Bonjour à tous!

Me revoilà pour une nouvelle histoire à chapitre cette fois sur le couple Eren et Levi. Cette histoire est déjà entièrement écrite et en grande partie corrigée donc je ne vous laisserai pas mariner pendant des mois et des mois chers lecteurs pour avoir la suite^^

Titre: Mélodie d'espoir

Pairing: LevixEren (et d'autres couples comme JeanxMarco et bien d'autres à découvrir)

Rating: M (pour cause d'un futur lemon voire même de deux et pour le langage aussi de Levi)

Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent absolument pas et donc je ne me fais aucun argent dessus. Tout ce que j'écris est fait par passion.

J'espère que cette histoire vous plaira et je vous souhaite une agréable lecture.


Le café était devenu bien bruyant depuis que Reiner, Bertholt, Connie, Sasha, Christa et Ymir sont venus me voir. Cela fait maintenant deux semaines que j'y travaille avec Mikasa et Armin car nous avions besoin d'un job d'été pour financer notre voyage. Notre ami blond était venu avec un catalogue de vacances en classe. Après l'avoir feuilleté tous les trois ensemble, certaines destinations nous avaient tout de suite parlées. Nous voulions les découvrir de nos propres yeux quitte à trouver un travail chacun de notre côté pour économiser et partir l'été prochain. J'avais postulé dans ce café et Mikasa avait refusé de le faire à un autre endroit tenant absolument à ce qu'on prenne le même boulot. Armin n'avait pas été pris là où il voulait et le patron l'avait laissé nous rejoindre.

Nous sommes les seuls employés. L'endroit est propre et très bien éclairé par de grandes baies vitrées qui donnent sur les rues animées de la capitale. Une fois passé la porte d'entrée elle aussi vitrée et le doux son du carillon, on tombe presque directement sur le comptoir où quelques chaises hautes permettent de discuter avec le barman. D'autres sièges accompagnés de tables ornées de jonquilles sont disposés le longs des grandes fenêtres permettant d'admirer l'extérieur. Une petite pièce plus intime est annexée à l'arrière sans pour autant qu'il y ait une séparation avec le reste du café. Quelques fauteuils et tables basses sont à la disposition des clients. Le sol carrelé d'un gris mat fait joliment écho aux restes de la décoration noire et marron. Un somptueux mélange de bois et d'acier.

Je suis en train de laver un verre pendant que Reiner me raconte ses mésaventures amoureuses de l'été. Je ne l'écoute plus que d'une oreille depuis que cet homme élégant vêtu de noir est entré. Il s'est assis silencieusement près de la fenêtre avant de poser ses coudes sur la table, la tête dans ses mains à regarder le paysage urbain d'un air mélancolique. Je ne peux alors m'empêcher de le contempler.

- Eren...dis...je te cause!

Reiner m'interpelle. J'avais la tête dans les nuages et l'atterrissage fut brutal. Je m'aperçois que chacun était venu pour faire la fête à nos frais plutôt que de venir nous soutenir. C'est le même cérémonial toutes les semaines. Je les surveille alors du coin de l'œil pendant que je continue ma vaisselle.

Sasha avait pris l'habitude de dépenser tout son argent pour venir s'empiffrer de pâtisseries et souvent sur le compte de ce pauvre Connie. Il en pinçait pour elle mais n'avait jamais eu le courage de le lui dire. Il la soutenait et aimait lui faire plaisir mais il se laissait complètement marcher sur les pieds. Bertholt, lui, voulait nous aider à nettoyer le café et grâce à sa grandeur, il pouvait se charger des endroits les moins faciles d'accès sans échelle. Christa et Ymir, quand à elles, prenaient toujours la banquette du fond, à l'abri des regards, pour être tranquille.

Je sens Armin tirer un peu sur mon bras. Il me demande de me charger de ce nouveau client puisque Mikasa est partie derrière vider les poubelles. Je prends donc une grande inspiration avant de m'approcher de lui. J'avance doucement en remettant mon tablier en place et je me racle un peu la gorge pour montrer ma présence une fois près de lui. Son regard se détache de la fenêtre.

- Que désirez-vous monsieur?

- Toi...

