Titre: Courir entre les gouttes de pluie (Run Through the Raindrops)

Auteur: Sword of the Shadow

Traductrice: Demented Skylark

Bêta-reader: none (1/5)

Disclaimer: La saga "Harry Potter" est la propriété de J.K.Rowling et de ses ayants droit.

Pairing: HP/LV

Warnings: yaoi, folie (peut choquer), pas de violence détaillée

Rating: M (pour les futurs chapitres)

Résumé: Fou. Taré. Forcené. Dingo, ou même carrément fêlé. C'est bien ce qu'est Harry, non? Pourtant, tout à coup, le Seigneur des Ténèbres s'intéresse de nouveau à lui. Cela pourrait tout changer, à commencer par Harry lui-même…

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Bonjour! Je ne vais pas en rajouter une couche avec une note d'auteur, alors qu'il y a déjà énormément de notes, et qu'en plus je ne suis pas l'auteur! En humble traductrice je vous demanderais seulement de me laisser un petit mot pour me dire comment vous trouvez le niveau de langue, et de ne pas courir lire la version anglaise svp!

Et que personne ne s'inquiète, la traduction est finie. Je posterai les chapitres selon mes disponibilités et celles de ma bêta qui doit encore vérifier la suite.

Enormes bisous,

Sky

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Chapitre Premier

Porte ouverte sur la folie

Harry tremblait de froid. Il ramena ses jambes près de sa poitrine et les entoura de ses bras à la recherche de chaleur, sachant pourtant à quel point ses actions étaient futiles. Ce qui restait des vieux vêtements de Dudley était sali et déchiré au point de ne même plus pouvoir être appelé des haillons. Sa peau était striée par la crasse, le sang et la sueur, ses yeux gonflés et brillants de larmes contenues.

Ses longs cheveux d'ébène, épais et ternes, étaient aussi indisciplinés que jamais, tombants en vagues emmêlées jusqu'à ses épaules. Ses yeux d'émeraude scrutaient les alentours d'un regard myope, lunettes perdues depuis longtemps. Sans le fin écran des verres, ses yeux semblaient tellement plus expressifs, révélant parfaitement la profondeur de sa tristesse et de ses tourments.

Il fronça les sourcils, observant les grossières marques sur le mur et tentant difficilement de se souvenir. Combien de temps cela faisait-il? Des jours, des semaines, des années? Il ne pouvait pas se rappeler de la dernière fois où il était sorti des limites de sa cellule.

Les yeux mi-clos et le visage détendu, ses lèvres pales et craquelées se courbèrent en un sourire malicieux. «Petit Potter abandonné» chanta-t-il, les pupilles brillantes d'un éclat dément, «dans ce qu'il croyait son foyer.»

Il gloussa à cette rime plutôt simple, et ses cordes vocales raidies à force d'inutilité rendaient le son rauque et grinçant. Il contempla le plafond, les yeux fixés sur une image vacillante que lui seul pouvait percevoir. «Il demeure dans sa geôle de fer, espérant connaître l'enfer.»

Harry tendit les mains loin au dessus de lui, écartant les doigts en grand et concentrant sur eux l'attention de ses immenses yeux verts. Il les promena de-ci de-là quelques instants, avant de brusquement laisser retomber ses bras et de les fixer sur les restes squelettiques en face de lui. «Assis ici parmi les morts, il oit d'invisibles voix d'or.»

Il rampa en titubant jusqu'au squelette, à quatre pattes. Il se pencha en arrière, s'asseyant sur ses jambes et considérant calment les os. Les orbites vides l'étudiaient silencieusement, les dents de travers s'entrouvraient légèrement, en un ultime effort pour inspirer difficilement une bouffée d'air. Il fit courir un long doigt pâle sur le visage du squelette, semblant repousser une invisible mèche rebelle.

«Les morts sont ceux qui savent tout, piégés dans le monde d'en-dessous.» Il pencha la tête sur le côté, comme pour demander au squelette s'il en allait vraiment ainsi.

«Ce monde que Potter veut rejoindre, mais sans billet ne peut atteindre.» Il fit la moue à cette rime, et ses yeux se perdirent dans le vide que causait cette pensée.

«Comment franchira-t-il le Styx ? Peut-être par un plan fantastique ?» Il ferma un œil de toutes ses forces et écarquilla l'autre le plus possible, le faisant ressembler à une nymphe prise au piège.

Il se pencha en avant et embrassa gentiment le squelette sur le front. Puis il se redressa légèrement pour le contempler à nouveau, les mains prenant tendrement en coupe ses pommettes osseuses et les pouces les caressant avec douceur.

Il n'entendit pas le crissement que fit la porte de sa cellule en s'ouvrant à nouveau sur le reste du monde. Les gonds étaient rouillés et manquaient d'huile, n'ayant pas servi depuis des années. La porte de bois elle-même commençaient à pourrir et aurait bientôt besoin d'être remplacée.

Deux silhouettes noires, le visage caché derrière des masques et le corps enveloppé dans des capes sombres et flottantes, considéraient silencieusement la forme affaiblie et échevelée devant eux.

