Bonjour à tous et à toutes me revoilà avec une nouvelle fiction, comme promis.

Cette histoire me trottait dans la tête depuis un bon moment et il me tardait de pouvoir commencer à travailler dessus.

En espérant que ce premier chapitre vous plaira.

Bien évidemment : l'univers de Saint Seiya n'appartient pas comme vous vous en doutez mais à Masami Kurumada.

Je profite de cette occasion pour répondre aux reviews anonymes du dernier chapitre de « dernière année universitaire.

Lei26 : Je te remercie pour ton gentil commentaire, court, simple mais surtout sincère. Merci de même d'avoir pris le temps de laisser tes impressions c'est très gentil de ta part. Voici donc ma troisième fiction, si tu as l'occasion de la lire, j'espère qu'elle ne te décevra pas. Encore merci.

Andromede333 : Bonjour à toi Andromede333, heureuse de voir que ce final t'ait plus à ce point, cela m'a fait très plaisir de lire çà. Il est vrai que ce dernier chapitre à laisser plae à une atmosphère plus douce, la tempête était passée alors maintenant place à la détente, aux retrouvailles chaleureuses mais surtout aux sentiments. J'ai voulu montrer en avant les couples qui selon étaient plus à même d'évoluer, d'autre étant bien plus stables. Il est vrai que la relation qu'entretient Camus et son père est emplie de douceur et j'en eu plaisir à l'écrire. Mais toute bonne chose ont une fin, malheureusement. Je te présente donc celle-ci, en espérant que tu l'aimeras. Merci encore pour tout, que cela soit pour ta gentillesse que pour ta fidélité.

Résumé :

Un chevalier est amoureux de l'un de ces frères d'arme. Peu courageux jusqu'ici à se dévoiler, il décide pourtant d'avouer ses sentiments. Toutefois, un événement inattendu va tout remettre en question. Va alors s'enchainer des événements douloureux, parfois chaleureux pour certains chevaliers mais teintés de souffrance pour cet homme qui tut ses sentiments et sa douleur pour le bonheur de ses pairs et pour celui qu'il aime. Il va vouloir aider ses pairs à la recherche du bonheur tout en refusant d'y accéder lui-même. La vie va l'entrainer, enchainer son cœur. Car il est malade d'amour mais…il a mal aussi, c'est une autre douleur, plus…physique. Il est malade d'amour, c'est la maladie du cœur….mais est-ce tout ? Pas sûr…

Je vous souhaite une excellente lecture.


C'était d'été, le soleil était haut dans le ciel dégagé. L'air était empli de quiétude, le vent soufflait dans les arbres. Tout présageait un magnifique après-midi.

Mais pourtant, c'était ce jour là….que tout avait basculé pour lui.

Cela faisait 5 mois que l'éclipse d'Hades avait signé la victoire des armées d'Athéna. Par égard pour leur courage et leur dévouement pour l'espèce humaine et les valeurs de sa fille, Zeus avait demandé que les chevaliers des différents sanctuaires soient ressuscités.

Alors, en fin d'une matinée bien entamée, telles des étoiles tombées du ciel, des éclairs avaient sifflés dans l'air pour s'échouer dans le temple du Grand Pope. Ce matin là, des frères s'étaient retrouvés, d'anciens rivaux étaient devenus amis, des personnes avaient liés de nouvelles amitiés. Les bronzes qui étaient présents, avaient eut plaisir à revoir ceux qui pendant longtemps avaient été leurs modèles et leurs guides.

Aujourd'hui encore ils leur arrivaient de remémorer ces souvenirs heureux.

La paix était revenue sur Terre et sur le Sanctuaire qui se reconstruisait. Les combats entre les chevaliers d'or et les anciens renégats ne s'étaient pas fait dans la légèreté. Le cimetière, mais bien sûr de nombreux temples avaient été laissés dans de piteux états.

A présent, seul le temple de la Vierge était en reconstruction. Des soldats s'activaient pour remettre la demeure sur pied. Cet après-midi, ils étaient coordonnés et aidés par Milo et Aiolos qui lui aussi avait été ramené à la vie avec ses pairs.

Les corps luisaient de sueurs, les muscles étaient contractés alors qu'ils soulevaient des kilos de pierre et de roche. Des échafaudages avaient été érigés aux quatre coins du temple auquel il ne manquait plus que le toit. Des servantes apportaient des collations sous le regard bienveillant des travailleurs.

Assis sur un rocher, presque au centre du chantier, Milo faisait une pause, regardant tout ce petit monde s'agiter. Il posait son regard sur chaque homme et femme devant lui. Il ne voyait que des sourires et regards apaisés. Aussi loin qu'il s'en souvenait, jamais encore n'avait-il vu une quiétude aussi prenante.

Malgré les mois qui avaient passé, il restait difficile pour les chevaliers de se détendre vraiment. Comment oublier des années d'entrainements intensifs, les instincts de survie toujours à vif, les morts et les souffrances passés ? Peut-être avec un peu de temps encore…

….ou…

…..avec quelqu'un ?

Le sourire aux lèvres, Milo levait le regard vers le ciel. Il plissait légèrement le regard sous les rayons du soleil.

Car oui, à défaut de trouver de quoi occuper son temps ou pour d'autre, de faire actes de rédemption, certain s'étaient mis en couple. Pour eux qui ont côtoyé la mort, les choses les plus importantes devenaient évidentes : une passion, une voie à suivre, des plaisirs non assouvis….une personne.

C'était le cas pour Aiolia notamment, il n'avait pas attendu deux jours pour aller rejoindre Marine, d'autre comme Mü passait une bonne partie de son temps avec son maître et son apprentit, Aldébaran formait tout un groupe de futurs chevaliers, Shion et Dhoko ne se quittaient plus, tout comme Saga et Kanon...

Quoique…il soupçonnait certains de ces collègues de se tourner autour ou encore de ne pas voir l'évidence.

Enfin bref…

Toujours est-il que Milo non plus n'échappait pas à la règle. Mais à la différence de certain qui avait attendue si longtemps pour reconnaître les choses, lui, avait accepté ses sentiments depuis près d'une dizaine d'années.

