Bonjour ! J'ai complétement opublier de poster cette fic ici ! J'espère qu'elle vous plaira tout autant que les deux autres, et bonne lecture !
Au milieu de l'hiver, en pleine semaine, Mlle Bustier avait annoncé qu'il allait falloir trouver un binôme et ce, rapidement. Cela ne concernait pas un simple exposé, mais bien l'épreuve orale de Brevet des Collèges, qui arrivait fin mai.
Bien que les élèves avaient l'embarras du choix quant au sujet de l'épreuve, le fait qu'Alya lui avait refusé d'être sa partenaire pour être celle de son petit ami l'avait mise dans le pétrin.
Marinette était parfaitement au courant de l'autre raison pour laquelle elle lui avait dit non : la jeune femme pouvait ainsi demander au blond assis devant elle. Et elle en était terrorisée. Non seulement, à l'annonce des binômes, une bonne partie de la classe lui avait demandé de se joindre à leur duo,comme la classe avait un nombre impair d'élèves un seul groupe de trois avait été autorisé, mais en plus elle n'avait pas vraiment de liens qui lui assurait qu'il accepterait. De plus, la jeune femme était une catastrophe ambulante pour demander la moindre chose à son camarade, l'épisode du cinéma la hantant toujours.
Elle allait devoir trouver un sujet où elle avait vraiment besoin de lui. Pas un sujet sur la mode, lui qui avait l'air de ne pas apprécier les séances photos qui rythmaient son temps libre, et qui se marquerait d'un refus. Pas non plus un sujet sur l'addiction aux jeux vidéos, sinon il serait avec Kim et Max pour ça.
Adrien parlait chinois, pas elle. Ils avaient étudié le Temple du Ciel de Beijing dans le chapitre sur l'architecture en arts plastiques, ce qui leur permettaient de pouvoir présenter la culture chinoise, ou même une dynastie en particulier. Faire l'oral en Langue et Culture étrangères avec Adrien grâce à l'histoire des arts et son goût inavoué pour le traçage de l'emploi du temps de son ami, c'était quelque peu tiré par les cheveux, mais elle pouvait le faire. Le sujet en lui même était intéressant, étant donné qu'il s'agissait d'une culture pas vraiment étudiée ou connue des autres élèves.
Maintenant, il ne lui manquait que le courage.
À la fin de la journée, Marinette ne savait toujours pas comment lui proposer. Malgré le soutien de son amie, elle n'arrivait pas à amasser assez de courage pour lui poser cette simple question, et elle s'effondrait sous le stress. Et même alors que la cloche marquant la fin de la dernière heure sonnait, la jeune femme était tellement concentrée, à chercher comment formuler sa phrase, qu'elle en oubliait de sortir de la salle, si bien qu'elle fut la dernière à sortir, pas si loin d'un Adrien traînant des pieds pour rejoindre son garde du corps. Profitant qu'il n'y avait plus grand monde, elle interpella le blond.
"Adrien !" avait-elle lancé, du haut de l'escalier, alors que son visage prenait une teinte rouge carmin et qu'une bouffée de chaleur dûe au stress l'envahissait. "Est-ce que… Enfin, je sais qu'on a dû te le demander beaucoup de fois aujourd'hui, mais tu comprends Alya et Nino… Puis j'ai vraiment besoin de ton aide pour le coup…. Je veux faire un truc sur toi avec la Chine. Ah, non, Un truc sur la Chine, avec toi. Toi, t-tu parles chinois. Pas moi, enfin c'est un peu du chinois ce que je raconte tellement c'est incompréhensible, mais je parle pas le mandarin du tout, tu vois ? D-donc je me disais que ça t'intéresserait peut-être de…. te mettre en binôme avec moi ?"
Le jeune homme s'était retourné pour lui faire face, bien qu'au bas de l'escalier. Il était amusé de la difficulté de son amie pour formuler sa demande, elle avait même pensé au fait qu'il avait été littéralement harcelé par ses autres camarades. Il s'agissait bel et bien de la déléguée de classe, après tout.
"Pourquoi pas !" lui avait-il répondu, souriant. "Ton sujet est intéressant, puis t'es d'origine Chinoise, j'ai fait quatre ans de chinois, on ne peut qu'avoir une bonne note à notre épreuve comme ça ! C'est dans quel cours qu'on a vu ça par contre ?"
L'héroïne avait rejoint son camarade, avec l'envie de hurler de joie alors qu'il acceptait de travailler avec elle, envie qui se trahissait par un grand sourire.
"On a vu le Temple du Ciel de Beijing en Arts Plastiques !" dit la jeune femme, tenant les bretelles de son sac à dos fermement. "Je pensais qu'on pouvait prendre l'EPI Langue et Culture étrangère pour parler du temple en lui-même mais de toute la zone construite autour, ou bien de la Dynastie des Qing. Après on peut voir avec le professeur…"
"Tu as eu deux excellentes idées, Marinette" avoua le blond. L'imagination qu'avait sa camarade le fascinait toujours autant et, encore une fois, elle l'avait surpris. "Je pense qu'il serait plus judicieux de voir avec M. Daigombart. Bien que tes deux propositions sonnent parfaites, on est pas à l'abris d'un hors sujet. Du coup, on en reparle demain, avec lui ?"
Elle acquiesça simplement puis ils se dirent au revoir en se séparant. L'adolescente était sur un petit nuage. Adrien avait accepté d'être son binôme, et en plus il lui avait dit que ses sujets étaient parfaits ! Marinette marchait d'un pas joyeux, le rouge toujours aux joues. Ils allaient devoir plancher, et avoir la meilleure note possible, mais elle avait réussi à demander quelque chose au jeune homme et elle en était très fière, ainsi la bleutée téléphona à sa meilleure amie. Son refus n'avait pas créé de tensions, au contraire. Elle ne voulait pas tenir la chandelle pour Alya et Nino si elle s'imposait dans leur groupe, et la jeune femme savait que la brune voulait qu'elle tente sa chance avec Adrien, et elle avait eu raison.
La soirée passa ordinairement et le lendemain fut bien vite arrivé. Marinette s'appretait à passer une journée de cours identique à sa routine, alors qu'elle entrait dans sa salle habituelle, quand elle entendit Chloé se plaindre de sa voix stridente.
