Auteur : Ideka Snape et merci à Archea pour la relecture.
Disclaimer : Les personnages de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling et je ne reçois aucune rémunération pour l'écriture de cette fic, si ce n'est vos reviews qui sont toujours très appréciées.
Rating : T.
Résumé : Sirius ne s'attendait certainement pas à ce qu'une blague aussi insignifiante ait des conséquences aussi inattendues...
(…)Il s'invite quand on ne l'attend pas
Quand on y croit, il s'enfuit déjà
Frère qui un jour y goûta
Jamais plus tu ne guériras
Il nous laisse vide
Et plus mort que vivant
C'est lui qui décide
On ne fait que semblant
Lui, choisit ses tours
Et ses va et ses vient
Ainsi fait l'amour
Et l'on n'y peut rien
Jean-Jacques Goldman
UN MOMENT D'ÉGAREMENT
Ce soir là, l'ambiance au 12 Square Grimaud était loin d'être aussi sinistre que d'habitude. Il devait le reconnaître, entendre le murmure des conversations détendues dans la cuisine tandis que dans le salon les rires des plus jeunes répondaient à l'espèce d'aboiement sonore de Black, avaient vraiment quelque chose de doux et de réconfortant, surtout quand on revient d'une réunion de Mangemort. Pour ne rien gâcher, Albus semblait trouver ses informations plus qu'intéressantes et l'écoutait attentivement. Oui, c'était vraiment une soirée agréable, même pour lui, Severus Snape : un instant comme celui-ci était précieux au milieu de ces heures si sombres.
C'est probablement pour cette raison qu'il se sentait étrangement décontracté, ce qui expliquerait aussi pourquoi il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir derrière lui, alors que les rires dans le salon avaient cessé. Soudain, une pression sur son bras le fit se retourner et dans le même mouvement, des lèvres indéniablement masculines s'emparèrent des siennes. Severus était si surpris que, même quand il reconnut Sirius, il ne réagit pas. Ce dernier en profita pour laisser sa langue s'insinuer dans sa bouche. Tétanisé, le Professeur resta sans réaction, ses pensées s'emballant pour tenter de comprendre ce qui se passait. Dans ce chaos, ces lèvres réveillèrent quelque chose. Quelque chose de doux et de léger, qui ressemblait à s'y méprendre à de l'espoir, et avant même que l'implacable raison du Professeur y mette de l'ordre, ce timide espoir en réveilla d'autres qu'il avait soigneusement enfermé, là où personne ne viendrait les détruire, à tel point qu'il avait même fini par les oublier. Des choses stupides, comme l'espoir de ne plus être seul, ou qu'enfin quelqu'un veuille partager plus que des insultes avec lui. Mais déjà Sirius s'était arrêté, et le regardant d'un air critique, comme s'il s'attendait à devoir affronter un ouragan, il dit alors d'un ton à la fois sec et conciliant :
« T'énerve pas ok. On jouait à action et vérité et j'ai eu un gage »
D'un seul coup, Snape reprit conscience du monde qui l'entourait. Les jumeaux Weasley, leurs deux cadets, Granger et Potter qui attendaient dans l'entrebâillement en riant comme des bossus. Albus, qui ne semblait pas remis du spectacle, et Sirius, qui revenait vers les enfants avec une grimace de dégoût qu'il ponctua d'un « Beurk » sonore qui manqua de faire s'étouffer les jumeaux.
Évidemment. Une blague. Quoi d'autre... Mais on ne réveille pas des années d'espoirs déçus impunément, et la douleur de la désillusion, qu'il ne connaissait que trop, l'envahit cruellement. Il sentait l'intensité de ces sentiments le submerger, et la peur de voir ses barrières céder surpassa un instant tout le reste. Il fallait qu'il parte avant que les derniers vestiges de son amour propre ne s'effondrent devant tant de visages hostiles. Il fit un dernier effort et sortit d'un pas rapide et furieux du QG. La dernière chose qu'il entendit avant de refermer la porte venait de Black :
« Bon débarras »
Snape marchait d'un pas vif dans les couloirs de Poudlard vers ses appartements, essayant de toute la force de sa volonté de repousser la douleur et la tristesse pour ne penser qu'à la colère, qui malgré lui, était en partie dirigée contre lui-même.