Sa réponse avait failli m'en faire perdre mon carnet et mon bic. Je dois avoir les joues légèrement rouges mais je répète ma question comme si je n'avais rien entendu. Il s'enfonce dans son siège, bras et jambe croisées, comme s'il avait l'intention de me défier. Ses pupilles sont plutôt petites et d'un gris profond tout en dégageant une certaine force. Son apparence montre qu'il est sûr de lui. Après quelques secondes, il répond un simple « thé noir sans sucre » puis ferme ses paupières avant de détourner son visage vers la baie vitrée.

Je rejoins le bar pour donner la commande à mon ami. Reiner me fait une tape dans le dos pour dire qu'il s'en va avec Bertholt. Connie fait signe lui aussi en traînant Sasha derrière lui par le bras. Cette dernière voulant encore rester pour goûter tous les plats de la carte. Il ne reste plus que les deux filles dans le fond. Sans aucun autre client, je ne peux m'empêcher de détailler notre nouvel arrivant au charme très singulier au point de presque le dévisager. Chose dont il semble ne pas se soucier d'ailleurs.

Sa longue veste fine pend le long de son siège avec le soin de ne pas en fouler le sol. Ses vêtements sobres avec son pantalon de toile et sa simple chemise blanche donnent un rendu plutôt chic et soigné. Même assis, il ne me semble pas très grand pour un homme. Malgré que je sois un adolescent et lui un adulte, ma tête doit le dépasser de quelque peu. Son expression est plutôt morose.

J'arrête de le fixer pour aider Armin à ranger un peu le désordre occasionné par nos camarades de classe. Je commence à m'inquiéter pour Mikasa qui n'était toujours pas revenue. Je vais donc à l'arrière pour m'assurer que tout va bien et je la vois en train de parler avec le patron, Pixis. Ce n'est pas un mauvais bougre mais il préfère passer son temps à boire que de tenir le bar. Ce n'était pas un hasard qu'on avait eu cette place. Il me rappelle le concierge de l'école, un certain Hannes. Je retourne donc en boutique. L'homme qui m'attirait était parti. Seul son billet est resté sur le comptoir. Je le range dans la caisse en me demandant bien qui était cet individu.

Je me charge des dernières tâches avant de fermer le café. Armin avait dû rentrer plus tôt pour s'occuper de son grand-père. Je vois à travers la porte vitrée que ma sœur adoptive m'attend. Le vélo près d'elle pour revenir à la maison. Je tourne la clé dans la serrure en prenant soin de rabattre la pancarte avec écrit « closed ». Mikasa se met la première sur le véhicule et je prends la place du porte bagage. Quand nous passons sur un des nombreux ponts du parcours, j'observe les alentours et le magnifique coucher de soleil qui nous irradie. Je profite de la chaleur qu'il reste en cette fin de journée avec la brise qui l'accompagne. Soudain, je vois l'homme de cette après-midi un peu plus loin près du carrefour. Il me regarde un instant quand nous passons près de lui mais il n'a pas l'air de m'avoir reconnu. Je remarque en me retournant en sa direction qu'il n'est pas seul. Un grand blond se tient à ses côtés. Je ne peux en voir davantage car nous les avons dépassés depuis un moment maintenant.

Le lendemain, je continue mon travail comme chaque jour. Il fait chaud et je dois m'essuyer régulièrement le front. Je prends ma pause en laissant Mikasa s'occuper de servir les clients pendant que je me retire à l'arrière du café. Je bois un coup d'eau à ma bouteille avant de la rattraper de justesse après avoir aperçu l'homme d'hier dans la rue en face. Il est assis sur un petit muret en brique, une cigarette à la main. Il caresse un chat noir qui semble s'être pris d'affection pour lui. Il me remarque et m'invite à le rejoindre.

- Je peux savoir ce que tu me veux, gamin?

Je lui demande alors s'il habite dans le coin.

- En quoi ça te regarde?

Je me dis qu'il n'est pas d'humeur à discuter malgré l'invitation. J'essaye d'en faire de même en disant que c'est la maison qui paye. Il soulève un sourcil d'incompréhension.

- Si t'es capable de me distraire, morveux.

Je ne sais pas pourquoi mais je prends sa phrase comme un défi.

- Venez au café pour le savoir.

