Chapitre 1 : Amitié
Assise à son bureau, le lieutenant Beckett pianotait sur son ordinateur à la recherche d'informations sur le seul suspect qu'ils avaient, notant au passage ce qui pouvait leur être utile. Sur la gauche de son bureau, une chaise, occupée, et sur cette chaise, son fidèle consultant. Au fur et à mesure que les années avaient passées, il était devenu autant prolifique qu'un vrai flic mais surtout, il était devenu un ami, un très bon ami, son meilleur ami.
Seul le tic-tac de l'horloge murale se faisait entendre et elle indiquait qu'il était plus de vingt-deux heures. Malgré tout, les deux coéquipiers étaient toujours là, elle était à l'affut du moindre détail qui pourrait faire avancer l'enquête et lui comme à son habitude, il faisait ce qu'il savait faire le mieux, il l'observait.
- Castle, vous pouvez rentrer, j'ai bientôt fini.
- Non je vous attends Lieutenant.
- Mais il est vingt-deux heures, Martha et Alexis doivent vous attendre ?
- Ma mère est à quelques jours de son avant-première donc elle reste tard au théâtre peaufiner les dernier détails quant à Alexis, elle est assez grande, et en plus elle sait où je suis.
- Bon comme vous voulez.
Il lui sourit puis reporta son attention sur son IPhone et le jeu qu'il avait commencé. De temps en temps il jetait furtivement un œil à sa muse. Il ne se lassait pas la regarder travailler, même les jours de paperasse. Pour certain cela aurait pu paraitre ennuyeux mais pas pour lui. L'écrivain se plaisait à la contempler, détailler ses petits gestes, comme en cet instant, quand elle prenait en otage sa lèvre inférieur entre ses dents. Si elle savait ce que ce geste provoquait comme trouble dans la poitrine de cet homme qui était installé à côté d'elle…. Mais peut-être le savait-elle ? Et ses mimiques lorsque quelque chose ne se déroulait pas comme elle voulait, ou encore lorsqu'elle était dans une intense réflexion et que cette petite veine zébrant son front faisait son apparition. Tous ces détails qui faisaient d'elle une encyclopédie des émotions tellement il la connaissait par cœur.
Beckett finit d'inscrire les dernières infos sur le tableau blanc pour que ses collègues puissent en prendre connaissance à leur arrivée le lendemain matin puis ferma son PC et rangea son bureau. Il la regardait faire son petit rituel, celui qu'il voyait tous les soirs depuis bientôt quatre ans. Il se leva avant elle, saisi son manteau sur la chaise et l'aida à le passer lorsqu'elle se leva. Silencieusement ils quittèrent le poste, elle le raccompagna comme tous les soirs, tard, toujours trop tard pour la jeune fille qui s'impatientait dans cet appartement silencieux.
Cela faisait plusieurs jours que cette affaire avait débutée, elle accaparait leurs journées et débordait de plus en plus souvent sur les soirées ce qui énervait passablement cette jeune rouquine qui attendait bien sagement au loft que son père daigne rentrer mais depuis qu'il suivait cette lieutenant de la criminelle elle se sentait délaissée. Certes il avait changé, grandit depuis quatre ans mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui, il n'était pas flic et les risques qu'il prenait lorsqu'ils étaient en interventions lui faisaient peur. Et si un jour il ne rentrait pas. Elle avait peur de recevoir un jour ce fameux coup de fil qui vous annonce le pire…..la jeune rouquine décida qu'il était temps de lui parler…quand il rentrera.
Quelques jours plus tard, la jeune fille n'avait toujours pas eu l'occasion de discuter avec son père, il rentrait très tard alors qu'elle était déjà couchée et elle partait tôt le matin, avant qu'il ne soit levé.
Le lieutenant Beckett sortait soulagée du bureau du Capitaine. L'affaire du chasseur de fantôme ayant été bouclée, Kate lui avait remis son rapport afin qu'elle le contresigne et qu'il puisse rejoindre les archives au rayon des affaires classées. Elle poussa un long soupir mais fini par sourire à la vue de ses trois compères qui plaisantaient bruyamment autour d'un café dans le local de pause. Elle sourit inconsciemment en revoyant Castle la supplier pour qu'elle avoue ne pas avoir peur des fantômes et pour qu'ils aillent revisiter la maison « hantée ». Un vrai gamin mais c'est comme ça qu'elle l'appréciait et elle ne voulait pour rien au monde qu'il change.
