Titre : Objective Data
Auteur : walkandtalk
Résumé : Un jeune vulcain décide de trouver un partenaire pour son tuteur, Spock. Après de minutieux calculs, Cadet Kirk se révèle être, évidemment, le meilleur choix.
Disclaimer : Rien ne m'appartient, l'histoire est celle de walkandtalk. Quand à l'univers de Star Trek, nous n'en sommes pas propriétaires
Bêta-reader : L'adorable Onyr Sappho Wilde:)
Chapitre 1
Recherches
« …. qui marque le début de la Première République de Bajor, qui a prospéré entre vingt et vingt-cinq milles années. »
Jim soupira, posa sa tête dans sa main et essaya de garder les yeux ouverts. Ce n'était pas de bon augure pour la suite du semestre.
« Cette période peut être caractérisée par les grandes découvertes en matière d'art, de science, de mathématique …. »
Ses conseillers l'avaient averti qu'il devait obtenir son crédit d'histoire avant sa dernière année, mais il les avait ignoré, et maintenant il comprenait pourquoi. Personne ne devrait avoir à faire une thèse, aller à des cours de tactiques et de commandement avancés, et exercer un emploi sur le campus juste après être allé au cours le plus ennuyeux du monde à 0800 heures.
« …. comme en témoigne l'architecture classique vu sur B'hala par le grand designer et artiste, Sarisen. »
Jim griffonna quelques notes sur sa tablette et laissa son regard errer. La salle de conférence était à moitié remplie de cadets de première année, leur première semaine, comme le démontrait les expressions avides et les prises de notes frénétiques. Jim était assis au meilleur endroit : presque au fond de la salle, un siège côté couloir près de la porte, quelque chose que ces cadets au visage souriant n'avaient pas encore appris. Il regarda autour de lui, remarquant quelques jolies humaines à sa gauche, et une rangée d'hommes Kressariens devant.
« …. sur lesquels le système des castes a été construit. Certaines preuves de ces résultats …. »
Et en plein milieu de la marée de cadets en uniforme rouge, sur la première rangée, sur le siège le plus proche du conférencier (un espace que même les cadets, la première semaine, savaient ignorer) était assis un Vulcain solitaire. Ça attisa immédiatement la curiosité de Jim. Il remarqua les oreilles pointues, les robes noires vulcaines, et combien il était chétif. Les Vulcains étaient généralement grands, et ce gars ressemblait à un enfant par rapport aux autres élèves. Jim l'observa quelques instants, remarquant qu'il ne tressaillait même pas, fixant juste le professeur, les mains jointes, et qu'il ne prenait pas de notes.
« Cela exige des interprétations des données de la première expéditions de l'espace Bajoran, que les savants appelleront plus tard …. »
La tablette de Jim s'alluma sur un message de son colocataire.
lmccoy : Dure nuit ? Je croyais que tu avais dit que tu n'avais pas le temps de découcher ce semestre.
Jim étouffa un grognement et tapa une réponse.
Jkirk : J'ai dormi dans ma chambre, contrairement à certains. Commence tôt maintenant.
Imccoy : Déjeuner à 1300 ?
Jkirk : Peux pas. Travaille.
« Cela met fin à la conférence d'aujourd'hui. » A peine ces mots se faisaient entendre que Jim se levait et commençait à avancer vers la porte. Lorsqu'il y arriva, il vit le petit Vulcain. Jim lui jeta un coup d'œil et réalisa, sous le choc, qu'il avait eu tort.
Le petit Vulcain n'était pas petit, comme un enfant. C'était un enfant.
.
.
S'il y avait une chose à dire concernant HIST108 : Civilisations, c'est que c'était facile et que cela permettait à Jim de faire plusieurs choses à la fois. Il pouvait écouter la conférence, prendre des notes occasionnelles, et lire pour son cours d'Ethnique Inter-espèces. Ou d'Exochimie. Ou d'Astrothéorie Avancée. Ou l'un des six autres cours qu'il prenait ce semestre parce qu'il était son propre bourreau et qu'il voyait son ticket pour l'espace à la ligne d'arrivée.
Deux semaines s'étaient écoulées, et ils avaient découverts Bajor, Selay, et Kesprytt III. Jim avait passé avec brio son essai de commandement et de conduite, et avait trouvé un groupe d'étude génial pour la Géométrie Subspatial Avancée, ce qui était l'une des rares fois du semestre où il exerçait quelque chose ressemblant à de la socialisation.
