Chapitre 1
12h09
I'm a Barbie girl
Un immeuble parmi tant d'autres
In the Barbie world,
Une fenêtre aux volets fermés
Life in plastic
Une chambre
Is fantastic
Un lit
You can brush my hair
À côté une table de chevet
Undress me everywhere
Au pied de cette table des vêtements roulés en boule
Imagination
Et sous les vêtements, repose un petit téléphone rose qui s'époumone pour prévenir sa propriétaire.
Life is your creation
Tout d'un coup, une main apparait, plus rapide que l'éclaire. Malgré ses gestes désordonnés, elle réussit à se saisir de l'appareil, mais c'est trop tard, le silence est déjà là. Elle porte tout de même le portable à hauteur de son visage, ouvre un œil gonflé de sommeil et se concentre tant bien que mal pour déchiffrer le nom, inscrit pourtant en grosses lettres sur l'écran du cellulaire : KIBA. Son attention se reporte sur le coin supérieur de l'écran: ouvre brusquement son deuxième œil et laisse échapper un juron. Dei allait la tuer. Elle imaginait très bien les douces tortures qu'il lui ferait subir lorsqu'il apprendrait la cause de son retard: une nuit agréablement agitée avec le beau brun endormi à côté d'elle. A moins qu'il ne soit blond . . . Prise d'un élan de curiosité, elle souleva doucement la couverture et pesta en distinguant une flamboyante chevelure rousse. Perdu! Enfin bref, elle était plus qu'en retard et il était inutile de faire attendre son frère plus longtemps. Elle s'habilla et sortit de l'appartement le plus silencieusement possible, bénissant le ciel du sommeil de plomb dans lequel son compagnon d'une nuit était plongé. Une fois dans la rue, il lui fallut marcher quelques minutes avant de trouver un arrêt de bus. Constatant qu'elle se trouvait plutôt loin de chez Deidara, elle n'eut pas d'autre choix que d'attendre le prochain bus qui ne passait que dix minutes plus tard. Elle s'assit sur un banc et sortit de son sac son inséparable trousse à maquillage et son miroir de poche afin de reprendre figure humaine.
Tout d'abord, sortir le démaquillant et enlever les restes de maquillage qui subsistaient de la veille. Bien. Ensuite, une fine couche de fond de teint et un trait de crayon pour mettre en valeur ses grands yeux bleus suffiraient pour le moment. Un coup de brosse afin d'éliminer les nœuds créés pendant la nuit. Et voilà! Elle observa son reflet dans la vitre de l'abri. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade jusqu'au creux de son dos tandis qu'une de ses mèches venait recouvrir une partie de son visage. Le teint mâte, des jambes interminables, un sourire mutin, oui, Ino était incontestablement belle et elle le savait. Même là, avec seulement le strict minimum niveau maquillage elle était canon. Un léger coup de vent la fit frissonner, aussi resserra-t-elle les pans de son long manteau autours d'elle. C'était une vielle veste informe à l'horrible couleur kaki et aux nombreux trous, mais pour des raisons obscures elle l'adorait.
C'est alors que son téléphone décida de la rappeler à la réalité, diffusant joyeusement sa si charmante sonnerie. Elle plongea la main dans la poche de son short en jean aux couleurs de l'Angleterre et, cette fois-ci réussit à décrocher avant la fin du refrain. Malheureusement pour elle ce fut une voix furieuse qui sortit du haut-parleur:
_ Ino?
Elle grimaça et répondit sur un ton légèrement agressif:
_ Quoi?
_ Comment ça quoi? Bordel Ino, on avait dit neuf heure, mais qu'est-ce que tu fous?
_ Je viens de me réveiller hehe. Elle se reprit en entendant un raclement de gorge désapprobateur à l'autre bout du fil. Mais t'inquiètes, mon bus arrive. J'suis là dans une demi-heure grand max.
De l'autre côté de la ligne son interlocuteur manqua de s'étouffer :
_ Comment ça tu viens de te réveiller? Mais putin Ino ça fais deux mois que c'est prévu et t'es même pas fichue de programmer ton réveil? Si tu voulais pas venir fallait le dire, je t'aurais pas forcé.
