Disclaimer: Merlin ne m'appartient toujours pas. (Et c'est bien dommage...)


« - J'ai pas envie que tu t'en ailles. »

Là, allongé sur le canapé du plus âgé, Merlin laissait enfin libre cours à ses pensées. Il observait depuis maintenant une dizaine de minutes Arthur, qui était en train de faire ses bagages. Il n'aurait jamais cru ceci possible un jour. Qu'Arthur puisse s'en aller. Qu'il puisse s'engager dans l'armée. A croire qu'il aimait aller se battre sur le terrain, plus que de raison. En plus, cette toute nouvelle coupe militaire ne lui allait absolument pas. Les cheveux blonds d'Arthur lui manquaient beaucoup.

« - Et c'est moins de vingt-quatre heures avant mon départ que tu me dis ça. Bravo Merlin, tu ne cesseras de m'impressionner. »

« - Oh la ferme. Pour une fois que j'essaye d'être honnête. Quoi, c'est vrai, l'idée que tu ailles te faire sauter sur des mines au Moyen Orient ne m'inspire pas trop confiance, désolé. »

Arthur stoppa net tous ses mouvements. Ils avaient évité ce sujet pour cette raison là en particulier. L'inquiétude de Merlin était en train de les achever tous les deux et de les faire péter un joli plomb. Arthur trouvait ça complètement inutile, il connaissait les risques, mais ce n'était pas la peine de les lui rappeler tous les jours. Il souffla en levant les yeux au ciel, exaspéré par son meilleur ami.

« - Merlin, je ne vais pas mourir. » Sa voix se fit ferme, telle une promesse tout à fait sincère.

« - Parce que tu es Dieu et que tu en sais quelque chose toi quand même ? » Il n'avait pas pu s'en empêcher. Le sarcasme était sa force, ce qui l'empêchait de perdre pied et de faire face à ses émotions.

Merlin se força à ne pas détourner le regard vers sa direction quand Arthur arriva à sa hauteur. Il ne pouvait pas se permettre de mettre à nu ses émotions. Pas vingt-quatre heures avant ce moment fatidique. Mais Arthur prit une grande inspiration et posa une main sur une des joues de son meilleur ami, l'obligeant ainsi à lui faire face.

« - Je ne vais pas mourir. Bon sang, Merlin.. Il a une chance sur cinquante millions que ça arrive. Et je pars pour seulement 6 mois. »

« - Putain mais t'avais pas à t'engager là-dedans ! Ils ont pas besoin de toi.. »

« - Je te savais pas si égoïste.. »

Merlin voulu le frapper, lui faire ravaler son air arrogant et prétentieux, lui faire comprendre que non, la vie est courte et que le karma de ce satané ne leur avait jamais fait de cadeaux. Mais tous ses mots moururent dans sa gorge. A la place, il se contenta de souffler à son tour.

« - Arthur… Va te faire foutre. »

Le dit Arthur ne put s'empêcher de rire aux éclats et se contenta de caresser sa douce peau sous ses doigts, tout en lui souriant affectueusement.

« - Tu te rends compte que tu le prends moins bien que Gwen, hum ? Ou Morgana. Mon ex copine et ma sœur le vivent beaucoup mieux.. » L'ancien blond répliqua, et prit place sur le canapé, fatigué de devoir rester accroupi. Il redressa Merlin un moment jusqu'à ce qu'il le laisse se rallonger. Le plus jeune en profite pour poser sa tête sur les genoux d'Arthur.

« -Ta sœur est aussi stressée que moi, mais elle ne le montre pas. Et Gwen... Bah j'en sais rien, écoutes… » Merlin regarda le visage de Arthur, dont la main avait maintenant migré à travers ses cheveux noir de jais. Alors Merlin ferma les yeux un instant. Le temps de croire qu'Arthur ne partira pas.

« - Tout ce que tu as à savoir c'est que je ne vais pas mourir. Jamais je ne te laisserai. Tu ne pourrais pas survivre sans moi… »

Bizarrement, cette simple phrase eut pour simple effet de lui faire ouvrir les yeux. Merlin haussa un sourcil, prêt à faire une réflexion, alors qu'Arthur ne lui en laissa point le temps.

« - N'oses même pas rétorquer. Je t'ai sauvé la vie plus d'une fois. »

« - Hey, non ! » Merlin se redressa avec vigueur, plantant son regard ferme et dur dans celui d'Arthur. « T'as sauvé mes fesses d'une noyade à l'âge de quinze ans, ok soit, mais en attendant, je t'ai sauvé la vie d'un incendie. Je crois que c'est beaucoup mieux. »

« - Et tu veux une médaille peut être ? » Ironisa le militaire, croissant les bras sur son torse. « Je suis pratiquement sûr que j'aurai pu m'en sortir tout seul. »

« - Et moi je trouve que tu as un problème d'ego. A ce qu'il parait ça se soigne. »

« - Mais qui sait, ça va peut-être me permettre de sauver mes fesses au front. »

La mine du plus jeune se fit plus grave. Il en perdit son doux sourire et toute trace d'amusement sur son visage. « - N'oses même pas en rire. » Merlin gronda de colère, appréciant moins cette tournure.

