Thème : Contrôle mental/amnésie (kink) pour le bingo.
Alors, ce thème m'a donné du fil à retordre. C'est le carré au milieu de ma ligne pour faire ma deuxième ligne (il faut rendre la copie avant le 31 janvier pour le bingo, oups, il va falloir finir vite tout ça...), j'ai des modifications à faire sur le troisième chapitre. Voilà une petite histoire en trois chapitres.
Disclaimers : APH appartient à son génial créateur : Hidekaz Himaruya. Et là, on est en Piratelia !
Bonne lecture ! Ce sera sûrement ma dernière fanfic... Je vais voir si je peux faire quelques thèmes en supplément sur le bingo pour m'amuser. Je ne pense pas avoir le temps de faire du Nyotalia (même si j'ai des idées). Donc, voilà, du FrUk pour bien terminer.
Arthur était satisfait de son séjour à terre dans les Antilles.
Il n'appréciait pas forcément de faire commerce avec Antonio alors qu'il menait une vie trépignante de pirate loin de ses obligations de nation. Ce fourbe d'espagnol essayait de le raisonner pour son propre bien.
Arthur, tu devrais te préoccuper des tiens… Arrête avec ta crise d'adolescence… On sait que tu fais aussi peur que Barbe Noire… Mais ton pays a besoin de toi… pas que ça me dérange, je profite amplement de ton absence pour arnaquer ton gouvernement… Etc…
Si cet imbécile espagnol savait à quel point il était encore fidèle à son pays, il retournerait dans les jupons de sa mère en geignant.
On ne se mêlait pas des affaires de Kirkland.
Il n'empêchait qu'il avait adoré de voir à quel point il réussissait à mener en bateau l'espagnol.
Antonio n'avait jamais été très futé, il avait toujours eu un peu de mal à lire dans le jeu de ses adversaires en dehors des combats.
L'anglais avait donc un petit sourire alors qu'il rejoignait la plage où il avait laissé sa barque.
Arthur Kirkland pouvait laisser sa barque sans surveillance parce qu'elle était enchantée.
Et nul ne touchait aux affaires de Kirkland impunément.
Depuis quelques temps, il avait un taux de réussite dans tout ce qui était magique absolument délectable. Et il pouvait donc avoir certaines commodités bienvenues. Comme celle de ne pas mettre dans la confidence l'un de ses marins sur sa destination en l'embarquant avec lui, comme celle de laisser son navire à son second sans craindre la moindre insubordination… (En cas de mutinerie, il retrouverait son navire avec son équipage massacré par les ustensiles de cuisine mais ça il s'en fichait tant que son bâtiment naval restait sien), comme d'avoir de l'eau douce et chaude pour lui et lui tout seul (trimer, matelot !), comme des avantages tactiques et navals contre tous ses adversaires, il ne fallait pas l'oublier…
Et surtout, grande joie et ultime réjouissance, il pouvait ensorceler son rival !
Dans les dents, bouffe ça fumier de français de ses deux !
Il avait un peu abusé de la chose, Arthur devait bien l'avouer. Il avait toujours pris l'habitude de lancer périodiquement des sorts, sais-t-on jamais ça pourrait marcher, à Francis. Il ne s'était donc pas arrêté dans son petit rituel hebdomadaire… Et, il était déjà certainement trop tard pour ce bloody frog quand Arthur s'était aperçu de ses aptitudes renforcées…
Enfin, bon, il ne se faisait pas trop d'espoir, Francis avait une résistance aux sorts particulièrement exceptionnels (le salaud !). Arthur espérait qu'il ait une bonne migraine au moins.
De bonne humeur face à cette perspective, Arthur se retrouva sur la plage où l'attendait sa fidèle embarcation.
Son enthousiasme retomba en s'apercevant que le soleil commençait à se coucher parant d'or, de rose et d'orange l'océan clair.
Une vision exotique s'offrait à lui par rapport à sa chère Angleterre aux falaises de craies. Les plages de sable fin avaient un attrait particulier pour leur douceur de vivre.