Non pas qu'il n'avait pas eu d'offre. Dans sa classe d'histoire, en particulier, un certain nombre de première année avait entamé la conversation avec lui, y compris quelques humains, un Andorian plutôt tactile, et un Breen faisant un semestre à Starfleet pour un échange culturel. Breen. Vraiment bizarre.
L'enfant Vulcain était encore dans la classe, toujours assis dans le no man's land, écoutant attentivement sans jamais gigoter. Jim n'avait pas vraiment fait attention à lui, jusqu'à ce que l'Andorian tactile trébuche sur la sacoche du garçon, ce qui le fit renverser sa boisson du matin sur son uniforme bleu. Jim manqua de se faire éclabousser en se dirigeant vers son siège.
« Qi'tarr'wae, » gronda l'Andorian. « Tes bottes seront dans l'eau. » Ça semblait insignifiant, pour ceux qui ne parlait pas l'Andorian et qui ne comprenait pas l'insulte, comme pour Jim. L'enfant, cependant, sembla très bien comprendre, le bout de ses oreilles devint vert et il détourna les yeux, semblant se refermer sur lui-même.
« Dégage. » Dit Jim sur le même ton. Tous les yeux étaient tournés vers l'avant de la salle. L'autre homme regarda Jim mais ne répliqua pas, jetant un regard colérique vers l'enfant avant de prendre son siège. Jim baissa les yeux. « Tu vas bien, gamin ? »
Le jeune Vulcain hocha la tête, les yeux écarquillés. Jim lui fit un petit sourire et se dirigea vers sa place.
Le lendemain, le gamin déplaçait son siège vers le fond de la salle.
.
.
Le jeudi, Jim trouva quelques minutes pour retrouver Bones pour le déjeuner, où il tenta de manger le plus vite possible tout en ignorant le regard dégoûté de son colocataire posé sur lui.
« Les frites françaises ne se mélangent pas avec le milk-shake, hérétique. »
« Ne rejette pas tant que tu n'as pas essayé, » répondit Jim, la bouche pleine de frites.
« Répugnant. » Murmura Bones, essayant de détourner son attention du repas de Jim. « Il est encore là. »
Jim approcha la main du plateau de Bones et tenta d'attraper une de ses serviettes, mais son ami lui frappa la main. « Eh ! Tu en as plein. » Gémit-il. « Qui est là ? »
« Il était ici aussi la semaine dernière. » Dit Bones. « Même siège et tout. Je pense qu'il te regarde. Non ! Te retourne pas. »
Jim ricana. « Il est mignon ? »
Bones regarda par-dessus l'épaule de Jim, observant.
« Oui. Certains pourraient dire adorable. Pour un Vulcain. »
« Adorable ? » répéta Jim, intrigué. « C'est mon type ? »
Bone lui lança un sourire énigmatique. « Non. »
Jim rigola, et se retourna. « Depuis quand les hommes adorables ne sont pas … » Jim se détourna vivement, Bones retenait un rire silencieux. « C'est le gamin, hein ? » Demanda-t-il, donnant un coup pied au médecin sous la table. Bones acquiesça, immensément amusé. Jim lui lança une frite.
« Tu le connais ? »
Jim hocha la tête, trempant ses frites dans son milk-shake. « Il est dans ma classe d'Histoire. Le gamin observe ou quelque chose comme ça, je crois. »
Les yeux de Bones s'élargirent. « Il vient. » Murmura-t-il.
Jim regarda autour de lui, et bien sûr, le jeune se dirigeait vers eux. Mais au lieu de s'approcher de leur table, le gamin continua à avancer et s'assit à une autre table. Cette fois, juste devant Jim. Il sortit une tablette et écrivit quelque chose, regardant Jim en prenant des notes.
« Il me regarde. » Marmonna Jim, fronçant les sourcils vers l'enfant.
« Peut-être qu'il est timide ? » Suggéra Bones.
« Ou peut-être que c'est un harceleur. » Continua Jim, avant d'attraper son plateau et de partir.
L'enfant Vulcain le regardait toujours, le suivant des yeux alors qu'il s'avançait.
« Est-ce que tu me regardes ? » Lui demanda Jim.
Le Vulcain verdit, mais ne détourna pas le regard. « Oui. Je voulais être discret, mais évidemment j'ai échoué. »
Jim se retint de rouler des yeux. « Pourquoi ? »
« Il existe de nombreuses études qui indiquent que si le sujet est conscient d'être observé, son comportement changera invariablement. »
Génial. Jim était un projet scientifique.