Dix ans…dix ans qu'il connaissait les tourments des sentiments et aussi de la jalousie. Car lui, Milo, chevalier d'or du scorpion au service de sa déesse, aimait depuis tout ce temps un de ses frères d'arme. Et pas n'importe lequel bien sûr, car en plus d'être chevalier, il s'agissait de son meilleur ami.

Il n'avait pas honte de ce qu'il ressentait, mais par peur de perdre son amitié qui avait été si dure à gagner, il n'avait rien osé lui dire. Le jour de leur retour, c'était vers lui qu'il était allé. Dans son élan, Milo l'avait serré dans ses bras, lui qui était peu friand des contacts physiques. Il s'était crispé une seconde avant que son camarade ne pose sa main dans son dos en un geste apaisant.

Mais aujourd'hui, c'était différent. Son ami s'était plus ouvert, il souriait plus, riait plus aussi, participait davantage aux activités communes. La vague de bonheur qui englobait maintenant le sanctuaire avait réconforté Milo dans l'idée d'avouer ses sentiments.

Il s'était décidé.

Le grec continuait de regarder les cieux azurs. Le vent glissait dans ses cheveux attachés en queue de cheval. Sa chevelure lui caressait la peau alors qu'il regardait les hommes marcher sur les échafaudages de bois. Un groupe tirait sur un des nombreux cordages. Dans un bruit métallique, gémissant par l'effort, les hommes tiraient sur la corde, soulevant alors des roches taillées pour la toiture. Le poids devait être conséquent vu qu'ils étaient quatre pour agir.

Milo continuait de les regarder, quand alors il souleva un sourcil. Il se leva de son rocher alors qu'il lui avait semblé, malgré le bruit ambiant, avoir entendu un son étranger.

Il fixait toujours le groupe d'homme….quand enfin il comprit.

« ARRETEZ ! »

Son cri avait fait écho sur le chantier, stoppant net toute activité mais guère assez pour empêcher ce qui allait suivre.

Le groupe d'homme, les bras levés, prêts à tirer de nouveau, s'étaient arrêtés.

Quand brusquement…

Un bruit…funeste….

Et ce fut le chaos….

Sans prévenir, la corde effilée, se brisa dans un bruit sec.

Les quatre hommes, surpris, chutèrent brutalement sur le bois de l'échafaudage alors que la roche tombait lourdement au sol. Les soldats et les servantes hurlaient d'effroi.

En effet, des débris des pierres maintenant broyée étaient venus percuter les échafaudages avec violence, faisant littéralement éclater le bois en de multiples particules.

Les instincts de guerrier de Milo se mirent en alerte alors qu'il se jetait vers l'avant. Il n'entendit pas Aiolos l'appeler à gorge déployée alors qu'il empoignait la taille de deux soldats pour finalement se propulser avec eux sur le côté. Ils évitèrent ainsi les constructions de bois qui s'écroulaient sous leur poids. Il vit des ouvriers tomber avec elles dans un nuage de poussière.

Des cris d'effroi s'élevaient alors que des soldats couraient vers l'écha tombe pour secourir les leurs. Des planches de bois, des cordes emmêlées et de la roche jonchaient le sol alors que l'épais nuage se dissipait doucement.

Aiolos accouru vers Milo, essoufflé.

« Milo ! Est-ce que çà va ?! »

Le grec mit une seconde avant de lui répondre, sa tête lui tournait un peu.

« Oui…je crois que çà va. » dit-il difficilement.

Son ainé demanda la même chose aux soldats sauvés par le scorpion qui les remerciaient avec sincérité. Milo leur demanda d'aller aider les autres, ce qu'ils firent de suite.

C'est alors que son ainé, posa subitement sa main sur son front, soulevant sa frange.

« Tu saignes ! » s'écrira-t-il.

Interpellé, Milo s'essuya le front. Sa main devenue poisseuse, il voyait ses doigts tachés de sang.

« Est-ce que tu es blessé autre part ? » demanda Aiolos.

Le gémissement que poussa Milo en voulant se redresser répondait à sa place. Il n'y avait pas de sang mais les côtes le faisaient légèrement souffrir.

« Bon, tu vas aller à l'infirmerie. » dit alors le sagittaire. « Et ce n'est pas discutable. »

Il avait cru bon d'ajouter ces derniers mots alors qu'il avait vu le scorpion prêt à répliquer. Milo gonfla un peu les joues, mécontent que pour une petite blessure il soit soudain considéré si faible.

Aiolos sourit, amusé. Il s'éloigna pour prêter main forte aux soldats.

Sans plus attendre, Milo se releva. Mais, brusquement, le décor devint subitement flou et incohérent. Sa vue se troubla alors que sa tête lui tournait encore plus durement. Sans pouvoir se contrôler, il se laissa tomber au sol, les mains sur les tempes. Il attendit cinq bonnes minutes avant de pouvoir de nouveau bouger.

Au total, ils dénombrèrent une dizaine de blessés légers et trois plus sérieux.

Résultat, l'infirmerie était surchargée. Les quelques lits précaires étaient pris par ceux ne pouvant plus se lever ou qui avaient besoin de repos pendant quelque jours. Les infirmières se bousculaient presque, peu habituées à tant monde.

Mü avait d'ailleurs été appelé en renfort, lui qui par son maître avait reçu une formation médicale. Il finissait de s'occuper d'un soldat alors qu'il s'éloignait vers un des murs de la pièce. Adossé, Milo regardait les choses se faire. La panique était redescendue et il attendait qu'on l'examine.

Mais l'expression qu'affichait le tibétain, n'annonçait rien de bon pour lui.

En arrivant à sa hauteur, Mü avait gardé le sourire aux lèvres.

« Alors ? » le devança le grec.

« Rien de bien grave en générale. » répondit le bélier. « Mais çà aurait pu être plus grave. »

« Aioros aurait voulu qu'on m'examine, mais…j'ose croire que ce ne sera pas pour aujourd'hui. »

Le grec pouvait distinguer un sourire navré dans le regard du jeune homme.

