Disclaimer : L'histoire et les personnages de Naruto appartiennent à Masashi Kishimoto.

Titre de la fanfiction : Mémoires de Kazekage

Auteur : Ardell

Mémoires de Kazekage

Chapitre un : Je suis un monstre

Je me souviens de ma prime enfance. Époque bénie où je pouvais faire tout ce qui me plaisait et où je n'étais jamais réprimandé, contrairement à mes frère et sœur. Je croyais que le monde entier tournait autour de moi. Après tout, n'étais-je pas le fils du quatrième Kazekage ? Étant très jeune, je ne me posais pas la question de savoir pourquoi j'étais traité différemment de Temari et de Kankurô. Je devais être le préféré, voilà tout. Comme je devais être précieux aux yeux de mon père !

Je me trompais. Je n'ai jamais été aimé.

Avant de me rendre compte de cela, les seuls problèmes que je rencontrais étaient ces insomnies chroniques qui me gardaient éveillé une bonne partie de la nuit. J'avais beau tomber de fatigue, je ne sais quel instinct m'empêchait de m'assoupir. Comme s'il risquait de se passer des choses horribles dès lors que j'aurais fermé l'œil. Il y avait cette voix, aussi. Murmures indistincts. Cela me donnait l'impression que quelque chose vivait en moi.

Malgré cette étrange présence, je commençais à me sentir bien seul. Aucun camarade ne partageait mes jeux. Même Temari et Kankurô se montraient distants. À quoi me servaient tous mes jouets si je ne pouvais pas m'amuser avec d'autres enfants ? Ceux-ci ne venaient jamais vers moi. Un jour, cependant, l'espoir de me faire des amis me gagna.

C'était peu après mon sixième anniversaire. Assis sur une balançoire, j'observais les enfants qui s'amusaient avec un ballon. Comme cela aurait été agréable de me joindre à eux ! J'avais vraiment envie de jouer, moi aussi. Soudain, l'un des garçons lança la balle si haut qu'elle atterrit sur le toit d'une maison. Je crus que c'était l'occasion rêvée.

J'avais cet étrange pouvoir de contrôler le sable, du plus loin que je me souvienne. Grâce à celui-ci, je fis doucement descendre le ballon. Puis, celui-ci dans les mains, je fis un pas vers les enfants.

Je vis distinctement les yeux de ceux-ci s'écarquiller. Était-ce de la peur que je distinguais dans leurs prunelles ?

Mais pourquoi ? Pourquoi me traitaient-ils de monstre, pourquoi s'enfuyaient-ils ? Je ne leur voulais pas de mal, au contraire. Vexé d'être ainsi rejeté et aussi effrayé par leur attitude, je tentai de les retenir. Comme obéissant à un ordre muet, le sable les rattrapa et …

Devant moi, mon oncle, Yashamaru.

— Arrête, Gaara...

Mon oncle, qui était le seul à réellement s'occuper de moi, avait risqué sa vie pour protéger ces enfants. Je trouvais cela étrange. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser quelqu'un au sacrifice, au sacrifice pour les autres ?

Quant à moi, cet isolement, ces regards méfiants et apeurés, tout cela me pesait. Où étaient passées mes premières années, cette époque où je me prenais pour un petit roi ? À six ans, je comprenais que je n'étais pas un petit garçon adulé, mais un petit garçon craint de tous. Grâce au sable, je n'avais jamais été blessé. Pourtant, j'avais cette pénible sensation dans le cœur. Comme si une main malveillante le tordait encore et encore. Je ne saignais pas, néanmoins j'avais mal.

Grâce à Yashamaru, j'appris que seule une chose appelée amour était capable de soigner cette blessure invisible. Dès lors, l'affaire était entendue. J'allais me faire aimer ! Cela commençait par apporter des médicaments au garçon que j'avais blessé avec mon sable. Certainement, il me ferait entrer chez lui et me présenterait sa famille, peut-être même que je serais invité à partager leur dîner ?

A peine m'avait-il vu qu'il me claqua la porte au nez.

Ainsi, la gentillesse ne servait à rien.

Le sable ne servait à rien.

Pitié, que l'on me dise ce qui marchait !

Rejeté, furieux, malheureux, je rentrai chez moi et croisai cet homme. Dans son regard, du mépris. Et ce mot, encore. Monstre !

Ah j'étais un monstre ? Les monstres, ça tuaient les gens, non ? Dans mon désespoir, je déversais toute ma colère, ma rancune et ma souffrance vers cet homme. Tel un animal dressé qui obéit à son maître, le sable se chargea de lui.

Plus tard, on tenta de m'assassiner.

Ainsi je n'étais pas seulement détesté, on voulait ma mort !

Que quelqu'un me réponde, qu'avais-je fait de mal pour mériter cet ostracisme, cette défiance, cette haine ? Grâce au sable, cette tentative de meurtre échoua.

J'aurais préféré qu'elle réussisse.

Car, lorsque ce ninja ôta son masque, tout s'arrêta. Ma respiration, mon cœur. Même le temps suspendit son cours.

Yashamaru ! Qui prenait soin de moi, qui m'avait patiemment expliqué à quoi servait ce sentiment que l'on appelait l'amour.

Et c'était mon père qui lui avait ordonné de...

Je crus que j'allais vomir.

Puis je me repris. Si c'était un ordre du Kazekage, Yashamaru n'avait pas eu le choix. Il obéissait aux directives.

L'espoir en moi se brisa quand mon oncle m'affirma qu'il avait justement eu le choix.

Tout le monde me haïssait, à commencer par ma propre mère, que l'on avait sacrifiée pour sceller en moi le démon à une queue. Ma naissance avait poussé ma mère dans la haine et, dans son exécration du village, elle avait prononcé une malédiction. Le nom qu'elle m'avait donné ne signifiait pas qu'elle m'aimait, non. En fait, elle avait voulu faire de moi l'instrument de sa vengeance.

Lorsque votre propre mère vous rejette, quelle valeur pouvez-vous avoir ? Yashamaru lui-même m'avait en horreur. Toutes ces belles paroles, cette gentillesse, ces sourires... Mensonges ! Que des mensonges !

Après la mort de mon oncle, je me mis à hurler. Je ne savais comment exprimer autrement ma douleur. Non désiré, rejeté, haï...

Ah, ainsi personne ne m'aimait. Ainsi, j'étais seul.

Très bien, dans ce cas, moi non plus je n'aimerai plus personne. Désormais je ne soucierai plus que de moi-même. Le sable me protégeant, plus personne ne pourrait me faire du mal.

Le kanji "amour" se grava sur mon front, preuve que j'étais à, présent, le seul à m'aimer. Ou peut-être était-ce le symbole de ce qui me manquait le plus ?

Ni père, ni mère, ni frère, ni sœur, ni amis.

Seul. Moi contre le monde entier. Le monde entier qui voulait me détruire. Je devais être le premier à agir. Attaquer le premier. Après tout, n'était-ce pas pour cela que j'étais venu au monde ? Pour être une arme ultime ? Ces gens que je tuais, cela prouvait simplement mon existence. Ils mouraient, moi j'étais en vie. Et cette voix dans ma tête, qui réclamait du sang, toujours plus de sang... J'avais compris qu'il s'agissait de la voix de ma mère, qui accomplissait là sa vengeance. Tu vois, mère, je suis un gentil garçon, je fais ce pour quoi je suis né.

Les autres avaient raison. Je suis un monstre.