« Pourquoi tu me regardes ? »
« Je recueille des données sur le comportement humanoïde. » Fit sérieusement le garçon.
« Écoute … »
« Je m'appelle Senik. » Le renseigna Senik.
« Écoute, Senik, c'est génial que tu t'intéresses à la science et tout, mais la plupart des humanoïdes n'apprécient pas d'être secrètement observé. Ça fait peur. Soit tu arrêtes, soit tu demandes la permission d'abord. »
Senik hocha solennellement la tête, et Jim partit vider son plateau.
.
.
Jim travaillait à la bibliothèque de Starfleet au laboratoire de recensement astrométrique. C'était à la fois le meilleur et le pire travail de ce système solaire, mais Jim était magnifiquement approprié pour lui. Tous les jours, il prenait son vélo et traversait le campus de l'Académie de Sausalito vers Starfleet HQ à San Francisco. Il s'asseyait pendant quelques heures à un comptoir, avec un minimum d'interruptions, et parfois appuyait sur un bouton sur une machine ou répondait aux questions d'un client. Il passait le reste de son temps à étudier, ce qui était un énorme bonus et dépassait de loin tout ennui.
Donc, c'était inhabituel que, une minute après le début de son quart, un client attende déjà dans son bureau.
« Alors, tu es fan d'astrométrie ? » Demanda Jim.
« Je suis intéressé par un grand nombre de sujets. » Déclara Senik, observant la pièce vide et le bureau.
Jim attendit en silence et, quand il fut évident que le jeune n'allait pas parler, il se racla la gorge et attira son attention. « Je peux t'aider ? »
« Puis-je vous observer dans votre environnement ? »
Bien, le gamin avait compris les règles. « Bien sûr. Pourquoi pas ? »
« Parce que mes connaissances seront compromises par votre connaissance de mon observation. »
Jim était inexplicablement amusé. « C'était une question rhétorique. »
Senik acquiesça. « Qu'est-ce que vous faites ici ? »
Jim désigna les deux machines derrière lui. « Si elles émettent un bip, j'appuie sur les boutons. Si quelqu'un a besoin d'aide pour trouver des informations Astrométriques stockées dans la base de données, je les aide à les récupérer. Je passe le reste du temps à étudier. Tu comprends ? »
Senik hocha la tête. « Puis-je rester dans le bureau ? »
Jim désigna la chambre vide. « Tu ne veux pas attendre ici comme tout le monde ? »
Senik regarda derrière lui, puis de nouveau Jim. « Il n'y a personne d'autre ici, Cadet Kirk. »
Jim leva les yeux au ciel. « Fait ce que tu veux. Dis-moi si tu as besoin de quoi que ce soit. »
Senik acquiesça, et Jim commença à taper sur la console d'ordinateur. Il essaya de se concentrer sur la rédaction de son rapport d'analyse de la simulation de ce matin, mais il était beaucoup trop conscient de la présence de Senik dans le bureau. Il leva les yeux vers lui et bien sûr, le jeune Vulcain l'observait.
« C'est impoli. » Dit-il.
« Je ne suis pas familier avec les règles sociales Terriennes. » Répondit Senik, avant de comprendre l'allusion et de détourner le regard.
« Quand tu dis que tu observes, tu m'observes moi ? Juste moi ? »
Senik acquiesça à nouveau. « Toutefois, je crois vous avoir assez observé pour le pour le moment. » Dit le garçon. « Je requiert votre aide, maintenant. »
James leva les yeux avec impuissance. « Oui ? »
« Êtes-vous actuellement engagé dans une relation ? »
« En quoi ça t'intéresse ? »
« Cela fait parti des données que je collecte. » Répondit Senik.
Jim décida de répondre, amusé. « Non, je suis célibataire. »
Senik hocha la tête. « Avez-vous des préférences de genre ? Ou êtes-vous indifférent à l'espèce, humanoïde ou autre ? »
Jim plissa les yeux. « Non, pas particulièrement. » Senik acquiesça à nouveau.