Il lâche un rictus amusé en écrasant sa clope dans un petit cendrier portable. Il le remet dans la poche intérieure de sa veste avant de me suivre. J'ouvre la porte et ma prof de science me tombe presque littéralement dessus. Ses différents élans en tout genre avaient eu pour conséquence son surnom la folle par tout l'établissement. Elle était quelqu'un de bien mais ses méthodes d'enseignement ainsi que ses expériences bizarres viraient parfois à la limite du glauque. Inquiète, elle me questionne sur mon boulot estival tout en ayant pensé à amener mes copies d'examens pour me retourner le couteau dans la plaie. Je ne suis pas mauvais élève, je suis même dans la moyenne mais Mikasa et Armin sont bien au dessus de moi dans toutes les matières excepté le sport pour mon ami. Elle désirait donc que j'apprenne de mes erreurs pour essayer d'arriver au même niveau que ces derniers. Elle paye pas de mine mais sa sensibilité aux sentiments d'autrui est presque comme un sixième sens. Elle se montre un peu surprise en désignant du doigt le visiteur que j'ai amené.

- Qu'est-ce que tu fais là Rivaille?

Son nom est donc Rivaille, bon à savoir. Au moins, maintenant, je ne l'appellerai plus simplement « l'homme ». Le concerné pesta en lui-même. Il ne veut apparemment pas la supporter davantage. Je demande donc à ma prof de bien vouloir retourner à ses affaires même si j'aurai aimé savoir d'où ils se connaissaient. Je la chasse de force malgré sa tonne de protestations en prétextant une excuse bidon. Une fois la porte fermée pour de bon, je soupire. Je me dis après coup que ça me coûtera cher à la rentrée mais l'envie de le voir reconnaissant fut la plus forte. Je suis quelque peu déçu de voir qu'il n'en montre rien et reprend la même place qu'hier.

Mes lèvres soufflent également la même question. Même réponse. Armin s'affaire à lui préparer son thé. Le son du carillon résonne. Jean et Marco me saluent et le plus grand des deux s'excuse de ne pas être passé avant. Jean lui reproche alors de garder le magasin de ses parents. Cette activité les empêchait de se voir à longueur de journée. C'était pour la même raison qu'ils n'étaient pas venus nous rendre visite. Je m'apprête à servir le café mais Jean me bloque le passage. Il secoue alors mes cheveux comme si j'étais encore un gamin.

- Alors, on bosse dur?

J'ai juste l'envie de lui faire ravaler cet air narquois sur son visage. Je l'ignore pour servir mon client qui est en train de noter quelque chose dans un carnet. Je n'arrive pas à voir de quoi il s'agit exactement. D'aussi loin, j'aurai dit que cela ressemblait vaguement à une partition. Son regard est toujours aussi froid et morose. J'aimerai m'installer en face de lui ne serait-ce que pour continuer à le contempler jusqu'à la fin de la journée. Malheureusement pour moi, les cris de Jean repoussent mon envie à plus tard.

Je reviens vers le bar. Les deux hommes prennent leur commande. Je m'exécute en allant le plus lentement possible pour servir celui aux cheveux en partie gris. Un tension s'installe entre nous.

- j'espère au moins que tu ne vas pas cracher dans ma tasse.

Je la sentais venir celle-là.

- Ah ouais? Je parie que t'aurais même pas été fichu de le remarquer.

- Comment ça?

- Hé bien, t'es tellement lent du cerveau qu'avec un peu de chance c'est en sortant que t'aurais vu qu'il y avait un truc pas net.

Jean se précipite alors sur moi, me tenant par le col. Le bruit d'une tasse posée sur une table retentit. Mikasa l'a déposée sans aucune douceur pour calmer nos ardeurs. Elle le regarde sans laisser transparaître une seule émotion. Rivaille, quant à lui, affiche un visage exaspéré par notre dispute. Je m'éloigne un peu tout en remettant rapidement ma cravate en place. L'homme vêtu de noir paya pendant ce temps avant de s'en aller. Je ramasse alors les pièces de son addition tout en maudissant intérieurement l'acteur de ce fiasco.

Pixis nous appela dans la soirée pour nous prévenir qu'il devait recevoir un gros colis pour demain. Il a juste ajouté que sa fonction serait de décorer et de redonner un peu de charme à la boutique. Il a donc demandé à Mikasa et à moi d'être les porteurs. Pour avoir plus de facilité, nous avons donc commencé à déblayer tout ce qui encombrait le passage à l'arrière du café. Il aurait été impossible par devant, la porte étant trop petite d'après lui. Mikasa se charge d'empiler les cartons pendant que je balaie avec Armin. Ce dernier me fait remarquer que j'exécute mon travail plus lentement que d'habitude. Je me demandais simplement si j'allais le revoir un jour.

