Vendredi 11 février - Bureau de Draco Malfoy


Draco Malfoy, Auror, vingt-quatre ans, à l'apogée de sa carrière, reposa sa tasse de café avec violence sur son bureau. Il se retint de ne pas crier ou de se défouler vraiment sur quelque chose…ou quelqu'un, maintenant qu'il y pensait, il n'avait pas de préférence…

Il ne fallait pas être un génie pour se rendre compte qu'il n'était pas de bonne humeur. Il était de très mauvaise humeur.

Il passa avec frustration une main dans ses cheveux, un tic quand quelque chose le préoccupait. Et cette chose qui le dérangeait comme pas possible, cela faisait deux ans qu'elle occupait son esprit et l'empêchait de se concentrer sur ce qu'il devait faire, deux ans qu'elle lui dépravait la vie, deux ans que ça le torturait, deux ans, ni plus ni moins.

Deux ans. Deux ans. Et deux très longues années, en plus de cela!

Ce qui monopolisait l'esprit de Draco Malfoy, ex-espion de l'Ordre du Phoenix, ami très proche de l'Homme qui avait vaincu, aussi connu sous le nom de Harry Potter, n'était pas une affaire très simple, étant donné que c'était une affaire de cœur et qu'il n'était pas très habitué (pas du tout, en fait) à ces 'affaires de cœur'… Heureusement d'ailleurs, parce qu'il n'était pas prêt à quitter sa réputation, et quoi de pire, que d' « avouer » (entre guillemets…car il ne l'était pas…) qu'il était en fait un homme très sentimental ?

En repassant en revue les plans entrepris pour se débarrasser de ce sentiment étrange qu'il ressentait pour Hermione Granger, meilleure amie de Harry Potter, jeune femme extraordinairement géniale, inventrice de nombreux sorts et sortilèges en tous genres, Draco se disait bien qu'il avait tout fait. Voyons voir…

Solution n°1 : Ignorer ce qu'il ressentait.

Echec. Pas très évident quand il passait la totalité de son temps libre avec elle…

Solution n°2 : Se faire détester de celle qu'il aimait.

Echec. Tellement plus facile à dire qu'à faire.

Solution n°3 : Essayer de la détester.

Echec. Voir réponse précédente. C'est fait ? Bon, eh bien imaginez ça multiplié par 'infini'! Voilà, le résultat égal IM-PO-SSIBLE (Il avait toujours aimé s'exprimer clairement, voyez-vous)

Solution n°4 : Passer du temps avec elle pour voir s'il avait une chance

Echec. Il avait eu un gros problème là… Il savait qu'il n'avait aucune chance, de ça il s'en était rendu compte, mais ce n'était toujours pas parti !

Solution n°5 : Sortir avec d'autres filles.

Echec (le plus complet possible et imaginable d'ailleurs). Comment est-ce qu'il pouvait sortir avec d'autres filles quand il ne pouvait pas s'empêcher de les comparer à elle ?

Solution n°6 : Mieux la connaître.

Echec. En quoi est-ce que c'était sensé l'aider ? Ça n'avait fait qu'empirer la situation…Mieux il la connaissait, plus il réalisait que ses sentiments s'amplifiaient !

Solution n°7 : Attendre que ça lui passe.

Echec. EXACTEMENT ce qu'il venait de dire ! Il avait attendu deux ans. Si en deux ans ça ne lui passait pas, c'est qu'il devait y avoir une faute dans le mode d'emploi, qu'il avait pensé. Eh bien, non ! Deux années s'étaient écoulées et rien n'avait changé…à part que les sentiments s'étaient amplifiés (voir solution n°6)

Résultat de l'opération : Plus de sentiments bizarres pour Hermione Granger

Echec. Echec. Echec. ÉCHEC TOTAL !

Voilà, avec ces quelques explications, vous devez avoir compris pourquoi et à quel point Draco Malfoy, d'habitude si composé et calme (sauf quand en état d'ivresse, si je peux me permettre de préciser), se comportait d'une manière tellement peu comme la sienne.

Ah oui ! Et un critère très important : c'était la Saint Valentin…dans 3 jours.

