Heyo à tous !
Aigie-san m'a un jour donné un défi, mais c'était il y a longtemps, alors je ne me souviens pas de tout. Mais je sais que ça parlait de Chine, de Japon, et de théâtre. Et je peux dire que ça m'a terriblement inspirée, si bien que je vous présente aujourd'hui ma première longue fanfic sur Hetalia ! Deux personnages principaux, et à chaque chapitre, l'histoire continue avec l'alternance des points de vue.
Dans la mesure du possible, je compte poster un nouveau chapitre toutes les deux à trois semaines, le lundi.
Les personnages sont à leur auteur, Hidekaz Himaruya.
Petite précision : Ce début de fic, je l'ai écrit au feeling, avec ce que j'imaginais et ce dont j'avais envie. Par conséquent, on ne peut pas dire que tout soit le reflet de la réalité, notamment sur l'opéra/théâtre chinois. Et forcément, l'UA oblige, nos deux amis seront un peu différents, que ça soit physiquement ou mentalement, de tels qu'on les connaît dans l'anime !
Sur ce, place à Kiku !
Alors qu'il donnait son ticket à l'entrée et qu'on vérifiait sa besace, Kiku Honda se demanda encore une fois s'il faisait bien. Ici pour les affaires et pour une durée de plus ou moins trois semaines, il avait passé la première à bûcher comme un fou. Mais méritait-il un peu de repos ? Beaucoup de travail l'attendait encore. Et plus tôt il aurait fini, plus tôt il pourrait passer du temps à visiter ce pays dans lequel il n'avait encore jamais mis les pieds.
Il avait payé ce ticket. Or, s'il travaillait c'était pour gagner de l'argent. S'il laissait tomber maintenant, c'était comme s'il n'avait pas travaillé ou qu'il avait pris un énorme retard. Mais les deux heures passées ce soir à l'opéra de Pékin le mettraient en retard. Que faire ?
« Monsieur, veuillez avancer s'il-vous-plaît, demanda la femme à l'accueil.
- A... ah ! Oui, excusez-moi ! »
Il ne pouvait plus faire marche-arrière. Tant pis. Il s'en voudrait sans doute un peu dans un futur proche mais ça passerait. Et peut-être que ce spectacle serait une bonne surprise.
Il suivit la foule qui se pressait aux portes de la salle. Que les gens manquaient de patience ! Lui attendait sagement son tour, fidèle aux préceptes appris depuis des années. Il se fit un peu pousser, très sûrement dépasser, et perdit du terrain plus qu'il n'en gagna mais vu que les places étaient numérotées, rien ne changeait au final.
Il finit par rejoindre la sienne et put s'asseoir. Il posa ses affaires à ses pieds et attendit, bien droit, que le spectacle commence. Un quart d'heure d'attente rythmé par les touches de son téléphone et les petits jeux qu'il avait téléchargés dans la journée. Puis, quand la lumière baissa, il rangea l'appareil et s'installa un peu plus confortablement.
Globalement, il n'avait rien compris à la pièce. Malgré le nombre importants d'Occidentaux (principalement Américains si ses observations s'étaient révélées justes), celle-ci n'avait pas été traduite en anglais et le mandarin était resté la seule et unique langue employée durant ces deux heures et demi.
Ah, un peu plus qu'il ne l'avait initialement prévu.
Cependant, il avait pu voir un pan de la culture chinoise qu'il ne connaissait pas, et, amateur et pratiquant d'arts divers, avait pu apprécier les décors, les musiques et les costumes à leur juste valeur. Du début à la fin, il avait été transporté dans d'autres univers que le sien au son des gongs et de la langue chantante que maniaient si bien les acteurs.
Et surtout, il avait eu cet homme.
Habillé et fardé comme aurait pu l'être une femme, il incarnait aux yeux de Kiku une beauté qu'il n'avait encore jamais croisée dans les rues de Tokyo. Ni nulle part d'autre au Japon. Svelte, il portait une longue robe rouge et jaune, couleurs du drapeau national et marchait, courait, sautait telle la plus gracieuse des princesses. Des fois tigre, d'autres sauterelle, ou encore échassier, toutes ces parties de lui se révélaient quand il jouait. Il y mettait tout son cœur, toute son âme. Le Japonais, simple amateur dans l'art théâtral, d'un autre pays qui plus est, l'avait clairement perçu.