Le chat qu'il caressait tantôt vient tout à coup se frotter à mes jambes. Je le prends dans mes bras en lui faisant une petite grattouille sur la tête au passage. Il ronronne heureux du traitement. Je le repose vite à terre pour reprendre mon balai. Pendant ce temps, Armin est parti aux toilettes et Mikasa est en train de téléphoner aux parents pour les prévenir des heures supplémentaires payées.

Je fouille un peu dans les débris pour commencer à trier quand une voix m'interpelle. La silhouette est petite et je n'ai aucun mal à en distinguer son propriétaire. Le chat s'empresse alors de le rejoindre. Il le prend à son tour dans ses bras, l'animal se plaisant contre lui.

Pour répondre à ta question, j'habite juste dans l'immeuble en face.

Et il part sans rien dire de plus. Je ne comprends pas les raisons de son geste. Il est venu me parler et répondre à ma question alors que je pensais qu'il ne s'en souviendrait même pas. Je le regarde alors s'éloigner avec une certaine appréhension.

Comme chaque soir, je retourne avec Mikasa. On avait conclu de pédaler une fois sur deux. Armin fait un bout de chemin avec nous jusqu'au carrefour mais la rue que nous devions emprunter est bloquée. Un incendie ravage une des maisons. Nous pensons alors à contourner l'incident mais je m'arrête brutalement et la troupe en fait de même. J'ai reconnu quelqu'un auprès des équipes de pompiers. En particulier, le grand blond qui était aux côtés de Rivaille l'autre soir. Il est apparemment brigadier au vu de son uniforme et ordonne chaque tâche de façon précise à ses hommes avant de s'exécuter sur le champ.

Mikasa suggère de partir mais Armin l'en empêche. Une personne est extirpée des flammes puis amenée sur une civière par deux pompiers. Ces derniers évacuent plusieurs corps et dans ceux-ci, un camarade de classe, Thomas. Je me précipite pour me renseigner sur son état mais un ambulancier coupe mon élan en me demandant de m'éloigner. J'insiste et je vois monter le corps de notre ami dans l'ambulance avec celui d'autres amis. Les corps de Mina, Samuel, Franz et Hannah.

Armin s'est renseigné sur ce qu'il s'était passé. Il s'agit d'une fête qui aurait mal tourné. Je me souviens alors que Marco nous en avait parlé tantôt. Ils hésitaient encore s'ils allaient y participer ou non. Je n'ai vu aucun des deux et avec l'enchaînement des ambulances, il est plus que probable qu'ils avaient déjà été emmenés à l'hôpital ou alors avec un peu de chance, ils n'avaient peut-être pas répondu à l'appel.

Je sors mon téléphone de ma poche et je sonne à Jean en espérant que le pire n'était pas arrivé. Il a beau être con, il mérite quand même pas un tel sort. Il décroche après une longue attente. Je suis étonné d'entendre des sanglots étouffés derrière sa voix. Il essaye de faire en sorte que les émotions ne prennent pas le dessus pour mieux me répondre. Il me dit qu'il est indemne car il était sorti à ce moment-là pour prendre l'air. L'incendie s'est déclaré juste après et il s'en veut de ne rien avoir remarqué. Marco est encore aux soins intensifs et les médecins ignorent s'il va s'en sortir.

Je coupe l'appel. Mikasa veut qu'on rentre car cela ne sert à rien de rester davantage sur les lieux du drame. Je quitte la scène avec effroi et inquiétude. J'entends Armin renifler derrière moi. Il pleure à cause du trop plein d'émotion. Il s'inquiète autant que nous sur la vie de nos amis. Il choisit de se rendre à l'hôpital pour soutenir Jean. Je demande qu'il nous tienne au courant par message de la situation.