Il se leva promptement, et commença donc à faire les cents pas à travers l'appartement. A chaque fois qu'il était nerveux, stressé ou encore en colère, il devait s'éloigner de la source du conflit.

Tout le contraire d'Arthur.

« - Merlin… Je pars demain. Tu veux pas remettre à plus tard toute cette histoire ? »

Merlin ne put s'empêcher de glousser, shootant au passage dans les affaires d'Arthur. Dont la moitié se retrouva à terre. « - A plus tard ? Et quand ? Quand tu seras six pieds sous terre ? »

« - Et après je ne peux même pas en rire.. »

« - La ferme. Après tu te demandes pourquoi ça n'a jamais marché entre nous. »

Arthur resta de marbre, stoïque tandis que les lumières s'allumèrent enfin dans son esprit. Mais Merlin fit comme si il n'avait balancé aucune information, et continua ses cent pas. Et cette expression prit tout son sens en cet instant.

« - Ah… Donc il est là le problème... Dis-moi, ça fait combien d'années que ça te trotte dans la tête ? »

Merlin haussa les épaules et passa une main hasardeuse dans ses cheveux, laissant échapper un son de pure exaspération. « - J'en sais rien, je sais même pas pourquoi je t'ai dit ça. »

« - Parce que je pars. Voilà pourquoi. Tu sais les déclarations de dernière minute qu'on voit dans les films. Tu aurais quand même pu faire dans l'originalité. »

« - Non, parce qu'il y a possibilité que tu meurs là-bas, au vu de ta chance et ton karma incroyable, alors excuses moi de paniquer et de pas du tout aimer cette idée, d'accord ? »

Arthur choisit ce moment précis pour se lever et enfin faire quelque chose. Un Merlin paniqué est un Merlin beaucoup trop bavard. Arthur en savait bien quelque chose. Et de leur groupe d'amis aussi fous qu'adorables, il était le seul à pouvoir le calmer, du moins temporairement. Merlin préférait se confier à Lance, ou à Gauvain, mais Arthur le connaissait par cœur.

Tout doucement, il posa ses mains sur les épaules tremblantes du plus jeune et le fit s'arrêter net. Merlin ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel mais se laissa faire, sachant qu'il avait besoin de cette proximité. Pendant six mois, ils allaient être séparés. Une première depuis qu'ils se connaissaient.

« - Écoutes… » Commença Arthur d'une voix plutôt calme. « Une telle promesse est impossible à faire, mais je te promets au moins de faire attention. Et de pas foncer tête la première dans les émeutes. Dans six mois, je suis de retour. Et je pense qu'on aura pleins de choses à mettre au clair.. »

Merlin resta tête baissé, incapable de faire face. Qui aurait cru qu'à 24 ans, il était toujours aussi terrifié de ce qu'il pouvait ressentir ? Alors il se contenta d'hausser les épaules, et lui accorda un regard hésitant. « - Y'a rien à mettre au clair, Arthur. Je suis juste inquiet pour toi. »

« -Mais arrête. Je donnerai des nouvelles dès que je le pourrai, ce sera comme si j'étais toujours là. »

Arthur le cala contre son torse, sachant que Merlin ne pouvait pas déceler son mensonge. Après tout ce temps, après toutes ces années, il avait bien compris que toute vérité n'était pas bonne à dire avec Merlin. Au moins pour le rassurer, pour lui éviter de faire des crises d'angoisse beaucoup trop répétitives.

« - Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement.. » Reprit Arthur. « Alors… On va faire un pacte, ok ? »

Merlin leva finalement les yeux vers Arthur, et plongea son regard dans le sien, bien curieux de savoir ce qu'il allait lui proposer. Ses bras restèrent bien serrés autour de la taille d'Arthur, pas prêt à le laisser partir vers une mort sans doute prédestiné.

« - C'est quoi ton idée foireuse encore une fois ? »

« - Je t'en prie, tu vas adorer mon plan ! » Son ton condescendant l'irrita au plus haut point, mais le militaire continua sur sa lancée. « Dans six mois… Dans six mois, on pourrait essayer de s'accorder une nouvelle chance ? »

Les yeux de Merlin s'écarquillèrent sous la surprise, alors qu'Arthur se contenta de sourire. De ce genre de sourire que Merlin n'avait pas vu depuis un grand nombre d'années. Alors il sourit à son tour. Et Arthur préféra ne rien ajouter pour le moment, sachant très bien ce que cela voulait dire.