«Potter veut revoir la lumière, une heure, même si c'est la dernière.» Harry fixa lamentablement le plafond bas de la pièce, comme s'il espérait que les clairs rayons de lumière brillent à travers la pierre épaisse et illuminent son monde d'ombres et d'obscurité.

«Pourquoi vivre? Rien n'est resté, rien qu'il puisse encore donner.» Il commença à jouer à "Quand Fanny était un bébé" avec le squelette, jouissant simplement d'une enfance qu'il n'avait jamais vraiment eue.

«Il est encore plus dingue que ceux d'Azkaban» chuchota dédaigneusement la plus petite des deux silhouettes, un ricanement nettement perceptible dans son ton condescendant. Harry se retourna vivement pour faire face aux voix, les yeux écarquillés à la vue d'un autre être vivant. Il n'avait personne à qui parler en dehors des apparitions et hallucinations qui lui rendaient visite occasionnellement.

«Des gens viennent voir le garçonnet, peut-être lui amènent-ils un jouet?» cria-t-il joyeusement, les bras tendus comme s'attendant à ce que l'on y place quelque chose.

«Tu sais, Potter, je me souviens du jour où tu as été jeté ici. Tu hurlais que nous ne te briserions jamais, peu importe ce que nous pourrions te faire.» L'homme s'appuya contre le mur et croisa les bras avec désinvolture, repliant une jambe pour s'appuyer contre le mur.

«Potter ne peut même s'il essaie, se rappeler quel jour l'on est.»

«Tu parles toujours en rime, maintenant, Potter?»

«Les mots sont bons pour les déments, ceux qui meurent dans les affrontements.»

Le petit homme se tourna vers son partenaire, penchant la tête sur le côté. «Est-ce que tu y comprends quelque chose?»

«Il est complètement barge, ouais,» répondit celui-ci avec un léger accent populaire, presque recouvert par des années d'entrainement. «S'ra plus jamais bien dans sa tête, si tu t'veux mon avis.»

«P'têt qu'il a perdu la raison et l'araignée de son plafond?» suggéra Harry en souriant gaiement.

Le plus petit des hommes gloussa à ces mots, amusé. «Je peux pas imaginer ce que lui veux le Seigneur des Ténèbres. La seule chose à quoi il est bon, maintenant, c'est à servir de bouffon ou de souffre-douleur.» Il ponctua ses paroles par un vif coup de pied dans les côtes du garçon.

Harry pouffa simplement, appréciant la sensation. «Gros Méchant l'a frappé du pied. Attention, il va se venger!»

Le plus grand s'approcha à son tour du jeune homme. «F'rait mieux de le ramener au Maître maintenant. On est pas supposés l'abimer ou on le rejoindra vite faits.»

«C'est bon,» Le plus petit acquiesça à contrecœur, hissant Harry sur ses pieds.

«Ne l'enlevez pas à son ami, ou point ne guérira son esprit.» supplia Harry en luttant pour rejoindre le squelette. Cependant, pâle, maigre et faible comme il l'était, il fut facilement maitrisé par ce seul homme.

Il se débattit tout le long des couloirs de roche sombre, où des morceaux de pierre provenant visiblement de l'éboulement des murs encombraient le passage. Personne ne s'était essayé à des réparations, et le château lui-même semblait considérer toute tentative comme inutile. Une épaisse couche de poussière recouvrait le sol, le pas lourd du petit groupe la remuait en de brillantes volutes jusqu'à ce qu'elle stagne dans l'air devant et derrière eux. Sans qu'ils ne sachent pourquoi, il leur semblait patauger dans un liquide malsain, de ceux où un mouvement trop rapide pouvait signifier leur mort à tous.

«Potter vous dis de le laisser, vous dire non, c'est ce qu'il essaie.» Glapit Harry en direction des deux hommes, qui l'ignorèrent simplement et continuèrent leur chemin. «Ils sont stupides comme leur seigneur, l'intelligence doit être ailleurs.»

L'homme plus grand poussa un grognement exaspéré, et d'un rapide mouvement du poignet droit, leva sa baguette. «Silencio!»

«Les idiots même avec baguette, ne seront jamais à la fête.»

Les deux hommes s'arrêtèrent, fixant leur captif avec effroi. «Il devrait pas pouvoir faire ça!» se plaignit le plus grand des deux, stupéfié par l'échec de son sort. «Personne peut bloquer un sort comme c'ui-là sans baguette magique! C'est pas possib'!»

L'autre se mordit simplement la langue et résista à l'impulsion de lever ironiquement les yeux au ciel, même s'ils étaient invisibles. «Et bien apparemment il l'a fait, n'est-ce pas?»

«Mais il aurait pas dû pouvoir faire-» Il fut coupé d'un geste brusque.

«C'est Potter, crétin. Il est plus puissant que Dumbledore.»

«J'sais ça, mais il devrait quand même être affaibli. Les détraqueurs lui ont rendu visite tous les deux jours et c'est connu à quel point 'les supporte pas.»

Un bref haussement d'épaule lui répondit. «Il a déjà démontré à quel point il pouvait s'adapter facilement à presque tout ce que le destin met sur son chemin. Devenir quelque peu résistant aux détraqueurs n'est pas si difficile à imaginer.»

