Chapitre 1 : Dernières heures écrit le 10/05/2007
Je sens une présence
derrière moi. Je me retourne vivement, le cœur
battant…personne.
Je dois m'y faire…
Je regarde l'heure
:
18h
Oh
Merlin ! Le temps s'envole, j'essaie de le retenir mais les
minutes filent entre mes doigts.
J'envisage de courir au
ministère, de les supplier encore une fois.
A quoi bon…le
nom que je porte m'ôte toute crédibilité…tout
espoir.
18h10
Je
descends au salon. Elle est là, devant la cheminée,
éteinte malgré le froid glacial qui nous enveloppe, les
yeux secs. Le cœur aussi ?
Comment peut elle être aussi
sereine ?
Elle qui va aujourd'hui subir la pire des pertes.
Son
cœur ne saigne t il pas comme le mien ? A-t-elle encore quelque
chose d'humain ?
Au dessus de la cheminée, un portrait de
famille. Je n'y figure pas.
Rien ne restera de mon passage dans
cette famille, sinon mon nom….et mes souvenirs.
18h20
Je
replonge 1 an en arrière.
Le pouvoir de la pensée…
La
guerre entre Lord Voldemort et les partisans d'Harry Potter faisait
rage.
Mais on avait oublié ces souffrances le temps d'une
journée. Le temps de mon mariage.
Je revois cette salle. La
travée centrale où je vais bientôt
m'avancer…seule…
Personne ne me conduira à l'autel.
Mon père, la seule famille qui me restait, a été
tué dans l'une des batailles qui jalonnent désormais
nos vies.
Alors j'avance seule vers mon destin, dans une robe
digne d'un conte de fée.
En avançant, je regarde
tous ces visages amis qui me sourient.
En y repensant, je
m'interroge : se savaient ils déjà condamnés
?
18h30
Non
! Me concentrer sur les souvenirs !
Au bout de la travée,
tu es là. Si fort, si beau, si déterminé.
Tu
me souris, heureux de m'accueillir dans ta famille, moi qui n'en
ai plus.
Heureux sans savoir que bientôt, tout cela volera
en éclat, que ces monstres voleront mon bonheur.
J'y
suis. Je survole la cérémonie d'un cœur léger,
oubliant mon statut d'orpheline…la mort de ma mère…de
mes frères… de mon père…
J'oublie tout car mon
amour est à mes cotés, en train de lier sa vie à
la mienne.
La cérémonie prend fin. Tu poses tes
lèvres sur les miennes.
Moi, Pansy Parkinson suis désormais
Madame Draco Malefoy.
18h40
J'ai
envie de la secouer jusqu'à ce que sa tête en tombe
!
Cela m'insupporte de la voir si calme, sans réaction.
La
seule et unique fois où j'ai pu voir une émotion
passer sur son visage de cire, c'est lorsque, il y a 6 mois, les
portes du manoir ont volées en éclats.
Quand une
vingtaine d'aurors, menés par Potter en personne, ont fait
irruption chez nous, quelques dizaines de minutes seulement après
la chute du Lord.
Nous fûmes la première cible. Un
vieux compte à régler entre Draco et Potter.
Les
vainqueurs peuvent se permettre d'avoir la rancune tenace.
Sans
avoir eu le temps de se défendre, Lucius et Draco furent
emmenés, nous laissant, Narcissa et moi-même,
désemparées, notre maison et nos vies
dévastées.
18h50
Il
y a un mois aujourd'hui que nous avons reçut les
hiboux.
Chacune le notre. Seule l'heure différait.
Un
hibou formel, dénué d'émotions, nous informant
de la sentence.
La sentence…chez les sorciers pas de
condamnation à mort…non…le ministère veut conserver
l'illusion de n'être pas aussi méprisable que ceux
qu'il se permet de juger.
Tuer ! Quelle horreur !
Quelle
blague !
Leur sentence est bien pire que la mort qui de toute
façon suivra …
Le baiser du détraqueur….
L'aspiration
de l'âme…
Le néant nimbé de
souffrance….
Pas une des victimes du ministère n'y a
survécut. Après le baiser, ils restaient
prostrés….jusqu'à ce que l'on vienne ramasser
leurs corps.
Quelques jours, parfois quelques heures seulement
plus tard, ils…disparaissent.
Comme la flamme d'une chandelle,
qui, privée d'oxygène, vacille et finit par
s'éteindre.
L'homme n'est pas destiné à
vivre sans âme.
19h
Oh
Merlin ! Je crois que je vais devenir folle.
Je ne t'ai pas revu
depuis ton arrestation. Une mesure destinée à te faire
souffrir (je soupçonne une décision de Potter) mais qui
me tue à petit feu.
Oh Lucius ! Vous qui aurez si peu de
temps été mon beau père…. Mes pensées
quittent un instant votre fils pour se tourner vers vous et vous
accompagner dans l'épreuve qui est la votre.
19h10
Un
bruit sourd.
Je me tourne vers Narcissa pour la découvrir à
genoux.
Elle ne pleure pas, bien sur… une Malefoy ne pleure pas…
mais je ressens toute l'intensité de son chagrin.
Je
n'arrive pas à regarder ta mère, qui, sans se
départir de sa dignité légendaire, semble
comprendre qu'elle est à présent veuve… ou
presque.