« Je suis désolé Milo, on est surchargé. » dit-il. « En plus de l'incident d'aujourd'hui, nous avons des apprentis à soigner. »

« Eh bien, tant pis, ce sera pour demain. »

Milo s'apprêtait à partir quand il fut retenu par le bélier.

« Je te le déconseille. » répliqua Mü. « Nous avons beau être chevalier, notre santé n'est pas à prendre à la légère. Nos corps restent ceux d'un humain, même si nous sommes plus résistant que la moyenne. »

Soupirant, le grec se retourna vers son homologue.

« Que me proposes-tu alors ? »

A peine avait-il fini sa phrase que Mü sortait une feuille de sa poche qu'il tendit à son camarade. Milo s'en saisit alors.

« La fondation Kido à une clinique à Athènes. Emmène ce certificat avec toi, tu auras un rendez-vous avec un médecin. Il connaît…hum…disons qu'il est au courant de…notre « condition ». »

« Je vois. » dit Milo en souriant. « Eh bien c'est parti ! Merci Mü. »

« Je t'en prie. »


Un peu plus tard dans l'après-midi, arrivé à la clinique que lui avait conseillée le tibétain. Il y avait peu de monde, les couloirs étaient larges et peu chargés, les murs étaient teintés de couleurs chaudes et lumineuses. Le personnel circulait avec aisance, leurs blouses blanches sur le dos.

Arrivé à l'accueil, on lui indiqua le chemin à prendre. Il s'engouffra dans un ascenseur et monta au premier étage de la bâtisse. Les lieux étaient accueillants malgré la funeste réputation qui collait à la peau de ces établissements.

De grands baies vitrées illuminaient les couloirs, elles donnaient sur un immense jardin où on pouvait apercevoir des patients et leurs familles se promener dans les sentiers, de infirmiers pousser les fauteuils roulants, des enfants s'amuser devant les saouls pleureurs. C'était un magnifique coin de détente pour ceux qui avaient des séjours douloureux en ces lieux.

Milo continuait son avancé, il se dirigeait avec facilité dans les services jusqu'à arriver devant un nouvel accueil. De nouvelles instructions et il repartit pour juste quelques mètres de plus. Il stoppa sa marche devant une porte pourtant identique à toutes les autres.

Il toqua.

Et une voix l'invita à entrer.

Le grec entra alors dans le bureau du médecin. Il s'appelait docteur Thomas. La pièce était spacieuse mais le mobilier simple. Une bibliothèque trônait à gauche de l'entrée, des livres bien évidement de médecine et d'anatomie aux noms inconnus pour lui emplissaient les étagères. A sa droite, une étagère avec des photos de famille et diplômes sous verre étaient disposés de façon harmonieuse. A côté, une table de consultation recouverte de papier jetable.

En face, un bureau ovale en bois de chêne. Assis dans un fauteuil de cuir noir, le médecin lui souriait chaleureusement, le genre de sourire qui vous détend et met en confiance. Il avait une cinquantaine d'année, les cheveux grisonnant mais les traits peu marqués par le temps. D'un geste de la main, il l'invita à s'asseoir.

Ils se serrèrent la main.

« Bonjour monsieur Eraste. » dit le médecin. « Je vous en prie, prenez place. »

« Je vous remercie. »

Il s'assit alors sur une chaise derrière le bureau.

« Alors… » Commença le quinquagénaire. « Dites-moi tout. Qu'est-ce qui vous amène ? »

« Eh bien…euh… »

Il eut un petit moment de flottement. Milo regardait plus attentivement l'homme en face de lui, il lui parlait avec la même légèreté qu'un patient ordinaire, il y avait de quoi s'interroger.

D'ailleurs, le docteur avait bien compris ce qui perturbait le grec.

« Rassurez-vous. Vous pouvez me parler librement. Mademoiselle Kido m'a tout expliqué. »

Il n'en fallut pas davantage pour que Milo se détende. Ses épaules s'affaissaient, à présent moins sur ses gardes. Soyons sérieux, un patient vous dit être au service d'une déesse, et qu'il vient pour un « accident de travail », non décidément, mauvaise idée. Alors comment ne pas être vigilant les premières secondes.

Milo lui raconta les faits qui l'ont amené à venir le voir. A la fin de son récit, le quinquagénaire mit ses lunettes et tapota quelque secondes sur son ordinateur. Ensuite, il se leva.

« Bien, alors on va voir tout çà. » dit-il. « Vous pouvez enlever votre haut s'il-vous-plait ? »

Le grec quitta sa chaise pour s'asseoir sur la table prévue. Il retira son t-shirt, laissant apparaitre un corps athlétique et bien entretenue. Toutefois, un bleu tirant sur le violet barrait sa hanche droite jusqu'en haut du torse.

« Hum…Est-ce que cela vous fait mal ? Vous pouvez bouger normalement ? » lui demanda le médecin en appliquant de légères pressions sur son torse.

« Un peu, mais rien de bien méchant. Et oui, je peux bouger normalement. »

« Entendu…Bon rien ne semble cassé, mais par précaution je vais quand même vous faire passer une radio. » ajouta le quinquagénaire en continuant sa gestuelle. « Très bien. Levez-vous s'il-vous-plaît. »

Muni de son stéthoscope, il posa l'appareil sur le dos du grec. Le contact du fer froid fit frissonner le grec. Le médecin le déplaça entre les omoplates du jeune homme, tout s'était fait dans le silence. Mais bien qu'il ne le voyait pas, le médecin faisait une inspection un peu plus approfondit, les sourcils froncés.