Depuis presque quatre ans, ils formaient une équipe du tonnerre. Ils avaient un taux de résolution d'enquêtes qui avoisinait les 98%, le meilleur de New-York. Depuis que Castle les avaient rejoint le travail semblait moins fastidieux, il mettait un peu de bonheur et de joie dans leurs journées parfois bien éprouvantes et tristes. Il avait aussi réussi à faire sourire la détective Beckett, la dure à cuire, comme la surnommaient affectueusement certains de ses collègues masculins.
Son sourire s'agrandit en entendant ce rire qu'elle reconnaitrait entre tous, celui de Castle, chaleureux, enfantin, communicatif.
- Alors les gars, on trinque sans moi ?
Ils se figèrent tous les trois en la fixant mais éclatèrent de rire devant la mine de Beckett qui se voulait sévère et qui tentait vainement de paraître impassible mais ce fût peine perdue. Un éclat de rire général emplit la salle et résonna même jusqu'au bureau de Gates qui releva la tête pour voir son équipe se détendre après une série d'affaires compliquées mais toutes résolues de fort belle manière. Le capitaine se reconcentra sur les dossiers que Kate lui avait remis et devait bien avouer que même la paperasse était net, précise et sans bavure ce qui lui facilitait grandement la tâche.
Les rires se calmèrent dans la salle de repos.
- Bien sûr que non lieutenant, voilà votre café. Rétorqua l'écrivain en lui tendant une tasse de son breuvage préféré.
- Merci Castle.
Elle lui sourit et lorsqu'elle se saisit de la tasse leurs doigts s'effleurèrent furtivement mais ce doux contact et les sensations qui en découlaient ne passèrent pas inaperçu. Elle cacha sa gêne derrière sa tasse de café et apprécia la chaleur du breuvage. Ils passaient un bon moment et Castle n'avait pas envie que cela se termine. Il voulait prolonger la soirée avec ses amis.
- On est vendredi soir, ce weekend personne de permanence, ça vous dirait un verre au Old Haunt pour décompresser ? Proposa-t-il.
- Ce sera pour une autre fois Castle, j'ai prévu d'emmener Jenny ai cinéma ce soir…. Répondit Ryan.
- Et moi j'ai rencard avec une belle brune.
- Ce ne serait pas notre médecin légiste que voilà avec qui tu as rencard.
Lanie venait de faire son apparition à l'étage et se dirigeait vers ses amis. Sa démarche chaloupée et sa robe rouge ultra sexy fit perdre le fil de la discussion à notre latino, il en resta baba devant l'élégance de sa cavalière. Castle et Ryan étaient autant éblouis par cette beauté fatale et n'étaient guère plus loquace.
- Wah Lanie, tu es ravissante. Déclara Beckett devant les trois hommes qui ne bougeaient toujours pas.
- Merci Kate, heureusement que tu l'as remarqué car les hommes ne sont pas très éloquent ce soir. Castle, plus haut les yeux ! Le sermonna Lanie
- Heu oui pardon. Bonsoir Lanie, vous êtes étourdissante ce soir.
- Oh, merci Monsieur Castle.
Espo sortit enfin de sa contemplation et s'approcha de sa belle lui prenant les deux mains. Ses yeux pétillants en disaient long sur les sentiments à l'égard de la légiste.
- Bonsoir beauté. Finit-il par arriver à prononcer en l'embrassant sur la joue.
- Alors Espo, ou emmène tu cette charmante demoiselle ce soir ? demanda Castle.
- Ce soir nous allons dans un restaurant Français, celui qui se trouve près de Rockfeller centre.
- Ho oui, chez Michel, fit Lanie rêveuse, j'adore son homard à la sauce Termidor. Tu es un amour Javier.
- Je sais. Répondit-il d'un air qui se voulait condescendant mais qui fit éclater de rire ses amis.