Il ne pourrait rejoindre son équipage ce soir, il espérait que ses hommes seraient sages, c'était toujours une perte de temps que de recruter de la chair à canon.
Le sable crissa sous ses pas alors qu'il se hâtait de rejoindre ses affaires.
Il se pencha dans sa barque pour récupérer de la nourriture, de quoi faire du feu, un abri et quelques vêtements dans une cachette.
Lorsqu'il se releva, il fut ébloui par le soleil couchant face à lui. Il râla contre les petites taches scintillantes dans les flots jusqu'à ce que son regard accroche quelque chose d'inhabituel.
Il ne pouvait pas voir avec cette luminosité ce que c'était.
Arthur dégaina son sabre en s'avançant vers la forme allongée dans les vagues.
Un homme blond complètement inerte gisait à ses pieds, en chemise blanche quasiment transparente et en pantalon de bourre.
Encore un ivrogne qui avait basculé dans le port… Il était peut-être encore en vie… Ce serait dommage d'être réveillé cette nuit par celui-ci… Arthur tapa dans le tas mou et informe pour être sûr que c'était mort.
Perdu…
L'homme avait toussé, et il s'était mis à prendre d'amples respirations.
Arthur leva son sabre, déterminé à éliminer l'inopportun sur la plage où il allait camper, quand celui-ci se retourna vers lui.
Qu'est-ce qu'il faisait là !
Il pointa derechef la lame de son sabre sur la gorge de son pire ennemi.
Celui-ci eut un geste hésitant pour écarter cette menace avant de tomber dans les pommes.
Non, son rival n'avait pas le droit de tourner de l'œil ! Où était son esprit de challenge ! Ils devraient être en train de se battre comme des chiffonniers ! Il se sentait bête à rester là à regarder Francis complètement dans les vapes ! C'était pire que de lui poser un lapin !
Non, mais c'est vrai ! Quel rival ne rêverait pas de rencontrer le sien, par le fruit du plus grand des hasards, en train de lui tendre un piège pour pouvoir le déjouer avec ingéniosité et en retirer toute la gloire. Et ce, en fin de journée, histoire de dormir paisiblement le devoir accompli dans les règles de l'art.
Arthur gonfla ses joues avant de pester contre Francis.
Il vérifia plusieurs fois que Francis était effectivement hors-jeu tout comme il se préoccupa de ses facteurs vitaux. Il respirait, son cœur battait, tout allait bien, ils pourraient à nouveau se disputer, et l'un d'eux pourrait mourir dans la dignité.
Bon, okay, Francis ne faisait pas semblant.
Arthur le tira à l'abri, qu'est-ce qu'il pouvait être lourd ce bâtard, en le prenant par-dessous les aisselles.
Soucieux du bien-être de son rival, il sécha ses vêtements d'un sort bien ajusté. En temps normal, il aurait pu se passer énormément de choses farfelues à ce simple acte magique mais, là, il maîtrisait. Et il appréciait.
Arthur ne s'inquiétait pas tellement de la perte de connaissance de Francis. Il arrivait que les nations, après épuisement ou après un coup dur, s'évanouisse sans prévenir. Pour Arthur, ça n'annonçait donc que du bon. Francis passait un moment difficile, il allait en prendre avantage.
Arthur le veilla quelques temps en sirotant du rhum, puis quand le sommeil vint, il préféra attacher Francis pour être tranquille.
Il s'endormit paisiblement, heureux d'avoir capturé son rival ce qui lui promettait une bien bonne nuit.
Il fit des rêves étranges où ses faeries lui murmuraient des paroles insaisissables, il était trop fatigué pour y prêter attention, il ne voulait que le repos et le noir.
Abruti par l'alcool et par le sommeil, Arthur ne se rendit pas tout de suite compte au petit matin qu'on trifouillait dans ses affaires.