« Hum…rasseyez-vous, et tendez le bras. »

De nouveau assis, Milo faisait ce que lui demandait le professionnel. Ce dernier entoura le bras du grec par un bracelet électronique. Moins d'une minute plus tard, le verdict tombait…

« Vous êtes en hypertension…peut-être dû au choc. » commenta le quinquagénaire. « Bien, eh bien vous pouvez vous rhabiller. »

Chacun retournait à leur place initiale. L'homme tapait encore une fois sur son clavier, mais continuait de s'adresser au jeune homme…

« Dites-moi si je me trompe, mais mademoiselle Kido m'a fait part de son souhait d'un contrôle hebdomadaire pour vos collègues et vous…. »

« C'est exact oui. » affirma Milo. « Nous devons faire un contrôle complet tous les quatre mois. »

Après leur résurrection, Athéna avait formulé le souhait que chaque chevalier soit soumis à un contrôle médical tous les quatre mois. La santé et le bien être de son armée lui importait énormément, donc pour leur permettre de profiter au mieux de la chance qui leur avait été offerte, il était préférable d'être en bonne condition physique. Elle avait fait en sorte que tout soient mis à leur disposition : équipe médicale, équipement moderne, connexion internet, système irrigation etc…

Enfin bref, de quoi bénéficier d'un confort plus…au goût du jour.

« Je vois, et le vôtre est pour…. »

Milo baissa le regard, perdu dans ses pensées.

« Dans une semaine. »

Le clapotis des touches cessa soudain, et le médecin se tourna vers lui.

« Je vous propose quelque chose… » dit-il. « Si vous voulez, vous pouvez le faire aujourd'hui, qu'en dites-vous ? C'est comme vous le sentez. »

Milo réfléchit un instant.

« Pourquoi pas. Comme çà, çà sera fait. »

Le médecin lui sourit et lança l'imprimante. Une fois achevée, il saisit la feuille imprimée, griffonna rapidement quelque inscriptions et la lui tendit.

« Dans ce cas, je vais d'abord vous envoyer en imagerie pour passer votre radio. » Commença l'homme. « Ensuite, vous passerez une IRM puis vous irez au rez-de-chaussée pour passer des prises de sang aux consultations externes, je les appellerai pour les prévenir. Ils vont feront passer les tests nécessaires. Je m'occupe de leur expliquer pourquoi. »

« Très bien, merci. »

Milo lut le papier.

« Dans combien de temps aurez-vous les résultats ? »

« Dans une heure. » répondit le professionnel. « Pour patienter, vous avez la cafétéria et le jardin si vous voulez. J'enverrai quelqu'un pour vous prévenir. Vous viendrez me voir pour qu'on en discute ensemble. »

« Entendu, merci docteur. »

D'un regard ils se quittèrent. Milo se leva de son siège alors que le quinquagénaire l'accompagnait jusqu'à la porte de son bureau.

Muni de sa demande d'examen, Milo partait pour le service d'imagerie puis pour une batterie de test aussi diversifiés les uns que les autres.

Il était 15 heure.


Le ciel se voilait maintenant d'un manteau rougeoyant, les nuages cotonneux étaient teintés d'un orange pâle. La fraîcheur tombait doucement sur la ville, les gens dans les rues enfilaient des pulls fins et chaux, tandis que les oiseaux revenaient sur les côtes.

Sur un banc peint d'un blanc vernis, Milo buvait une gorgée de son café alors qu'il admirait les plantations du jardin. En ces jours d'été, les fleurs étaient de couleurs éclatantes. Mais il était l'heure pour elles aussi de s'assoupir avec les derniers rayons du jour. Leurs pétales se refermaient doucement alors que les gens rentraient pour s'abriter de la nuit.

Il lui semblait distinguer les formes de la lune et les premières étoiles scintiller dans les cieux. Il baissa le regard.

17h30.

Milo soupira d'ennui. Vive l'administration !

D'un geste assuré, il finit son breuvage caféine et se leva enfin pour rentrer dans l'enceinte de l'hôpital. Par une porte dérobée, il entra dans la cafétéria où il jeta le gobelet en plastique. Il traversa la salle et une porte battante pour se diriger vers l'accueil principale.

Mais à peine avait-il eut le temps d'atteindre le hall d'entrée qu'il se faisait interpelé par une jeune employée, un travailleur saisonnier sans doute.

« Monsieur Eraste ? » demanda la jeune fille.

« Oui. » dit-il en souriant.

« Le docteur Thomas m'a demandé de venir vous chercher, vos résultats sont prêts. »

« Je vous remercie mademoiselle. » dit-il en revenant sur ses pas. « Oh, inutile de m'accompagner je connais le chemin. »

« Comme vous voudrez. Au revoir monsieur. » Dit-elle en souriant.

« Au revoir mademoiselle. »

Impatient, Milo prit les escaliers pour éviter d'attendre les ascenseurs qui avaient parfois tendance à jouer avec les étages. Rapidement arrivé à celui qu'il désirait, il bifurqua sur sa droite pour retrouver les corridors qu'il avait empruntés un peu plus tôt dans l'après-midi.

Il n'eut aucune mal à retrouver son chemin, d'autant plus que les indications étaient très compréhensibles.

Toujours est-il, qu'après quelque mètre et jeux de coude, il arriva encore une fois devant le bureau du médecin. Il frappa deux fois dans un bruit sourd. Une voix s'éleva de derrière la porte.

Et il entra.


La lune surplombait la Grèce telle une reine sur ces sujets. Ces rayons caressaient les arbres et les roches avec douceur. Le Sanctuaire ne dormait pas encore, des gardes faisaient leur ronde et des couples flânaient dans les arènes et les allées de pierres.

La fraicheur était plaisante et enveloppait les lieux d'une quiétude peu connue. Des lanternes et des torches avaient été placées dans les endroits stratégiques, illuminant l'espace de jeux d'ombre et de lumière tamisée. Une ambiance chaleureuse planait dans l'air.

Malgré son aspect spartiate, le Sanctuaire dégageait une aura de beauté et de puissance. Les douze temples zodiacaux semblaient naître au cœur même de la montagne, les escaliers taillés à même la pierre. La lune léchait leurs murs de rayons légèrement bleutés leur donnant encore plus de prestance.

Sur les marches entre le deuxième et troisième temple, une silhouette continuait lentement son ascension. Les mains dans les poches, le regard tourné vers le sol, sa démarche était lente, peut-être même un peu trop.

Les cheveux au vent, les vêtements lui collant à la peau, elle ne vit pas les trois personnes qui descendaient vers elle.