"Comment ça, Marinette est ta binôme ?" avait-elle lâché avec méprise. "Adrichou, mets toi avec nous, on va parler de… La mode ?"
La concernée arborait un sourire fier. Elle avait oublié que son duo avec Adrien existait vraiment et pas uniquement dans ses rêves, et cette piqûre de rappel lui plaisait énormément.
"Premièrement, Chloé, je ne pense pas que tu puisses contester les choix de quelqu'un." commença la jeune femme, en marchant vers sa place. Elle prenait un plaisir fou à prendre de haut sa camarade. "Deuxièmement, je ne sais pas comment tu vas arriver à caser la mode dans un des enseignements pratiques interdisciplinaires, dans les parcours ou encore en histoire des arts, mais bonne chance. Finalement, je pense pouvoir dire que si Adrien a choisi mon projet, c'est bien que, parmi toutes les propositions qu'il a pu recevoir, c'est mon idée qui lui plaisait le plus, n'est-ce pas ?"
Le blond répondit d'un hochement de tête à sa question, plus que amusé par cette scène qui faisait fulminer son amie d'enfance. Ses autres camarades avaient bien pris son refus général, sauf la blonde, comme à son habitude. Marinette le sauvait d'une longue crise de possessivité et dieu sait qu'il voulait à tout prix ne pas faire son projet sur la mode, de près ou de loin.
Il remarqua aussi qu'il était rare de voir un élan d'audace chez son amie, mais que bien souvent, cet aplomb était contre Chloé, qui ne l'avait que trop bien mérité. Il appréciait son amie, mais elle était un calvaire en public. L'audace de la jeune femme, bien que spontané et hors du commun, préférant faire usage de la gentillesse à son habitude, émanait une aura qui forçait l'admiration. Il était heureux de pouvoir la compter parmi ses amis et amies.
La journée se passa sans accroc après cet incident. Leur professeur, face aux deux propositions, leur annonça qu'ils n'avaient qu'à mélanger les deux, c'est à dire parler de la dynastie puis dévier sur le Temple du Ciel. Il les félicita pour ce sujet, car il était rare que des élèves présentent des cultures qui n'étaient pas occidentales, bien que Marinette était à moitié chinoise. Les deux adolescents étaient satisfait de la réactions de M. Daigombart et Adrien félicita à nouveau son amie. Bien que l'épreuve était dans plusieurs mois, ils devaient remplir des papiers, à rendre assez rapidement, alors savoir que leur sujet était validé les rassuraient énormément.
Une fois fait, ils commencèrent à réfléchir à leur lieu de travail et quand est-ce qu'ils allaient pouvoir se voir. Ils étaient à la mi-janvier et leur oral était pour le 18 mai, ce qui leur laissait quatre mois. Cependant, l'emploi du temps de ministre qu'avait le jeune homme donnait du fil à retordre aux deux collégiens. Le blond avait fini par libérer quelques heures dans son planning, essentiellement le samedi et le dimanche, auprès de son père. Celui-ci avait accepté car il s'agissait d'une épreuve de brevet, pas du simple temps libre.
Sur les 17 semaines qui les séparaient de l'oral, ils avaient réussi à libérer une dizaine d'après midi, dispersées sur les samedis et dimanches. Adrien avait même convaincu son père pour que Marinette puisse venir étudier chez lui, bien que les séances allaient essentiellement se faire chez elle. Le reste du temps, ils allaient devoir travailler à la bibliothèque.
Les venues du blond chez elle annonçait quelque chose : le retrait de l'intégralité des photos du garçon, affichées un peu partout dans la chambre de la jeune femme. Elle était heureuse de pouvoir passer autant de temps avec lui, mais elle avait du mal à les retirer : après tout, c'était un moyen de pouvoir l'admirer en dehors des cours.
Il était convenu que les deux adolescents allaient de retrouver chez Marinette, le samedi suivant. Elle avait donc une semaine et demi pour se préparer mentalement à sa venue. La dernière avait été catastrophique, du moins au début. Entre la panique et ses parents, l'entraînement pour le tournoi de jeu vidéo avait été quelque peu compromis. Cette fois-ci, elle avait bien prévenu ses parents. Ils avaient le droit de venir apporter à manger, mais pas dès l'arrivée du garçon, et pas aussi souvent.
Adrien était arrivé en avance, pressé de trouver l'ambiance chaleureuse d'une vraie famille qui manquait à son foyer. Il était, pour être honnête, un peu jaloux de la jeune femme. Depuis la perte de sa mère, sa maison était devenu pire qu'une chambre froide, complètement vide. Le manoir était déjà bien grand avant qu'elle ne meurt, mais depuis, l'effet avait été multiplié. Il s'y sentait seul, écrasé par les hauts plafonds, les colonnes, les tableaux de trois mètres, et même sa propre chambre le mettait mal à l'aise. Alors il l'avait rempli : fauteuils, téléviseur, PC, bibliothèque, babyfoot, mur d'escalade, en bref, beaucoup de choses imposantes pour combler le vide. L'arrivée de Plagg dans sa vie lui avait fait énormément de bien, le coupant avec cette solitude étouffante. Grâce à lui, il avait fait connaissance de sa Lady. Son arrivée se fit aussi au début de sa vie de collégien, qui lui avait permit de se faire de vrais amis. Il ne se sentait plus seul, uniquement chez lui, alors que son foyer était censé être sa bulle, là où il pouvait se sentir bien.
Le sourire accueillant de Mme Cheng, lorsqu'elle lui ouvrit la porte, lui donna envie de retrouver les bras de sa mère. Décidément, il était vraiment envieux de son amie.
Les deux adolescents se mirent rapidement au travail. Ils récoltaient un maximum d'informations, l'un sur la dynastie des Qing, et l'autre sur le temple en lui même. Leur conversation était rythmée par leurs recherches.
"Tu savais ça, toi ?" demanda Marinette à son camarade, pointant son écran. "L'autel circulaire était interdit aux femmes. Bon, c'est plus le cas aujourd'hui, mais quand même !"
"C'était pas sous l'ordre de l'empereur ?" lui répondit Adrien, levant le nez de sa tablette. "Ah non, j'inverse avec le brasier qu'on allumait à son arrivée."