Il ne faudrait pas oublier de préciser tout de suite que c'est Harry Potter qui venait de lui rappeler la mauvaise nouvelle quelques instants auparavant. Eh oui ! Quoi de mieux pour commencer la journée que de devoir partager l'ascenseur avec un Harry Potter très guilleret (…trop même, si vous voulez mon avis…) qui vous rappelle que le pire jour de l'année n'était que dans trois jours ?

Bien sûr, comme ça ne pouvait pas encore être pire, il lui avait demandé s'il avait l'intention d'emmener quelqu'un de particulier (à ce moment-là il lui avait lancé un regard appuyé et 'voulu complice', même si ça n'avait eu pour effet que de faire Draco augmenter la distance de sécurité minimale dans les mesures du possible…) au bal annuel du Ministère. Et en prenant en compte sa chance infinie, Harry avait dit tout cela, le plus naturellement du monde, dans l'ascenseur, en présence de quelqu'un en particulier…

Vous n'avez pas encore deviné ? Si ? Mais oui ! Bien entendu, c'était notre chère et très admirée, Hermione Granger ! Quelle chance alors pour Draco, n'est-ce pas !

Maintenant, vous devez vous demander pourquoi Draco n'était pas si heureux de voir la Saint-Valentin arriver. Après tout, ce pourrait être une très bonne excuse pour inviter l'objet de ses affections quelque part, non ?

Voyons donc voir ce que M. Malfoy avait à dire à ce sujet…

Saint-Valentin :Vous savez, ce stupide jour de l'année ou tous les stupides amoureux se réunissent pour avoir des stupides dîners stupidement romantiques à se dire des stupides mots doux à l'oreille et à s'embrasser stupidement sans aucune stupide raison à part celle de donner envie de vomir à ceux qui ont (ou n'ont pas) la chance d'être seuls et beaucoup mieux comme ça ?

(Merci pour cette intervention très intéressante de M. Draco Malfoy au sujet de la Saint-Valentin…Espérons que vous avez maintenant compris ce que Draco Malfoy pensait du 14 février… )

Oui, eh bien il se trouve que, malheureusement pour Draco, ce jour là de l'année qui approchait à grands pas…Ce jour détestable et détesté ; insupportable et plus que très difficilement supporté de (presque) tous…

Récapitulons, pourquoi est-ce que Draco Malfoy aimai- non…appréciait particulièrement, de toutes les personnes sur terre, une certaine Hermione Granger ?

Peut-être parce qu'elle était intelligente, belle, gentille, spontanée, passionnée, généreuse, manipulatrice, drôle, insupportable, intéressante, mystérieuse et à la fois ouverte, franche, courageuse, vulnérable, indépendante…bref aimable, et donc aimée ?

Avant que tout le monde s'emballe, Hermione Granger n'était sûrement pas la femme idéale de Draco, ni la femme parfaite, bien au contraire…Mais en même temps, elle s'en rapprochait énormément… Oui, comme tous les êtres humains, Draco était complexe, et Hermione aussi. Sauf qu'ici, nous avons affaire à deux êtres humains différents de la moyenne et donc, inévitablement, très très très complexes.

Dans l'explication que Draco avait faite pour expliquer les raisons pour lesquelles il aimait (oui d'accord, il l'avouait, il l'aimait…mais elle ne l'aimait pas, donc à quoi est-ce que cela servait-il de l'avouer ?) Hermione, il y avait un grand nombre d'oppositions. Ce nombre d'oppositions, lorsque employées pour décrire une personne, nous démontre qu'on connaît bien, et même très bien la personne. En effet, cela signifie que l'on a vu la personne concernée à son plus haut et à son plus bas, ou plutôt à ses deux extrêmes pour une émotion, d'où le fait que Draco aime Hermione à la fois pour son courage et pour sa vulnérabilité ou encore par le fait qu'elle soit à la fois gentille et insupportable…

D'ailleurs, on pourrait remarquer que personne n'est parfait et que la preuve d'un vrai, pur, simple (euh…pas toujours…) amour, est d'aimer chez l'autre jusqu'à ses défauts…car on ne peut aimer entièrement qu'à partir de cela…ne dit-on pas « pour le meilleur et pour le pire » ?