« Hey, salut Milo ! » s'exclama lui d'entre elle.

Surpris, un éclair passa dans le regard de l'interpellé. Il releva subitement la tête, un peu perdu il tenta de reprendre contenance devant ses compagnons.

« Ah…euh salut Kanon. »

« Perdu dans ses pensées ? » dit le gémeau avec un sourire taquin.

Milo toussa, gêné.

« On peut dire çà. »

« Nous avons appris ce qui s'est passé. Est-ce que tu vas bien ? » demanda Aldébaran.

Un court silence avait suivi la demande du jeune homme.

« Oui, çà va. » dit finalement Milo. « Je n'ai rien de cassé. »

« Alors tant mieux. » intervient Kanon, soulagé pour son ami.

« Kanon était très inquiet pour toi. Mais à peine était-il arrivé à l'infirmerie que Mü lui disait que tu étais à Athènes. »

Le cadet des gémeaux ne répliqua rien, la rougeur sur ses joues suffisait. Kanon avait beaucoup d'estime pour Milo. La rédemption qu'il lui avait accordé dans le temple d'Athéna l'avait profondément touché, de part son geste mais surtout parce qu'il était le premier de l'ordre à la lui avoir donné. Ils sont devenus amis naturellement, pas d'artifice, ils se sont trouvés de nombreux points communs et se respectent mutuellement pour leur force et leur courage respectifs.

« Dis-moi, on s'apprêtait à aller boire un verre en ville, Angelo et Aphrodite vont aussi nous rejoindre, tu veux nous accompagner ? »

Silencieux jusqu'ici, Aiolia était intervenu, amusé de l'échange.

« Euh…non merci les amis je suis fatigué, je retourne au temple. »

« Avant toute chose… » intervient Aldébaran. « Shion voudrait te voir, il veut prendre de tes nouvelles… »

Milo soupira, il visualisait dans son esprit le chemin qu'il allait devoir parcourir avant de pouvoir enfin se poser.

« Très bien je vais y aller maintenant. »

« Ah !... » s'exclama le taureau. « Camus aussi était allé à l'infirmerie pour te voir mais comme Kanon, il t'avait raté de peu… »

Il eut un petit flottement à l'évocation du français.

« Il est un peu tard…j'irai le voir demain. »

« Comme tu voudras. » dit Aldébaran en souriant.

«Bon on y va les gars, à cette heure là, il y a du monde en ville. A demain Milo, passe une bonne soirée. » lui dit Kanon.

« A demain les amis. »

Ils se quittèrent sur ces quelques mots. Milo continua sa marche. Malgré les années passées au sanctuaire, il ne s'était jamais habitué à la montée de ces escaliers. Il avait beau être chevalier, la patience comme la force avait aussi ses limites. Ses pas résonnaient dans l'immensité des temples qu'ils traversaient. La majesté de ces monuments l'étonnait toujours, il avait la sensation de les redécouvrir chaque jour. Depuis les temps anciens, ces temples étaient signe de puissance de la déesse de la guerre. Avec la modernité qui envahissait le monde, ces lieux pouvaient paraître décalés, mais c'était justement leur immortalité, leur vécu, qui faisait toute leur beauté.

Le vent sifflait entre les colonnes, comme un chant délicat. Il fouettait le visage du grec qui repartait dans ses songes. Il ne revint à la réalité qu'une fois arrivé devant l'un des temples.

Un tendre sourire étirait ses lèvres.

Devant lui, majestueux, se tenait le temple du Verseau.

La douceur de son architecture, la magnificence de son entrée, tout en ce lieu respirait la fraicheur et la fierté, tout comme le maître des lieux. Il fit un pas. Le froid qui y régnait le transperçait de part en part à travers chaque muscle. Il s'arrêta un instant au centre de cette immensité. Il ferma les yeux, s'imprégnant des sensations que ces murs procuraient.

Tant de bataille, tant de combats et d'histoire transpirait dans cet endroit qu'il pouvait le sentir sous sa peau. Une vague déferlante le bouleversait totalement. Chaque nerf, chaque muscle vibrait d'émoi. Des vibrations exquises lui picotait le long de la colonne vertébrale jusqu'à lui chatouiller la nuque.

Mais le bien-être laissa vite place à des sensations moins agréables. Milo ouvrit subitement les yeux pour les poser à un endroit bien particulier du sol.

Ces yeux se voilèrent aux souvenirs douloureux. Il se revoyait, paralysé, perdu, alors qu'il venait d'entrer dans le onzième temple avec ses pairs et Athéna. Un des leurs s'était avancé avec leur déesse, pour finalement s'accroupir devant un corps allongé sur le sol. Doucement la cosmo énergie de leur déesse s'était éveillée pour enveloppait le chevalier du Cygne qui ouvrit lentement les yeux.

Mais ce n'était pas le bronze que Milo fixait depuis le départ. Plus loin, une fine couche de neige recouvrant son armure, la silhouette de Camus gisait sur le sol froid du temple. Il s'était approché sans pouvoir s'en empêcher. Muet, une douleur vive au cœur, il avait effleuré sa chevelure. Camus avait les paupières closes, le teint plus pâle qu'à l'ordinaire. Il s'emblait dormir.

Il avait abaissé la tête, sa vue devenue flou par les larmes contenues. Il avait laissé ses compagnons prendre un peu d'avance, alors qu'il avait prit la dépouille du chevalier entre ses bras. Cela avait été inconcevable pour lui de le laisser ainsi, face contre terre lui qui avait été l'image même de l'élégance et de la prestance.

Milo l'avait porté jusqu'au appartement du temple du Verseau. Durant le trajet, il avait sentit le froid de la mort l'engloutir, la fraîcheur de la peau du français était si intense qu'il lui semblait mourir aussi. Son regard avait perdue toute animosité alors que son cœur s'émiettait de seconde en seconde. Chaque battement lui était insupportable alors qu'il n'en ressortait aucun dans la poitrine de son amour. Il l'avait déposé sur son lit, croisant ses bras pour enfin se redresser et retirer son casque. Il l'avait regardé longuement, détaillant chaque trait de son visage si parfait à ses yeux.

