C'est avec un certain plaisir que je reviens dans le fandom Harry Potter, et l'envie d'écrire s'est donc profilée dans mon esprit ... en espérant que vous apprécierez ce qui en a résulté.

Le titre de la fanfiction vient du poème "Sensation" d'Arthur Rimbaud.

Disclaimer : Rien ne m'appartient, et j'emprunte à J.K Rowling ses personnages pour mon bon plaisir.

Bonne lecture.


Froid et fragile. Grand et incertain. Comme pour cacher, comme pour ne pas exposer.

Cette douleur invisible est offensante, tord son corps sous l'effet de la brûlure imposée. Etrangement, et dans une certaine mesure, cela est agaçant puisqu'il est censé être son ennemi, mais apparaît dans cette posture et ce corps étranger en mouvement quelqu'un de différent, d'inconnu, quelqu'un qui se présente mais disparaît furtivement : rien ne l'y empêche, rien ne se pose en obstacle sur son chemin ... il est bien là, pourtant. Ses attributs sont bien présents ; le vert et l'argent de la cravate se mêlent, le blond peroxydé, devenu presque blanc sous le reflet du ciel épuré, contraste avec le léger pull noir, enfilé à la hâte, sûrement parce que la souffrance qui s'échappe de cette blessure ouverte était devenue trop pesante.

Un, deux, trois et ses yeux se voilent, un, deux, trois et son coeur se recouvre de glace.

C'est lui.

Harry trouve détestable le fait de devoir songer à nouveau à toutes ces tromperies, stupidités et autres grandes échappées vers l'avant qui le renvoient à d'anciens souvenirs, terriblement dispensables, mais également terriblement nécessaires à la survie de son monde, car, ce monde semble se déliter juste parce qu'il l'a croisé. Il ne peut alors nier que, sous la pellicule de givre laissée par sécurité, le parfum de ce qui est caché mais aimé caresse son monde, le brasier subtil au creux de son estomac s'illumine sous l'impulsion transmise par un regard, ce regard.

Doucement, entre ses longs doigts fins roulent quelques gouttes d'eau ; une trainée de petites sphères rondes sillonne les lignes de vie creusées dans la chair rougie par le froid. Si glaciale la température soit-elle, le jeune homme ne peut pourtant pas se résoudre à rajuster son écharpe d'or et d'étincelles autour de son cou.

Absorbé par le jeu, échec et mat s'impose alors.

Ses yeux émeraude, auparavant fixés sur le sol, fouillent le paysage à vive allure et c'est cette silhouette, toujours, toujours, qui revient dans son champ de vision ; sans chercher à comprendre, il l'impose à un regard plus critique, plus étroit, plus familier qu'avant, et c'est là, là, , qu'il voit enfin l'inconnu ressurgir par la blessure ouverte et qu'il se laisse aller à une valse de sentiments. Dans ce jeune homme blond, là-bas, la souffrance s'exprime silencieusement, et, d'une façon bien étrange et impropre au survivant, elle lui parle, il la comprend, il veut la saisir, lui dire de s'éloigner de ce corps décharné.

Le silence les lie, l'immersion dans un espace sans bruit les enveloppe dans une intimité effrayante ; pourquoi et comment, cela est un bien beau mystère qui ne demande qu'à être résolu, toutefois il semble que les deux jeunes hommes n'aient pas le désir de le mettre à la lumière du jour. Intime, cela est bien trop intime pour être reconnu et révélé, manifesté et célébré.

L'or du matin se révèle à travers le rideau brumeux recouvrant le parc d'une main délicate, et, dans un bruissement furtif de vent frais, quelques flocons de cette neige encore vierge viennent s'accrocher aux cheveux sombres de Harry. Le contact est léger, presque irréel. Le rêve ne s'est donc pas poursuivi, il est bien ici, de façon matérielle.

Seul son esprit a tenté de s'échapper.

Le jeune homme brun se laisse aller à l'interrogation et souhaite que ce moment de flottement dure et ne s'éclipse jamais, jamais, jamais.