Mais bien sûr, la chose la plus intéressante de cette 'analyse', était que Draco figurait parmi le nombre très restreint des individus vivants sur cette terre à avoir vu Hermione Granger à ses deux extrêmes pour une émotion bien précise… L'amour… ou la haine. Evidemment, cela n'avait jamais été de la haine pure et dure, mais cela se rapprochait énormément de cela.

A une époque, Draco Malfoy haïssait Hermione Granger pour les mêmes raisons qu'il l'aimait aujourd'hui :

Parce qu'elle était belle (il ne l'avait pas encore remarqué…ou refusait de le faire), parce qu'il n'arrivait pas à la battre dans une seule matière (synonyme d'intelligente…), parce qu'elle n'avait pas peur de le gifler (passionnée, courageuse), de lui répondre (franche), de lui tenir tête (en d'autres mots, elle était vraiment insupportable), parce qu'il ne la comprenait pas, parce qu'il n'arrivait pas à savoir ce qu'elle allait faire dans la seconde qui suivait (spontanée), parce qu'en elle-même, Hermione Granger était une énigme que Draco n'avait pas réussi et ne réussissait toujours pas à résoudre (mystérieuse, intéressante)…

Nous avons donc ici la preuve que Draco Malfoy avait haï et maintenant aimait chaque trait de la personnalité d'Hermione Granger… Maintenant, passons à l'étape suivante : Pourquoi est-ce qu'il n'était pas passé à l'action ? Sauver la princesse du sorcier diabolique, tomber amoureux de la jolie princesse, faire en sorte que la princesse tombe amoureuse de lui, vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants avec la princesse, avec qui il s'était marié entre temps. C'était dans la poche, non ?

Euh…Un petit problème ici…

1. « Sauver la princesse du sorcier diabolique » : Déjà fait…sauf que c'était Harry qui avait sauvé Ginny de Voldemort (qui était mort un peu après)…en quoi est-ce que ça avait un rapport avec Draco ?

2. « Faire en sorte que la princesse tombe amoureuse de lui » …Un peu dur, étant donné que la princesse était beaucoup trop bien pour lui

3. « Vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants avec la princesse, avec qui il s'était marié entre temps » Il faudrait déjà que tous les critères soient remplis…et jusque-là, il n'en voyait qu'un seul : celui de tomber amoureux de la princesse…

Parce que, ce n'était pas fini :

4. Hermione Granger, « princesse », demoiselle en détresse ? Pardon, mais vous avez dû vous tromper de personne…

5. Draco Malfoy, preux chevalier, aideur des pauvres et justicier des puissants ? Euh…désolé…Mauvaise adresse.

6. « DANS LA POCHE » ? Non, mais vous êtes malade ! Qu'est-ce que c'est que ce plan ?

Oui, donc, évidemment, la vie n'était pas simple pour notre pauvre Draco Malfoy, qui depuis la chute de Voldemort et l'emprisonnement de tous les Mangemorts en fuite depuis le premier événement, n'avait pas grand-chose à faire dans son grand bureau vide d'émotions et de sentiments…personne ne le comprenait…personne ne pouvait le comprendre…si seulement les gens voulaient apprendre…et essayer de se rapprocher de lui…et de voir au-delà de ses yeux gris…

Et le voilà qui se remettait à être poétique (si on pouvait appeler cela poétique) et à rimer…Il devait vraiment se trouver un autre job…Peut-être à Gringotts…Il avait toujours aimé l'Arithmancie…les runes, les chiffres, les problèmes, Hermione Granger…oui, ce serait peut-être une bonne idée…

Draco ne s'en était pas encore rendu compte mais depuis qu'il était arrivé à son bureau, une personne l'observait de très près, suivant chacun de ses mouvements et écoutant le moindre bruit, la moindre parole, qu'il émettait. Il se rendait encore moins compte qu'il avait parlé la moitié du temps à voix haute et que la figure dans l'ombre avait une fois ou deux dû réprimer une très forte envie de rire en l'entendant monologuer de la sorte…


Note de l'auteur (mode expressif):

Review?