Comment, mais comment, avait-il pu croire un seul instant que cet abruti avait vraiment voulu l'embrasser pour autre chose qu'une blague ! Ce dégénéré, ce Véracrasse, ce…Black ! Toujours à rechercher un nouveau moyen de faire de sa vie un enfer, de l'humilier… Il devait être fier en ce moment, oui il devait bien rire…
Mais imaginer tous ses supposés alliés en train de se moquer était une image trop douloureuse et tellement injuste. Il se força à la rejeter dans un sursaut de rage.
Il n'aurait jamais du quitter Grimaud comme ça, il lui avait donné une victoire facile… Il aurait du trouver une réplique cinglante… ou bien lui coller une droite…
Mais c'était tellement douloureux. Toute cette colère, cette humiliation, cette peine, cette déception…
Pourquoi avait-il crût que c'était sincère? Pire, pourquoi pendant un instant avait-il pensé qu'il aimerait que ce soit vrai ? C'était tellement pathétique…
Mais ses lèvres étaient si…
Non ! C'était un instant d'égarement ! Il avait baissé sa garde, il n'aurait jamais du. Cela ne se reproduira plus jamais. Plus jamais…
A force de répéter cette injonction il finit par s'en convaincre et s'accrochant à cette certitude il parvint même à retrouver un peu de son sang-froid.
Mais en pénétrant dans son appartement sombre et froid, il se figea. Pour la première fois, la vérité, crue et violente, le rattrapait.
Il était seul. Il n'y avait personne qui l'attendait, il n'y avait jamais eu personne… Un baisé moqueur était la seule chose qu'il obtiendrait jamais d'un autre.
Il était seul.
Personne ne voudrait jamais de lui…Aussi pitoyable que puisse sonner cette phrase. Personne ne l'apprécierait jamais pour autre chose que son rôle dans la guerre… Il était un monstre, un Mangemort ignoble, sans cœur, sans émotion, une machine au raisonnement froid et implacable : était-il seulement encore humain ?
Lily avait fini par le comprendre…il n'en valait pas la peine…la trop douce et confiante Lily pour croire ce qui sautait immédiatement aux yeux des autres. Depuis toujours, ils avaient tous eu raison. Il n'y avait rien de bon en lui. Rien d'intéressant. Rien.
Des larmes glissèrent sur ses joues.
Non ! Il ne devait pas pleurer, surtout pas pour une raison aussi futile, il ne devait pas laisser la tristesse et les doutes l'atteindre. Il avait une mission.
Merlin, c'était tellement dur !
L'angoisse le faisait suffoquer. Pourquoi ne pourrait-il pas profiter d'un instant de paix ? Il pouvait bien s'autoriser une crise de larmes par décennie.
Demain, tout sera revenu à la normale. Oui. Personne ne saura. Juste une pause.
Un sanglot plus douloureux que les autres l'obligea à s'affaisser sur le sol, il prit sa tête dans ses mains et laissa libre cours à tous ses sentiments trop longtemps refoulés.
Juste un instant.
Personne ne saura. Il était seul.
Ce n'est qu'une fois que la porte d'entrée claqua que Dumbledore reprit enfin ses esprits et se précipita à la suite du Professeur en l'appelant d'une voix inquiète. Mais une fois dehors, il ne put que constater que Snape avait déjà transplané et il retourna furieux dans la demeure des Black. A l'intérieur, attirés par le bruit, tout les adultes s'étaient précipités dans le couloir et écoutaient ébahis les ados leur raconter les événements avec moult rires et moqueries. Seuls Harry et Hermione semblaient plus préoccupés qu'amusés, mais si elle se sentait concernée par la puérilité de la situation, lui était plus inquiet des répercussions de ce geste sur l'attitude de Snape envers lui.