POV Jean

Cela fait maintenant un bout de temps que j'attends que Marco sorte de la salle d'opération. Peut-être seulement vingt minutes que j'attends ? J'ai l'impression que ce sont des heures. Je n'arrive pas à me calmer non plus. Dire que j'étais présent et que je n'ai rien pu faire pour que rien ne lui arrive. J'étais là et je n'ai rien vu. En repensant aux événements, un excès de rage m'emporte et je tape dans un des bancs métalliques du couloir. Quelques infirmières me supplient de me détendre un peu. Il n'y a rien à faire, j'ai l'impression de devenir fou. Fou de ne pas savoir ce qu'il advient de Marco.

Va-t-il s'en sortir? Les médecins pourront-ils le sauver? L'incertitude est décidément la pire des choses. Je m'assieds sur ce même banc qui a reçu mes coups. Je pose mes coudes sur mes genoux et la tête entre mes mains. J'essaye de retenir quelques sanglots mais je n'y arrive pas. Sa présence me manque et j'aimerai tellement être près de lui pour l'aider à surmonter cette épreuve. Juste lui tenir sa main me suffirait. Je serais moins dans cette incertitude angoissante.

« Ne me quitte pas Marco...je t'en prie...ne me quitte pas... »

Je n'ai pas le temps de pleurer davantage. Un médecin sort de la salle. Il me fait en un signe de tête qu'il est en partie tiré d'affaire. J'ai envie de bondir de joie mais celle-ci retombe très vite quand il m'annonce qu'il sera mis aux soins intensifs sans la certitude qu'ils pourront le garder en vie. Ses chances de mourir se sont radicalement amoindries mais le doute est toujours présent. Il tente de me rassurer en disant qu'il avait plus de chance de survivre que l'inverse mais ce détail me fait craindre le pire encore une fois.

Mon portable sonne et je décroche. Eren et les autres sont sur les lieux du drame. J'essaye de me contenir mais je n'y parviens pas. Le fait de parler à quelqu'un de la situation, c'est comme l'avouer, l'accepter et j'ai du mal. J'essaye d'étouffer mes sanglots pour mieux les informer de la situation. J'entends que Armin compte me rejoindre. Très bien, cela me permettra peut-être de vider mon sac. Je préfère devant le blond que l'autre crétin. Je n'avouerai jamais mes faiblesses face à lui et encore moins sous les yeux de Mikasa.

Le jour de la rentrée, elle m'avait tapé dans l'œil. J'aurai aimé lui faire ma déclaration et peut-être avoir la chance de sortir avec elle mais bien vite je me suis rendu compte que mes sentiments étaient pour quelqu'un d'autre. Je passais le plus clair de mon temps avec mon ami. Petit à petit, je me disais que c'était normal de ressentir de l'affection pour lui vu comme nous étions proches. Il était mon meilleur ami mais quelques détails ne m'ont pas échappé. Il rougissait vite à chacun de mes compliments et je le surprenais parfois à me regarder en cours avant de détourner le regard dans son cahier. Tous ces petits détails ne m'ont pas semblé bizarres. J'avais envie de les partager.

Contrairement à ce que j'imaginais, ce ne fut pas à moi de faire le premier pas. C'est lui qui est venu me trouver pour me dire ces quelques mots. Quelques mots qui ont changé notre relation. Il m'aimait et s'en sentait même désolé. Nous sommes deux hommes après tout. Je n'ai pas pu lui mentir et je l'ai donc embrassé. Depuis lors, nous formons un couple.

C'est égoïste mais je ne veux plus me retrouver de nouveau seul. J'ai du mal à imaginer ma vie sans lui à présent. On a prévu à la fin de nos études de vivre ensemble et de reprendre l'entreprise familiale de ses parents. Une vie paisible loin des soucis que n'importe qui pourrait souhaiter au final. Nous désirons juste être heureux mais malheureusement la vie n'en décide pas toujours ainsi.

J'entends des bruits de pas dans le couloir. Je me retourne et je vois Armin qui m'observe inquiet. Il a même apporté un gobelet d'eau au cas-où en passant par la salle d'accueil. Nous nous asseyons pour que je puisse lui confier mes tourments. Il écoute sans rien dire et me serre la main lors des passages plus douloureux en guise de soutien. Je le remercie. Il me sourit alors en me disant que tout ira bien.

