Bonjour à tous ! Voici une fanfiction pour quelqu'un qui m'a demandé de faire un récit d'Izaya amnésique... Nozoki, cette fic est pour toi ! =D

Disclaimer : je ne possède pas l'histoire, ni les personnages, tout est à Narita sensei !

Pas de couples =D


Une voix. Peut-être deux. Des cris. Des plaintes. Des gémissements. Et toujours ce même mot. Un mot qu'il ne comprenait pas, par ailleurs. Une autre voix. Plus calme. Plus fatiguée. Un ordre. Et du silence. Mentalement, il soupira. Ces voix résonnaient dans son crâne, et il était incapable de les faire taire. Au début elles n'étaient pas familières, mais à force de les entendre, il s'y était accoutumé. Elles étaient ses compagnes, restaient à ses côtés dans cette perpétuelle obscurité. Son corps n'était pas douloureux. Ni lourd, ni léger. Seulement, il était... Une simple coquille, une enveloppe charnelle sur laquelle il n'avait pas la moindre influence. Et donc, ces voix qui parlaient, ce noir constant, tout ceci, il le subissait. Sans rien pouvoir y faire.

Les voix s'étaient mises à chuchoter. Comme pour ne plus le déranger. Elles s'éloignèrent. Et soudain, il eut peur. Ne me laissez pas seul. Il voulut faire un effort surhumain, tendre le bras, attirer l'attention. En vain, ce corps n'était qu'un réceptacle à son esprit. Comme si la seule chose qui fonctionnait était l'émission de signaux électriques par son cerveau pour qu'il soit capable de penser. Une cage. Il était prisonnier.

Quelque chose lui effleura le crâne. Une main lui ébouriffant les cheveux ? Il n'en était pas sûr. Et cette sensation ? Un baiser déposé sur son front ? Sans trop comprendre, il se relaxa un peu. Qui que ce soit, il n'était pas seul.

Son cerveau se mit en veille. Il était temps de dormir. C'était tout ce qui lui restait.

-Enfin, ce n'est pas juste, pourquoi elles s'intéressent toutes à toi? Elles savent bien que tu es un sale type ! Moi, je pourrais les protéger, les aimer... Qu'est-ce que tu as de plus que moi ?

-Mon côté sombre, bien sûr. Tu veux des cours, Dot...

-Docteur ! Docteur ! Il a bougé !

La voix si calme d'hier s'agita soudainement, le réveillant. Il tenta de se rappeler de ce qu'il avait vu. Rien de bien précis. Il se souvenait d'un grand ciel bleu. D'un toit. Sur ses genoux, une boîte repas. Face à lui, une personne dont il ne parvenait à se rappeler les traits. Un souvenir ? De quand cela datait-il ?

Soudain, il eut l'impression de redevenir maître de lui-même. Doucement. Un doigt, deux, tous. Les paupières. Lentement, il les ouvrit, se demandant ce qu'il y aurait derrière l'obscurité.

Un hôpital. Il ne savait pas comment il pouvait en être aussi sûr, mais il était à l'hôpital. Une femme était plantée là, à le fixer en ne sachant de toute évidence pas quoi faire. Un homme (médecin?) l'examina. Lui parla. Il le fixa, mais sa bouche était trop pâteuse pour répondre, son esprit trop embrumé pour comprendre.

On lui tendit un verre d'eau. On le fit boire.

-Vous m'entendez ? Clignez les paupières si c'est le cas.

C'était stupide. Cligner des yeux était un réflexe humain très fréquent. Et là, ses yeux le gênaient. Il aurait de toute façon fermé ses paupières.

-Vous pouvez parler ?

Il inspira calmement. Râla un peu, pour chauffer ses cordes vocales. Combien de temps avaient-elles passé sans vibrer ?

-On... Dirait.

Sa voix était enrouée. Presque étrangère.

-Comment tu te sens ?

Il la regarda, et soudain il se souvint. La main dans les cheveux. Le baiser sur le front. Aucun doute, c'était elle. Sa chevelure noire était désordonnée, ses yeux sombres soulignés de cernes violacée. Ses ongles étaient rongés, sa peau pâle. Tous les signes de l'anxiété étaient là. Et pourtant, il allait lui faire encore plus mal.

-Qui êtes-vous ?

Elle hoqueta, fit un pas en arrière, s'effondra sur une chaise.

-Docteur... Pourquoi... Il ne me reconnaît pas ?