Ce, avec délicatesse, et certainement avec l'intention honorable de ne pas le réveiller. Tactique que tout bon prisonnier respecte avec tradition pour ne pas mettre en rogne son tortionnaire dès le réveil.
Arthur n'en était pas à son premier captif, il ouvrit à peine les yeux pour s'apercevoir que son rival lui faisait face son attention focalisée sur son sabre à récupérer.
Il bailla puis il mit la main sur son arme.
Francis leva ses poings liés pour le frapper.
Yes, a fight !
Arthur lui attrapa derechef les poignées, et avec toute la force qu'il avait eue pour se relever, il mit à terre Francis. Il sortit son sabre très lentement avant de le positionner sous la gorge de son rival qui n'en menait pas large du tout.
« Euh… Bonjour, monsieur le pirate… »
En français. De Francis, c'était à prévoir.
« You, stupid frog ! Wanna surprise me ? Bad idea ! » (Toi, grenouille stupide ! Tu voulais me surprendre ? Mauvaise idée ! )
Francis plissa son front d'incompréhension, il hésita avant de parler, Arthur ne faisait pas un geste restant dans une position tendue en dévisageant son rival apeuré avec délectation.
« Je ne comprends rien à ce que vous dîtes.
- No more french, you obvious prat ! (Plus de français, Andouille orgueilleuse)
- Si vous retirez ce sabre et si vous me libérez, nous pourrons faire plus ample connaissance.
- I don't want sex with you, you pervert ! (Je ne veux pas de sexe avec toi, pervers !)
- Moi, c'est… »
Francis ferma les yeux comme s'il avait mal à tête.
« … Je ne sais plus, peu importe. Et vous, comment vous appelez vous ?
- Arthur, le mec qui va te faire regretter d'avoir un jour foulé cette terre, imbécile bienheureux. Arrête ton cirque, et défends-toi, you stupid !
- On se connaît ? Ce n'est pas une manière de se saluer…
- Francis, ce n'est pas drôle », cria Arthur.
Le français n'allait pas lui refuser une petite effusion de sang matinal en faisant l'idiot ! Non, non, non ! C'était pour l'agacer ! Stupid teaser !
« Je m'appelle Francis, demanda le prisonnier avec une moue sceptique ce qui fit décrocher sa mâchoire à Arthur.
- Bien sûr, crétin ! Et maintenant, tu vas te battre avec moi !
- Mais j'ai déjà perdu, s'écria Francis paniqué.
- T'es capable de renverser la situation, je te connais, qu'est-ce que tu attends ? Que je t'entaille ! Je vais te faire pisser le sang, tu vas crier comme un porc !
- Ne me blessez pas, par pitié ! Je ferais tout ce que vous voudrez ! Laissez-moi tranquille ! »
Arthur plissa ses yeux de colère, Francis ne lui aurait jamais, ô grand jamais, proposé de faire tout ce qu'il voudrait. Ce pourrait être lourd de conséquences. Et il avait beaucoup trop de fierté pour le supplier de l'épargner de manière aussi pathétique.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Je ne sais pas, dîtes-moi, je ne me souviens de rien. »
Arthur rengaina son sabre puis il posa sa main sur l'une des tempes de son rival.
« Qu'est-ce que vous faîtes ? Ne me touchez pas…
- Shut up !
- De quoi ?
- Ferme-la ! »
Arthur ne dirait plus rien sur l'exceptionnelle capacité de Francis à résister à ces sorts. Apparemment, il avait fait mouche même si ce n'était pas les effets qu'il aurait désiré. Il se remémora la formule qu'il utilisait habituellement. Malchance. Ok, Francis devait être tombé à l'eau, il avait bu la tasse… Et… ne se souvenait de rien. Et de même pas qui il était.
L'aubaine totale ! Arthur était incroyablement excité !
« Tu ne te souviens vraiment de rien… Même pas de moi, se moqua Arthur en approchant son visage carnassier du sien.
- Ce devrait être pourtant difficile de vous oublier. Je ne sais pas qui vous êtes du tout, pouvez-vous éclairer ma lanterne ?
