CHAPITRE 1

Dans l'océan d'illusions qui berçait les rêves de Meredith il y en avait deux dont elle ne pouvait se détacher. Elle s'y cramponnait tous les jours avec le sentiment que le simple fait de les avoir suffisait à donner un sens à sa vie.

Beaucoup pensait que Meredith avait toujours tout eu facilement, fille unique d'un grand nom de la médecine, jolie brin de fille, elle avait tout pour obtenir le monde entier, mais au fond la jeune interne en chirurgie savait qu'elle n'avait qu'une seule fois entrevue ce qu'elle désirait vraiment, avant que ça ne deviennent plus que des illusions.

Le réveil sonne, Meredith n'est pas là pour l'éteindre. La jeune femme est sortie très tôt ce matin pour courir dans un des parc de Seattle. Courir pour oublier le stress, courir pour évacuer le chagrin, courir pour se sentir encore vivante.

Hier l'homme qu'elle aime et avec qui elle pensait partager une véritable passion a fait son choix. Meredith a perdu à ce petit jeu. Jamais il n'y quelque mois elle n'aurait pensé être dans cet état à cause de l'homme qu'elle imaginait être d'une nuit. Lui, l'inconnu du bar qu'elle avait ramené chez elle et qui se révéla en fait être bien plus.

La jeune interne rentra en vitesse chez elle prendre une douche avant de partir avec ses amies et colocataires pour l'hôpital. Dans la salle de bain, George se lavait les dents, sans lui prêter attention elle se déshabilla et fit couler l'eau avant de refermer la porte, le seul rempart aux regards ébahis de son colocataire désabusé. Finalement pensa t-il, Alex n'avait peut-être pas tord Izzie et Meredith le voyait peut-être bien comme une sœur mais, à cet instant précis, il faut avouer qu'il n'y voyait plus aucun inconvénients !

George se força à détourner le regard pour enlever le dentifrice qui coulait sur son menton, puis la porte s'ouvrit et le bras d'Izzie l'agrippa et l'expulsa de la pièce.

Dans la petite cabine embuée, Meredith était immobile sous le jet d'eau. Elle n'était plus là. Elle s'était réfugiée dans le souvenir d'une autre douche, d'un autre temps où l'eau et les baisers de son amant se mélangeaient dans une parfaite harmonie. Izzie, sans frapper à la porte, entra pour se coiffer et commença à déblatérer sur la difficulté d'être blonde de nos jours. Meredith sortit de sa stupeur et augmenta le débit d'eau pour cacher ses larmes.

Enfin ils arrivèrent tous les trois à l'heure au Seattle Grace Hospital. Une dure journée s'annonçait, chacun d'eux en avait bien conscience. Cristina, déjà en blouse blanche, les attendaient dans les vestiaires. Elle échangea un regard préoccupé avec Izzie et George. Tous feraient ce qu'ils pourraient pour aider leur amie, mais tous savaient aussi qu'ils étaient impuissants. Les visites commencèrent. Meredith ne put s'empêcher de remarquer les regards compatissants et jugeurs de l'ensemble des personnes qu'elle croisait. Ca allait des infirmières aux patients en passant par les hommes d'entretiens comme si l'hôpital tout entier avait été mis au courant de la rupture de l'interne .Ses amis, loin d'être les derniers à la regarder avec un regard de chien battu, avaient pourtant choisi la stratégie de jouer l'ignorance et personne de la matinée ne conversa à ce sujet. La vie reprit son cours, jonglant entre visite, diagnostique et opération. Par chance à l'heure de la pause déjeunée, Meredith et Derek ne s'étaient pas encore rencontrés une seule fois de la matinée. Tout le monde savait que cela ne durerait pas, mais on faisait en sorte de l'oublier. Et puis vint Alex, le seul à manquer à ce point de tact pour saluer ses amis en déclarant :

Alors Meredith, il parait que le docteur mamour préfère les rousses…

George lui aurait volontiers jeté son plateau à la figure mais Cristina répliqua la première.

Et toi il parait que les filles préfèrent se raser plutôt que de t'embrasser ?

Les quatre collègues se levèrent et s'en allèrent, Izzie au passage ne put s'empêcher de faire un croche pied à l'indiscret interne dont les lèvres s'étaient ornées d'un sourire ravageur.

Alors que chacun retournait à sa tache le beeper dans la poche de Meredith l'exhorta à se rendre en salle 505 pour une urgence. La jeune femme courut à travers les couloirs et les escaliers et toucha enfin au but. Elle s'arrêta dans sa course effrénée quand elle vit à travers la porte le dos de Derek Shepherd. Elle hésita à rentrer mais une main la poussa violemment à l'intérieur de la pièce. Le Dr Bailey, qui était arrivée derrière elle, lui souffla quelque chose à l'oreille ressemblant à « courage ma grande ». L'irruption dans la pièce quelque peu violente de l'interne attira tous les regards des gens présents dans celle-ci, y comprit celui du charmant neurochirurgien. Surpris et gêné, il baissa les yeux sur son patient après avoir scruté le visage de Meredith. Elle fit de même et se tourna vers l'homme qui hurlait à la mort à sa gauche.

« Homme de 32 ans avec une plaie par balle au niveau de l'épaule» déclara la responsable des internes.

Toute la pièce se retourna vers le Dr Shepherd qui lui-même avait le regard rivé sur Meredith qui, penchée, auscultait la plaie.

Apres une ou deux secondes, Meredith releva la tête pour comprendre à quoi était du ce silence, Derek détourna précipitamment le regard et finit par dire :

Oui … heu …on l'emmène immédiatement au bloc.

Et puis alors que chacun se préparait à monter le patient :

Dr Grey … vous opérez avec moi.

Tous sortirent de la salle, seule demeura Meredith, interdite. Elle le savait que ca finirait pas arriver, mais elle ne s'attendait pas à ce que son ex-amant soit lui aussi si touché par cette confrontation. Pour la première fois de sa vie elle hésitait à se rendre à une opération.