Zorro contre M

Chapitre 1 : Où les ennuis commencent.

Un soir d'été à l'Hacienda des De la Vega, l'ambiance est à la fête dans le patio principal. Des familles de notables, des amis sont réunis sans raison particulière. Musique et danses accompagnent la gaieté de la soirée. Les discussions tournent autour de la prochaine course, des prochaines ventes… Un coup de feu casse l'ambiance magique et tout le monde s'arrête de parler, sur le qui vive tandis que les señoritas et les señoras vont se réfugier dans l'Hacienda.

_ Señores… Allez rejoindre vos épouses, ordonne un homme de noir vêtu et masqué qui aurait pu être Zorro si ce n'était la barbiche qu'il arborait… Non pas vous señores De la Vega, rajoute-t-il ensuite les visant avec deux pistolets.

_ Que voulez-vous ? Demanda Don Alejandro sitôt son dernier invité à l'abri.

_ Ce que je veux ? Que diriez-vous de la vie de votre fils. Dit l'homme narquois.

Diego, surpris, se demanda bien pourquoi et échangea un regard étonné avec son père. Avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, Don Alejandro le devança.

_ Si vous touchez à mon fils vous le regretterez.

Ce qui fit bien rire l'homme masqué… Ce rire… Il n'était certes pas inconnu aux oreilles des De la Vega. De l'ombre, un sabre glissa vers Don Alejandro qui ne chercha pas à savoir ni qui, ni comment et s'empressa de la ramasser en deux temps trois mouvements.

_ Descendez vous battre si vous êtes un homme, lança Don Alejandro faisant de nouveau rire l'individu mystérieux qui descendit de son perchoir, ravi de la tournure de la situation.

_ Señor, que me reprochez-vous ? Demanda Diego redoutant néanmoins une réponse trop directe.

_ Vous êtes la cause de ma déchéance et je le prouverai, dussé-je faire périr votre père en premier, expliqua l'homme rangeant ses pistolets et sortant son sabre.

'Un homme d'honneur, fier et orgueilleux.' Songèrent Don Diego et Don Alejandro.

_ Père…

_ Non Diego, je m'en occupe.

' Il lit dans mes pensées ou bien…'

' Tu n'es pas à la hauteur fils.'

Don Alejandro et l'homme mystérieux s'observent tandis que Diego recule bon gré mal gré. Du coin de l'œil il aperçoit Bernardo et lui fit signe de rester discret tandis que les lames s'entrechoquent une première fois.

' Il faut que j'oblige le jeune De la Vega à prendre les armes, son père ne m'intéresse pas.' Songe le mystérieux agresseur.

Les deux hommes font des jeux d'attaques, de parades et d'esquives, cherchant à se jauger l'un l'autre. Dans un sens, puis dans l'autre tandis que le fer résonne dans le patio, aucun ne semble prendre l'avantage sur l'autre. Puis l'homme en noir change tactique. Il attaque et enroule sa frappe, faisant voler l'arme de Don Alejandro aux pieds de son fils. L'homme en noir sourit, narquois, faisant reculer Don Alejandro qui tombe à terre, déséquilibré. Il s'apprête à frapper et Diego intervient alors, sous le regard ravit et avide de son adversaire.

' Vous voilà pris au piège De la Vega, allez-vous faire le mariole comme contre Martinez, ou allez-vous vous montrer sous votre jour réel ?'

_ En garde Señor ! Intime Diego.

L'homme a toujours ce sourire qui a le don de l'agacer et qui confirme qu'il connaît l'individu sous le masque. L'homme attaque sans crier gare, surprenant quelque peu Diego qui tombe en arrière pour éviter le coup.

_ Quel piètre adversaire vous faites De la Vega.

Sans quitter son adversaire du regard, Diego se relève et ne joua qu'avec des parades, le temps d'observer son adversaire. Don Alejandro, toujours au sol, observe, attentif… Son fils fait effectivement un piètre bretteur.

_ Vous ne savez que vous défendre jeune freluquet… Cela ne vous servira pas à grand-chose.

_ Pourtant c'est plutôt efficace, dit-il malin.

_ Et si je m'attaque à votre père, qu'allez-vous faire ? Questionna l'homme espiègle se dirigeant vers Don Alejandro qui vient de se relever.

_ Non ! S'écrie Diego le contournant et lui barrant de nouveau le passage.

Il est à deux doigts de craquer et tente des attaques basiques plus soutenues.

_C'est déjà mieux, murmure l'inconnu.

_ Diego ? Interroge Don Alejandro devant le nouveau jeu de jambes de son fils.

Ce dernier pressent qu'il en a trop montré. Oubliant son adversaire, et commettant alors une erreur de débutant volontaire, il tourne sa tête vers son père. Son regard a néanmoins saisi le prochain assaut de son adversaire, mais réagir dans de telles conditions risquerait de trahir d'autant plus sa couverture et son réel niveau. Il sent la pointe de la lame adverse le toucher au bras gauche et grimace sous le sourire moqueur de son adversaire.