"En fait, tout l'autel est construit sur le chiffre 9 parce que c'est le chiffre du ciel, donc associé à l'empereur, fils du ciel" expliquait-elle, reprenant ses notes. "9 marches entre chaque étages, des multiples de 9 pour les dalles, et cetera. Mais du coup, l'empereur quand il venait pour le solstice d'hiver du calendrier lunaire, il venait prier quelques jours, et du coup les femmes n'avaient plus accès, pour pas rompre la prière de l'empereur."
Et ainsi, ils continuèrent leur recherches, avec des bribes de conversation similaires. Sabine était entrée pour déposer un goûter, des pains aux chocolat avec du jus de fruit, ce qui marqua la fin de leurs recherches, plus assez concentrés pour reprendre. En plus, Adrien allait repartir, alors quoi de mieux pour passer le temps qu'une partie d'Ultra Mecha Strike III. Vite, bien trop vite, l'heure pour le jeune homme de rentrer sonna. Un peu abattu, il remercia ses parents de l'avoir accueilli, et salua sa camarade avant de partir.
Il avait passé une excellente après midi en la compagnie de Marinette et il avait hâte de recommencer à travailler avec elle. Une fois la gêne passée, la jeune femme et lui s'entendaient très bien, et il appréciait énormément son amie. Il était confiant pour ce projet, comme il a toujours eu confiance en elle.
Le week-end sembla long pour le blond. Pas de patrouilles de prévues, ou bien d'attaque d'akuma. Non, juste lui et ses cours de piano, ou juste lui et ses séances photos. Il avait hâte que l'école reprenne. Plagg ne le comprenait pas vraiment, il avait pourtant tout ici. Mais là était le problème : il avait tout, sauf de l'affection. C'est assez difficile à admettre, lui qui pourtant était mannequin et admiré par tous et toutes. Mais de l'amour familial, bien plus que de l'admiration pour de simple poses, c'était ce qui lui manquait affreusement dans cette maison.
Une nouvelle semaine commença. Les deux adolescents ne travaillèrent pas ensemble durant celle-ci, ni le temps, ni l'envie. Marinette aurait voulu voir Adrien, en dehors des devoirs, mais elle n'arrivait pas à lui proposer. Dans tous les cas, elle avait le plaisir de le retrouver chez elle certains week-end, c'était déjà beaucoup pour elle, malgré son bégaiement aléatoire. Plus cet histoire d'oral avançait et plus elle prenait ses aises, ce qui réduisait la gêne entre les deux. Ils étaient bel et bien amis à présent.
Des fois, lorsque des cours étaient annulés, ils allaient à la bibliothèque pour avancer sur leur projet. Une heure par-ci, une demi-heure par là. Les vacances arrivèrent, et le mois de février était passé à une vitesse folle. Ils avaient amassé énormément d'informations et étaient largement en avance quand à la date de l'épreuve. Si bien que parfois, au lieu de travailler sur leur oral, ils finissaient par faire leur devoirs de la semaine. Ce rapprochement entre les deux adolescents faisaient que leur groupe était bien plus soudé qu'avant.
Marinette et Adrien s'entendait en réalité très bien, une fois qu'elle se calmait. Ils avaient énormément de points communs, que ça soit les jeux vidéos, le cinéma, les séries, ce qui menait à des blagues que personne d'autre qu'eux ne pouvait comprendre, par exemple. Cette amélioration dans leur relation avait perturbé Alya au début. La jeune femme n'imaginait pas les deux devenir meilleurs amis en si peu de temps, et elle voyait bien que la bleutée ne tentait pas de se rapprochait de lui de la façon qu'elle aurait voulu. Mais elle ne pouvait rien faire : Marinette était lente, alors elle la laissait profiter.
Celle-ci n'était pas moins amoureuse du blond, bien au contraire. Ses sentiments s'étaient décuplés, mais elle avait abandonné l'idée de le séduire. Ce n'était ni naturel, ni adéquat. Elle ne ferait qu'installer un malaise entre les deux, alors elle s'était dit qu'elle se satisferait de cette situation. Qui savait ce que réservait le futur, après tout.
Les deux héros se confiaient l'un à l'autre de temps en temps. Ils avaient parlé de ce qu'ils allaient faire après le brevet, ce à quoi ils aspiraient, par exemple.
"Mais en vrai," commença la jeune femme, tournant sur sa chaise, alors que le blond était sur la méridienne. "Je sais pas si je vais faire un bac mode, ou un bac général puis partir sur une école de mode. J'ai peur que le bac mode ne me fasse pas évoluer et me forme qu'à la couture luxe et que je loupe les opportunitées de l'école post bac. J'ai pas envie non plus de cumuler les deux, parce que j'ai aussi envie d'apprendre des matières plus générales…"
"C'est assez compliqué de choisir." réfléchissa Adrien, lui-même perdu dans ses propres désirs. "Je pense que faire une scolarité générale c'est mieux, comme ça tu peux toujours t'améliorer avant l'école de mode, et en plus tu y gagnes en culture générale. Après ce n'est que mon avis, je sais bien que je suis plongé dans ce monde là mais je m'y suis jamais vraiment intéressé."
"Après il y a le soucis des écoles." Marinette était lancée dans sa plainte sans fin sur son avenir incertain, alors qu'elle continuait toujours à tourner, la tête posée sur un de ses genoux qu'elle avait remonté contre elle. "La première école de France nécessite un BAC+4. La deuxième a plein de contacts, et elle a des écoles partout dans le monde. Je suis bien intéressée par la deuxième, mais j'ai peur de pas y être acceptée ? Je sais bien qu'il ne faut aucune notion de couture ou de dessin mais elle est très bien réputée, alors je panique un peu… Ouh, je devrais arrêter de tourner avant de vomir."
Le blond ria légèrement, avant de continuer la conversation. Lui-même ne savait pas trop ce qu'il voulait faire de sa vie. Toute sa vie, jusqu'à présent, lui avait été forcée par son père. L'univers du jeu vidéo l'intéressait bien, ou bien même le droit, ou encore le social. Que des domaines différents, en soi.
Les semaines défilaient dangereusement, et les deux se retrouvaient de plus en plus à la bibliothèque après les cours. Ils avaient récolté bien trop d'informations pour dix minutes d'oral, ils devaient donc trier et organiser. Début avril, en milieu d'après-midi, ils étaient encore reclus dans un espace de travail. Alya et Nino était parti il y a de ça une bonne demi-heure, et ils étaient trop concentrés pour se parler.