- Je suis le Capitaine Arthur Kirkland du navire The Unicorn, je suis le pirate le plus craint sur cette planète, l'informa-t-il avec emphase. Et toi, tu es mon rival, mon ennemi mortel, le Capitaine Francis Bonnefoy du navire Jeanne d'Arc.
- J'ai comme l'impression d'avoir un problème encore plus préoccupant que mon amnésie avec vous.
- Yeah, lui assura Arthur qui comptait bien profiter de la situation.
- Au moins vous ne pourrez pas me torturer et obtenir des informations capitales…
- Je le ferais pour le seul plaisir de te voir souffrir. »
Francis laissa échapper un hoquet de surprise qui n'avait rien de viril.
Arthur adorait, il adorait ce qui arrivait à son rival. Dire qu'il jubilait n'était pas un euphémisme. Oh, il allait jouer avec ! Yes ! Et il ferait en sorte qu'il s'en rappelle le bougre ! Il n'avait pas vraiment de plan pré-établi. Voir Francis le craindre avait déjà beaucoup de bon.
« Seulement, lui fit Arthur devant l'air terrifié de Francis, il faut que tu saches que je mets un point d'honneur à te vaincre dans les règles de l'art.
- C'est-à-dire ? Je ne saurais lutter contre vous, vous êtes un pirate.
- Détrompes-toi ! A partir de maintenant, tu es mon invité/prisonnier jusqu'à ce que tu retrouves la mémoire.
- Je ne pourrais jamais la retrouver.
- Ça m'étonnerais… »
Francis ne devait pas avoir conscience qu'il était une nation, et donc immortel avec des capacités de régénération exceptionnelle.
« Vous n'êtes pas un peu bien jeune pour un Capitaine de navire et pour m'avoir comme ennemi mortel. »
Arthur se mordit les lèvres avant de se relever. Il avait environ seize ans d'âge physique, Francis étant à peine un peu plus âgé d'apparence.
« Tu t'es vu, toi… T'as à peine dix-sept ans, Cap'tain.
- Je ne savais pas. »
Arthur ne put cacher un petit sourire en coin. Francis avait l'air innocent dans son ignorance ainsi que choqué par son attitude. Vulnérable.
« Où est votre bâtiment ?
- Déjà, frog, je ne te donnerais pas comme ça mon mouillage ! Ensuite, frog, tu y mettras les pieds bien assez tôt… »
En espérant que l'équipage ne soit pas massacré, ce pourrait faire peur à Francis.
« Pourquoi frog ?
- C'est toi, le stupid frog !
- Non mais pourquoi…
- T'en manges, des grenouilles. How disgusting ! (Que c'est dégoûtant…)
- Je croyais qu'on était ennemis, comment sais-tu ce genre de détails intimes ?
- Tout le monde le sait… Et je me suis renseigné pour t'empoisonner la vie, grommela Arthur. Maintenant, tu me suis…
- Petit déjeuner ? »
Arthur écarquilla les yeux de surprise. Ce n'était pas croyable ! Il l'avait, là, la preuve que Francis était bel et bien amnésique. Ce n'était pas le moment de faire mauvaise impression en disant qu'il n'y avait plus de rhum.
« Il reste du pain, je crois… »
Francis leva ses mains enserrées avec espoir.
« Non mais tu crois berner qui avec tes yeux suppliants !
- Un pirate qui ne m'a pas tué sur le champs ?
- Ecoute bien, obvious prat, c'est juste pour le plaisir de le faire quand tu seras en pleine possession de tes moyens. On ne retarde que l'échéance !
- Mais je t'ai fait quoi ! »
Ressortir l'historique ne serait qu'une perte de temps source de ruminations inutiles.
« On s'entendait très bien, une sombre histoire d'héritage et depuis, on ne se supporte plus… »
Yeah, c'était un bon résumé de la guerre de cent ans.
Arthur lui jeta le trognon de pain dans la tronche et il attendit que l'autre ait fini de le manger pour le trainer par la peau du cou jusqu'à sa barque.
