- Olivia -
Cette envie de mourir, elle était présente, submergeait mon corps. Je me dirigeai d'un pas lourd vers la salle de bains. J'ouvrais le robinet de la baignoire et j'observais l'eau glacée couler lentement. Je regardais le miroir au dessus de mon lavabo, qui fait aussi office d'armoire a pharmacie. Je l'ai ouverte, j'ai pris le premier flacon, j'ai renversé tout les comprimés dans ma main, avant de les avaler. Je portais ensuite une main a mon cœur, si j'en avais toujours un. La baignoire était remplie, ma tête commençait a tourner, mais j'était trop lassée pour m'en rendre compte. J'ai ensuite retiré tout mes vêtements, je les ai jetés dans la poubelle. J'ai arrêté le robinet, la baignoire était pleine. J'ai glissé un pied dedans, elle était glacée, transparente et limpide. La froideur de ce liquide aurait du me faire sursauter ou sortir, mais pas du tout, elle était froide, comme moi maintenant. J'y plongeais mon corps tout entier seuls mes genoux pliés et mes épaules sortaient de l'eau. Les médicaments faisaient effet, je sombrais, mais j'étais encore consciente. Je voulais voir la mort de face, je me laisser glisser doucement en laissant échapper ma dernière bouffée d'air, j'était a présent plongée dans l'eau les yeux fermés a écouter mon cœur ralentir. J'étais bien, le néant m'emportait. Ma tête se vidait, et je tentais d'effacer ma mémoire.
Une semaine plus tôt.
- Elliot -
Je me suis mal réveillé ce matin, horrible, des douleurs dorsales atroces, c'est ça, le fait de vieillir. Olivia dit que c'est surtout parce que je dors sur le canapé depuis plus de deux semaines.
Elle a surement raison finalement. Je me suis dirigée a son bureau en pensant a ça.
Moi : Tiens ! Matinale ? C'est rare de te voir arriver avant moi.
Olivia : Bien sûr, ironie du sort ! Si MONSIEUR avait un réveil, on en serait pas là.
Moi : Du nouveau ?
Olivia : Non, l'enquête est au point mort, ce type continue, et on a aucun moyen pour le trouver.
Moi : Bon, et on a pu interroger la dernière victime ?
Olivia : Non, mais on doit y aller, Cragen m'a prévenue en arrivant.
Moi : Bien, c'est parti.
-Olivia -
Argh, j'appréhendais ce moment, je ne voulais pas aller interroger cette victime, je n'ai jamais vraiment apprécié interroger les victimes, mais depuis Sealview, tout a changé. Ces victimes…c'est pas comme si je me reconnaissais en elles, mais, je ne sais pas, je me dis que…j'aurais pu finir comme ça, si Finn n'était pas intervenu. Je me secoue légèrement la tête pour chasser ces images de ma tête, avant qu'Elliot ne me fasse un signe de la main pour me dire de le suivre au parking. On est montés en voiture en silence. Elliot avait l'air préoccupé, je savais qu'il y avait des tensions entre lui et Kathy depuis quelques temps. Je faisais mine de ne pas m'en rendre compte, mais ça crevait les yeux. J'essayais de ne pas le regarder, c'était très compliqué. Et j'ai lutté contre cette envie tout le trajet. Il est passé très très très lentement finalement. Nous sommes enfin arrivés a l'hôpital, et nous avons marché en silence jusqu'à la porte de chambre de la victime. Elliot abaissa la poignée, ses mains, mon dieu, je veux ses mains ! Olivia, secoue-toi ma grande ! Tu bosses là.
Elliot : Prête ?
Moi : J'ai le choix ?
Il s'écarta du chemin pour me laisser passer en première, je regrettai aussitôt, j'ai eu un sursaut en voyant la victime. La pauvre, elle était couverte de bleus de la tête aux pieds. Comme il avait pu s'acharner, c'était de pire en pire on dirait.
- Elliot -
La pauvre, pauvre femme. Cet homme, je jure que je le trouverais, j'en ai assez de voir ces pauvres femmes s'accumuler dans ces chambres d'hôpital. Olivia s'agenouilla devant la victime, je la regardait faire. Elle se présenta et expliqua qu'on était de la police. La victime me jeta un regard apeuré et celui d'Olivia ensuite, me fit comprendre que je devais sortir. J'obéi. Je les observais a travers la vitre rayée de blanc. Olivia savait vraiment s'y prendre, c'est incroyable. J'ai même cru apercevoir un petit sourire sur les lèvres de la jeune femme. Elle se redresse et fait un signe de la tête, je comprends qu'elles ont terminées. Olivia se retourne vers moi et lève les sourcils de désolation. Elle sort.