Adrien leva la tête de ses notes pour récupérer quelque chose, un stylo, un surligneur, lui même ne le savait plus, quand il réalisa quelque chose.
Marinette était vraiment mignonne. Bien sûr, il le savait déjà, mais pour lui, c'était normal. Jusqu'à maintenant. Les traits fins de son visages, sa peau laiteuse parsemées de légères taches de rousseur, ses longs cils, sa bouche en dentelle entrouverte sous le coup de la concentration, tellement de détails qui la rendait vraiment belle à ses yeux. Cette pensée le hanta, venant tinter ses joues d'un rose léger. Qu'est ce qui lui prenait de penser de cette façon de l'une de ses meilleures amies ?
Ce n'était pas la première fois qu'il trouvait une fille jolie. Mais jamais cette pensée ne l'avait frappée comme aujourd'hui. Celle-ci l'avait marquée au plus profond de lui, comme une graine qui commençait à germer. Avait-elle toujours été aussi hypnotisante ? Il n'en savait rien. Cependant, la graine qui se développait s'était enracinée en lui-même et ne le lâcha plus.
Le visage de son amie le perturbait, il pouvait continuer de regarder la jeune femme pendant des heures, un peu comme une peinture pour laquelle on se fascine au musée. Il se sentait d'ailleurs mal, comme s'il trompait sa Lady. Mais il n'était pas amoureux de Marinette, n'est-ce pas ? Son coeur n'appartenait qu'à sa coéquipière, le blond en était certain.
Sous la panique, il essaya de reprendre son travail. Son manque de concentration n'avait pas rendu cela facile, si bien que la fin de l'heure sonna très vite. Les deux amis retournèrent donc en cours, avant de finir la journée.
Adrien s'habitua rapidement à cette soudaine attraction. Non pas qu'elle s'était atténuée, mais il préférait passer de bons moments avec elle que de finir par la gêner. Alors il s'était calmé. Leur projet avançait bien, et le tri avait été fini après quelques heures supplémentaires, il restait, à présent, tout le travail de mise en forme du texte et du support, mais aussi leur partie en anglais à faire.
C'était donc ainsi qu'était rythmé leur quotidien. La seule chose qui venait briser cette routine était les attaques des akumas. Souvent loin de leur collège, ou bien en dehors des heures de cours, ça n'empiétait pas vraiment sur leur vie. Cependant, aujourd'hui, un akuma venait de près, de tout près d'eux. Une mère surmenée entre travail et nouveau-né, qui attaquait à coup de biberon et qui hypnotisait grâce à des tétines, endormant ceux qui en avait une en bouche. Le liquide que crachait le biberon avait le pouvoir de faire fondre les murs, pour pouvoir trouver ceux qui empêchaient son enfant de dormir.
Le collège avait été la première victime de la super-vilaine, faisant couler le mur de l'école où se trouvait leur classe. Adrien couru se transformer, avant de réaliser qu'il avait sûrement laissée Marinette en danger. Sauf qu'à son retour, bien qu'express, elle n'était plus là. La panique commença à le gagner, avec la peur qu'elle ait finie brûlée par l'acide dispersé, ou bien sous les ordres de l'akumatisé.
"Non, non, non…" murmurait-il, cherchant parmi les élèves cachés, alors qu'ils n'y trouvait pas la jeune femme. "Mais elle est passée où ?"
"On cherche quelqu'un, mon minou ?" lui demanda Ladybug, appuyée sur le bâti de porte, faisant tournoyer son yo-yo. Le héros était rassuré de voir sa coéquipière, mais était toujours inquiet.
"Oui, je cherche ma…" Chat Noir hésitait. Il ne pouvait pas dire sa meilleure amie, sinon sa couverture serait grillée. "Marinette. Tu sais, la fille que tu m'as demandé de protégée face au Dessinateur. Je sais qu'elle est dans ce collège là et je voulais vérifier qu'elle était en sécurité."
"Ne t'en fait pas." lui répondit la bleutée, lui tapotant l'épaule, alors qu'il semblait abattu. Cela la touchait énormément qu'il se fasse autant de soucis pour elle, alors elle eût du mal à lui mentir. "Je l'ai mise en sécurité avant de te chercher."
Ce qui surprit le plus la jeune femme, c'est l'air soulagé qu'avait prit le visage de son partenaire. Est-ce qu'il la connaissait dans la vraie vie pour se soucier autant pour elle ? Cependant, cette nouvelle avait motivé le félin et l'akumatisé fut très vite vaincu. Un cataclysme, un bavoir en plastique rouge à pois noir, et l'affaire était réglée.
Le soir même, Chat Noir était sur les toits. Il avait besoin de s'aérer l'esprit, de se dépenser. Le blond avait l'impression de devenir fou. Le fait que Marinette soit en sécurité l'avait plus rendu heureux que de voir sa coéquipière, dont il était censé être amoureux. Il avait ressenti l'urgent besoin de la protéger, quelque chose qu'il n'avait jamais vécu. Non pas qu'elle n'en avait pas besoin, mais son cerveau s'était mis à imaginer les pires scénarios pour son amie. Cette peur avait surmonté le bonheur de retrouver sa Lady, et ne pas comprendre pourquoi l'énervait. Après tout, ils étaient juste amis.
Malgré l'heure tardive de la nuit, environ deux heures trente du matin, il s'était posé sur le toit de celle-ci. Le blond repensa à la fois où ils étaient montés sur sa terrasse après une séance de travail, et que Marinette avait évité la chute d'une de ses tasses à thé de la plus longue manière possible. Un petit rire traversa ses lèvres alors qu'il essayait d'être le plus silencieux possible.
"Chat noir, il est 2h du matin, qu'est-ce que tu fais sur mon toit ?" avait-elle chuchoté, alors qu'elle émergeait à peine de son sommeil. Elle avait détaché ses cheveux et Chat Noir avait l'impression de la voir à nouveau pour la première fois. "Deux minutes, je prends un truc chaud."
Voir son amie avec une coupe différente avait ravivé son attirance, le faisant rougir. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire d'une meilleure amie aussi adorable ? Il se secoua la tête, essayant de se reprendre, alors que son coeur battait à une vitesse folle.
Elle remonta bien vite, enroulée d'un plaid, toujours à moitié endormie.
