Les larmes du ciel
Goku était sur son lit, les jambes repliées contre lui avec ses bras autour, dans la chambre qu'il partageait avec Sanzo. Lorsque ce dernier s'était levé après le repas, le jeune homme l'avait suivi sans un mot. Et voilà plus d'une heure que les deux hommes restaient là, sans bouger. Le bonze était assis sur le bord de la fenêtre et fumait son énième cigarette, les yeux tournaient vers l'extérieur.
Au dehors, la pluie tombait drue et ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Goku ne supportait plus de voir son soleil ainsi. Chaque jour de pluie, le moine devenait plus distant que d'habitude, se réfugiait dans sa chambre et regardait les gouttes d'eau s'écrasaient sur le sol. Le châtain s'en serait arraché les cheveux. Pourquoi fallait-il toujours que Sanzo fasse ces jours-là un saut en arrière ? Pourquoi s'obstinait-il à croire qu'il aurait pu faire quelque chose ou changer quoi que ce soit ? Qu'aurait été capable d'accomplir un simple enfant face à des tueurs décidés ?!
Mais cela, le blond ne semblait pas le concevoir. Goku ne lui avait jamais exprimé son point de vue. Il n'osait pas. Après tout il se devait de comprendre la tristesse du bonze et de la respecter. Mais l'accepter, il ne le pouvait pas. Il n'en pouvait plus de le voir se morfondre sur le bord de ses fichus fenêtres descendant ses paquets de cigarette à une vitesse hallucinante. Et le singe cherchait encore et toujours une solution au tourment de son soleil.
« Oï le singe, tu vas me fixer encore longtemps comme ça ?! » grogna Sanzo sans daigner détourner le regard du ciel.
Le singe en question quitta le lit et vint se placer sur la fenêtre en face du moine.
« Qu'est-ce que tu veux ? maugréa ce dernier. Si t'as faim, t'as qu'à aller te servir. »
Goku encaissa le choc sans broncher. Il avait l'habitude. Et comme Sanzo lui posait la question, il décida d'en profiter.
« Je n'en peux plus Sanzo. Gojyo et Hakkai non plus. » tenta bravement les yeux dorés.
« Alors arrêtez-vous là ! Je n'ai pas besoin de vous ! Au contraire… »
« Ce n'est pas ça ! » coupa Goku.
« Alors arrête de tourner autour du pot ! » s'énerva le blond, le regard toujours tourné vers le dehors.
Le singe ne répondit pas tout de suite, cherchant ses mots, et baissa la tête. Il ne devait pas se tromper. Une ribambelle d'anges passa. Sanzo ignorait superbement le pauvre châtain. Finalement, ce dernier se décida. Avec un profond soupir, il releva les yeux sur son soleil et de sa voix la plus douce, il lui souffla :
« Tu sais Sanzo, ce jour-là, il ne pleuvait pas. »
Le bonze haussa les sourcils.
« Ce jour-là, le ciel pleurait. »
Lentement, le regard de Sanzo s'éloigna de la pluie et rencontra celui de deux yeux dorés. Goku ne cilla pas. Les yeux améthystes brillaient.