Moi : Alors ?
Olivia : Elle ne l'a pas vu, il l'a attaquée par derrière, comme toutes les autres.
Ça me frustre vraiment de ne pas pouvoir identifier ce mec.
Moi : Même homme, même mode opératoire *soupir*
Olivia : Mais un nouvel indice : elle dit qu'elle a reconnu une légère odeur épicée.
Moi : Epicée ? C'est vague…
Elle était aussi déçue que moi.
- Olivia -
Elliot et moi étions simplement horrifiés et déçus de ne pas avoir plus d'indices, pas de preuves ADN, rien du tout. J'appréhendais la nouvelle victime. Ce type prends un mesquin plaisir a marquer ses victimes, jour après jour, nous venions d'interroger « Vendredi ». C'est glauque. Le reste de la journée se passa dans l'étude inutile de l'interrogatoire de la victime. Il était maintenant 22h30.
Elliot : Rentre chez toi, c'est inutile de rester ici a présent.
Moi : Mais, et toi ?
Elliot : Je…vais rester encore un peu.
Je vis bien dans ses yeux qu'il n'avait pas envie de rentrer chez lui, voir Kathy et affronter le regard de ses enfants lorsqu'ils allaient, une fois de plus, le réveiller sur le canapé.
Moi : Oh, allez, viens dormir chez moi.
Elliot : Oh, Olivia je…
Moi : C'est un ordre !
Elliot : Bon, bien dans ce cas…
Nous sommes partis dans ma voiture, j'ai conduis, c'est rare. Mais j'aime cette sensation d'avoir le pouvoir de décider ou l'on va. Je pense vraiment a des choses bizarres parfois. Il regardait droit devant lui, mais j'ai bien vu qu'il avait senti que je le regardait sans arrêt.
- Elliot -
Elle ne cessait pas de me fixer, mais je n'ai pas osé tourner la tête pour voir ses yeux. Ça me rendait un peu nerveux de dormir chez elle, on ne l'avait jamais faite, cette expérience. C'est étrange.
Olivia : Tout va bien ?
Moi : Heu…oui, mais j'ai connu mieux tu sais…
Olivia : Je peux te poser un question ?
Mon dieu, mais qu'est-ce qu'elle allait me demander ?
Moi : Si tu veux, répondis-je sans réfléchir.
Olivia : Qu'est-ce qu'il se passe exactement avec Kathy ?
Moi : Et bien…on peut dire qu'elle a passé 20 ans de sa vie a m'attendre, je ne suis jamais présent. J'aime mon mariage, ma femme, mes enfants, mais j'aime aussi mon boulot. Et ce boulot, je ne peux pas le négliger, et elle ne comprend plus ça.
Olivia : Je la comprends, tu es plus souvent avec moi qu'avec elle, honnêtement.
Moi : Je le sais bien.
J'avais envie de pleurer là, il ne fallait pas que j'en parle. Je suis en train de ressentir un truc bizarre au fond de mon estomac. Je passais ma main dessus signe d'anxiété qui ne passa pas inaperçu aux yeux d'Olivia qui posa une main sur mon épaule.
- Olivia -
Il a l'air perdu. Ça me fait de la peine de le voir comme ça. Bon, nous étions arrivés. Je n'habite pas très loin de l'unité. Nous sommes rentrés dans l'immeuble et nous avons pris l'ascenseur en silence. Pesant, d'ailleurs, Je ne savais pas quoi dire, il avait l'air préoccupé. Nous sommes ensuite entrés dans l'appartement, toujours en silence.
Elliot : Bien, nous y voilà.
Moi : Oui, nous y voilà…
Il m'interrogea du regard.
Moi : Oui, tu dors…sur le canapé, ça te vas ?
Elliot : Les bonnes habitudes ne se perdent pas.
J'ai émis un petit rire nerveux, je ne savais pas si s'était approprié, mais il m'a échappé, ça avait l'air d'avoir détendu un peu l'atmosphère. Il me regarde fixement, je ne sais toujours pas quoi dire. J'éprouve un petit mal être à ce moment là.
- Elliot -
Mon dieu qu'elle était belle, les cheveux décoiffés par une journée de réflexion intensive et inutile. Je comprenais enfin ce que je ressentais à ce moment là, pour elle. De l'amour, de l'amour simple et cru. De l'amour comme dans les livres, l'amour que ressens Roméo pour Juliette. Ce sentiment extraordinaire qui me dis que je serais bien capable de me jeter sous une voiture a sa place. Elle me regardait, comme si j'étais un idiot. Je m'approche doucement, elle ne bougeait pas, mon cœur était a 100 a l'heure. Je lui ai saisit la taille.