"Je me baladais, puis j'ai repensé à l'attaque d'aujourd'hui, alors je venais voir si tu allais bien." avoua-t-il. Il ne pouvait pas vraiment mentir, et il ne s'en sentait pas vraiment capable. "Puis j'ai vu l'heure, alors j'allais repartir. Désolée de t'avoir réveillée, Princesse."
"J'ai entendu dire que tu me cherchais tout à l'heure." mentit la bleutée, étouffant un bâillement malgré le sourire narquois qui s'installait sur ses lèvres. "J'étais dans un casier. Tu étais si inquiet pour moi ?"
"Tu es la seule, avec ton amie Alya, que je connaisse dans ce collège" mentit à son tour le jeune homme. Il n'arrivait pas à répondre autre chose, alors il changea de sujet. "Tes cheveux. Ça te va bien, comme ça. Tu devrais les laisser libre plus souvent."
La gêne de Chat Noir était clairement visible et impactait Marinette, la faisant rougir à son tour. Elle trifouilla une mèche, avant de sourire sincèrement, ce qui fit louper un battement au héros.
"Merci beaucoup !" fut sa seule réponse, avant que le félin ne prenne congé d'elle, la laissant repartir dormir, avec une petite courbette, bien entendu.
La jeune femme pensa qu'elle devrait lâcher un peu plus souvent sa chevelure, pour la laisser respirer à d'autres moments que la nuit. Son oreiller et sa couverture l'accueillir à bras ouverts et elle était vite repartie au pays des songes.
Le jeune homme, quant à lui, courrait à nouveau sur les toits. Il voulait que son coeur ne batte fort uniquement parce qu'il faisait des acrobaties, et pas parce que l'adorable sourire de son amie l'avait perturbé. Ou même le fait d'avoir eu l'impression d'être entrée dans son intimité, en la voyant en pyjama, la sortant du sommeil comme pour une rencontre secrète.
Un sentiment bien trop familier commençait à s'immiscer dans son esprit, et la graine qui avait germée au profond de lui commençait à faire de petits bourgeons.
Une fois rentré chez lui, le blond fonça sous la douche. Il ne se sentait pas particulièrement sale, mais il avait besoin de se changer les esprits, de se calmer. Tous ses efforts l'avait foncièrement épuisé, et il avait rejoint la bleutée dans les bras de Morphée.
À cause de sa nuit assez courte, Adrien arriva dans un état plus que comateux au collège. Il allait devoir rattrapper ces quatres petites heures de sommeil, quand il allait rentrer chez lui. Assis à côté de Nino, le héros attendait patiemment le début du cours, à moitié endormi.
Alya et Marinette entrèrent à leur tour dans la salle, bavardant joyeusement. Il ouvrit un oeil, pour les observer, et au moins les saluer.
"Yo Marinette !" lança le maghrébin, enjoué. "Ta nouvelle coupe est nickel ! T'es…"
"Mignonne..." coupa le blond, à la surprise du groupe, transformant la jeune femme en coquelicot. Lui même prit une couleur cramoisie en réalisant qu'il avait dit ça à voix haute. Le couple le fixa, surpris qu'il puisse penser ainsi de la bleutée. Il tenta de se justifier, mais en vain. "Quoi, j'ai pas le droit de le dire ? Tout le monde pense pareil, de toutes façons, non ? C'est la vérité, j'y peux rien."
"Nino…" geignit la brune, prenant les mains de son petit-ami. "Nos enfants… Je vais pleurer…"
"Enfin, Alya !" lui répondit-il, dans le même état qu'elle, alors que le blond était reparti dans son pseudo-sommeil.
Décidément, Adrien avait du mal à comprendre ses amis, parfois. Marinette le remercia, toujours aussi rouge. Chat Noir avait été de bon conseil, et son ami lui avait même dit qu'elle était mignonne. Elle n'espérait rien, mais cette simple pensée la posait sur un petit nuage. La jeune femme se contentera du fait qu'il puisse la complimenter sur son physique pour un long moment.
La journée fut affreusement lente pour le jeune homme. Sa fatigue lui causait un mal de crâne horrible, si bien que son humeur en pâtissait. À la pause déjeuner, il avait à peine toucher le plateau repas, et été parti à l'infirmerie pour se reposer avant le début des cours de l'après midi. Marinette, inquiète, lui avait ramenée de l'eau fraîche et avait, au cas où, des anti-douleurs pour sa migraine. Son humeur s'étant améliorée en fin de journée, il proposa à ses amis d'aller faire leurs devoirs ensemble. Il voulait se reposer mais il voulait aussi passer du temps avec eux.
Leurs devoirs firent bien vite fini, cependant l'épuisement avait bien vite rattrapé le jeune héros. Il s'était assoupi sur son cahier, livre encore ouvert, et même la cloche n'avait pas suffit pour le réveiller. Le couple s'éclipsa, sous l'accord de la bleutée. Elle avait encore un devoir d'espagnol à finir, et veiller sur Adrien ne la gênait pas le moins du monde.
Son sommeil était paisible et Marinette ne perdait pas une miette du spectacle qui s'offrait devant elle. Le garçon, assis à côté d'elle, s'était endormi la regardant, et elle pouvait l'observer sans répis. Perdant toute concentration pour ses devoirs, elle regardait ses cheveux d'ange s'éparpiller sur son visage, sa fine bouche entrouverte pendant son sommeil, sa mâchoire bien définie malgré les joues rondes de l'âge, son visage appuyé sur ses bras finement musclés. Décidément, ce garçon avait l'air d'une oeuvre d'art pour elle.
La seule chose qui vint déranger son plaisir fut la petite coccinelle se posant sur la tête du blond. En voulant la retirer, le héros eut le réflexe d'aggriper le poignet de la bleutée pour le plaquer, sans vraiment lui faire mal, sur la table. Un grognement s'échappa de sa bouche, avant de replonger dans sa sieste paisible.
Marinette ne pouvait plus sortir la main de cette emprise, de peur de réveiller le jeune homme, mais aussi parce qu'elle voulait en profiter. Cependant, elle ne pouvait définitivement plus travailler : Adrien bloquait sa main droite. Alors elle recommença à l'observer, s'assoupissant à son tour.
