C'était une chaude journée d'été. Les New-Yorkais en profitaient pour se balader ou faire les boutiques. Les rues étaient noires de monde. J'étais allongé sur mon sofa, les pieds sur le dossier, dans mon appartement, dans le centre de Mahnattan. Il avait une vue sur Central Park à travers une immense baie vitrée dans le salon. Je faisais rebondir une balle sur le plafond (autrement dit, me faisait chier), lorsqu'une lumière blanche se propagea dans mon dos et que j'entendis une voix bien connue.

"-Nico ?"

Je roulais sur le sofa en me débattant avec cette saleté d'élastique à cheveux pour défaire ma queue de cheval et me retrouvai face à Percy. Ses yeux verts pétillaient et ses cheveux étaient ébouriffés (un peu comme d'habitude).

"Percy." (Essayer de paraître cool après s'être battu avec un élastique à cheveux ça craint un peu).

"Salut, dit-il en souriant, tu fais quelque chose cet aprèm' ?"

Je passais la main dans mes cheveux noirs. Qu'est-ce que j'avais à perdre ?

"Non."

Ses yeux devinrent encore plus étincelants et je commençai à réellement me demander si j'avais bien fait.

"D'accord, dans trente minutes (il était 14h19, je précise) devant l'Empire State Building.

-Att-"

Il coupa la communication. "Imbécile", pensai-je.


Je pris une douche et me dirigeai vers mon dressing. Le problème avec cet appartement, c'était qu'il était vraiment trop grand, et vu que j'y étais seul, il ressemblait à un appart fantôme (Ha ha). Mais évidemment, les dieux ne font jamais dans la dentelle.

Tout cela pour dire que tous mes tee-shirts noirs étaient sales (Je ne sais même pas comment faire marcher cette saleté de machine à laver), et qu'il me restait le choix entre le magnifique tee-shirt à chevaux offert par Hazel (Je l'adore. Sérieux.) et un tee-shirt blanc. Tout ça accompagné d'un jean troué aux genous et de Converses noirs.


Il était 14h47 et je me fendais un chemin parmi la foule pour arriver devant le building (Ces mortels, exités pour un rien. Je me demande quelle tête il feraient si un chien des Enfers surgissait devant eux). Je reussis à m'extirper de la foule et distinguai Jason, Léo et Frank. Aucun signe de Percy. Léo me fit de grands signes avec ses bras, Frank était bien trop effrayé par moi pour m'adresser un regard (évidemment) et Jason me salua d'un signe de tête. Soudain, une main m'agrippa le bras. Je me retournais prêt à jeter un regard-de-la-mort-qui-tue à l'insignifiant mortel ayant osé me toucher, avant de croiser ces yeux verts si particuliers. Je dégageai le bras et baissai la tête. Mes oreilles me brûlaient.

"Salut, me souffla Percy.

-Euh, ouais...Salut.

-Ça va ?"

Il posa la main sur mon épaule. Je tressaillis.

"Je n'aime pas qu'on me touche."

Punaise. Encore ce comportement stupide.

Il s'écarta et se dirigea vers les autres.

"Vous êtes prêts ? Allons-y."

Percy, Franck et Léo parlaient de je ne sais quoi et je voulus m'avancer, mais Jason me retint par le poignet.

"Tu lui as dit ?, demanda-t-il.

- Ce n'est pas ton problème."

Depuis que Cupidon m'avait forcé à avouer ça devant lui, il n'arrêtait pas de me faire des discours sur l'acceptation et ce genre de trucs. Sauf que ce n'était pas ce qui allait m'aider.

"Je veux juste t'aider, dit-il.

- Je ne me rappelle pas t'avoir demandé de l'aide."

Il soupira.

"T'es dans le genre têtu, hein ?"

Je détournais la tête et portai la main à ma hanche gauche mais ne rencontrai que le tissu de mon jean. J'avais laissé mon épée de fer stygien chez moi. J'avais l'habitude d'en triturer la poignée. C'était un tic que j'avais acquis en étant enfermé dans l'amphore de bronze avec mes grains de grenade.

Jason passa la main dans ses cheveux blonds, autour de nous, des soupirs retentirent.

Je fixai le dos de Percy, ses biceps à la musculature présente mais discrète, ses courts cheveux bruns.

"Ferme la bouche, tu vas gober une mouche."

Mes joues rougirent furieusement et je tentai de le cacher avec le rebord de ma main. Tentative ratée, puisque ce fut le moment que choisit Léo pour se retourner (comme par hasard).