Après cette phrase, une infirmière vient vers nous pour nous informer du réveil de Marco. Armin désire me laisser seul pour le rejoindre. Il s'excuse d'ailleurs de ne pas pouvoir rester car sinon son grand-père risque de s'inquiéter. Je le salue brièvement avant d'entrer dans la chambre. J'ouvre délicatement la porte et je lui souris. Je le vois malgré la faible lueur émanant de sa lampe de chevet. Une série de machine est disposée autour du lit pour l'aider à mieux respirer. Je m'approche doucement du lit avant de m'asseoir et de serrer sa main dans la mienne.

- Hé...Marco...dis-je pour l'interpeller.

Il tourne alors lentement la tête en ma direction. Il était bien conscient vu qu'il a relevé mon appel. Il me sourit niaisement comme à son habitude. Je ne lui pose aucune question car ce sourire veut tout dire. Il est là pour que j'arrête de m'inquiéter car il va bien. Quelques larmes roulent malgré tout sur mes joues. Je vide alors mon sac en lui demandant pardon de ne pas avoir pu le protéger. Je me sens si minable.

Une main vient essuyer mes perles salées. Je relève la tête et je constate qu'il me sourit de nouveau. Il ne m'en veut absolument pas et me remercie d'être à ses côtés pour partager ce moment difficile. Je vois toutes ses paroles dans ce sourire. Je serre un peu plus sa main dans la mienne.

« Je t'aime idiot... »

La vie à beau être une chienne, les épreuves qu'elle nous impose nous rendent plus forts. Nous en sommes bien conscient et c'est pourquoi nous chérissons ce moment plus qu'un autre ce soir.

Pov Eren

J'ouvre la porte de ma chambre. Ma mère a rangé mes magazines sur le lit. Je les avais oubliés dans le salon hier soir et elle déteste voir des trucs traîner un peu partout. D'habitude, je passe la soirée en bas avec mes parents. Je regarde souvent la télévision avec Mikasa pendant que mon père lit ou se penche sur son travail. Ma mère fait généralement la vaisselle avant de nous rejoindre.

Cette fois, j'ai besoin d'être seul. Je repense aux événements de tout à l'heure. J'espère vraiment ne pas me réveiller avec de mauvaises nouvelles. Malgré la gravité de l'accident, mes pensées se tournent vers Rivaille. Plus je me répète ce nom dans la tête, plus il me semble familier. J'ai tellement envie de le connaître davantage. Il y a quelque chose qui m'attire chez lui, j'ignore juste quoi. Je m'interroge sur ce qu'il pourrait faire en ce moment. Peut-être était-il en train de prendre son bain?

Je l'imagine nu. Une partie de mon sang afflue vers le bas. Je me retourne sur le ventre pour cacher la bosse qui commence à apparaître. Son corps doit vraiment être parfait, finement musclé. L'image où je suis en train de me rincer l'œil n'est pas pour me déplaire. Je le vois avec quelques gouttes d'eau qui lui parcourent le torse, le visage légèrement rosé par la chaleur. Mon érection se fait plus forte. Je chasse cette idée de mon esprit pour essayer de m'endormir.

Je me réveille en ayant reçu un coup de réveil sur le crâne. Mikasa est debout au dessus de moi. Elle me rappelle à l'ordre comme quoi il était temps que je me lève. Je pose mes deux pieds à terre tout en prenant des nouvelles de l'incendie de la veille. Franz, Thomas et Mina avaient succombé à leurs blessures. Les autres étaient vivants. Seul Marco devait rester un moment supplémentaire sous surveillance. Une partie de son coté droit et son visage étaient brûlés au troisième degré. Il avait besoin de repos mais il était sauvé.

Armin était rentré chez lui une fois que Marco avait repris conscience. Il avait ainsi laissé seul les deux amants. J'en suis heureux pour Jean car même s'il reste un imbécile, il ne mérite pas de perdre une personne aussi chère pour lui. Personne ne le mérite. Mikasa est pareille. Elle ne supporterait pas de me perdre. En parlant du loup, elle me donne une tape sur la tête pour me presser le pas.

Nous prenons le chemin habituel pour se rendre au café. Nous rencontrons Armin sur le chemin. Il nous attendait au carrefour sous un arbre, un livre à la main. En arrivant, je remarque un bâton devant la porte de la boutique. Je le dégage d'un coup de pied et j'ouvre. La seule différence ce matin est que nous devons installer le piano à l'intérieur. Il avait été livré tôt et déposé là. Heureusement que personne n'avait eu l'idée de le voler. On essaye de le soulever et on comprend tout de suite pourquoi personne ne s'y était risqué. Il ne veut pas bouger d'un iota. Je passe alors par devant pour m'assurer qu'aucun client n'était déjà là. Je croise Rivaille attendant devant la porte avec le grand blond d'hier soir. Je les salue et les invite à prendre place.