La sonnerie de 17h30 réveilla l'adolescent en sursaut. Cela faisait à présent une heure et demi qu'il dormait, et la vue du poignet de la jeune femme dans sa main le surprit. Que s'était-il passé dans son sommeil ? C'était au tour de Marinette de dormir paisiblement. L'impression de s'introduire dans la vie privée de son amie revint. La regarder dormir semblait quelque peu intime pour lui, pourtant il voulait la laisser se reposer. ll avait interrompu son sommeil, il pouvait bien faire ça. De plus, les portes ne fermaient qu'à 18h. Ainsi, il desserra son emprise pour déplacer sa main, mais la jeune femme bougea. De peur de la réveiller, il laissa donc sa main sur celle de son amie.
Il n'interrompit son sommeil qu'au bout de quinze minutes, pour ne pas la brusquer.
"Marinette," murmurait Adrien, souriant. S'il avait pu la laisser dormir auprès de lui, il n'aurait pas hésité, mais sortir devenait un peu urgent. "Il va falloir partir, il est bientôt l'heure."
Émergeant doucement, la jeune femme se frotta le visage, ouvrant lentement les yeux. À la vue de la main du jeune homme tenant la sienne, ses vieilles habitudes refirent surface, et le rouge pivoine remplaçait la couleur pâle de ses joues. Adrien rougit lui aussi, lâchant l'héroïne, avec un regret inavoué.
Tous deux encore endormis, ils ne parlèrent que très peu, la conversation ponctuée de bâillements, l'un causant l'autre à bâiller, les faisant rire, sous la fatigue. Ils se séparèrent rapidement, se saluant brièvement.
La jeune femme n'avait que très peu de regrets de cette situation. Elle pouvait passer du temps avec son ami sans attendre de lui ses faveurs amoureuses, même si elle en rêvait tant. Elle pensait simplement que si elle ne pouvait pas l'apprécier en tant qu'ami, alors elle lui mentait. L'amour pouvait bien attendre si la bleutée pouvait passer autant de temps auprès de lui. C'est ainsi qu'elle raisonnait depuis quelque temps.
Une fois chez elle, Marinette eu le malheur de tomber une nouvelle fois endormie, se réveillant pour le dîner, ruinant donc tout cycle de sommeil nocturne. Alors elle essaya de plancher sur de nouveaux designs, mais le syndrome de la page blanche la frappa de plein fouet.
L'héroïne grogna de frustration, s'affalant sur son bureau, avant de regarder l'heure. Il était près de minuit, une heure assez tranquille pour aller patrouiller.
Aujourd'hui, Ladybug ne se concentra que sur le Ier arrondissement de Paris. Louvre, Place de la Concorde, et Jardin des Tuileries furent ses refuges pour la nuit. Elle aimait ces endroits remplis d'histoires, anciens mais si hypnotisants. Elle adorait vagabonder dans les allées du Louvre la journée, y puisant certaines inspirations pour ses pièces. Ce que la jeune femme appréciait le plus parmi tout cela étaient les sculptures antiques. La dureté de la pierre avec la douceur apparente des tissus et de la peau, il fallait énormément de maîtrise pour arriver à ce résultat.
Le jardin des tuileries était apaisant, avec ses statues, ses fontaines et ses corbeaux. L'ambiance qui y repose, entouré de bâtiments à l'architecture ancienne mais typique de la capitale, lui donnait l'impression d'être figée dans le passé. Le fait que le jardin lui était accessible la nuit lui permettait de s'y réfugier.
La nuit était calme et douce pour l'héroïne, comme si l'entièreté de la ville s'était assoupie alors que la jeune femme veillait sur elle. Cela n'était pas plus mal, devoir croiser des civils qui viennent vous parler en ronde était assez usant à force, ruinant votre concentration.
Aux alentours de 1h30, Chat Noir était aussi transformé, manquant de sommeil à son tour, après une sieste plus longue que son amie. La bleutée lui communiqua sa location et bien vite, le duo fut à nouveau complet.
Leur conversation ce soir était essentiellement un échange d'anecdotes pour les deux parisiens. L'heure tardive et l'ambiance du haut de l'immeuble où ils étaient perchés avait rendu la jeune femme mélancolique.
"Chat…" avait-elle timidement lancé à son coéquipier. "Si tu n'avais pas eu ton miraculous, qu'est-ce que tu ferais ?"
"Déjà, à cette heure-ci, je dormirais." blagua le blond, de bien meilleure humeur que sa Lady. "Mais sinon, j'imagine que je resterais chez moi. Pas que je le veuille, mais mon père est assez strict quand à mes sorties vis à vis de mes cours et de mes activités extra-scolaires. C'est pour ça que mon rôle de super héros m'est assez important. Avec mon miraculous, j'échappe à une pression, contre une responsabilité assez lourde mais… je me sens plus libre."
Ladybug posa sa tête sur son épaule, alimentant l'inquiétude de son partenaire.
« Depuis le début, je me demande à quoi ressemblerait ma vie sans tout ça » explique-t-elle, comme pour répondre à son soucis. «Elle ne serait pas aussi différente que la tienne. Je perdrais deux amis chers, Tikki et toi, mais j'aurais beaucoup moins de responsabilités. Mais je pense que je me suis attachée à ce mode de vie malgré tout. »
La jeune femme le remercia pour son écoute, restant appuyé contre lui dans sa mélancolie nocturne, observant les lumières jaunâtres de Paris.
Ils se séparèrent environ une heure plus tard, le sommeil gagnant finalement la jeune femme. La nuit allait être courte mais elle avait déjà bien trop dormi cet après-midi. Elle s'enfonça dans son lit, se couvrant de sa couverture pour s'endormir avec son Kwami contre sa joue.
Chat Noir n'était pas rentré directement chez lui. Il essayait de réfléchir au temps passé avec son amie ce soir, et une idée le dérangeait de plus en plus. Voir sa Lady ne l'emplissait plus autant de joie. Pas qu'il n'était pas heureux de voir sa coéquipière, mais son cœur n'avait pas chaviré comme il avait l'habitude de le faire. Il n'avait pas rougi de la soudaine proximité entre lui et elle quand elle avait posé sa tête contre son épaule.
En bref, il n'était plus amoureux de Ladybug.
Cette pensée l'inquiétait. Leur duo n'allait pas en être impacté, cela allait même la soulager : après tout, subir un amour à sens unique devant être culpabilisant, surtout avec ses allusions constantes. Ce qu'il se demandait plutôt était quand est-ce que cela était arrivé, question à laquelle il ne pouvait pas répondre.