La blonde ne put retenir un sourire narquois tout en montant dans le bus qui venait d'arriver.
_ C'est vrai? Bon bah dans ce cas, je viens pas ça me fait chier. On se voit jeudi chez papa?
Elle décolla le téléphone de son oreille prévoyant la vague sonore qui s'annonçait :
_ Quoi? Tu viens pas! Mais tu te fous de ma gueule là? Tu ramènes ton cul ici le plus vite possible ou je te jure que tu vas le regretter.
Bingo.
_ Mais tu viens de dire que . . . continua-t-elle, son mobile toujours à une distance raisonnable de ses délicates oreilles.
_ Je sais ce que j'ai dit mais t'as promis et chez les Yamanaka on TIENT ses promesses. Donc blondasse t'as intérêt à être là à l'heure.
Elle retint un éclat de rire. Son frère était si prévisible qu'elle ne pouvait s'empêcher de le provoquer. Elle se pencha en avant faisant mine de réajuster ses chaussures, offrant une vue plongeante sur son décolleté à l'homme en face d'elle. Résultat garantit, il émit un petit raclement de gorge pour attirer l'attention de la blonde et lui proposa galamment son siège. Elle y prit place en le gratifiant d'un sourire charmeur tout en continuant sa conversation téléphonique:
_ Oui je sais, je suis une sœur indigne, tu me déteste et je resterais plus longtemps pour me racheter. Bon bisous et à tout de suite Dei.
Et sur ces mots elle mit un terme à la conversation et laissa sa tête reposer tranquillement sur la vitre, se déconnectant de la réalité. Si elle avait prêté un peu d'attention aux rues qui défilaient devant son regard absent elle aurait remarqué un jeune homme qui ne lui était pas inconnu, dans un décor tout à fait inhabituel.
En effet, Kankuro était installé à la table d'un petit café, se retenant d'engloutir son muffin et de filer en vitesse de ce quartier bourge, d'un niveau de vie tellement supérieur à ceux qu'il avait l'habitude de fréquenter qu'il avait l'impression d'être passé dans un portail inter-dimensionnel et de se retrouver dans un tout autre univers. Il soupira lorsque les raisons de sa présence ici lui revinrent en mémoire. Il était dans une situation critique, il lui fallait de l'aide. Et elle était la seule personne qui pouvait la lui donner. Il fallait vraiment qu'il la voit. Il avait essayé de s'en sortir ces derniers mois mais les choses n'avaient faits qu'empirer. Elle était son dernier espoir, pourtant il hésitait. Il ne voulait pas l'impliquer dans ses histoires une nouvelle fois. Mais avait-il vraiment le choix ? Un raclement de gorge mit fin à ses interrogations le faisant également sursauter. Les battements de son cœur qui avaient soudainement accélérés reprirent un rythme normal lorsqu'il constata que c'était seulement le serveur qui lui indiquait l'assiette vide posée devant lui. Il grimaça en constatant qu'il avait inconsciemment finit son muffin et, ne voulant pas être mis à la porte du café, il s'empressa de commander un chocolat chaud et des rouleaux de cannelle. Non il n'allait pas fuir, pas cette fois. Il avait décidé de se comporter en homme.
Un homme ne ferait pas une telle proposition à une jeune fille. Surtout après ce qui c'est passé entre vous.
Il secoua la tête comme pour faire taire la petite voix qui avait tendance à se manifester lorsqu'il était au pied du mur. Il reporta son attention sur la tasse de chocolat chaud que venait de lui apporter le serveur. Malgré la fumée qui s'échappait de la tasse, la crainte que sa boisson refroidisse le saisit et il s'empressa de porter le breuvage à ses lèvres. Son geste resta en suspens. De l'autre côté de la rue se trouvait la silhouette tant attendu. Alors qu'il aurait dû l'appeler, lui signaler sa présence, il ne put que rester immobile et l'observer en silence. Elle s'était adossée contre la vitrine d'un magasin et discutait calmement au téléphone. Il ne put empêcher un sourire tendre de venir se dessiner sur ses lèvres. Oui, Hinata était toujours calme, quelque soit la situation. Un trait de caractère qui, ajouté à ses longs et soyeux cheveux noirs, sa peau diaphane et ses grands yeux blancs au regard tendre, lui donnait l'air d'une fragile poupée de porcelaine. Lui qui vivait dans un univers tumultueux et bruyant avait trouvé dans la douceur de sa voix, quelques années auparavant, une oasis, un échappatoire à tous ses problèmes. Et aujourd'hui encore, c'était auprès d'elle qu'il venait chercher de l'aide.