-Il est possible que le traumatisme ait causé une amnésie temporaire. Ne vous en faîtes pas, je suis certain que ça va lui revenir bientôt. Et maintenant, jeune homme : quel est votre nom ?

Enfin une question censée. Qui ne dépendrait pas de circonstances hasardeuses. D'un air sûr de lui, il lança

-Je m'appelle...

Il s'interrompit brutalement. Il n'en avait pas la moindre idée. Cette idée le perturba. Il savait qui il était. Chacune de ses pensées. Il était certain de connaître la moindre facette de sa personnalité, la moindre ambition qu'il avait. Il se rappelait ce qu'il aimait, ce qu'il n'aimait pas. Le type de personne qu'il appréciait, le type qu'il n'aimait pas. Et pourtant, il ne se rappelait pas de son identité. D'aucun visage, d'aucun nom. Il savait qu'il aurait dû connaître cette femme. En un sens, il se sentait heureux qu'elle soit là, qu'il ait pu la voir, mais il ne savait pas pourquoi. Pas même qui elle était pour lui.

-Votre nom est Orihara Izaya. Cela vous évoque-t-il quelque chose ?

Il secoua la tête. L'homme aurait pu lui dire qu'il s'appelait Yamato Nadeshiko qu'il aurait sûrement autant réagi. Se disant que ç'aurait été plutôt amusant, il voulut sourire, et réalisa qu'un sourire carnassier s'étirait déjà sur son visage. Sûrement depuis son réveil. Peut-être était-ce même ce qui avait fait crier « il a bougé » à la femme.

Il était incapable de détacher les yeux d'elle. Qui était-elle ? Elle semblait anéantie à l'idée qu'il ne se souvienne pas d'elle. Pourtant, il savait qu'il avait mauvais caractère. Non, plutôt, il était désagréable, doué pour agacer les gens et pourtant les rendre dépendant de lui. Ça, il le savait. Mais pourquoi un humain, une femme, semblait si proche de lui, ça le dépassait.

-Voici Orihara Kyoko. Votre mère.

-Ah.

Ça semblait logique, voilà ce que voulait dire cette onomatopée. Mais elle vacilla de nouveau, et il sut qu'elle le prit comme un « si vous le dîtes ». C'était un peu le cas, d'ailleurs.

-Je vais vous laisser. Voulez vous que je prévienne le reste de la famille ?

-Oui, s'il vous plaît. Peut-être se souviendra-t-il de ses sœurs...

Alors il avait des sœurs ? Oui, les deux voix qui pleuraient. Deux êtres bruyants. Elles l'ennuyèrent avant même qu'il ne les voie. Peut-être son subconscient parlait-il pour lui.

-Izaya... Comment tu te sens ?

La voix de la femme qui était sa mère le tira de ses pensées, répétant cette question qui était restée sans réponse.

-Bien... Je suppose.

-Tu as mal quelque part ?

-Pas vraiment.

-Tu as soif ?

-Pas spécialement.

-Tu veux manger quelque chose ?

-Sans façon.

Un silence gêné s'installa. Il se disait qu'il devrait s'en vouloir, mais il n'y parvenait pas. En réalité, il n'avait même pas réellement envie de discuter. Maintenant que le mystère de cette femme était résolu, il réalisa qu'elle ne l'intéressait plus tant que ça.

-Tu te rappelles de quelque chose ?

-Oui.

Elle eut l'air de reprendre espoir.

-Je sais qui je suis. Je me rappelle de moi – de ce qui me compose. Je pense être plus intelligent que la normale. Mais si la question est « ai-je des souvenirs sur ma vie, sur les gens qui m'ont entouré, sur des scènes qui se sont produites », alors non. Rien. Personne. Et ça ne m'ennuie pas plus que ça.

Il entendit du bruit à la porte, et se tourna pour voir deux gamines, d'une dizaine d'années, sur le pas de la porte. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau elles devaient être jumelles. Celle qui portait des lunettes avait les yeux gonflés, comme si elle avait beaucoup pleuré. Elle tenait la main de sa sœur. Derrière elles, un homme, qui le regardait sans rien dire. Le père des deux filles, sans aucun doute.

-Iza-nii...

Il réalisa que c'était ce mot qu'il avait entendu en boucle sans le comprendre, sans l'obscurité. Alors c'était son nom.

-Iza-nii, tu sais qui t'as fait ça ?

-Sang. Nous étions effrayées.

Autant il comprenait ce que disait celle aux tresses, autant la discussion de la deuxième lui semblait bien mystérieuse.

-Tu as vraiment perdu la mémoire ? Tu te souviens de nous, quand même ?