Le fait était là, il ne ressentait plus rien pour la jeune femme.
Sous l'incompréhension et le tracas, il finit par se diriger vers son manoir, avant de se détransformer. Cette nuit là, Morphée ne lui ouvrit les bras qu'une heure avant son réveil, et il espérait sincèrement ne pas être dans le même état que la veille. La courte nuit ne fut composée uniquement de l'objet de son trouble, une frêle jeune femmes coiffée de couettes basses.
Quand Adrien émergea, il fut bien surpris de se sentir bien, comme si cette révélation l'avait apaisé. Il était de bien meilleure humeur, le jeune homme avait même pris le temps de manger un petit déjeuner correct. Le blond pensa à sa journée, au fait que son mercredi était loin d'être lourd et ennuyeux. En effet, il avait réussi à libérer son après-midi pour aller visiter une exposition au musée des arts asiatiques avec Marinette, étant donné que celle-ci était sur la Chine. Ils espéraient récolter des informations, des anecdotes à pouvoir utiliser pour leur oral.
Le héros allait devoir subir deux heures de sport et une de langue avant de jouir de sa liberté. Il avait même le droit de manger dehors, quel exploit !
Commencer la journée avec trois tours de cour était déjà bien moins amusant et la majorité de la classe était toujours comateuse. Seuls Kim et Alix étaient enthousiastes à l'idée courir, avec leurs éternels défis.
Le groupe de quatre amis avait donc commencé à trottiner, subissant les remontrances du professeur quand il les surprit à bavarder au lieu de faire l'exercice.
Le cours de sport donnait l'impression de plonger ces collégiens dans une bulle où le temps était arrêté, ne les ramenant à la réalité uniquement une quinzaine de minutes avant la pause. Les élèves étaient majoritairement en sueur, pas à cause de l'effort, mais plutôt à cause de la chaleur anormale de ce début de mois d'avril, alors qu'ils pratiquaient tous avec des survêtements d'hiver.
L'heure suivante était condamnée à n'avoir que très peu d'adolescents attentifs à la matière. Plus personne n'était d'humeur à suivre un cours après de l'exercice physique, et la classe restait silencieuse, comme dans un repos commun, plus communément appelé "l'heure de la sieste".
Bien vite, Adrien avait rejoint Marinette pour le reste de la journée. Le fait d'avoir du temps libre et de le passer avec quelqu'un le rendait heureux, tellement heureux. Comme une bouffée d'air frais dans sa vie étouffante, la bleutée l'avait encore sauvé d'un énième shooting.
Le repas du midi ne fut pas prit avec hâte. Ils avaient mangé avec Alya et Nino, bien qu'à l'improviste, dans un petit restaurant japonais près de l'opéra Garnier, tout à fait dans leur prix, les faisant arriver au musée sur les coups de quatorze heures trente.
Adrien s'amusait beaucoup depuis qu'il avait rencontré ses trois amis mais depuis que Marinette et lui étaient devenus complices, le groupe était fermement soudé.
Cette année de troisième était définitivement l'année où il s'était sentit le plus en vie. Entre ses amitiés et son kwami, il se sentait comblé.
Enfin, presque.
Il repensait à nouveau à sa Lady, et à ses sentiments disparus. Depuis leur entrée dans le musée, il semblait assez abattu, sans que la jeune femme ne le remarque. Adrien se demandait comment l'annoncer à sa partenaire, ou même s'il allait devoir lui donner une quelconque explication. Le jeune homme ne lui en devait aucune, ce n'était pas comme s'ils sortaient ensemble, mais il se sentait réellement mal de cette réalisation, sans doutes à cause du caractère soudain et abrupt de celle ci.
Mais était-ce réellement si abrupt ? Il aurait déjà dû s'en rendre compte lors de la dernière attaque.
Le blond soupira légèrement, ne voulant pas inquiéter son amie. Vainement, il tenta d'observer la vitrine qui protégeait d'anciennes statuettes finement décorées, des vases en tout genre et des peignes. Mais c'était peine perdue, son esprit était incapable de le laisser se concentrer.
Adrien tourna son regard vers Marinette, incapable de retenir une quelconque information. Elle était profondément intéressée par les œuvres d'argile, son regard curieux se posant lentement sur chacune d'entre elle. Sa concentration se reflétait dans la lueur de ses yeux lagon et ses lèvres entrouvertes, ses joues légèrement rosées effaçant ses faibles taches de rousseur qui parsèment sa peau laiteuse. Le jeune homme avait l'impression qu'elle émettait une aura particulière, une de celles qui le rendait particulièrement heureux.
La graine qui avait pris ses aises dans le cœur du jeune homme était doucement en train de fleurir. Et c'est à ce moment même qu'il comprit.
C'est à ce moment-là, dans un musée entièrement silencieux, ignoré par son amie qu'il réalisa qu'il était amoureux d'elle. La raison pour laquelle il ne l'était plus de sa Lady, était parce qu'il avait craqué pour elle. C'était tellement évident, il aurait dû s'en rendre compte bien plus tôt mais son fanatisme presque religieux pour Ladybug l'avait aveuglé.
Et maintenant il se retrouvait rouge carmin, fixant sa meilleure amie, avec la furieuse envie de l'embrasser.
Il ne fit rien, cependant. Ce n'était ni correct, ni adapté à la situation. Surprenant la bleutée il se frotta fortement le visage et les cheveux, s'excusant d'un timide sourire pour la frayeur. Ils pouvaient commencer la visite, le nuage de trouble sur ses sentiments ayant disparu.
Adrien pouvait bien réfléchir à tout cela plus tard. L'heure n'était plu aux questions, et, laissant tout cela dans un coin de sa tête, il prit la main de Marinette pour se diriger rapidement vers une salle comprenant exactement ce que les deux recherchaient.
Quand elle resserra sa prise dans la main du jeune homme, il sentit la peau de ses joues chauffer à nouveau. Il souriait à nouveau, espérant que tout se passe mieux cette fois-ci. Bien sûr, il ne comptait pas crier son amour pour la jeune femme à la moindre occasion, comme il avait pu le faire avec sa Lady. La drague à la Chat Noir n'avait pas fait bon ménage en amour, et il en garderait une leçon. Il allait prendre son temps, et bel et bien faire en sorte que Marinette tombe tout aussi amoureuse de lui que lui ne l'était d'elle.