Sa voix aussi l'avait envoûté. Douce et forte à la fois, elle avait un timbre légèrement féminin mais également enfantin. Il se doutait que ça n'était qu'un leurre, qu'un masque comme avait été le maquillage qu'il avait porté ce soir, mais tout de même il savait y faire avec cette voix, il la maniait à la perfection.
Et la vraie ne pouvait être que meilleure.
Autour de lui, le public enthousiaste finissait d'applaudir et des conversations animées commencèrent. Après plus de deux heures de silence, cela faisait du bien à tous. Il capta quelques bribes de conversation en anglais. Beaucoup parlaient de la « jolie jeune femme en rouge » qui avait attiré à elle tous les regards.
Quels idiots, ils n'avaient rien compris.
Kiku regarda sa montre, fébrile. Dans quelques minutes, une rencontre exceptionnelle avec les acteurs était prévue et si une bonne partie de la foule avait déjà décampé, rompue de fatigue, les plus acharnés -dont il faisait malgré lui partie- attendaient que la séance commence.
Minuit moins le quart.. Bah, quelques minutes de plus ou de moins... ça n'avait plus trop d'importance.
Il était, comme toujours, placé dans les derniers. Il attendait sagement son tour. S'il avait bien compris les informations pratiques données dans un anglais approximatif, les intéressés pourraient, par petits groupes, rencontrer le comédien de leur choix, lui poser des questions et en apprendre plus sur sa carrière. C'était souvent très instructif.
Bientôt, les choses commencèrent à bouger et ils furent répartis. Comme d'autres, il fit la file pour le jeune homme efféminé. Aucun nom ne leur avait été donné, ils ne sauront comment l'appeler. Mais personne ne semblait être embêté.
Enfin, ce fut leur tour et ses pas empressés rejoignirent de nombreux autres. Il se retrouva dans une petite pièce très chaleureuse où étaient placés en cercle des petits tabourets de velours. Il prit place silencieusement et attendit que l'objet de toutes les convoitises arrive.
Il ne fallut pas attendre longtemps. Le jeune homme apparut bientôt, débarbouillé, ses longs cheveux bruns attachés en une queue de cheval basse. Il était habillé simplement, dans des vêtements amples mais le doute n'était plus permis : c'était bien un homme. Les moins observateurs furent refroidis, peut-être.
« Ils s'étaient vraiment attendus à une femme ? » se questionna mentalement Kiku.
Il put noter que le garçon était très attirant comme cela aussi. Il était bien fait. Il avait un joli visage, une peau somme toute assez pâle et de fins yeux dorés. Il s'assit, croisa les jambes et les regarda tous calmement. Quelque chose dans son regard était tendre. En un instant, le Japonais put percevoir qu'il était profondément bon. D'emblée, il s'excusa pour l'organisation maladroite. C'était la première rencontre qu'ils organisaient avec le public. Pour fêter les cinq ans d'existence de leur troupe.
« Alors, qui commence ? » souffla l'acteur.
Son anglais à lui n'était pas trop mauvais. Un homme d'une quarantaine d'années leva la main, un peu intimidé. Cela devait faire un choc de remarquer que la jolie jeune femme qui dansait avec volupté était en fait un homme, comme lui. Satisfait, Kiku s'installa un peu mieux et la première question fut posée. Mais elle ne l'intéressait pas. Elle traitait de salaire, d'argent. Les hommes étaient parfois pitoyables.
Après lui, ce fut un couple qui posa une question sur le choix de son personnage.
« Peu de femmes sont comédiennes chez nous, expliqua-t-il avec douceur. Il leur fallait aussi quelqu'un de très souple. Ayant pratiqué la gymnastique pendant de très longues années et étant androgyne, ils ont naturellement pensé à moi.
- Et cela ne vous gêne pas d'être dans le rôle d'une dame ?
- Non. Li Mao Sha était un personnage passionnant à décoder puis à jouer ! »
Personne ne lui fit remarquer que ça devait être la première fois qu'ils entendaient ce nom. L'auditoire était composé uniquement de non-natifs. Personne n'avait compris.
« Attendez... vous ne parlez pas mandarin ? »
Tous secouèrent la tête et le jeune comédien laissa échapper un petit rire qui sonnait entre l'amusement et le mépris.
