Bonjour à toutes et tous! Je suis ce forum depuis quelques temps, et je décide enfin à poster cette fic...Je suis également inscrite sur un autre forum, avec le même pseudo.
Vos commentaires sont évidemment les bienvenus ! J'espère que vous apprécierez.
Chapitre 1
J'avais tué un homme…en l'espace de 5 secondes, j'avais ôté la vie d'une personne. Certes, j'étais persuadé qu'il s'agissait de Red John, de mon ennemi de toujours, de l'homme qui avait ruiné ma vie, le seul aussi qui me permettait de continuer à vivre, via cette vengeance que je m'étais juré d'assouvir.
Il m'avait dit des choses que seul Red John pouvait savoir. Lorsqu'il a commencé à parler de ma fille, de ma douce, naïve, fille, je ne pouvais plus réfléchir. Je pouvais seulement laisser agir mes émotions à la place de ma réflexion. Evidemment, avec le recul, il était aisé de savoir que en grand manipulateur, Red John aurait fort bien pu envoyer une taupe à sa place. Mais sur le moment, je ne pouvais pas prendre de recul.
J'ai tué un homme. J'ai évité la prison, non pas parce que je ne voulais pas payer ce crime, mais lorsque je me suis rendu compte que tous les indices récoltés par l'équipe ne pouvaient avoir qu'une conclusion, que je n'avais pas tué Red John mais une de ses taupes, ben je m'étais aussi rendu compte que mon Némésis courrait toujours, et que donc, il pouvait frapper encore et encore. Et surtout, je m'étais rendu compte que je n'avais absolument pas assouvi ma vengeance. Au contraire, j'étais bel et bien tombé dans un de ses nombreux pièges. Il m'avait encore eu. J'étais devenu un criminel. J'aurais pu vivre avec la mort de Red John sur la conscience, je n'attendais que ça. Mais là, quand bien même Carter était une ordure, j'avais tué la mauvaise personne.
Et là, 4 mois après, j'étais de nouveau au CBI, allongé sur mon canapé, feignant de dormir. Feignant d'aller bien. Feignant d'être persuadé d'avoir tué Red John. Seule Lisbon savait. Elle était la seule à savoir que je n'avais pas tué Red John. Je lui avais sorti cette information dans la voiture, en sortant de mon procès, mais jamais, ô grand jamais, elle n'avait osé m'en reparler. Elle ignorait désormais tout ce qui avait trait à Red John. Elle ne m'en parlait plus et ne voulait plus rien savoir.
L'ambiance de l'équipe avait changé. Certes, tout le monde faisait comme si rien ne s'était passé, mais l'air était différent. On ne disait rien, mais une ambiance chargée en sentiments volait au-dessus de nos locaux. On se complaignait dans ce silence, sachant pertinemment que si une vanne était ouverte, on risquait l'implosion.
Ils avaient tous pris des risques pour moi. Tous. Cho avait même joué le double espion afin de suivre mon plan pour faire revenir Lisbon. D'ailleurs, le fait que je me fus acharné à la faire revenir, n'était pas passé inaperçu. Certains disaient même que c'était encore un de mes plans calculateurs, car je savais que Lisbon me permettait d'assouvir cette dite vengeance. Car je savais la manier, la manipuler pour atteindre mes objectifs.
Je préférais les laisser croire. L'unique chose qui m'embêtait était que Lisbon elle-même puisse penser ça. Car non, ce n'était pas la raison. Certes il était plaisant de l'avoir comme chef, de la taquiner à longueur de journée, d'attendre nos matchs de ping-pong verbaux avec impatience, de la mettre devant le fait accompli lorsque je montais un de mes « plans foireux » comme elle aimait à les qualifier. Certes à plusieurs reprises je l'avais manipulée. Plus encore, au tout début de notre collaboration, je ne la percevais que comme un pion qui me permettait d'atteindre le roi du jeu d'échecs.
Mais je m'étais laissé prendre au jeu. Je m'étais laissé aller à vivre, et ces rares moments où l'homme caché derrière ma carapace avait refait surface, j'avais apprécié. Oui j'avais apprécié Van Pelt, sa douceur, sa naïveté. J'avais apprécié Rigsby et son air de grand benêt toujours prêt à faire des blagues, et cependant le plus droit et joyeux de mes compagnons d'infortune. J'avais apprécié Cho et son flegme, sa droiture d'esprit et sa fidélité. Et j'avais apprécié Lisbon. Ce petit bout de femme à la carapace aussi épaisse que la mienne, qui elle aussi se permettait de lâcher son moi intérieur par moments. Son caractère, sa répartie, son dévouement envers les plus faibles. Je soupçonnais d'ailleurs qu'elle m'ait laissé entrer dans son équipe pour cette raison. J'étais faible, elle voulait me secourir. Mais elle savait être douce, être tendre, et…je ne savais pour quelle raison, mais c'était mon alliée. Elle était là, toujours là. Et serait encore là. Je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser.
D'ailleurs je culpabilisais depuis 8 ans désormais. Mais dernièrement je culpabilisais de ce que j'avais fait endurer à ces 4 personnes. C'est d'ailleurs comme ça que je me suis rendu compte que je n'étais pas aussi froid et distant que je l'avais voulu auparavant. Si je ressentais de la culpabilité, cela voulait forcément dire que j'étais vivant. Et que je me souciais des autres (même si j'évitais évidemment de le montrer).