« Je demande votre aide dans une affaire. » Annonça le garçon, et Jim hocha la tête avec méfiance pour lui demander d'expliquer. « Je souhaite que vous m'accompagniez dîner. »
Jim fronça les sourcils. « Dîner ? Gamin, je pense que c'est une mauvaise idée. » Déclara-t-il. « Bien que tu sois un gamin adorable, j'ai une préférence pour les adultes. Je veux dire tout le temps. Seulement des adultes. C'est la règle. »
Senik pencha la tête d'un air interrogateur. « Vous vous méprenez, Cadet Kirk. Je ne demande pas à prendre part à la séduction Humaine. Je ne suis pas intéressé par vous de cette manière. »
« Oh, » Fit faiblement Jim, pas tout à fait sûr de savoir quoi faire. « Eh bien, je suis heureux que nous ayons réglé cette question. »
« Voulez-vous m'accompagner dîner ? Il y a un établissement approprié en dehors de la bibliothèque et – »
« Désolé, gamin. » L'interrompit Jim. « Je n'ai pas vraiment le temps pour ce genre de chose. »
« Les Humains ont besoin de nourriture et d'interaction sociale pour maintenir des performances optimales. » Souligna Senik. « Ce serait pertinent de combiner les deux activités. »
« Je fonctionne très bien, merci. » Déclara le Cadet. « J'ai un papier à rendre pour la semaine prochaine, donc à moins que tu n'aies suivi les cours d'Ethique Inter-espèces ou que tu n'aies des connaissances en pratique de mariages inter-espèces – »
« Je peux vous aider pour votre cours d'Ethique Inter-espèces, » Intervint Senik, avant de préciser « pendant le dîner. Ce serait une utilisation plus efficace de votre temps. »
Jim fronça les sourcils. « Qu'est-ce que tu sais sur les lois des mariages inter-espèces ? »
« Je peux vous aider. » Répéta vivement Senik.
« Qu'en est-il de ton temps ? Tu n'as pas des parents qui t'attendent à la maison ? »
Le visage de Senik s'assombrit. « Non. Ma mère est actuellement à bord de l'USS Stockholm. » Il ne donna pas d'autres informations, mais Jim pouvait combler les non-dits avec ce que lui-même avait connu. Il réfléchit un moment, et Senik leva les yeux.
« Okay. Je descends dans trois heures et demie. »
Senik hocha la tête …
…et resta silencieusement devant Jim pendant les trois heures et vingt-neuf minutes qui suivirent.
.
.
Senik conduisit Jim dans un restaurant à environ un pâté de maisons de la bibliothèque, un établissement multiethnique qui répondait aux divers goûts des membres de Starfleet. Il était un peu trop sophistiqué pour ce que c'était supposé être dans l'esprit de Jim : une session d'étude avec un préadolescent précoce. Les tables étaient couvertes des serviettes en tissus et de vraies bougies, c'était bien loin des trois années de nourriture grasses de la cafétéria.
Une hôtesse enjouée les mena dans une salle à manger presque déserte et une serveuse leur apporta leurs boissons, un coca et un thé. Jim parcourait le menu, sirotant son soda quand il remarqua que Senik fixait sa boisson.
« Quelque chose ne va pas ? »
« Votre boisson est carbonatée ? » Demanda le vulcain, visiblement intrigué.
Jim hocha la tête et poussa la boisson vers le garçon. « Tu veux essayer ? » Senik secoua la tête.
« Tu as déjà essayé ? » Demanda Jim. Le garçon secoua à nouveau la tête. « Alors comment tu sais que tu ne vas pas aimer ? »
Jim fit mine de ne pas remarquer ô combien il ressemblait à sa mère à cet instant, et poussa la boisson plus près du vulcain. Senik prit le verre et l'examina. Jim l'observa faire dans l'expectative, pensant que la glace aurait le temps de fondre avant que Senik ne prenne une gorgée. Soudain, celui-ci reposa le verre et le repoussa vers Jim.
« Spock, » Dit-il soudainement sans explication.
Jim fronça les sourcils. « Qu'est-ce que spock veut dire ? Est-ce de l'argot Vulcain ? »
« Je suis Spock. » Intervint une voix douce derrière lui.
Le Cadet se retourna pour voir un grand et maigre Vulcain. C'était le Lieutenant Commander Spock, lui indiqua un regard à l'uniforme de l'instructeur. Jim repoussa sa chaise et se mit au garde à vous, par habitude. Spock l'ignora.