_ Touché, sourit l'homme diabolique. La première partie de son plan a abouti.

Don Alejandro se rapproche tandis que Diego recule. La blessure n'est pas anodine, il le sent… Durant son apprentissage à l'école militaire, il lui est arrivé à une ou deux reprises de subir des touches, très superficielles n'ayant laissé aucune séquelle, à ses débuts bien évidemment… Cette touche n'est pas comme les autres, il se sent faible. D'un rire tonitruant, l'homme range son arme et prends la fuite. Diego laisse alors tomber son arme et attrape son bras blessé. Il vacille, mais Bernardo et Don Alejandro le soutiennent déjà.

_ Diego ?

_ Ca va aller père, dit-il la voix lourde.

_ Viens à l'intérieur fils.

Avec l'aide de son père et de Bernardo, Diego entre dans l'Hacienda. Les questions vont bon train, que voulait Zorro, pourquoi a-t-il attaqué Diego ? Diego se bat intérieurement pour ne pas hurler que ce n'était pas Zorro, mais c'est peine perdu.

_ Mes amis, la soirée est terminée. Tente Don Alejandro

_ Laissez-moi soigner votre fils, lui dit son ami médecin.

_ Mais bien sur.

_ Je pense qu'il sera mieux dans sa chambre.

A ces mots, Bernardo, assez éloigné monta vérifier que tout était bien rangé et allume les bougies. Au moment où il s'apprête à sortir, voilà déjà Don Alejandro et son fils. Don Alejandro tend le gilet déchiré à Bernardo qui l'inspecte alors tandis que son odorat, un peu plus développé, perçoit un bien étrange mais délicat parfum. La blessure en elle-même n'est pas importante, mais le médecin ne s'explique pas la fièvre subite de Diego qui vient de perdre connaissance. C'est sans doute une coïncidence. Une fois la plaie bandée, Don Alejandro et le médecin sortent de la pièce laissant Bernardo rafraîchir Diego. Son regard va et vient entre la blessure et le gilet… Une idée en tête, il cherche à sortir mais Diego, à moitié éveillé lui attrape la manche le retenant alors.

_ Comment va mon père ?

'Il va bien' mime-t-il.

Deux petits coups sont frappés tandis que Don Alejandro entre dans la chambre de son fils.

_ Diego ?

_ Père.

_ Je vois que tu es revenu à toi… Comment te sens-tu ?

_ Fatigué, admit-il.

_ Ce Zorro, je ne le pensais pas d'une telle nuisance.

_ Ce n'était pas Zorro.

_ Comment peux-tu en être si certain ?

'Oups'

_ Il me semble… d'après les récits qui ont été raconté… que Zorro ne porte pas de… barbiche.

_ Tu t'arrêtes à de biens étranges détails mon fils.

_ De plus… Zorro signe ses… victoires d'un 'Z', me semble-t-il.

_ Tu prétends donc que c'est un imposteur.

_ Oui ! Rétorqua Diego en nage.

_ Qui voudrait se faire passer pour Zorro ?

_ Une personne malveillante qui tente de nous dresser contre Zorro. Grimaça Diego.

_ Je ne te savais pas si douillet, plaisante Alejandro.

Bernardo, devant la grimace de Diego, attrapa la veste et la montra à Don Alejandro.

_ Que me veut-il ? Demanda ce dernier.

Bernardo, voyant que Don Alejandro ne le comprenait pas comme Diego, se tourna vers celui-ci et recommença son manège.

_ Il… Il veut vous faire… Sentir ?... Sentir ma veste.

_ Sentir ta… Pourquoi ça ?

_ Je l'ignore.

Don Alejandro porta alors le vêtement à son nez et perçut un parfum délicat mais étrange qui le fit reculer vivement, blême.

_ Qu'y a-t-il ? Interroge Diego.

_ Je ne suis pas certain… Repose-toi fils, il faut que je sorte.

_ Maintenant ?

_ Oui. Affirme-t-il serrant l'étoffe dans ses mains.

Diego regarda son père partir avec le gilet et interrogea Bernardo.

_ Tu peux m'expliquer ?

Indécis, Bernardo lui indiqua qu'il s'agissait de sa blessure.

_ Oui et bien quoi ? Je sais qu'elle n'est pas normale, dit-il dodelinant du chef.

Cherchant les mots justes, Bernardo lui expliqua que la lame adverse devait être recouverte d'une substance néfaste.

_ Du poison ?

Pas vraiment, mima Bernardo, mais sans doute… Bernardo tenta de lui faire comprendre qu'il devait sortir de toute urgence pour aller chercher des herbes nécessaires au remède qu'il connaissait.

_ Non Bernardo… Pas maintenant… Il fait nuit et je doute que ce faux Zorro ne soit pas aux aguets… Tu sortiras demain… A la première heure, ferma-t-il les yeux perdant de nouveau connaissance.

Bernardo lui tâta le front, il était brûlant. Inquiet, il entreprit de continuer à le rafraîchir.