Ce qu'il avait était dur de le quitter ce jour là, dans cette petite chambre silencieuse.

C'est en courant comme jamais qu'il avait rattrapé le groupe, son armure percutait le sol en des bruits métalliques et suraigües. La lune avait été seule témoin de sa peine et de son désespoir, alors que le vent emportait avec lui les larmes cristallines qui roulaient sur ces joues. Sa gorge l'avait brûlé, sa poitrine s'était comprimée. Il n'avait pas pu crier, il n'en avait pas eut le droit, par respect pour Camus qui lui avait inculqué la maitrise de soi. Il voulait lui faire honneur.

Cette nuit a été la plus douloureuse de toute son existence.

Alors l'avoir revue, même en surplis, devant le mur des lamentations et enfin dans le temple d'Athéna lui avait insufflé un nouveau souffle de vie.

Maintenant, il ne voulait plus passer à côté des sentiments qu'il ressentait.

Il lui dira tout. Parce qu'il l'aimait plus qu'il n'avait jamais aimé personne. C'était douloureux mais aussi délicieusement bon.

C'était donc la poitrine gorgée de courage que Milo se décida à reprendre sa route. Il restait tout de même étonné ne pas avoir croisé l'objet de ses tourments.

Quelques minutes plus tard, il arrivait enfin aux appartements du grand Pope.

Pour finalement en partir aussi vite qu'il y était entré….

Il en était d'ailleurs le premier surpris, mais aussi amusé. L'entrevue s'était faite très rapide. Certes il y avait peu de choses à dire, mais certainement parce qu'il avait interrompu un début de soirée prometteur. En effet, c'était la chemise légèrement froissée que Shion l'avait accueillie, avec Dhoko assis dans l'un des sièges de la pièce.

Milo avait su contrôler son sourire alors qu'il avait pu distinguer un suçon dans le cou du tibétain.

C'est le sourire aux lèvres que Milo redescendait ainsi les escaliers. Il traversa le temple du Poisson sans difficulté, son propriétaire étant parti en ville avec les autres, pour revenir au temple du Verseau.

Il s'apprêtait une fois encore à le traverser, quand un bruit sourd l'interpella. Peu d'animaux étaient présent du côté des temples contrairement aux arènes et aux camps, plus propices pour eux à survivre. Ainsi, Milo s'approcha des rochers qui entouraient le monument.

Lentement, un pas après l'autre, Milo essayait de se faire le plus discret possible alors qu'il s'approchait de la source des sons qui devenaient plus distincts. Au bout d'un instant, il pouvait mieux discerner de quoi ils s'agissaient. C'étaient des personnes qui parlaient, mais il était encore trop loin pour identifier les voix.

Quelque mètre encore et Milo s'accroupis derrière un rocher.

Les voix s'étaient tues.

Il hésita un instant à repartir, se sentant mal à l'aise de faire ce qui ressembler fortement à de l'espionnage. Mais sa curiosité avait été plus forte ce soir là.

Mü d'un culot qu'il ne se saurait jamais cru capable, il se redressa, seul le regard dépassant du haut du rocher.

Et là….

Il lui avait semblait mourir pour une seconde fois.

Le vent s'était levé, faisant glisser les nuages qui avaient dissimulé la lune. Les rayons de lumière léchaient les roches grisâtres et le peu de brin d'herbe qui avaient poussé dans ses hauteurs. Ils caressèrent le sol pour finalement dessiner des silhouettes qui jusqu'ici n'avaient été que des ombres.

La lune éclaira des jambes longilignes, un dos habillé d'une longue chevelure qui dansait au grès du vent. C'était un dos peu large mais musclé, un dos vêtu d'une chemise blanche, un dos droit, un dos long, un dos connu….mais surtout…un dos encerclé de deux bras puissants….

Le vent devint ouragan dans l'esprit de Milo. Il ne sentait plus la pierre fraîche sous ses doigts, il ne sentait plus la brise dans ses cheveux, ni ses vêtements sur sa peau…

La vision…Le spectacle qu'il avait devant les yeux….aura été l'un des plus affreux de toute sa vie…

Car c'était Camus qu'il voyait…

Son regard lui brûlait, son cœur explosa dans son torse alors que la lumière éclairait une deuxième silhouette.

C'était Camus qu'il voyait…

Camus…

…qui embrassait un homme.

Un cri bestial se coinça dans sa gorge.

Ces jambes vibraient sous la violence du choc. Il lui semblait que de la larve en fusion lui brulait les veines. Tremblant, choqué, horrifié, il aurait été impossible de dire dans quel état il se trouvait. Il…il n'y avait pas….de mot assez fort.

Son cœur avait cessé de battre pendant un instant…un court instant.

Alors que…

Un battement….puis un autre….et encore un autre…alors qu'il regardait impuissant l'homme qu'il aimait embrasser un autre que lui….

Un autre…un autre…encore un autre…..

Et une explosion….

Brusquement….les pupilles dilatées…le souffle coupé…Milo posa brutalement une de ses mains sur sa poitrine. Il froissa le tissu de son haut, ses jointures devenaient blanches, presque transparentes alors que sa respiration devenait sifflante.

Tel un animal blessé, Milo sentait son cœur battre la chamade sous ses doigts, une cadence effrénée rythmait son torse qui se soulevait et retombait à une vitesse si vive qui lui paressait immobile. Chaque battement était une souffrance.

Une vague de plus et Milo se plia en deux…les bras autour de la taille.

La tête rentrée, il refreina un cri de douleur. Il se mordit le bras jusqu'au sang.

Un bref….très bref instant de répit pour Milo, qui fut suffisant pour jeter un dernier regard sur celui qu'il aimait. Ses yeux devinrent vitreux, et gorgés de larmes qui lui piquèrent la rétine.

Il se retourna et partit à toutes jambes, trébuchant quelque fois.