-Kururi ? Mairu ?

Tous eurent l'air soulagé.

-Je savais que tu ne pouvais pas nous oublier !

Il haussa les épaules et désigna la femme sur la chaise.

-Je l'ai entendue les prononcer dans mon inconscience. Je ne sais pas qui est qui.

Elles aussi. Blessées jusque dans leur amour-propre. Pourtant lui se sentait bien. Pas plus mal, en tout cas.

-Alors, comment me suis-je retrouvé dans un hôpital ?

Les yeux de la plus silencieuse des jumelles se noyèrent soudain de larmes. Sa sœur expliqua, la voix tremblante.

-Tu avais dit que tu passerais nous chercher au collège, parce que tu devais passer à la maison de toute façon et que tu avais rendez-vous dans un immeuble à proximité. On t'a attendu vingt minutes et on en a eu marre, alors on a commencé à rentrer par nous même. Tu étais...

Elle se mit à trembler mais décida de continuer.

-On a entendu une dispute qui venait d'un toit. Et puis... Tu es passé par dessus la barrière, et... Tu es tombé juste devant nous... Il y a eu cet horrible craquement, et ta tête s'est mise à saigner...

Elle recommença à pleurer. Cela l'agaça. Il tentait de se souvenir de ces événements, mais n'y arrivait pas.

-Izaya...

La femme qui devait être sa mère reprit la parole, alors que les petites pleuraient dans les bras de leur père. On voyait qu'elles étaient effrayées par ce garçon qui ne les reconnaissait absolument pas.

-Tu veux que je te ramène un album photo ? Peut-être qu'en te racontant certaines anecdotes, elles te reviendront ?

Il haussa les épaules, un peu méprisant. C'était de l'autosatisfaction. Cette femme s'imaginait qu'il serait ravi de se souvenir. Mais en réalité, elle seule en éprouvait le besoin. Lui s'en fichait pas mal. Mais bon, il était coincé dans cette chambre pendant encore quelques temps – il aurait bien besoin d'une distraction.

Huit jours. C'est la durée qu'il passa dans cette pièce à écouter son propre passé, à voir des images de lui gagnant des courses, des concours de poésie, d'orthographe, de kanji, entrant au collège... Sur aucune de ces photos, il n'était accompagné. Jamais personne semblant proche de lui. Ça ne l'étonnait pas vraiment, il s'en doutait. Personne n'était venu lui rendre visite, à part les Orihara, de toute façon. Ça ne le gênait pas. La seule chose qui le gênait c'était à quel point cette femme insistait sur le fait qu'il avait eu une vie palpitante. Elle tentait de se convaincre qu'elle l'avait comblé toute sa vie ? Avait-elle peur qu'il refuse de retrouver la mémoire si sa vie était ennuyeuse ?

Son retour chez lui fut plus délicat. Il avait l'impression d'être dans la maison d'un étranger. Sa chambre, dans laquelle il ne vivait plus puisqu'il avait emménagé seul dans un appartement (mais les autres jugeaient qu'il était trop tôt pour qu'il vive seul de nouveau), ne lui était plus familière. Il y avait beaucoup de livres, un ordinateur protégé par un mot de passe qu'il avait oublié. Un album photo posé sur le bureau était rempli de photos de gens différents, prises à leur insu. Il sourit. De toute évidence, il avait suivi ces personnes, même s'il ne s'en souvenait pas. Un appareil photo traînait près de l'album, un vieux Polaroid. Il eut un nouveau sourire. Il était certain qu'il avait adoré cet objet. Mais qu'il ne l'ait pas emmené avec lui signifiait qu'il devait en avoir un autre, plus puissant. Idem pour l'ordinateur. Un livre était posé sur la table de chevet. « American Psycho ». En version originale. Ainsi, il savait lire l'anglais ? Oui, c'était plausible. Il le feuilleta, choisit une page au hasard. Les mots avaient tous leur sens. De toute évidence, il était bilingue – sinon plus, au vu des langues des livres qui traînaient. Ici, du russe. Ici, de l'italien. Et même un ouvrage en chinois. Avec un petit rire, il constata que c'était les langues des mafias les plus influentes. Ce n'était sûrement pas une coïncidence. Des papiers tombèrent. Des papiers intimement liés à son passé – Et à ce qui lui était arrivé.


Voilà pour le premier chapitre ! ça devait être un one shot, mais j'ai préféré le découper en trois parties =D La suite d'ici quelques jours ! N'hésitez pas à commenter ! ^^