« C'était vraiment une dispute sérieuse pour que je mérite un traitement pareil, se plaint Francis en roulant dans l'embarcation. »
Comment expliquer la guerre de cent ans et la mort de Jeanne d'Arc simplement ? Et tous les coups bas qui s'en suivirent…
« C'est très compliqué comme histoire…, éluda-t-il en couvrant la tête de Francis avec le sac de ses provisions.
- On est de la même famille ? Pour avoir eu un souci d'héritage, ce doit être le cas…
- Non… Heu, non… Pas vraiment… Mes demi-frères sont tes cousins… Mais, nous deux, non… On n'a rien en commun… »
A part d'être des celtes et des européens. Arthur préférait laisser Francis dans l'ignorance de sa condition de nation, il commençait à se rendre compte que ce ne serait pas facile de maintenir Francis dans son état et de maîtriser sa curiosité.
« A part que mes cousins sont tes demi-frères. J'ai donc des cousins… Si tu me parlais d'eux, peut-être que la mémoire me reviendrait.
- J'ai pas envie de parler d'eux, je ne les supporte pas.
- Alors de toi… On doit bien se connaître… On s'est rencontré comment ? »
Arthur inspira profondément. Aller à l'essentiel.
« Tu es venu rendre visite à tes cousins quand tu étais jeune. »
Francis avait plutôt mis la main sur son territoire, mais ce serait bien difficile à expliquer.
« Tu es parti à ma recherche quand tu as su que je m'étais perdu seul en forêt, lui narra-t-il.
- Je t'ai retrouvé ?
- Oui, et on est rentré tous les deux…, Arthur manqua de pouffer en se rendant compte qu'il parlait à un sac, qui cachait la tête de Francis.
- Pourtant, je ne dois pas être beaucoup plus âgé que toi…
- Parfois, ça peut faire une différence. Je me suis promis que je ne me perdrais plus, et j'ai appris à me diriger grâce à une carte. J'avais pas envie que tu viennes m'enquiquiner durant mes escapades. Le pire, c'est que tu t'es incrusté quand t'étais là… T'as un don pour savoir quand je veux me barrer.
- Ça ressemble à un bon souvenir.
- Je n'ai pas dit qu'il n'y en avait pas. »
L'amnésie de France faisait ressortir leurs bons côtés de manière inattendue. Francis ressemblait à l'enfant qui l'avait découvert lors de la conquête normande, quelqu'un de doux, de curieux et de prévenant.
A l'opposé du jeune homme pervers, profiteur, égocentré et insupportable qu'il était devenu.
« Quand on sera sur mon navire, il ne faut pas que tu oublies que tu as affronté mes hommes et qu'eux te connaisse comme le redoutable Capitaine Bonnefoy qui leur fait passer des nuits blanches…
- Et que me conseilles-tu de faire ? Je n'ai aucun souvenir d'être un homme de cette envergure.
- Surtout, ne montre aucun signe de faiblesse ou de peur. Sinon tu risques de passer un mauvais séjour sur mon navire malgré ma protection.
- Je suis ton prisonnier…
- Mon otage très précieux pour lequel j'obtiendrais une belle rançon de la part de ta famille.
- Ce que tu vas faire…
- Evidemment. »
Seulement, Arthur connaissait les dangers qui attendaient Francis s'il revenait entre les mains de son gouvernement complètement amnésique. Il serait à la merci du bon vouloir de son Roi, il ne saurait où se réfugier, il serait plus un poids qu'autre chose pour son pays.
Il n'avait donc d'autres choix que de l'aider.
« Hey, Captain ! Jolie prise !
- On vous a pas appris à saluer, bande de tripot de Satan, hurla Arthur en se retournant vers son navire et son équipage.
- Bonjour, Capitaine Kirkland ! »
Arthur vit Francis frissonner.
« N'oublie pas ce que je t'ai dit, murmura-t-il à son attention. »
Il s'accrocha à la coque de son navire, et on lui fit parvenir une échelle.