Dans les escaliers, il faillit tomber plus d'une fois, il lui sembla aussi se tordre la cheville…mais qu'importait la douleur du corps quand celle de l'âme était dévastatrice. Son cœur partait en lambeaux alors qu'il sentait ses sentiments devenir cendre dans tout son être.

Cette vision le hantait à chaque seconde tel un disque rayé. Le décor lui paraissait irréel, le peu d'esprit qui lui restait se mettait en veille, ses instincts primaires se déclenchèrent, ses jambes bougeaient d'elles-mêmes le transportant jusqu'à son temple.

En peu de temps, essoufflé, la main sur la poitrine, des gémissements passaient à travers sa mâchoire durement serrée. Il défonça presque la porte de ses appartements, fila en titubant vers sa chambre, il tomba avant cela sur l'étagère de l'entrée faisant tomber un vase qui se brisa au sol.

Ensuite, titubant toujours, Milo rejoignit la porte de sa chambre, se percutant dessus pour après la claquer avec force. Il se laissa tomber sur le plancher, et son dos frappa le mur à l'en faire mal.

Le grec se balança d'avant en arrière, la tête cogna le mur en des petits à-coups comme pour calmer la douleur qui pulsait dans sa poitrine.

Son regard s'éclaira soudainement. Milo enfourcha la main qu'il n'avait pas sur le torse dans la poche de son pantalon. Un flacon orange et transparent dans la main, il l'ouvrit. Fébrile, il fit tomber des petits cercles blancs sur le sol. Ses mains tremblaient, son corps luisait de sueurs alors qu'il arrivait à péniblement en saisir un.

Un court flottement s'installa alors qu'il l'avalait d'une traite en un gémissement.

Les secondes passèrent, les minutes….puis…

Les battements s'espacèrent, les gémissements se turent et les tremblements cessèrent….

Un dernier souffle et Milo posait sa tête contre le mur, épuisé.

Las, éreinté, le grec regardait sans le voir, le flacon qu'il tenait encore dans sa main.

Et les souvenirs affluèrent…

Flash Back

Comme un sentiment de déjà vu, Milo s'asseyait sur une chaise de tissus sombre devant le bureau de son médecin.

Ce dernier jetait un œil sur la pendule accrochée au mur avant de reporter son attention sur le jeune homme.

« L'attente n'a pas été trop longue ? » demanda le quinquagénaire.

Milo esquissa un sourire.

« Je sais m'occuper. »

Le genre de remarque qui se voulait délicate tout en faisant passer un message peut-être plus amer sans pour autant être hostile.

Le médecin sourit à son tour.

« Je comprends. » dit-il simplement. « Nous vous prions de nous excuser pour le retard mais, nous voulions vérifier les résultats…par précaution vous voyez. »

Le grec se contenta de répondre par un hochement de tête. Le professionnel mit ses lunettes et posa ses yeux sur son écran d'ordinateur.

« Avant toute chose, je souhaiterai vous poser quelque questions. »

L'idée selon laquelle il ne quittera pas cette pièce avant une bonne demi-heure traversa l'esprit du grec. Cette journée était décidément bien longue.

« Je vous en prie. »

L'homme retira ses lunettes, plongeant son regard dans le siens. Il croisa ses doigts sur son pupitre.

« Toute à l'heure je vous avez dit que vous faisiez de l'hypertension. » souligna le docteur. « Est-ce que cela vous arrive souvent ? »

Le grec réfléchit un instant.

« Hum c'est assez rare. Mais pour vous donner une moyenne, je dirai deux à trois fois ce mois-ci. » Répondit le scorpion. « Avec notre rétablissement et les travaux, je ne m'entraine plus comme avant, j'ai perdu de ma forme physique. »

« Entendu. » dit le docteur en notant ces dires sur un papier. « Est-ce que vous avez déjà eut des étourdissements ? Des poussées de fièvres ? »

Milo garda un instant le silence, à la fois interpellé par ses interrogations mais aussi pour fournir les réponses les plus précises possibles.

« Pour les poussées de fièvres, une seule fois le mois dernier, j'avais du trop forcer pendant un entrainement. » informa le grec. « Ensuite, pour ce qu'il en est des étourdissements, ….hum….oui, çà m'arrive quelque fois. »

« A quels moments précisément ? »

« Hum…après un effort, ou quand je me lève trop vite. »

« D'accord. »

Le médecin prenait un moment pour retranscrire toutes ces informations sur sa feuille de papier.

« Pouvez-vous me faire 30 flexions s'il-vous-plaît ? » demanda-t-il.

De plus en plus interpellé, Milo regardait presque le professionnel avec intrigue, une petite, mais vraiment très infime marque d'impatience au fond des yeux. A bien y regarder, l'homme n'avait plus fait le moindre sourire depuis un moment. Il lui semblait même déceler un voile sombre dans son regard. La concentration peut-être ?

« Oui, bien-sûr. »

Les deux hommes se levèrent alors que Milo se plaçait au centre de la pièce, le médecin à ses côtés. Il commença à faire l'exercice demandé.

Vingt flexions plus tard, rien de bien spécial, le scorpion se sentait bien. Pour un chevalier d'or, le contraire aurait été le comble.

Oui, vraiment çà aurait été étonnant.

Toutefois…

Au bout de la vingt-cinquième, Milo pouvait sentir une perle de sueur glisser sur sa tempe. Alors qu'il se relevait, sa vue se troubla brusquement et il perdit soudain l'équilibre.

Le docteur lui attrapa le bras.

« Un étourdissement ? »

Les yeux dans le vague, tentant de stabiliser sa position, Milo le fixait sans vraiment le voir. Il pouvait sentir sa respiration devenir saccadée.

« Euh…je…..euh…. »

Le docteur percevait le mal-être du grec. Il posa ses deux mains sur ses épaules et le guida jusqu'à sa chaise où il l'invita à s'asseoir avec douceur.

Il retourna à son fauteuil. Milo, lui, avait bien des difficultés à réaliser ce qu'il venait de se passer. Oh certes, ce n'était pas grand-chose, du moins pour le commun des mortels. Avoir la tête qui tourne après s'être relevé trop rapidement était ce que l'on pouvait appeler une réaction corporelle normale.