Il l'embrassa sur la joue avant de quitter le poste tenant fermement Lanie par la taille. Les portes de l'ascenseur se refermèrent et les trois amis devinèrent qu'il allait enfin la saluer comme elle le méritait.
- Bon alors les amis je vais aussi vous laisser. Pour le verre Castle on remettra ça un autre soir. Passez une bonne soirée vous deux. Dit Ryan en faisant un clin d'œil à sa chef, ce qui lui fit lever les yeux au ciel….
- Bon lieutenant, vu qu'il ne reste que vous et moi, je vous invite à diner au loft, et pas question de refuser.
La brune le regarda stupéfaite par son aplomb. Il avait beau être exaspérant, râleur, gamin, elle aimait quand il prenait ce genre d'initiative qui ne permettait aucun refus.
- D'accord, je serais heureuse de diner en votre compagnie.
Ils quittèrent tous les deux les bureaux et rejoignirent la voiture de Beckett. Le trajet se passa dans la bonne humeur, Castle s'amuser à détailler les passants et à imaginer leur vie, leur boulot. Ils décompressèrent de cette façon et ils arrivèrent au loft de l'écrivain sans avoir vu passer les vingt-cinq minutes de trajet. Ils s'engouffrèrent dans l'ascenseur qui les amenait au 3ème étage. Kate sentait que sa relation avec Castle avait évolué ces derniers temps, elle le trouvait plus taquin, plus tactile aussi et à chaque fois qu'il effleurait ses doigts elle ressentait tout sortes de sensations indéfinissable. Mais plus le temps passait, plus ses sensations devenaient définissable. Elle savait que les sentiments qu'il nourrissait à son égard avaient évolués, et elle découvrait jours après jours que les sentiments qu'elle éprouvait pour son écrivain devenaient aussi plus profonds, plus amoureux qu'amical.
Elle sursauta légèrement lorsqu'elle sentit une main douce et chaleureuse se poser sur la sienne. Ils étaient arrivés à l'étage du loft mais perdue dans ses pensées elle était restée adossée dans la cage de métal et c'est Castle qui la sortit de sa rêverie.
- Alors lieutenant, on rêve de moi ?
- Oh si vous saviez Castle ! Si vous saviez ! répondit-elle sur un ton plus que suggestif.
Elle sortit de l'ascenseur en laissant un écrivain médusé par sa réplique.
- Alors Castle, vous venez ?
Il trottina jusqu'à la porte et la fit entrer tout en la débarrassant de sa veste pour la poser sur une chaise. A peine étaient-ils arrivé à la cuisine que du bruit se fit entendre dans les escaliers. Alexis dévala en courant les marches mais lorsqu'elle vit que son père était accompagné du lieutenant, elle ralentit sa course et se dirigea vers son père.
- Salut papa. Comment était ta journée ? Dit-elle en l'embrassant sans regarder la détective.
- Bonsoir chérie. Ma journée était bonne mais tu pourrais aussi dire bonsoir au lieutenant Beckett.
- Bonsoir lieutenant ! dit-elle froidement. Puis elle tourna les talons et remonta dans sa chambre sans en rajouter.
Alexis ragea intérieurement, elle était encore là, elle, toujours elle. Ils travaillaient ensemble, ils se voyaient tous les jours, il ne parlait que d'elle à la maison, Beckett a fait ci, Beckett a fait ça et il trouvait encore le moyen de la ramener au loft. Enervée elle s'assit à son bureau et essaya de se concentrer sur son livre de droit, elle espérait oublier les deux adultes se trouvant un étage plus bas.
Kate sentit que la rouquine s'éloignait d'elle, avant quand elles se rencontraient au loft ou en dehors, la jeune fille était beaucoup plus amicale, toujours ravie de la voir mais là quelque chose avait changé, elle l'avait senti depuis quelque temps déjà.
- Je suis désolé pour le comportement de ma fille, je ne sais pas ce qu'elle a, je dois vraiment avoir une discussion avec elle.
- Ce n'est pas grave Castle, comme tous les ados, y a des hauts et des bas. Ça va lui passer.
Elle n'en était pas convaincue, elle voyait bien qu'Alexis était devenue distante avec elle depuis quelques mois, la jeune fille lui en voulait pour quelques chose mais elle ne savait pas quoi.