- Vous semblez avoir besoin d'aide pour transporter ce piano, je me trompe?

Il nous avait donc vu essayer de le déplacer mais sans succès. Le plus petit est étrangement étonné de la proposition.

- Erwin, t'y penses pas j'espère...t'as passé toute la nuit à éteindre cet incendie.

C'était donc bien lui. J'accepte son offre.

- Compte pas sur moi pour toucher un truc aussi immonde. Ptain' regarde, il est encore couvert de crasse!

Je ne l'imaginais pas aussi maniaque. Il est vrai qu'il est toujours bien habillé et soigné. Malgré sa petite taille, il possède un charisme fou. Son compagnon aussi d'ailleurs. Ils forment à eux deux un joli lot à croquer. Le dénommé Erwin nous aide à déplacer l'encombrant objet. Sans lui, nous n'y serions jamais arrivés. Je le remercie puis je leur sert les boissons demandées. Je les laisse discuter tout en les observant du coin de l'œil.

Je verse son café toujours dans la même tasse depuis qu'il est venu. Je ne m'en suis encore jamais rendu compte avant qu'Armin me le dise. Je prends soin de cette tasse comme si elle était devenue l'une des plus grandes merveilles de ce monde. Maintenant que j'ai appris son goût pour la propreté, je veux qu'elle soit encore plus impeccable à l'avenir. Au fond, j'avais peut-être senti inconsciemment son côté maniaque.

Ils sont restés près de deux heures à bavarder. Erwin paya l'addition avant que je retourne m'occuper des autres clients. Mikasa me remplaça ensuite le temps que je dépoussière le piano. Je veux qu'il brille sans une seule parcelle poussiéreuse. Je le nettoie alors de fond en comble. J'ai remarqué que Rivaille le fixait assez souvent entre deux phrases. Peut-être était-ce la poussière qui attirait son regard et le gênait malgré qu'il y avait comme une étincelle dans ses pupilles. Une envie me prend de faire glisser mes doigts sur les touches mais j'en suis incapable. Je n'ai jamais appris à en jouer.

La journée se termine déjà et au final, je ne sais toujours presque rien sur lui. Je balaie une dernière fois le trottoir avant de rentrer. La route se passe sans imprévus. Nous décidons de faire un détour jusqu'à l'hôpital. Nous avons tous le cafard depuis ce matin à cause de ce tragique accident qui a enlevé la vie à quelques uns de nos amis. Nous nous sommes efforcés pour rendre l'accueil le plus agréable possible. Surtout après avoir vu Rivaille sourire d'un air léger en compagnie du blond. J'en ai eu un pincement au cœur.

Nous arrivons dans la chambre de Marco. Évidemment, Jean est à son chevet. Il lui tient la main et ses cernes montrent qu'il ne l'avait pas quitté de toute la nuit. Marco se réveille à cause de notre présence. Il est recouvert de bandages et semble affaibli. Son amant s'enquit de sa santé. Le blessé sourit mais un silence morbide s'installe quand il questionne sur l'état des autres. Il n'insiste pas comprenant que la situation est très loin d'être réjouissante. Nous restons un peu pour lui remonter le moral avant de prendre congé de lui. Il a encore besoin de se reposer.

Je file encore une fois dans mon lit dès que je suis rentré à la maison. Je jette un œil sur les magazines. Je me dis qu'il faudrait que je les lise car c'est maman qui me les a offerts en pensant me faire plaisir. Je n'en ai juste pas le courage et encore moins pour les ranger. Je les avais balancés là pour dire qu'ils ne me servent pas de peluche pour dormir. Je remets ça à plus tard, mes paupières sont bien trop lourdes ce soir.