Pathétique.
Il remarqua alors qu'elle avait raccroché et l'observait à présent les sourcils froncés. Elle commença à avancer dans sa direction. Inconsciemment l'air arrêta de pénétrer dans ses poumons tandis que la panique commençait petit à petit à le submerger.
_ Kankuro ?
Roh et puis merde !
Il ne pouvait pas. Il se leva précipitamment de sa chaise et devant les regards incrédules du serveur et de la jeune fille, il prit ses jambes à son cou et disparu de leur champs de vision. Le serveur soupira. Il avait été d'une naïveté impardonnable. Son patron n'aillait pas manquer de le réprimander sévèrement. Rah mais pourquoi ne l'avait-il pas mis dehors ce petit jeune à l'allure peu fréquentable qui s'était installé une heure plus tôt en terrasse? En terrasse ! Par ce froid ? Mais quel crétin il avait été. Ce Kankuro lui avait fait perdre son temps et son argent. Parce qu'il était certain que le patron mettrait les consommations du jeune homme sur son compte. Maudit gamin. Soudain une question vint s'immiscer dans son esprit. Pourquoi avait-il appelé ce jeune homme Kankuro? Son regard pivota alors sur la jeune fille qui se trouvait désormais à quelques pas de lui. Il en était sûr, elle avait prononcé ce nom. Et son visage tourné dans la direction qu'il fixait quelques minutes auparavant lui donnait la conviction que c'était celui du jeune fugitif. Était-elle responsable de sa fuite? De toute façon il s'en fichait comme de sa première chaussette. Elle avait l'air de le connaître et c'était suffisant pour qu'elle paie la note du jeune garçon.
_ Mademoiselle !
Voyant qu'elle ne régissait pas, fixant toujours l'endroit où s'était tenu le fameux Kankuro quelques minutes plus tôt il haussa le ton.
_ Excusez-moi, MADEMOISELLE !
Elle sursauta et se tourna vers lui, comprenant enfin que c'était à elle qu'il s'adressait. En voyant son regard blanc, teinté d'incompréhension se poser sur lui, le serveur sentit une pointe de culpabilité l'envahir. Après tout, faire payer l'addition à une jeune fille, surtout quand elle ressemble à un petit agneau égaré, n'était pas très gentleman. Mais bon, les fins de mois étaient assez rudes comme ça pour lui en ce moment, il n'allait pas non plus payer un repas qu'il n'avait pas consommé juste pour les beaux yeux d'une demoiselle. C'était elle ou lui et il n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour faire son choix.
_ Vous connaissez le jeune homme qui était assis à cette place?
Elle fronça les sourcils d'un air incertain mais hocha la tête positivement.
_ Je suis désolé de vous l'annoncer mais je ne peux vous laissez partir avant que vous n'ayez réglé sa note.
Elle le regarda, incrédule et son regard se posa sur le bol de chocolat chaud à moitié plein et les quatre rouleaux de cannelle intacts. Elle soupira discrètement et sortit son porte-monnaie de son sac.
Décidément c'est vraiment pas ma journée.
A quelques rues de là, deux jeunes discutaient, assis sur un muret.
_ Décidément c'est pas ta journée mon p'tit Sasu.
Le dit Sasu jeta un regard noir à la rouquine assise à côté de lui au moment où un jeune homme aux cheveux châtains passait en courant comme s'il avait le diable aux trousses.
_ C'est comme ça que tu comptes me remonter le moral?
La jeune fille laissa échapper un rire quelque peu moqueur tout en passant la main dans sa chevelure auburn. Sa main termina sa course sur la monture de ses lunettes qu'elle rehaussa sur son nez.
_ Désolé mais faut bien dire les choses telles qu'elles sont. T'as la poisse, t'as la poisse. Qu'est-ce que j'y peux moi ?