« Senik, tu étais censé être à la maison à 1700 heures. »
« J'ai demandé à l'un de mes camarades de classe de participer à un repas avec moi. » répondit Senik, évitant le regard de l'adulte. « Ce n'était pas dans mes attentions de causer une interruption de votre soirée, tomasu. »
Spock regarda l'humain, toujours debout, formellement droit. « Si tu m'avais informé de tes plans, il n'y aurait eu aucune perturbation. Tu ne répondais pas à ton communicateur, mais j'ai été capable de trianguler le signal. » Il se tourna face à Jim. « Cadet, vous êtes excusé. »
Jim regarda Senik, qui était visiblement peu enclin à obéir à son aîné. « Le Cadet Kirk ne peut partir. Mon obligation envers lui n'est pas accomplie. »
Spock fixa l'humain. « Quelle obligation cet enfant a-t-il envers vous ? »
Jim fronça les sourcils, détestant l'accusation dans le ton de l'instructeur. Ce n'était pas comme s'il avait enlevé le gamin. « Monsieur, je ne suis pas certain que – »
« Je lui ai assuré que je pouvais l'aider concernant son cours d'Ethiques Inter-espèces. » Annonça fermement Senik.
« Cette assistance pourrait se faire aussi efficacement pas d'autres moyens, telle une vidéoconférence par exemple. » Contra Spock.
« Le temps du Cadet Kirk est précieux, sa charge de travail est de 42% plus exigeante que celle d'un cadet moyen de troisième année. Il est également employé dans la bibliothèque du laboratoire astrométrique, ce qui lui laisse peu de temps pour les repas et le sommeil. » Répondit le garçon. « Le Cadet Kirk n'a que très rarement des repas nutritifs ou fréquents. J'en ai conclu qu'un dîner partagé était le choix le plus logique, au profit de toutes les parties concernées. »
Bien que le Vulcain n'ait pas levé la voix, et qu'il semblait, par son ton, simplement commenter le temps qu'il faisait, Jim eut la nette impression qu'il était pris au milieu d'un conflit familial.
« Ecoutez. » Dit Jim, les deux paires d'yeux se tournant vers lui. « C'est bon, je devais m'en aller de toute façon. Mes 42% m'attendent. »
Spock leva la main et fit signe à Jim de rester. « Mes excuses Cadet Kirk, s'il vous plaît, continuez votre repas. Si vous le voulez bien, je vais me joindre à vous et j'escorterais Senik à la maison à la fin du repas. »
« Oh. D'accord, » répondit l'Humain, se sentant incroyablement maladroit.
Aucun d'entre eux ne remarqua l'expression satisfaite de Senik lorsque Spock prit place à côté de Jim.
.
.
Jim savait peu de choses sur les Vulcains. D'une part, la plupart était télépathe au toucher et, en tant que tel, n'appréciait qu'occasionnellement le contact physique, de sorte que Jim fit un effort considérable pour garder tous ses membres loin d'eux. Il savait aussi que les Vulcains étaient végétariens, et par déférence pour ses compagnons de table, il mangea lui aussi un plat de lasagnes aux légumes avec du fromage Tellarite.
C'était révoltant.
Après une deuxième bouchée de courge fermentée et de fromage, il abandonna son assiette et essaya de saisir un autre morceau de pain dans la corbeille commune de la table. Cependant, c'était impossible pour lui de le faire discrètement, à cause des deux Vulcains qui le fixaient sans ciller. Jim n'était pas certain de savoir s'ils étaient naturellement horriblement associables, ou si c'était simplement une pratique culturelle.
« Donc, qu'est-ce que tu peux me dire aux sujets de lois sur les mariages inter-espèces ? » Demanda-t-il à Senik.
« Mes connaissances sur le sujet sont faibles. » Répondit le garçon en regardant sa nourriture. Jim fronça les sourcils.
« Tu as dit que tu connaissais – »
« J'ai dit que je voulais vous aider, » Corrigea Senik, réduisant ses tomates en soupe sous l'agitation, refusant de lever les yeux. « Mon cousin est le produit d'un mariage inter-espèces, et serait donc une excellente source de connaissances. »
Cousin... Jim jeta un regard à un Spock ennuyé, en déduisit qu'il devait être le cousin en question. Le cousin qui était responsable de l'enfant en l'absence de ses parents. Les lèvres du Vulcain instructeur (demi-Vulcain ?) étaient fermement pressées l'une contre l'autre, et ne bougeaient que pour parler et corriger Senik.
« Est-ce que ton plan était de le forcer à venir ici ? » Demanda Jim, désignant l'adulte mécontent.
« Il ne serait pas venu de lui-même. » Expliqua le garçon, toujours sans lever les yeux. « J'ai dit que je voulais vous aider, et je l'ai fait. »
« Tu aurais dû me le dire. » Le réprimanda Jim.
