Liar Game
Si on avait dit à Loki avant sa chute du Bifrost que Thor était capable de mentir, le dieu de la duperie se serait certainement évanoui à force de rire.
Mais à présent, il avait été contraint de repenser son opinion de son frère.
Parce que Thor lui avait sorti le mensonge le plus outrageant qu'on puisse imaginer – et il l'avait prononcé comme s'il disait la vérité pure et entière.
Mentir avec aplomb, c'était loin d'être aussi facile que se l'imaginait le troupeau bêlant des gens du commun. Il y avait tant de petits détails qui pouvaient vous trahir – un sourire un rien trop tendu, un sourcil se levant sans prévenir, un rire nerveux, les narines qui se dilataient – tous ces détails, Loki les connaissait par cœur, les avait soigneusement appris, afin de les maîtriser, de les contrôler si parfaitement qu'ils n'étaient désormais plus en mesure de le trahir. Et s'il montrait un de ces signes, c'était parce qu'il le voulait – oh, quelle jouissance c'était, de faire passer la vérité pour un mensonge…
Thor n'avait manifesté aucun signe. Pas de transpiration inconvenante, pas de tremblement de la voix, la posture ferme et assurée. Si Loki n'avait pas su jusque dans la moelle de ses os que ce que son soi-disant frère lui disait ne pouvait pas être la vérité, il y aurait certainement cru.
Mais il savait. Thor lui mentait. Parce que ce qu'il racontait n'était pas possible.
Parce que Loki était un Géant des Glaces, un coucou dans le nid doré qu'était Asgard. Un menteur. Un trompeur. Un monstre. Le méchant de l'histoire.
Donc Thor lui mentait quand il lui disait qu'il voulait que Loki revienne à Asgard. Quand il disait aimer Loki.
Le héros n'épargne pas les monstres. Il les détruit.
Loki le savait parfaitement.