Elle n'a pas pu revoir ton père et ne le reverra
jamais ; son corps ne sera jamais rendu à sa famille, mais
enterré dans une tombe sans nom, dans la cour
d'Askaban.
Bientôt je serais à sa place.
Je
monte en courant m'enfermer dans ton bureau.
J'ai si peur pour
toi
19h20
Je
ne peux pas rester sans rien faire.
Je sais que demander ta vie ne
servirait à rien. Elle leur appartient depuis que l'éclair
vert sortant de ta baguette a frappé Hermione Granger en plein
cœur.
Mais je dois écrire.
Je le fais fébrilement.
J'envoie des hiboux au ministère, au Mangemagot, au
directeur d'Askaban, au ministre, à Harry Potter même…
je les supplie de toute mon âme de me laisser te voir ; te
serrer dans mes bras ; t'embrasser ; juste te dire adieu.
Je ne
recevrais aucune réponse.
Je vais dans ton dressing ;
j'enfouis mon visage dans tes capes, cherchant l'odeur de ton
après rasage. Les larmes coulent sur mon visage.
Une
Malefoy ne pleure pas ? Je suis une Malefoy et je pleure… mon
chagrin….ma détresse….mon désespoir.
19h30
A
cet instant précis : je te déteste.
Je te hais parce
que je t'aime tellement et que toi tu ne m'aimais pas assez.
Pas
assez pour tourner le dos à Voldemort, pas assez pour fuir,
pas assez pour être lâche.
Pas assez pour prendre les
bonnes décisions….
Je sais déjà que je ne
survivrais pas à cette nuit. Je ne suis pas assez forte.
Je
me regarde dans le miroir.
Adolescente je portais mes cheveux
noirs coupés au carré, ce qui me donnait un air mutin…
et de petite peste je dois bien l'avouer…
Adulte, mes cheveux
ont poussés, ils sont toujours aussi noirs, même si je
m'attends à chaque instant à les découvrir
gris.
J'ai maigris ces dernier temps, mon visage émacié
n'a plus rien de mutin. Mes yeux semblent trop grands.
J'ai
l'air d'un fantôme, hantant les couloirs d'une maison
vide, dernier vestige de la puissance d'une famille
déchue.
19h40
Les
larmes coulent maintenant sans discontinuer sur mes joues. Mais
qu'importe.
La douleur si intense ne peut s'évacuer par
quelques larmes.
Je descends à nouveaux les escaliers en
direction du salon.
Je ne peux aller jusqu'au bout du chemin,
mes jambes ne me portant plus.
Je me laisse glisser sur le sol,
sur les marches de marbres, face à la grande horloge qui,
implacablement, fait défiler le temps.
J'ai du mal à
respirer. Je ferme les yeux
19h50
Je
t'imagine ; toujours fier, dans ta cellule.
Vas-tu résister
? Te débattre ? Je ne le pense pas. Jamais tu ne donneras à
Potter la satisfaction de voir ta peur.
Car lui qui te hais, lui
qui n'est rien pour toi qu'un adversaire, va être près
de toi dans tes derniers instants.
Et moi… moi ta femme, ton âme
sœur, je suis tenue éloignée.
Je pose ma main sur
mon ventre…vide….vide de cet enfant que nous avions tout juste eu
le temps de faire…mais qui a refusé de venir au monde dans
un monde sans son père.
Avec le sang écoulé,
est parti également ton souvenir.
20h
Je
tremble tellement que j'ai peur de me briser.
J'ai si
peur.
Mais qui suis-je pour avoir peur ?
Ce n'est pas moi qui
marche le long de cet interminable couloir…
Ce n'est pas moi
qui entre dans cette pièce sinistre, sans fenêtre…
Pas
moi qui est attaché solidement sur une chaise en pierre,
encrée dans le sol.
Je ne verrais pas la porte s'ouvrir
lentement.
Je ne remarquerais pas le sourire moqueur et satisfait
de Potter.
Je ne serais pas envahie par les pires souvenirs de ma
vie.
Malgré tous mes efforts pour essayer de comprendre, je
ne saurais jamais ce que l'on ressens quand cette silhouette noire
entre dans la pièce, s'immobilisant un moment face à
moi, comme pour faire durer l'attente et avec elle le plaisir.
Je
sais que tu ne t'abaisseras jamais à supplier, mais la
panique se lira dans tes yeux. Pourtant tu refuseras de les fermer,
de peur que l'on interprète ton geste pour de la
lâcheté.
Toi qui n'as jamais pu être
lâche…depuis la mort de Dumbledore…. Depuis que tu as
hésité puis renoncé à le tuer… depuis
la torture des doloris que t'a infligé celui qui était
alors ton maître.
La souffrance liée au baiser du
détraqueur est elle plus intense qu'un doloris ? Je ne
saurais le dire… et tu ne seras plus jamais près de moi pour
me raconter.
J'ai du mal à respirer. Je sens mon cœur se briser en mille morceaux. Je ne peux retenir plus longtemps les sanglots qui menacent de faire exploser ma poitrine.
Lentement je lève les yeux vers l'horloge.
20h10
C'est fini… c'est fini.