« Tenez-le en joue, il ne manquerait plus qu'il s'en sorte, cette canaille ! »
Une fois que ces matelots eurent exécutés ses ordres, il délivra Francis de ses cordes et de son sac sur la tête.
« Oh, lui, s'exclamèrent les matelots.
- Jolie prise, Captain !
- On va faire la fête ! La planche, la planche !
- Je suis un otage, et je vaux de l'or », répliqua Francis prenant de l'assurance face aux moqueries qui lui étaient adressées.
Arthur avait senti une faille dans sa voix, et il le poussa à monter le premier.
« Tu feras moins le malin quand tes autorités viendront te chercher ! »
Arthur sortit son pistolet de son pantalon pointant le canon sur Francis alors qu'il montait. Il s'apprêtait surtout à descendre le premier qui maltraiterait son rival sans son autorisation.
Il suivit Francis sur le pont, et il amena son otage dans sa cabine pour l'y enfermer.
« Bon, on lève la grande voile et on fait route vers le Nord. »
Il ne changea pas ses plans de voyage, et il laissa les commandes à son second. Il avait un prisonnier à interroger après tout.
Francis s'était installé à son bureau pour regarder les cartes d'Arthur ce qui mécontenta le pirate.
« Dégage de là !
- Je n'arrive même pas à les lire. Tu es sûr que je suis Capitaine de mon navire ? »
Francis était beaucoup plus atteint qu'Arthur ne l'aurait pensé. En résumé, il ne parlait que sa chère langue française et il avait gardé les gestes quotidiens de la vie. Il ne se souvenait de vraiment pas grand-chose.
« Oui, j'en suis sûr… Je préfère que tu ne les aies pas en tête quand tu partiras d'ici. Chaque Capitaine a ses cartes. Et quand on est de deux pays différents…
- Pays ?
- Tu es français, je suis anglais, nous venons de deux terres différentes gouvernées chacune par une royauté. C'est pour ça que j'ai un accent quand je te parle. D'habitude, je m'exprime en anglais. As I did the first time we met ! Comme je l'ai fait la première fois qu'on s'est rencontré.
- D'accord, c'est assez complexe… On dirait que tu chantes…
- Parce que ma langue est comme ça, répondit Arthur ravi d'obtenir un compliment sur sa culture. Et tu sais la parler même si tu évites de le faire.
- Je ne m'en souviens plus, je ne te comprends pas quand tu le fais. Merci de me parler de manière à ce que je…
- N'en fais pas trop non plus. D'habitude, tu n'es pas aussi complaisant.
- Je ne suis pas complaisant, je suis sincère. Tu pourrais me laisser me débrouiller seul avec mon problème. Je suis ton prisonnier mais je sais que tu vas prendre soin de moi jusqu'à ce que je retrouve la mémoire. »
Tout ceci prenait une tournure qui déplaisait à Arthur, il se laissait attendrir par la vulnérabilité de Francis. Et il n'était pas certain qu'une autre nation aurait été aussi prévenante avec lui. Et en même temps, c'était un peu de sa faute, il se devait de réparer les dégâts.
« Il faudrait que je te trouve quelque chose à faire pour stimuler ta mémoire.
- On pourrait discuter. Quand tu m'as parlé de notre rencontre, des images me sont venues…
- C'est un peu délicat, commença Arthur.
- Evidemment, si nous sommes ennemis, ça ne doit pas te faire plaisir de m'avoir à bord…
- Au contraire… Tu es mon prisonnier, je vais y gagner dans l'histoire…
- Alors tu n'es qu'un sale profiteur, s'exclama Francis dans un brusque accès de colère incompréhensible.
- Francis, cria Arthur de manière impérieuse en tapant du poing sur la table. Je te sauve les fesses, alors tu ferais mieux de bien te comporter ! »
Francis se rassit en boudant légèrement, il avait les larmes aux yeux de s'être allé ainsi.
