Bonjour bonjour ! :)
Me voilà arrivée sur le fandom de Death Note que j'affectionne beaucoup pour un premier essai. C'est un petit OS (870 mots environ), franchement sorti de nul part mais qui s'est gentiment écrit tout seul et Dieu sait que je ne crache pas sur ces moments inattendus d'inspiration ! après je vous laisse juger de ce que ça vaut bien sûr ^^
C'est une vision personnelle de ce que peut vivre Raito au moment même où il retrouve ses souvenirs, comme j'ai voulu en rester à ce moment ça explique que ce soit plutôt court. Je suis plus habituée à utiliser "Raito" que "Light" donc j'espère que ça ne vous dérangera pas trop pour ceux qui préfèrent l'autre version. Ah oui, faute de mieux, j'ai classé l'historie en Angst, si vous avez une meilleure suggestion je prends !
Voilà je ne m'étends pas plus longtemps et je vous souhaite une bonne lecture ! N'hésitez pas à me laisser un petit mot pour me donner votre avis, ça fait toujours plaisir, même longtemps après que cet OS soit posté, je réponds encore ;)
Disclaimer : les personnages et l'univers de Death Note ne sont pas à moi, ils appartiennent à Tsugumi Oba et Takeshi Obata (et on les remercie bien fort pour ce merveilleux manga)
Dissociation
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C'était un cri de douleur comme il n'en avait jamais poussé. La souffrance qui l'envahissait était si intense qu'il ne contrôlait plus rien, il s'était figé. Ravagé par un flot tumultueux de pensées et d'images violentes, Raito fut pris d'une rage soudaine et d'une envie de meurtre plus réelle que jamais. Et puis le désespoir, l'amertume, le ressentiment, la colère contre lui-même. Il était foutu.
Son cœur sembla se glacer instantanément, et ça ne fit qu'accentuer la douleur. Il s'en rendit à peine compte pourtant, tant il hurlait. Maintenant il savait, il se souvenait. Il était Kira et il avait un monde meilleur à construire. L n'était plus qu'un obstacle, plus que la seule gêne possible. Oublié leur semblant de complicité qui les avait menés sur la piste de Yotsuba, oubliés ces moments où ils n'étaient que tous les deux, Raito et Ryuzaki. Des moments que Raito avait confusément sentis importants. Pas pour l'enquête en soi, mais pour lui. Comme s'il y avait tenu vraiment…
Puis la satisfaction prit possession de lui et la couche de glace sembla grandir. Mais pas depuis l'extérieur, non, c'était son cœur même qui changeait et durcissait. La voix de L retentit à ses côtés, s'étonnant d'un ton pourtant parfaitement morne de sa réaction si violente en découvrant l'apparence du Dieu de la mort. S'il savait… Mais cette voix, cette voix fit imperceptiblement trembler le sourire immonde qui déformait ses traits fins et avait pris place sur son visage sans même qu'il s'en aperçoive. L'esquisse d'une fissure apparut dans la glace.
L'espace d'un instant, le regard de Raito glissa sur la silhouette de son père devant lui avant de s'attarder sur celle impassible de Remu. Il cessa de crier, de sourire, et se retourna vers L qui n'était plus que ça, qu'une lettre à rayer. Plus de Ryuzaki, plus de soi-disant ami. Pourtant quand le regard si sombre du détective vrilla le sien, une petite flamme s'embrasa dans son cœur et vint lécher la glace qui s'y trouvait, s'acharnant sur la fissure pour l'agrandir. Ça faisait mal, putain.
Kira prit le dessus, heureusement, et trouva de quoi expliquer qu'il garde le cahier de la Mort en main quelques instants afin de mettre en œuvre son plan si parfaitement prévu. Il était un génie, un Dieu même. Le sourire malsain faillit réapparaître sur ses lèvres à ce moment et il s'empressa de détourner les yeux vers l'ordinateur portable, tournant le dos à L dont il sentait toujours le regard lourd posé sur lui. Il se félicita quand le détective ne lui posa pas plus de questions et encouragea même son initiative de vérification des noms inscrits par Higuchi avec ceux des morts profitant à Yotsuba.
Raito en fut soulagé aussi. Il savait que seules quelques minutes le séparaient désormais d'un coup magistral dans son combat pour la Justice. Son esprit pourtant se dispersait encore à tort et à travers. Il avait perdu de sa froide discipline pendant tout ce temps passé à travailler dans un but commun avec L. Que ça l'agaçait ! Ça l'énervait surtout, toutes ces pensées des mois précédents qui l'assaillaient soudain et tentaient de s'imposer face aux souvenirs, plus vieux, de ces heures où il s'occupait à se jouer du monde entier avec un simple cahier.
Il ne devait pas douter, encore moins hésiter, pas même une seconde. En actionnant le mécanisme de sa montre, Raito serrait les dents. Il la sentait danser, la chaleur dans son cœur. Mais il allait l'étouffer, ce ne serait qu'un peu plus de douleur à supporter. Et plus tard, bientôt, il se débarrasserait définitivement de ce L si encombrant, qui s'était attaché à lui tel un boulet de plomb.
Le sang coula sur son doigt et il observa avec fascination la petite aiguille qu'il tenait tracer précautionneusement les lettres qui, il en était sûr, le menaient à la victoire. Voilà, c'était fait. Inspirant un peu plus fort que nécessaire, Raito rangea rapidement l'aiguille dans sa montre et décompta mentalement les secondes restantes. Trente-cinq.
La flamme s'agitait en vain dans son cœur mais il ne ressentait plus la douleur. La joie, une joie de glace dépourvue de bonheur l'inondait et son souvenir du pouvoir courant dans ses veines disparut pour être remplacé par la même sensation mais tellement plus réelle. Tellement plus forte ! Oh oui, Raito était fort ! Bien plus que ce pauvre imbécile de L ! Il dut retenir un ricanement dédaigneux.
Les dernières secondes s'écoulèrent, irrémédiablement. Le corps d'Higuchi s'affaissa et les forces de police crièrent. Raito releva un visage rempli de surprise empruntée et se tourna vers L qui l'observait attentivement, lui plutôt qu'Higuchi, un mélange indescriptible tournoyant dans ses yeux. Mais il n'y avait plus que des cendres rougeoyantes prêtes à être soufflées dans le cœur de Raito, et il sut que L ne pourrait plus rien contre lui. Peu importait le temps qu'il passerait à l'observer et à tenter de le piéger.
Alors il discuta de sa voix habituelle d'adolescent parfait, le flux de ses pensées régulé et se dirigeant déjà vers les nouvelles possibilités qui s'offraient à lui. Tout irait bien, Kira en était persuadé. Et parmi les cendres, des mois de souvenirs et une part d'humanité enterrés à jamais.