Elle contempla le regard triste de Castle et se donna comme mission de lui rendre le sourire tout du moins pour le reste de la soirée.
- Alors chef Castle, qu'allez-vous me concocter de bon pour ce repas ?
Bingo, les lèvres de l'écrivain s'étirèrent en un large sourire alors qu'il mettait une casserole d'eau à bouillir.
- Pour Madame ce soir, ce sera des Tagliatelles al pesto avec une salade de tomates.
- Hmmm ! Je sens que je vais me régaler. Vous devriez arrêter de me gâter comme ça à chaque fois que je viens car je risque d'y prendre goût.
- Mais le risque vaut la peine d'être pris. Vous êtes la bienvenue à la casa Castle vous le savez très bien Kate. Dit-il d'une voix douce.
L'utilisation de son prénom la surprit mais cela sonnait tellement bien dans sa bouche qu'elle ne put que sourire.
- Je vous prends aux mots Rick.
Il fut tout aussi surprit qu'elle et comme seule réponse ils se sourirent tendrement. Il était heureux, simplement heureux de pouvoir la côtoyer en dehors du poste de police et de ses enquêtes. Une soirée avec Kate c'était comme la cerise sur le gâteau, c'était finir une belle journée par un feu d'artifice digne d'une fête nationale. Il était heureux et ça se voyait, son visage souriant témoignait de son bien-être.
Alors qu'il sortait les assiettes, elle se leva et dressa la table pour trois. Elle appréciait de plus en plus de partager un peu de son quotidien, après les heures de boulot bien sûr, de le voir évoluer chez lui, qu'il lui fasse découvrir de nouvelles facettes de Richard Alexandre Rodgers.
Il la regarda évoluer dans sa cuisine, elle était aussi à l'aise que si elle se trouvait dans la sienne. Rick sortit du frigo le parmesan et choisi une bonne bouteille de vin blanc qui se marierait très bien avec son repas du soir. Il déboucha le flacon et contempla la table dressée par Kate, simple mais très jolie. Il sourit en voyant qu'elle avait mis deux couverts d'un côté et un de l'autre et pas un au bout de la table, il ferait donc en sorte d'être assis à ses côtés. Il déconnecta de la réalité en s'imaginant assis près d'elle, lui un bras sur son épaule, elle une main sur son genou, glissant sur sa cuisse.
- Rick ça va ? Demanda-t-elle en le voyant immobile fixant les chaises de la salle à manger, elle posa sa main sur son bras pour le faire sortir de sa rêverie. Quelque chose ne va pas avec la table ?
- Non non Kate tout va bien ne vous en faites pas, je pensais juste à un truc….
- Un truc sympa à voir votre sourire. Le taquina-t-elle.
- Vous n'imaginez-même pas. Marmonna-t-il pour lui-même.
- Vous disiez quelque chose Castle ?
- Heu oui, je disais tout est prêt, je vais chercher Alexis.
- Laissez, je vais y aller. Proposa Kate.
Il sourit.
Il détaillait sa silhouette gracile se mouvoir dans les escaliers. Ce soir le lieutenant Beckett avait laissé la place à Kate et ce n'était pas pour lui déplaire, elle devenait plus taquine, tactile, et à chaque contact il sentait des frissons électriser son corps. Et ça lui plaisait. Elle disparut à l'étage alors il se reconcentra sur son repas, mais il ne se doutait pas une seconde de ce qui allait suivre.
Elle avait sentis son regard lorsqu'elle avait gravit les marches, ce regard qui la faisait fondre de plaisir et que jamais elle ne lui avouerait. Mais maintenant c'était une autre Castle qu'elle devait voir.
Arrivée devant la porte de la chambre de la jeune fille, Beckett inspira profondément, elle espérait éclaircir les choses avec la jeune rouquine, savoir pourquoi ce changement à son égard. Elle frappa deux coups et attendit qu'elle l'autorise à entrer.
- Entrez !
Beckett poussa la porte et la referma. Elle s'approcha du bureau où la jeune fille, qui avait à peine levé les yeux vers elle, était occupée à réviser ses cours.
-Alexis, le repas est prêt mais…..