« Je leur avais bien dit de traduire la pièce en anglais mais ils ne m'ont pas écouté... »
Il soupira puis leur sourit. Et la discussion put continuer sur un ton plus léger. De nombreuses personnes avaient des questions intéressantes à poser et les réponses étaient souvent passionnantes. Le garçon savait parler et savait expliquer. La passion s'entendait dans sa voix. Il connaissait l'opéra sur le bout des doigts. Une voix plus mûre que celle entendue plus tôt, se surprit-il de noter.
« Et vous, avez-vous une question ? »
Comprenant que c'était à lui que l'on s'adressait, il sursauta et plongea son regard dans l'or liquide qui composait les prunelles de l'acteur. Occupé à le contempler, il avait loupé quelques questions et maintenant, c'était à son tour. Il secoua timidement la tête. Et s'il demandait quelque chose qui avait déjà été soumis ? Il aurait l'air bien bête.
« Je suis sûr que vous avez quelque chose à demander, insista-t-il néanmoins.
- Quel âge avez-vous ? »
C'était sorti tout seul. Les mots avaient déjà passé la barrière de ses lèvres quand il s'était rendu compte de son erreur. Il se renfrogna. Il allait se faire remettre à sa place, et vite. Le comble.
« J'ai vingt ans. »
Il releva la tête lentement, surpris de sa réponse. Il fit un sourire hésitant et hocha un peu la tête. Il lui aurait donné moins, mais le dire aurait été courir à sa propre perte. Il en avait déjà trop fait.
« On me trouve souvent plus jeune que je ne le suis vraiment, en effet. »
Kiku écarquilla les yeux en entendant cette phrase négligemment jetée, comme par hasard. Comment avait-il fait pour deviner.. ? Il n'eut cependant pas le temps de chercher plus loin. Leur moment était fini, ils devaient quitter la salle et rentrer chez eux. Le timing devait être serré pour leur charmant hôte. Il ramassa promptement ses affaires. Il avait déjà assez pris de retard, il ne devait plus traîner. Surtout, il avait presque hâte de quitter cette pièce. Si l'acteur chinois avait pu lire sa question muette aussi facilement, qu'en serait-il de l'attirance timide qu'il ressentait pour lui ?
Après quelques salutations et remerciements maladroits, Kiku se dépêcha, comme les autres, de sortir. Il était pressé de rentrer à son hôtel, de retrouver la sérénité qu'il n'avait plus depuis qu'il avait personnellement rencontré l'acteur. Du calme, souffler un peu et une bonne tasse de thé, voilà son programme de la fin de soirée.
A l'instant où son pied allait franchir la ligne invisible qui le séparait du monde pékinois, bruyant et animé, il fut interrompu par une étrange volonté. Celle de se retourner. De regarder, comme Orphée l'avait fait en son temps, celui qui avait dès le premier instant capté son regard. De le contempler une dernière fois, ne serait-ce qu'une fraction de seconde.
Son corps bougea à sa place oh, pas beaucoup, il voulait être discret, mais suffisamment pour voir ce dont il avait envie.
L'acteur chinois était étendu sur un canapé, bourrant une longue pipe ressemblant à celles des fumeurs d'opium. Quelque chose en lui était très sensuel. Peut-être était-ce sa position qui invitait toutes les suppositions, peut-être était-ce la grâce de ses mouvements, la délicatesse de ses doigts aux longs ongles sur la surface argentée. Il ne savait pas. Mais si la luxure avait été vivante, elle aurait eu ce visage.
Ce garçon était magnifique. Il incarnait tout ce que le Japonais aimait chez un homme. Mais il ne bornait pas d'illusions il lui serait à jamais inaccessible. Rapidement, il se détourna et suivit pour de bon le groupe qui s'était éloigné sans plus de cérémonie. Il s'y mêla.
Dans son dos, un regard doré s'était fixé sur lui, contemplant sa lâche retraite avec un air de regret.
Alors, qu'en avez-vous pensé ? Il a la classe Yao, n'est-ce pas ? Il va devenir encore plus cool par la suite, ne vous inquiétez pas !
N'hésitez pas à me donner votre premier ressenti dans les commentaires !
A bientôt !