À contre-coeur, le blond avait dû laisser de côté ses pensées de charmeur en herbe pour se concentrer sur les commentaires de son amie quant aux objets de collections exposés devant eux.
Ils connaissaient le sujet, mais il était vrai que pouvoir observer de leur propres yeux des oeuvres uniquement vu en photos et pouvoir observer les nombreux détails de ceux-ci était fabuleux, et en découvrir de nouveau l'était encore plus. Et malgré tout le temps passé sur chaque vitrine, chaque piédestal, et chaque pièce, ils avaient fini l'exposition bien trop vite à leur goût.
Leur concentration était pure et dure, tellement profonde qu'ils remarquèrent même pas qu'ils étaient toujours mais dans la main plus de deux heures après. Ils avaient même visité les autres pièces, exposant des oeuvres bouddhistes, afghanes, et indonésiennes.
Sur le parvis du musée, le contact de la peau de Marinette sur celle d'Adrien le rappela à l'ordre, et, rougissant, s'excusa profusieusment en lâchant la main de sa camarade, le rassurant, en étant toute aussi rouge que lui cependant.
Sur ce même parvis, ils se quittèrent, le blond ayant une leçon d'escrime prévue pour 18 heures. Celui-ci ne voulait particulièrement pas arrêter ce moment avec la bleutée, mais le devoir, plutôt son chauffeur, l'appelait.
Une légère bise et un salut de la main conclua cette journée, les séparant pour de bon.
Une fois chez elle, la première chose que fit Marinette fut d'appeler sa meilleure amie ; complètement euphorique. Mais qu'est-ce que qu'il s'était passé de spécial entre ce matin et cet après-midi pour qu'Adrien lui tienne fermement la main durant exactement deux heures et dix-sept minutes ? Qu'avait-elle fait de spécial pour mériter un tel traitement de faveur ?
"Alya, je pense que je vais me couper la main et la cacher dans un coffre fort." avait-elle lâché dès que la brune avait pu décrocher
"Quoi ?" s'était étonnée l'apprentie journaliste avant de ricaner. "Qu'est ce qu'a fait Adrien avec ta main ?"
"Oh rien de spécial…" Marinette parlait lentement, bouillonnant intérieurement. "Il m'a juste pris la main. Pendant plus de deux heures."
"Il t'en faut peu pour être heureuse..." entama Alya avant de se couper, fronçant les sourcils. "Attends mais il a jamais fait ça avant."
La tête de la bleutée se transformait en cocotte-minute, malgré le sourire béat qui se formait dès que son regard passait sur sa main droite.
La jeune femme bouillonnait d'excitation. Si elle avait pu, elle sauterait dans sa chambre telle une balle en caoutchouc devenue complètement folle, allant aux quatres coins de la pièce. C'était un geste si simple, pourtant il importait tellement pour la jeune femme qui gardait ses soupirs amoureux pour elle depuis le début de ce projet.
Après le dîner, impossible de se calmer. Elle voulait crier, hurler sur tous les toits qu'elle aimait son meilleur ami de tout son petit coeur. Quand, du fond de son lit, elle tremblait encore, Marinette décida de se transformer.
Rien ne pouvait être entendu du haut de la Tour Eiffel, n'est-ce pas ?
Elle aurait juré par Tikki qu'elle ne s'était jamais rendue aussi rapidement à la Dame de fer. Jamais, au grand jamais elle n'avait grimpé les étages aussi vite. C'est à bout de souffle, mais toujours affichant ce rictus amoureux sur le visage qu'elle arriva au point le plus culminant. Ladybug prit une profonde inspiration, portant ses mains autour de sa bouche pour amplifier son cri.
"JE SUIS- Chat Noir ?" s'étrangla la bleuté. Le félin était tout aussi surpris qu'elle, à peine posé sur la plateforme.
"Il n'y a qu'un seul Chat Noir dans cette ville, ma lady." finit-il par lui lancer, lui faisant la révérence. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"
L'héroïne finit par s'asseoir sur le rebord, les pieds ballant dans le vide complet. Elle ne savait pas vraiment comment aborder le sujet des relations amoureuse avec son coéquipier. Allait-elle le blesser ? Il semblait vraisemblablement d'aussi bonne humeur qu'elle.
"Tu sais, je t'ai déjà parlé d'un garçon…" commença la coccinelle, triturant ses doigts et lançant des petits regards à son coéquipier pour observer un quelconque changement d'humeur.
"Ma Lady, tu n'as pas à hésiter ainsi," coupa Chat Noir, le sourire aux lèvres. Il était touché qu'elle fasse à ce point attention à ne pas le blesser. Il lui frotta la tête, lui ébouriffant les cheveux. "Premièrement, parce que tu es ma meilleure amie, et que tu devrais parler librement. Et Deuxièmement, parce que tu ne me blesseras pas. Puis… Je n'ai plus trop de sentiment pour toi, à vrai dire. Enfin, de sentiments amoureux ! C'est juste platonique, à présent. Je voulais aussi m'excuser pour ma drague peu chat-rmante et lourde."
"Chat !" râla-t-elle au jeu de mots. Elle était… non pas déçue, bien au contraire, mais la drague de son coéquipier faisait partie intégrale de lui, non ? S'il n'était plus amoureux d'elle, alors il n'y en aurait plus ? Cependant, cette déclaration allègeait le poids qui retenait sa bulle de bonheur de flotter autour d'elle. "Mais comment ça t'est venu ? Tu as abandonné ?"
"Pas vraiment." avoua le jeune homme, regardant le ciel et ses quelques étoiles visibles. "J'ai réalisé que j'étais amoureux d'une autre, à vrai dire. Aujourd'hui même."
Un "Ooh" narquois sortit de la bouche de son amie, souriante, qui lui donna un léger coup de coude.
"Je sais pas si je devrais te le dire, mais étant donné que tu la connais…" hésitait Chat.
"Je la connais ?" demanda Ladybug, fronçant les sourcils.
"Tu sais, la fille des boulangers, que j'ai dû aider face au Dessinateur." ajouta le blond. "Marinette. Je suis amoureux d'elle."
La bleuté fronça d'autant plus les sourcils.
Chat est amoureux de Marinette ?