La journée s'écoule comme toutes les autres excepté qu'aujourd'hui il n'est pas encore venu. Je vois le soleil décliner doucement à l'horizon. Je suis seul. Armin ne se sentait pas bien au matin. Quant à Mikasa, Pixis l'a envoyé faire une course chez son fournisseur. Bien entendu, ce fut difficile qu'elle accepte qu'on soit séparé pendant le travail. Pixis n'est jamais au bar pour nous surveiller restant la plupart du temps dans son appartement situé au dessus du café. Il se contente de donner quelques directives de temps à autres avec son air légèrement bourré. Il cache souvent dans sa veste une petite bouteille de whisky qu'il s'empresse de boire même devant nous ou les clients. Il n'est pas une mauvais patron bien qu'un peu spécial sur les bords et mauvais perdant. On l'entend parfois râler après avoir perdu un pari aux courses hippiques. Je me dis seulement qu'on aurait pu tombé sur pire, un esclavagiste.

La sonnette retentit. Je vois l'homme de mes désirs depuis quelques jours sur le pas de la porte. Il s'installe à son siège habituel et commande la même boisson. Il est seul aujourd'hui lui aussi. Je m'affaire à préparer son breuvage pendant qu'une douce mélodie résonne dans toute la pièce. Je fais un quart de tour sur moi-même avec la tasse en main. Je suis subjugué par la vélocité de ses doigts sur le piano. La musique jouée était triste et mélancolique mais à la fois magnifique. Je ferme les yeux pour mieux la savourer. J'apprécie l'enchaînement des notes et de leur rythme. Je me sens comme apaisé. Après son récital, je le vois tenir légèrement sa main et une partie de son bras gauche. Il a le visage légèrement crispé par la douleur.

- Pourquoi?

- T'avais pas l'air en forme depuis hier gamin. Tu faisais pitié.

- Merci, c'était très beau.

Il reprend sa place initiale sans en dire davantage. Je lui sers son café. Il en boit une gorgée. J'ai envie de lui demander de m'apprendre à jouer mais je me retiens.

Le coucher de soleil le rend encore plus beau. Les reflets que laisse échapper la fenêtre à sa droite donne à sa chevelure une texture plus soyeuse encore. J'adorerais y passer mes doigts pendant plusieurs minutes, plusieurs heures même. Même pour l'éternité tout en oubliant le temps qui passe. Mon regard est pendu à ses lèvres. Pour la première fois, je peux lui parler en tête à tête. Il refuse toujours de s'exprimer sur sa personne. Je m'en fiche car les quelques paroles prononcées me suffisent. Elles sont un autre trésor. Un trésor beau car il est rare. Je le lui fais donc remarquer.

- Ah bon? Pourtant, je suis plutôt bavard, répond-t-il l'air un peu blasé.

Il me surprendra toujours. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec autant de facettes différentes. Il me sourit discrètement. Ce n'est pas la première fois mais ce fut le premier qui m'a été destiné. Il a été très léger presque imperceptible mais je l'ai vu. J'ai tellement de questions qui me brûlent les lèvres mais j'évite de les poser.

Je suis là debout ne pouvant m'empêcher de fixer tout son être. J'ai l'impression qu'il ressent la même chose. Je m'approche de son visage sans m'en rendre compte totalement. Il ne bouge pas, il attend.

J'entends ma sœur adoptive revenir. Elle vient de couper ce moment merveilleux par la même occasion. Elle est très peu essoufflée pourtant je suis certain qu'elle s'est dépêchée pour que je reste seul le moins longtemps possible. Il me fait un dernier signe. Celui de lui tendre ma main. Il y met quelques pièces de monnaie avant de s'en aller en remettant sa veste. Je dois avoir l'air bien con à présent avec ma bouche quelque peu entrouverte.

- Eren, tu vas bientôt avaler les mouches.

Je me suis allongé sur mon lit après le repas du soir. J'ai décidé de faire l'impasse sur la douche. Je la prendrai demain matin. Je prends enfin le temps de lire les magazines qui décoraient le sol de ma chambre. J'ai le temps puisque nous avions tous demandés un congé pour aller aux funérailles de nos camarades de classe. Ma mère m'a dit qu'on s'y rendrait dans l'après-midi. Les pages défilent assez vite car rien ne m'intéresse vraiment au final sauf quand je découvre alors quelque chose qui me transperce le cœur. J'y apprends une vérité. Une triste réalité même, celle de Rivaille.


J'espère que ce premier chapitre vous aura plu et de vous retrouver pour le suivant. N'hésitez pas à commenter cette histoire pour que celle-ci puisse s'améliorer ou juste pour faire plaisir à l'auteur^^