Bonjour bonsoir~
Je vous présente un tout petit OS écrit dans le cadre d'un jeu d'écriture en compagnie de Frany à la crème. Nous avions un quart d'heure pour écrire sur le thème de la vieillesse, et j'avais envie de poster ici ce que j'ai écrit~
En espérant que ça vous plaira, je vous souhaite une bonne lecture~
Une toux rauque.
Une glaire ensanglantée crachée sur le sol.
Une main dans ses cheveux, trop faible et tremblante pour lui apporter le moindre réconfort.
Il continue à cracher ses poumons un moment encore, le corps secoué de violents spasmes, la gorge brûlante. Dans son dos, il peut sentir son compagnon d'infortune brûler de fièvre.
Antonio réussit finalement à reprendre son souffle, et laisse un rire nerveux filer entre ses lèvres sèches et craquelées.
Ils sont tombés bien bas. Il y a bien longtemps que leur nom de nation a perdu toute signification.
Derrière lui, Francis a fermé les yeux, les traits crispés par la souffrance.
Ils ressemblent à des cadavres. Vieux, maigres, décharnés, malades, à moitié mort. Et ce vide dans les yeux. Ce vide effrayant qui piègerait quiconque essayerait d'y plonger le regard.
Trop vieux.
Ils ont trop vu, trop vécu, et ont cru pouvoir courir toujours en oubliant que le temps est le seul adversaire contre lequel nul ne peut rien.
Ils ont trop couru. Trop vite. Trop longtemps. Ils sont tombés. Et la chute les a brisés.
Francis rouvre les yeux, ces yeux autrefois brillants. Il les promène sur le paysage ravagé, la nature morte, la vie évanouie. Tout est désert, vide et mort.
Et puis son regard croise les orbes verts qui luisaient jadis d'une joie naïve, et y restent accrochés, pour ne plus voir ce décor d'apocalypse.
Quand Antonio finit par baisser les paupières, à bout de force, Francis sait qu'il ne les rouvrira plus jamais. Mais il n'est même pas triste. Ils sont vieux, tellement vieux, plus vieux qu'aucun être conscient ne devrait l'être. Quand on vit si longtemps, la mort ne semble plus si terrible.
Alors Francis ne pleure pas. Il le berce contre lui en attendant qu'il s'en aille pour de bon. Quand il sent sa respiration se faire de plus en plus erratique, jusqu'à cesser totalement, il lui baise le front. Puis il reste là, le corps de son ami serré contre le sien.
Il n'a plus la force de bouger de toute façon. Il sait que son heure à lui ne va plus tarder non plus.
Et il attend, regardant sans le voir le décor ravagé.
Il attend sa délivrance.