"Et vous, vous en pensez qu-... Par Héphaistos, ne me dites pas que le grand Nico di Angelo, fils d'Hades, est rouge comme une tomate !, s'exclama-t-il, un grand sourire aux lèvres.

-C'est la chaleur, débitais-je.

-Jason, qu'est-ce que tu lui as fait ?, demanda Percy.

-Rien, j't'assure.

- Nico, ça va ?"

Une ombre inquiète passa sur son visage, son nez droit, ses lèvres roses... Mes joues me brulèrent encore plus, et j'osais espérer qu'elles n'étaient pas entrain de prendre de la couleur.

"Fait chier. J'me casse.

-Attends, Nico, tu-"

J'étais déjà trop loin pour entendre la suite. La foule était dense, mêlant différentes ethnies...Attendez, où est-ce que j'étais, déjà ? Merde. Merde. Merde. Je ne savais pas où j'étais. En gros je m'étais perdu. Manquait plus que ça. Je regardai le ciel. Le soleil était encore haut. Pas de vol d'ombre avant plusieurs heures, donc.

J'étais entre un groupe de touristes et une ruelle sombre. Ruelle sans hésiter.


Plusieurs heures que j'étais dans cette saleté de cul-de-sac. Le soleil commençait à décliner, mais pas assez pour que je puisse partir. J'avais froid et j'avais faim (Oui, ça m'arrive) en plus d'être sans défense. Pas d'épée et impossible d'invoquer des morts, le cimetière le plus proche étant à des kilomètres. Ça m'aurait aidé de pouvoir voler. Ou créer des tunnels souterrains. Ou bricoler une machine volante. (Pas que je les envie, remarque). Ptain. Ptain. Ptain. "Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?" J'avoue, j'ai fait beaucoup de choses. Et pas forcément bonnes. Mais vraiment ? Je passai la main dans mes cheveux noirs et soupirai. Un caillou tomba à mes pieds. Soudain, des rires tonitruants retentirent au dessus de moi. Je levai la tête. Des harpies aux hideuses plumes vertes se tenaient au sommet du mur auquel j'étais adossé. Un tic faisait clignoter (ceci est à prendre au mot) l'oeil gauche de la première tandis que la deuxième se démangeait furieusement les ailes et que la dernière fouillait dans le mélange de poils, objets en tous genres et plumes que formait sa tignasse.

"Oooh, en voilà un de joli garçon, dit la première.

- Quelle odeur délicieuse, sourit la deuxième.

- Je m'en lèche déjà les babines", grimaça la troisième.

Punaise. Moi, Nico di Angelo, fils d'un des Trois Grands, ayant survécu au labyrinthe de Dédale, été enfermé sans nourriture pendant plusieurs jours et réussi à revenir du Tartare, vais mourir tué par de vulgaires harpies. Genre, ça craint.

Je reculais sur le mur opposé et brandis mes poings. Autant mourir en me battant. Elles reculèrent et chargèrent. Je plissai les yeux, retins ma respiration. Des bruits de pas et des hurlements horribles retentirent à mes oreilles. Je soulevai lentement mes paupières. Un tas de poussière gisait parterre et Percy se tenait devant moi, son épée à la main. Il haletait.

"Ça...Est-ce que ça va...?, souffla-t-il.

- Euh...Ouais."

On resta comme cela plusieurs minutes, lui respirant bruyamment et moi le fixant...Attendez, quoi ? Je détournais vivement la tête. Il dut le remarquer car je sentis son regard sur moi.

"Quoi ?, finis-je par dire, cependant sans le regarder.

- C'est juste que je m'étais pas rendu compte que tu avais autant grandi."

Je le regardai dans les yeux. J'avais multiplié par deux la fréquence de mon entraînement, faute d'occupations (Non, je ne suis pas désœuvré). Mais maintenant qu'il le disait, je n'avais plus à me tordre autant le cou pour voir ses pupilles vertes. Et je me sentais un peu plus lourd. De son côté, il avait les cheveux plus ébouriffés que d'habitude, son tee-shirt lui collait à la peau et sa poitrine se soulevait d'un rythme plus que soutenu. Ses yeux, ses magnifiques yeux verts, qui brillaient d'un vert si étincelant qu'ils semblaient creusés dans de l'émeraude, me regardaient, moi. Une brise fraîche passa.

"Je t'aime."