« Explique-moi ce que je ne saisis pas…
- Tes supérieurs ne t'ont pas forcément à la bonne. Imagine que tu reviennes chez les tiens sans mémoire de qui sont tes alliés, de qui sont tes ennemis… Tu ne ferais pas long feu… Il suffirait que le premier sur lequel tu tombes t'en veuille suffisamment pour te faire disparaître…pour que tu meures. »
Francis ne pouvait pas mourir, il pouvait être emprisonné et maintenu dans son état amnésique. Et pour une nation, ce n'était que souffrance.
« Et n'es-tu pas ce genre de personnes à m'en vouloir suffisamment pour me tuer ?
- Seulement, j'ai comme principe de retirer toute la gloire de ta mort… Tu as de la chance de me connaître. »
Francis ne put s'empêcher de rire légèrement.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ça a un côté romanesque cette histoire.
- Ah, non, je t'interdis de dire ça !
- Je le pense fortement ! »
Le revoilà, ce côté énervant de Francis, il aimait titiller tout le monde.
« Je vois que tu reprends un peu tes esprits.
- Tu as l'air convaincu que je retrouverais la mémoire.
- Ce n'est qu'une question de temps. Et après, on reprendra nos habitudes. »
Arthur ferma les yeux pour trouver par quoi commencer. Ce serait plus simple de dire à Francis ce qu'il était vraiment mais Arthur voulait y aller en douceur en lui restituant des souvenirs banaux pour commencer. Il se mit à fredonner une comptine en celte que lui chantait Francis quand ils étaient petits.
Francis l'écouta avec attention, il n'avait pas l'air de saisir les paroles mais il comprenait un peu où il voulait en venir.
« C'est toi qui me chantait cela…
- Ah, bon… J'ai plutôt souvenir d'une femme qui le faisait pour moi. Elle était grande, avec de longs cheveux blonds noués en tresse, je n'ai pas son visage… C'est très flou…
- Ce devait être ta mère.
- Tu l'as connu ?
- Non, j'étais trop petit quand elle a disparu.
- J'ai l'impression de l'avoir retrouvé que pour mieux la perdre, ça me rends triste. »
Arthur détourna le regard, il aurait dû mieux choisir le premier souvenir.
Francis tâta le haut de sa poitrine pour sortir une gemme accrochée à son cou.
« Elle m'a donné ce talisman. »
Le regard d'Arthur se fit calculateur, alors voilà, le sale petit talisman qui protégeait Francis de toutes ses attaques ! Il s'approcha pour y jeter un coup d'œil, la pierre précieuse était fissurée ce qui pourrait expliquer que Francis se soit fait avoir cette fois-ci.
« Francis, je n'aurais jamais dû savoir cela, lui expliqua-t-il en lui rendant le bijou ensorcelé.
- Pour quelle raison ?
- C'est une protection magique contre moi. Sois plus prudent dans ce que tu me racontes…
- Je ne sais même pas ce que je dois te dire ou ne pas te dire.
- C'est ce qui rends intéressant ton amnésie, le taquina Arthur.
- Je devrais me méfier de toi comme de la peste.
- Je suis heureux que ton instinct de survie resurgisse.
- Tu es vraiment taré, dit Francis.
- Je n'ai rien dit, tu n'as pas une once de bon sens.
- Je trouve que tu as un raisonnement assez tordu.
- Notre relation est tordue…
- …Ce qui explique tout, bien évidemment…
- Et voilà, même amnésique, tu recommences à me chercher la petite bête… »
Francis eut un sourire ravi.
« … Et ça t'amuse en plus, râla Arthur.
- C'est trop tentant de t'embêter, j'aime ta façon de réagir à mes piques. C'est trop amusant.
- Je ne suis pas source à plaisanterie. »
Francis eut un regard éloquent sur ce qu'il en pensait personnellement, Arthur se pinça les lèvres d'énervement. Il sentait que le français allait profiter de son amnésie pour, inconsciemment, le pousser à bout.