« Je ne connais pas les règles sociales Terriennes. » Répondit Senik pour la deuxième fois ce jour-là.
Le niveau de gêne monta d'un cran. Jim jeta un nouveau coup d'œil à Spock, devenu sévère à la révélation du jeune Vulcain.
« Le Cadet Kirk a raison. » Déclara Spock. « Tu as été délibérément vague dans tes explications pour atteindre ton objectif. Un objectif qui n'est pas encore tout à fait clair. »
« Puis-je aller aux toilettes ? » Esquiva Senik qui, sans attendre de réponse, se leva et se retira hors de la salle à manger, les deux adultes observant sa fuite, stupéfaits.
Jim estima que le deuxième cercle de l'Enfer devait ressembler à ça. Manger une nourriture infecte d'origine étrangère avec un adolescent sous de faux prétextes, rejoint par un professeur Vulcain sévère et bienséant aux cheveux parfaitement taillés. Cheveux dans lesquels Jim aurait voulu faire courir ses doigts, curieux de savoir ce à quoi Spock ressemblerait avec la chevelure noire indomptée et sauvage.
Jim soupira, et les yeux de du Vulcain se levèrent pour considérer le cadet. « Je pense que je suis son projet scientifique. » Annonça l'humain.
Spock leva un sourcil, ce qui, pensa Jim, était un peu incongru sur le visage d'un Vulcain mais étrangement attrayant. « Expliquez-vous, s'il vous plaît. »
« Il m'observe depuis un certain moment, je crois. Une observation pour un projet sur le comportement humanoïde. J'ai interrompu ses observations au déjeuner aujourd'hui, alors je pense qu'il essaie de m'observer dans des environnements uniques. »
Spock hocha pensivement la tête. « Senik est sur Terre depuis deux mois, et il a quelques difficultés d'adaptation ici, loin de ses parents. Je suis celui qui lui a suggéré d'étudier ses camarades de classe pour comprendre les comportements non-Vulcain. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit si … consciencieux dans sa quête de compréhension. »
« Vous l'élevez ? »
« Sa mère vit chez mon père. T'Mae est à bord du Stockholm pour une expédition scientifique de l'Académie des sciences de Vulcain et m'a accordé la tashan, ou tutelle, de Senik en son absence. » Dit Spock, en sirotant son thé Vulcain.
Jim attrapa un autre rouleau de pain, arracha un morceau et mâcha lentement. « Ce doit être dur pour lui, ne pas avoir de vrais amis de son âge ici. »
« Les Vulcains n'ont guère besoin d'interaction sociale dans la façon dont les humains les conçoivent. » Répondit l'autre homme. Se fiant au comportement étrange de Senik, Jim avait le pressentiment que ce n'était pas tout à fait vrai, mais il n'était pas non plus en désaccord avec cette idée. « J'ai observé que les Humains tentent souvent d'établir des parallèles entre eux et les autres espèces, des parallèles qui n'existent pas, dans un effort de leur part de créer une relation. C'est ainsi que les Humains se rattachent à l'Univers. »
« Donc vous pensez que nous essayons de rendre les autres espèces plus humaines parce que nous n'arrivons pas à les accepter telles qu'elles sont ? » Demanda Jim, un peu perturbé. Spock n'était pas la première personne à accuser les Humains, en particulier ceux qui servaient dans Starfleet, de donner à la Terre une trop grande influence sur les autres quadrants, au point de créer une hégémonie culturelle.
« Pas du tout. » Répondit Spock. « L'empathie humaine s'est révélée être un trait précieux dans la formation et le maintien de la Fédération. Je crois que c'est une caractéristique dont j'ai naturellement hérité de ma mère humaine, mais que j'ai tout de même appris à connaître en grandissant. »
Humain. Spock était en partie Humain.
« J'espère que vous ne trouverez pas ma question impolie, mais j'aimerais beaucoup entendre l'histoire de vos parents. D'un point de vue académique, bien sûr. »
« Je n'y suis pas opposé. » Dit Spock, et Jim sourit avec reconnaissance. Au cours des dix minutes qui suivirent, le brun partagea avec lui l'histoire fascinante de l'Humaine Amanda Grayson et de l'Ambassadeur Vulcain Sarek, un exemple parfait pour le droit interstellaire et éthique.
Bien que Jim ne l'admettrait jamais et devant personne, encore moins devant le Lieutenant Commander Spock, l'histoire était aussi terriblement romantique. Il avait toujours été attiré par les amours maudits.
