyant le visage de celle-ci se fermer, mais sa propre colère était encore bien trop présente pour qu'elle songe même à s'effrayer. Elle ressentait toujours la brulure de chaque mot prononcé et des vagues de rage ne cessaient de la traverser. Elle ne savait pas comment s'en défaire. Elle n'avait jamais était quelqu'un de colérique ou du moins de violent. Mais elle pressentait que si la cheerios se déchainait, et même si dans ce cas il y ait peu de chance qu'elle en sorte en un seul morceau, elle pourrait au moins elle aussi trouver un exutoire à l'état de nerf qui l'habitait constamment ces derniers temps. Les yeux de Santana se réduisirent à des fentes et un silence pesant s'installa alors qu'elle se redressait à son tour, jaugeant son adversaire, après tout Berry n'avait jamais était une rebelle, du moins pas à ce point. Ses yeux suivirent l'ensemble de la silhouette chétive qui se tenait devant elle et à mesure qu'elle prenait conscience de la semi-nudité de la chanteuse un sourire lascif apparut sur son visage. Il y avait bien un domaine où elle ne l'avait pas encore totalement humiliée.
D'un geste de la main, Santana congédia ses deux acolytes. Ne quittant pas l'autre brune du regard elle posa son sac au sol puis se dirigea lentement vers la porte pour fermer le verrou.
« Il semblerait qu'il faille que je te rappelle qui dicte les règles ici. »
Santana appuya son dos contre la porte nouvellement verrouillée, jaugeant l'affront vivant à son pouvoir qui se tenant au centre de l'humide salle carrelée. Rachel Berry. C'était la première fois qu'elle la voyait aussi intense quand elle ne chantait pas. Comme quoi, il était souvent intéressant de pousser toujours plus loin. Oh oui et elle allait pousser encore plus loin. Car elle ne laisserait pas impuni ce comportement, quand bien même elle appréciait le défi. Elle allait le gagner et faire s'effondrer ce grain de sable en chaussette. Restait à déterminer si elle la laisserait se relever ou pas.
Elle enleva sa veste rouge et blanche et l'a suspendit à la poignet de la porte. Les deux extrémités de l'échelle sociale qui s'affronte ainsi, cela aurait peut-être mérité une arène et surtout des spectateurs. Qui des deux vaincra ? L'ordre connu sera-t-il vainqueur et affirmera-t-il sa suprématie incontestable ? Ou bien la fin des clichés et de la bêtise américaine brillerait-elle au loin, un ordre nouveau se déclarant par une victoire ? Allez, viens Berry, bouscules mon monde ! Montre-moi autre chose que l'échiquier grotesque dans lequel on se meut ! Que je sache si je dois te briser définitivement ou te laisser garder la tête hors de l'eau. Tu es tellement fragile… Oh comme je te hais, comme je te déteste. Mais regardes, regardes ! Tu n'échapperas pas à l'échiquier, tout simplement parce qu'il est partout. Ce lycée n'en est que le reflet grossier, une aire d'entrainement pour les futurs pions. Dehors c'est la même chose, les cases et les pions sont juste plus nombreux. Une immense aire de jeu ou un immense purgatoire à toi de choisir. Tu veux sortir ? Oh mais sweety, il n'y a pas de sortie. Et le fou va manger le pion.