«C'est quand même pas possible!» soutint-il, se fâchant presque devant cette complication.

L'autre fit seulement un geste de la main indiquant qu'il pouvait bien croire ce qu'il voulait. « Enfin, il ne s'agit que de spéculations. Maintenant je suggère que nous l'amenions à notre maitre avant que celui-ci ne s'impatiente.»

L'homme encapuchonné réinstalla Harry dans ses bras et se traîna péniblement derrière son compagnon, sans cesser de marmonner à quel point il travaillait dur pour si peu de reconnaissance.

Harry fut contraint à s'agenouiller au centre de la Grande Salle.

Disparues les couleurs des Quatre Maisons, les immenses tables, et la joie qui avait un jour imprégné la grandiose salle de pierre. On avait laissé s'évanouir les sorts du plafond magique, faisant ainsi ressortir l'ombre lugubre des poutres. Les yeux rouges des oiseaux et des chauves-souris scrutaient les humains assemblés en contrebas avec un calme inquiétant.

Les seules choses à demeurer inchangée étaient la haute estrade et l'immense taille de la pièce.

Un magnifique trône, entièrement fait de bois d'if aux incrustations de jade, attirait le regard dès l'entrée de la pièce. C'était ici que Voldemort exerçait le pouvoir absolu; ici qu'il recevait les rapports et donnait ses ordres, ici qu'il dirigeait le monde.

A présent, il tenait salon, les jambes étendues devant lui et ses longs doigts tapotant distraitement son menton. Ce n'était pas l'homme qu'Harry avait combattu auparavant.

«Qui êtes-vous?» demanda-t-il en plissant les yeux. «Il sera fou de rage si vous vous asseyez sur son trône.»

«Qu'est-ce que cela?» Voldemort questionna les deux hommes. «Comment osez-vous présenter ce vil déchet devant moi?» Il tendit la main vers sa baguette, provoquant des révérences hâtives et des explications précipitées de la part des deux hommes.

«Il s'agit de Potter, monseigneur, vous avez demandé à le voir, et- »

«Potter? Potter est bien plus… combatif.»

«C'est bien lui, monseigneur. Il est complètement fou.»

«Je l'avais deviné, » rétorqua impatiemment Voldemort. Puis, se tournant vers Harry, il demanda, «Qu'attends-tu?» ce faisant, pliant un doigt, il indiqua au jeune homme d'avancer.

Harry gravit les marches de pierre en sautillant, «Qu'est-ce que vous faites sur le trône? Il ne va pas aimer ça. Oh non, il n'aimera pas ça du tout. Lucius Malefoy a essayé de s'asseoir là, une fois. Il est mort maintenant.»

«Je siège ici car c'est ma place légitime.»

«Oh.» Harry haussa les épaules. «Alors vous l'avez tué?»

«Presque.»

Harry regarda attentivement l'homme assis devant lui. Sa chevelure était épaisse et noire, en grande partie retenue en arrière par un catogan, cependant des mèches s'en échappaient pour retomber devant des yeux mêlant violets et carmin. Il avait des traits fins et élégants, et un sourire narquois s'accrochait perpétuellement à ses lèvres.

«Tom!» salua joyeusement Harry. «Ça faisait tellement longtemps! D'ailleurs, désolé pour ton basilic, mais tu sais, il allait me tuer-»

Il s'arrêta lorsque Voldemort se mit à rire.

Le Seigneur des Ténèbres lui saisit la mâchoire d'une main ferme, forçant Harry à lever les yeux pour le regarder. Précautionneusement, presque tendrement, il repoussa de devant ses yeux d'émeraude des mèches de cheveux noirs et sales. «Tu seras un si beau trophée, Potter, lorsque tu seras quelque peu décrassé.»

Harry cligna seulement des yeux sans comprendre.

«Emmenez-le se laver. Je le verrais lorsqu'il en aura terminé.»

A suivre...

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NOTES DE LA TRADUCTRICE

Dans la version originale, Harry joue à "Patty Cake" c'est une "clapping rhyme" que les enfants apprennent à l'école maternelle: Il s'agit en fait de jouer avec un autre enfant en se plaçant face-à-face pour se taper dans les mains ou applaudir selon les paroles de la comptine.

"Patty cake / Patty cake / Baker's man / Bake me a cake / as fast as you can. / Roll it (pantomime rolling) / and Pat it (patting) / and mark it with a B (make a B in the air or on someone) / and put it in the oven for baby and me."

Nous avons un équivalent en France, bien que son nom soit peu connu: le jeu de "tape-mains" auquel je suis sûre beaucoup de monde a joué sans savoir le nommer. "Quand Fanny était un bébé" n'en est qu'un exemple parmi d'autres.

"Quand Fanny était un bébé / Un bébé, un bébé/ Quand Fanny était un bébé / Elle faisait comme ça. (Sucer son pouce) // Quand Fanny était une p'tite fille / Une p'tite fille, une p'tite fille / Quand Fanny était une p'tite fille / Elle faisait comme ça. (Faire un pied de nez) (…)"