Mais pour un homme qui avait une condition physique hors-norme, qui pouvait se déplacer à la vitesse de la lumière, qui avait même combattu des dieux ! De tels écarts n'étaient même pas envisageables une seule seconde. Humain ou pas, certaines choses ne pouvait pas arriver à des hommes comme eux. Boire une bouteille d'alcool sans en ressentir les effets, soulever la roche sans se briser les bras, courir 30 bornes sans transpirer, s'entrainer sous un soleil de plombs sans vaciller…çà c'était leur vie.

Alors, perdre l'équilibre et le sens de sa vision après juste vingt pauvres flexions !

Mon dieu, c'était toute sa condition de chevalier qui lui frappait au visage.

Un long silence s'installait dans la pièce qui semblait désormais bien grande pour le jeune homme.

C'était la voix du quinquagénaire qui le ramena à la réalité.

« Monsieur Eraste. » dit le quinquagénaire. « Je tiens aussi à m'excuser pour çà. »

Le regard encore un peu dans le vague, Milo fronçait les sourcils.

« Quoi ? »

« Si je vous ai posé ses questions et vous ait demandé de faire cet exercice…. » continua l'homme. « C'était pour confirmer quelque chose vous concernant. »

Quelque part, une étincelle, une petite flamme vacillait dans les yeux océan du jeune homme.

« Comment…çà ? »

Le médecin ouvrit un dossier qui était placé sur le côté droit de son bureau, il était orange et portait le nom du chevalier. Un instant, ce dernier fut étonné de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.

A l'intérieur, des formulaires, des feuilles imprimées et d'autre plus grande, bleuâtres et plastifiées, certainement des radios.

« Vos radios ne démontrent aucune fracture, et votre choc à la tête n'est que très bénin. » reprit le médecin en jetant de rapide coup d'œil sur les résultats d'analyse et les clichés. « Vous n'aurez que des maux têtes pendant quelque jours et un hématome sur la hanche qui s'estompera avec le temps. »

Milo l'écoutait attentivement malgré son esprit encore un peu embrumé.

Cependant, il ressentait un picotement désagréable qui le parcourrait tout le long du dos. C'était le genre de phrase qui servait d'introduction, comme un digestif…..Son sixième sens s'était subitement activé.

« Mais ce n'est pas tout… »

Ces mots avaient sonné en ondes dans chaque muscle du grec. Sa pression artérielle augmenta d'un léger cran.

« C'est à dire….» souffla Milo.

Le médecin se pencha légèrement vers l'avant.

« Vos tests ont révélé… » le médecin s'arrêta un instant, cherchant ses mots. « …une anomalie. »

Un battement plus fort que les autres souleva la poitrine du scorpion, ces ondes vibrèrent dans chacun de ses membres. Ses mains devinrent moites, alors qu'il jouait avec ses ongles.

« Qu'est-ce….Qu'est-ce que vous voulez dire ? »

Un court silence s'installa.

« Les test que vous avez passé ont montré une malformation… »

« Une malformation ? »

C'est alors que les mots s'enchainèrent, et les idées se percutèrent. Milo regardait les lèvres du docteur se mouvoir. Les paroles flottaient dans l'air ambiant devenu soudain bien lourd.

Les oiseaux ne chantaient plus, les rivières s'étaient tues, les voitures ne roulaient plus, les gens ne riraient plus…la nature mourut pour lui.

En suspend, plus aucun bruit ne s'élevait dans la pièce. Le médecin avait achevé son si funeste discours. Il avait baissé les yeux.

Et l'esprit d'un homme se brisa.

Fin du flash back

Contre le mur, sa franche collée au front, Milo avait le regard luisant. Son dos était vouté, ses épaules basses, ses vêtements froissés…le chevalier avait perdu de sa superbe. Oublié son maintient, oubliée sa superbe, oubliée sa dignité et sa fierté, il n'était plus qu'un homme.

La fenêtre entrouverte laissait filtrer les rayons du ciel, éclairant le sol de sa chambre et ce qu'il avait ramassé il y a quelque seconde.

D'une lenteur presque irréelle, il abaissa le regard, sans animosité aucune. Il leva la main, et porta le flacon au niveau de ses yeux. La lumière traversa le flacon, le orange devint alors plus clair tout comme l'étiquette qui le recouvrait de moitié.

Il lui semblait encore entendre les derniers mots qu'ils avaient échangés.

Les yeux écarquillés, les pupilles vibrantes, le teint subitement devenu blême, Milo avait penché la tête vers le bas, cachant ses yeux sous sa franche.

« Combien ?... »

Le médecin n'avait dit mot, alors il avait répété.

« Combien de temps… » avait-il-soufflé. « …..il me reste ?... »

L'homme avait fermé les yeux, une lueur désolée les ayant traversés.

« Pas autant que vous le voudriez… »

Ces mots….avaient déchiré son âme. Comment de simples mots pouvaient-ils détruire à la foi les espoirs et les projets qu'ils s'étaient forgés ? Comment pouvaient-ils remettre en question tant de choses ? Tant d'espérance et de désir ?

En silence, une larme s'échoua sur la main du grec. Il la posa ensuite sur sa poitrine, serrant le poing.

Milo empoigna fermement la boîte de médicament.

Et maintenant ? Qu'allait-il faire ?

Ce soir là, il pleura….beaucoup….

…mais personne ne le vit.


Alors qu'en pensez-vous ?

Une petite question : Pour ceux ayant déjà lu mon travail : Pensez-vous que la taille de la narration doit être raccourcie ou dois-je m'attarder davantage sur les descriptions ? Sentiments ? etc…

Un premier chapitre qui j'espère vous a plu.

Beaucoup de choses devraient normalement se passer dans cette histoire, il ne me reste plus qu'à organiser tout çà (encore ^^'). Car oui, je fourmille d'idée…..à voir.

Je souligne que je réponds aux reviews en début de chaque chapitre pour que chacun reçoivent une réponse en même temps.

Bisous et à très bientôt j'espère.