Dumbledore sentit son sang bouillir :
« Qui a eu cette idée stupide ? »
Il n'avait pas vraiment haussé la voix, mais brusquement plus personne n'osa parler, ni même le regarder en face. Finalement, l'éclat dangereux dans les yeux du Directeur finit par effrayer assez le coupable pour qu'il se dénonce. Fred se racla la gorge :
« C'est moi Monsieur. C'est moi qui aie eu l'idée pour ce gage. »
Le regard que lui lança le vieil homme lui fit monter le rose aux joues jusqu'aux oreilles de honte et il recula derrière son frère.
« Où est Sirius ? », demanda-t-il d'une voix beaucoup, beaucoup trop calme.
Ginny lui indiqua l'escalier du doigt, sans oser dire qu'il était monté sous le prétexte de devoir se « rincer la bouche », et le Directeur suivit l'indication avec un dernier regard noir pour l'assemblée qu'il laissait derrière lui.
Arrivé en haut de l'escalier, Dumbledore se dirigea vers la seule pièce éclairée et entra brutalement. Sirius sursauta et se retourna vivement.
« Sirius Black ! Puis je savoir, par Merlin, quand cesserez-vous de l'humilier de la sorte !, gronda le Directeur furieux.
- C'était le jeu Professeur, je n'y peux rien si ce crétin n'a pas d'humour, se défendit Sirius avec suffisance.
- Bon sang Sirius vous n'avez plus 15 ans, grandissez ! Si vous aviez un tant soit peu de maturité vous auriez refusé et les enfants auraient trouvé cela parfaitement normal !
- Enfin Monsieur, est-ce vraiment si important ! Snape n'est qu'un immonde mangemort, un crétin huileux, un…
- Suffit !, le tança Dumbledore. C'est leur Professeur, rien que pour cela vous n'auriez pas du le ridiculiser devant eux ! Mais c'est aussi notre seul espion ! Il est le seul à pouvoir remplir cette mission dangereuse, sans la moindre reconnaissance des autres membres de l'ordre. Pire ! Il n'obtient que mépris et défiance, quand un abruti ne décide pas tout simplement de le ridiculiser. Vous n'avez pas à reporter sur lui votre frustration de ne pas pouvoir nous aider. »
Sirius ne répliqua pas, il ressemblait à un enfant en train de bouder et pendant un moment le silence s'installa dans la pièce. Dumbledore soupira avec lassitude, puis il s'adressa de nouveau au Gryffondor avec fermeté :
« Je veux que vous alliez vous excuser.
- Pardon ?, s'écria Sirius. Il en est hors de question !
- Sirius…menaça Albus d'une voix basse et imposante. Vous ferez ce que je vous dis.
- Mais pourquoi ! Ce n'était qu'un pauvre baiser de rien du tout, se plaignit-il. Vous ne m'avez pas demandé de m'excuser pour le reste, alors je ne vois pas pourquoi je devrais le faire maintenant.
- Je suis d'accord avec vous…J'aurais du vous y obliger il y a bien longtemps. »
Comprenant que s'il persistait à refuser il risquait de devoir s'excuser pour bien plus que l'incident de cette soirée, il se résigna en poussant un soupir à fendre l'âme.
« C'est d'accord je m'excuserai dès que je le reverrai.
- Non. Vous allez le faire ce soir.
- Quoi ? Mais…
- Je vous emmènerai à Poudlard une fois que j'aurais réglé quelques problèmes pour l'Ordre avec Maugrey.
- Je…
- La discussion est terminée. »
Note : Cette histoire est quasiment achevée donc je pourrais poster un chapitre par semaine pendant environ dix semaines. Encore faut-il qu'elle intéresse quelqu'un?...
Une petite review svp?
