Coming out

George Weasley se décolla, à regret, de la chaleur du corps contre lequel il était collé. De sa main libre, il replaça une mèche rousse qui cachait l'œil droit de son jumeau. Celui-ci dormait encore, et allait sûrement dormir jusqu'à tard dans la matinée, comme à son habitude. George sourit à la silhouette assoupie et sortit de leur grand lit.

Les paupières à moitié closes, il se pencha et entrepris de chercher le jean qu'il portait la veille, et qui s'était retrouvé sur le sol en moins de deux. Une fois le pantalon enfilé, George se laissa tomber sur une chaise près du corps endormi. Le rouquin avait eu, à maintes reprises, l'occasion d'observer son frère sous toutes les coutures, mais il préférait, et de loin, avoir le loisir de le contempler alors que celui-ci ne pouvait pas s'en rendre compte. Il pouvait ainsi examiner avec soins les détails qui le différenciaient de lui. Par exemple, il y avait la tache de naissance, à la base du dos de Fred, qui prenait plus une forme d'un papillon, que celle de George qui faisait plus penser à une étoile. Il y avait aussi, dans son dos et son cou, diverses cicatrices dues aux ongles, parfois tranchants, des filles; des aventures d'un soir. Parce que oui, Fred avait plusieurs filles dans sa vie. Elles n'étaient évidemment pas très importantes pour lui, puisqu'il aimait son jumeau, mais elles étaient tout de même présentes dans sa vie. C'est en fait ce qui faisait tant souffrir George.

Car en fait il y avait une chose qui faisait que les légendaires jumeaux Weasley étaient différents. Fred était un coureur de jupons. Il était dominant. Il était certes en amour avec son propre frère, mais cette relation ne semblait pas lui convenir parfaitement. Il était un papillon, comme sa tache de naissance. Il éprouvait toujours le besoin d'aller voir ailleurs. Il tentait de nouvelles expériences. Il allait butiner plus loin. Et chaque fois, il revenait dans les bras de George en promettant que ce serait la dernière fois. C'était toujours la même chose…

George, lui, était tout ce qu'il y a de plus fidèle. Il faisait attention. Il voulait préserver sa relation. Il était, des deux, le plus soumis, et cela lui convenait. Ce qu'il désapprouvait, c'était la conduite de Fred. Il l'aimait. De tout son cœur, il l'aimait. Il l'adorait, l'idolâtrait. Il était parfaitement contenté par les moments passés en amoureux. Il était le plus romantique, il aimait la proximité. Il aimait l'intimité autant que Fred aimait le danger.

Le jeune homme endormi bougea dans son sommeil en murmurant le nom de son jumeau. Celui-ci esquissa un sourire et s'approcha de Fred pour lui donner un léger baiser sur la tempe. Sa main glissa lentement le long de son échine et un frisson lui parcourut le corps.

C'était mal. C'était mal pour deux frères de s'aimer ainsi. C'était mal de faire ça ensemble, c'était mal, très mal. Et ils se doutaient que leurs proches, en particulier leur mère, ne seraient pas d'accord avec cette union. Elle ne savait pas encore qu'ils étaient gays, en fait, bisexuel pour Fred, mais c'était du pareil au même. Elle n'allait sûrement pas apprécier le fait qu'ils couchent avec des hommes. Elle n'allait pas comprendre. C'est pour ça qu'ils n'avaient pas encore eu le courage de leur avouer. Ils voulaient, mais… pouvaient-ils?

Fred ouvrit les yeux au contact de son frère et le fit basculer sur le côté. George éclata de rire et laissa volontiers Fred s'installer à califourchon sur lui. Ils se sourirent et les lèvres de Fred allèrent se poser, doucement. Sur celles de George. Lorsqu'elles se décollèrent, George prit la parole.

- Gred, je crois qu'on devrait lui dire…

- Oui, tu as raison Forge, on devrait vraiment aviser Harry que son cadeau de fête n'a été testé sur personne d'autre avant lui…

- Non! Je ne parle pas de ça, mon cœur. Je voulais dire… Faudrait le dire à maman, pour nous deux.

- Euh… je ne crois pas qu…

- Gred, ce n'est pas une proposition, c'est une constatation, un ordre si tu veux.

- Ouais, on devrait peut-être la mettre au courant. Disons… dans un mois?

- Aujourd'hui.

- Aujourd'hui…

Fred se leva et enfila, à son tour, un pantalon. Les deux hommes, torse nus, allèrent réveiller Verity, qui dormait dans la chambre d'à côté, en compagnie de son chaton, sa petite boule de poil blanche. La blonde était la seule personne au monde à être au courant de leur situation, excepté leur meilleur ami de toujours, Lee Jordan. Ceux-là n'approuvaient pas particulièrement leur orientation mais ils ne le disaient pas; c'était bien mieux comme ça.

Ainsi, les Weasley et leur assistante se préparèrent pour leur journée de travail. C'était les vacances de Noël, et plusieurs élèves de Poudlard avaient vraisemblablement obligé leurs parents à les emmener au magasin de farces et attrapes. Ainsi, la journée fut très satisfaisante, et avec le surplus d'argent gagné, ils achetèrent le cadeau de Noël de Ron : un balais, pour changer.

Vers 4h de l'après-midi, les Weasley dirent au-revoir à Verity et transplanèrent près du terrier. Ils prirent un peu de temps, assis dans l'herbe, pour discuter de ce qui allait suivre.

- Forge, commença Fred, je veux lui dire moi-même.

- Pourquoi?

- Parce que c'est comme ça.

- …d'accord. Tu crois qu'on devrait appeler un Médicomage? Juste au cas où elle ferait une crise cardiaque..?

- Idiot, répondit Fred en se penchant sur lui pour l'embrasser.

George éclata de rire et se défit de l'emprise de son frère. Il se leva et se mit à courir vers le terrier, essayant de se sauver de lui. Les deux rouquins s'arrêtèrent de courir lorsqu'ils arrivèrent à la porte du Terrier. Ils se tournèrent pour se regarder et rentrèrent main dans la main dans la maison Weasley.

- ..Maman? , chuchota George en prenant un biscuit dans une assiette.

Ils entendirent un bruit à l'étage. Un bruit étouffé, puis, un grand cri euphorique.

- FRED! GEORGEE!

Une petite femme rousse et rondelette descendit les escaliers à grands pas, en criant le nom de ses fils. Faut dire qu'il s'était beaucoup de temps depuis leur dernière visite. Ils avaient passé les deux années précédentes sans vraiment donner de nouvelles. Ils se contentaient de rendre visite à Noël, à envoyer des cadeaux de fête. Et même lorsqu'ils se retrouvaient en famille, les jumeaux semblaient lointains. Ils étaient plus solitaires qju'à leur habitude. Ils devenaient inquiétants.

Les deux garçons se jetèrent dans les bras de leur mère en celle-ci éclata en sanglots amers.

- Vous allez rester ici hein les garçons?

- Ouais maman, on reste maintenant.

Premier chapitre fini. Le second et dernier suivra dans pas long.
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