Le brun se renfrogna et reporta son attention sur son portable qui venait de lui indiquer l'arrivée d'un sms. Karin ne put que sourire devant le comportement si enfantin du jeune homme. Elle sortit alors son BlackBerry, soigneusement rangé dans le bonnet droit de son soutien-gorge, faute de poche, et pianota de ses ongles parfaitement manucurés un rapide texto avant de le poser à côté d'elle, en attente de la réponse. Elle entreprit alors de détailler le brun à côté d'elle. Ses sombres cheveux relevés en piques sur l'arrière de son crane faisaient ressortir l'éclatante blancheur de sa peau, ses yeux d'un noir profond donnaient un air dur à son visage aux traits incroyablement fins. Son regard se porta finalement sur les vêtements du jeune homme : un marcel rouge sous une veste en cuir noire, un jean de la même couleur, troué et agrémenté de quelques chaines, rentré dans des rangers noirs. Soudain, une des mains du jeune homme vint agiter sous son nez une forme blanche, l'obligeant à loucher afin de pouvoir identifier l'objet comme étant une cigarette.
_ Arrête de rêvasser et réfléchis plutôt à mon problème. Et arrête aussi de m'envoyer des sms quand t'es à côté de moi.
Pour toute réponse, le jeune homme eut droit à une grimace agrémentée d'un magnifique tirage de langue, tandis que la jeune fille saisissait l'objet de ses convoitises. Elle plongea alors encore une fois la main dans son décolleté pigeonnant et en sortit un petit briquet. Puis, elle ramena ses pieds devant elle, genoux repliés, de sorte à pouvoir poser sa tête dessus et se mis à réfléchir. Au bout de cinq minutes elle quitta sa position, finalement jugée trop inconfortable et rendit les armes.
_ Je vois pas, j'suis désolée, mais là t'as plus trop le choix. En même temps qu'est-ce qui t'as pris de leur dire ça.
Le jeune homme leva les yeux au ciel commençant à perdre patience.
_ Mais j'en sais rien moi ! On était déchirés, ils arrêtaient pas de se plaindre, moi j'voulais dormir et voilà. J'pouvais pas savoir qu'ils s'en souviendraient. Merde !
La jeune fille fronça les sourcils
_ Wow c'est bon! Calme toi j'y suis pour rien moi.
Elle tira sur sa clope, tentant d'apaiser la tension qu'il venait d'installer. Elle ne voulait pas qu'ils s'engueulent maintenant et elle savait que lui non plus. Mais têtu comme il était, il ne s'excuserait pas de son comportement exécrable. Alors comme souvent elle prenait sur elle et tout rentrait dans l'ordre.
_ En tout cas, c'est sûr que maintenant si tu dis non ils vont être anéantis. Enfin, Ino et Gaara s'en remettrons, mais Kiba et Naru . . . Vu la fête qu'ils ont organisé ce soir je pense qu'ils se voient déjà en tête d'affiche.
_ Je sais je sais. Maugréa-t-il.
Il jeta rageusement la Camel à moitié entamée qu'il tenait dans sa main.
_ T'as pas quelque chose de plus fort?
Elle soupira, mais fouilla quand même dans ses poches. Elle grimaça en se rendant compte qu'elle avait tout écoulé. Il allait encore s'énerver.
_ Désolé j'ai plus rien, j'ai tout refourgué à Kiba pour ce soir.
Contre toute attente il se contenta de lâcher un faible ''fait chier '' tout en reprenant sa position première : appuyé contre le muret, bras et jambes croisés. Il semblait abattu comme jamais. Tellement que lorsque la sonnerie de son portable se fit entendre, il ne pris même pas la peine de jeter un coup d'œil à l'appelant, rejeta l'appel et éteignit l'appareil.
_ Bon puisque t'as rien je vais voir Sui. Tu viens ?
A l'entente de ce nom Karin ne put réprimer une moue désapprobatrice d'envahir son visage. Pourtant, elle se leva dans un soupir et suivit le jeune homme qui n'avait pas pris la peine de l'attendre et tournait déjà à l'angle de la rue.