Van Pelt avait tiré sur l'homme qui était censé l'épouser. Red John s'était servi d'elle pour m'atteindre. Elle montrait un nouveau visage désormais. Elle se faisait plus dure. Je m'en souciais, mais elle ne laissait rien paraître. Et comme le silence quant aux faits dérangeants semblait être roi au sein de notre équipe, je me gardais bien de remuer le couteau dans la plaie. Mais je m'en voulais.
Et pour Lisbon aussi, je culpabilisais. Elle n'avait plus de vie. Elle était bien sûr une acharnée de boulot, ça c'était même avant que je n'entre dans sa vie. Mais désormais, ma vengeance était sienne.
Mais je ne pouvais pas lui parler. Oh si, on essayait de faire comme avant. Comme avant ce jour dans le hall du centre commercial. On essayait de retrouver nos piques, ne serait-ce que pour l'équipe. Mais nous 5, nous ne fonctionnions qu'avec des faux semblants. Ça sonnait tellement faux par moments….enfin, tout au moins eux, en était désormais conscients. Car pour moi, cela faisait bien longtemps que la vie sonnait fausse. Eux n'étaient rentrés dans ce schéma que 4 mois auparavant. Le masque que j'arborais depuis 8 ans s'était propagé à l'équipe désormais. Alors j'agissais avec eux comme si rien ne s'était passé. C'était ce qu'ils attendaient.
Avec Lisbon en revanche, quand bien même une apparence de normalité semblait être présente, avec Lisbon cela avait changé. Elle se faisait plus distante. Elle partait souvent seule désormais. Menait des enquêtes seule. Restait seule. Et moi je n'osais plus. Je n'osais plus venir frapper (ou pas) à son bureau pour un oui pour un non. Je n'osais plus l'appeler aussi souvent, pour un oui, pour un non. Je la laissais. Je la lâchais. Une sorte d'accord tacite avait été établi entre nous. Je ne la mêlais plus autant qu'avant à tous mes plans extravagants. Je la laissais essayer de se reconstruire. Car je la savais blessée. Je savais que JE l'avais blessée. Je savais que j'avais en quelque sorte brisé quelque chose.
Pourtant, j'avais tout autant si ce n'est plus besoin d'elle qu'avant. Et pas seulement du point de vue vengeur. Non, j'avais besoin de son assentiment, et c'est peut-être ce qui changeait désormais. Même si elle ne me faisait plus confiance, ma confiance en elle était entière et avait été renforcée par le crime que j'avais commis. Elle s'était démenée pour sauver encore une fois mon âme. Si tant est que j'en aie encore une.
Je souffrais de la voir s'éloigner de moi, mais je savais qu'elle en avait besoin. Et je l'avais tellement fait souffrir que je ne pouvais qu'acquiescer en silence à cet accord.
Mais je ne supportais pas cette distance entre nous. Lors des enquêtes, lorsque nous nous retrouvions tous deux face à des étrangers, j'avais besoin d'elle. Je cherchais son regard. Qu'elle me renvoyait doux. Notre relation avait évolué, l'humour était toujours présent entre nous, mais moins qu'avant. Et il avait été remplacé par quelque chose qui relevait du domaine du sensible. Nos regards avant joueurs, étaient désormais empreints d'une inquiétude latente mêlée à un sentiment fort de compréhension. Nous nous comprenions par le regard. Nous échangions bien plus par regards que par paroles désormais. Et nos vrais sentiments passaient par ce moyen. Elle savait quand j'étais mal à l'aise. Elle savait quand j'étais énervé. Elle savait quand je ne contrôlais plus.
Même si nos paroles semblaient normales aux yeux de tous, notre complicité était désormais à un autre niveau. Notre complicité n'était plus uniquement taquine, non, elle était plus douce, plus intime, plus fuyante et gênante aussi.
Dans mes regards elle pouvait lire de la culpabilité, de la redevabilité et de l'admiration. Dans les siens, je pouvais lire de l'inquiétude, de la méfiance, mais également de la douceur.
Ainsi, nous jouions tous deux un double-jeu. Aux yeux des autres, rien ne s'était passé, personne n'arrivant encore à déchiffrer nos regards. Mais lorsque le soir tombait, lorsque la journée du CBI était finie, lorsque Lisbon et moi nous retrouvions seuls, nous laissions tous deux tomber ces masques. Encore une fois, tacitement, nous nous comprenions. Ces moments avaient pris pour moi une importance particulière. Je me sentais apaisé par ces échanges, par cette douceur qui se dégageait de notre relation désormais. Même si je marchais sur des œufs avec elle, je n'attendais que ces instants rien qu'à nous, pour lui faire comprendre que je m'en voulais, pour lui faire comprendre à quel point elle était importante pour moi.
Je sortis de mes réflexions assez brusquement lorsqu'une sonnerie de téléphone se fit entendre. Ouvrant les yeux, je me rendis compte qu'il faisait nuit, et que tout était silencieux autour de moi. Sauf cette sonnerie de téléphone. Me relevant en m'étirant, je m'aperçus que le son perturbateur venait du seul bureau de l'étage encore allumé : celui de Lisbon. Je la vis décrocher son téléphone, et la vis prendre un air affolé quelques secondes plus tard.
