Disclaimer: The Last Airbender n'est pas à moi, ni même cette histoire, qui appartient à Lady Azar de Tameran.
Spoilers: livre 3, Le Feu


Il ne maîtrise pas d'élément.

Katara est capable de faire danser l'eau dans son verre depuis qu'elle a trois ans. De redonner forme à la glace de son fort à cinq ans. De créer des poupées qui ne fondent pas peu importe combien de temps elle les laisse au soleil ou près du feu à sept ans. Elle pouvait faire voler des flocons de neige dans les bras de sa mère, avant même de savoir marcher.

Mais Sokka ne maîtrise pas d'élément. L'eau n'est rien pour lui, elle est juste là. Il ne peut pas la sentir. Ne peut pas sentir le flux et le reflux comme sa sœur. Avant, il sortait la nuit, allait discrètement là où personne ne pouvait le voir, et il essayait pendant des heures. Il fixait la glace du regard. Appuyait ses mains dans la neige. Il suppliait l'eau de juste bouger. Mais il n'obtient même pas un frémissement. Il ne peut rien faire de plus que de rester là, debout au milieu de son échec complet.

Il ne maîtrise pas d'élément. Il est ordinaire. Si douloureusement ordinaire. Normal.

Et il peut vivre avec ça. Il l'a accepté. Il s'est convaincu que ça ne le blesse pas quand leur père sourit à Katara de cette façon particulière. Quand Gran Gran dit qu'elle est l'espoir de la tribu. Quand les autres villageois la regardent comme si elle était la seule lumière dans l'hiver qui n'en finit pas. Quand Aang et Toph et elle, et plus tard Zuko font toutes ces choses merveilleuses et considèrent que ce n'est pas grand chose.

Même sans un maitre à lui, même sans entraînement, Sokka ne peut pas rivaliser. Il ne sera jamais rien de plus que ce qu'il est. Une source de viande et de sarcasmes. Parfois celui qui a des idées. Même Suki –une personne normale comme lui- est incroyable. Elle peut se déplacer et se battre, et gagner là où il ne fait que trébucher. Et il ne parle même pas de l'acrobate Ty Lee, ou de cette fille, Mai, avec ses couteaux.

Ils sont tous normaux mais pas ordinaires. Pas comme Sokka.

Et puis, la comète arrive et repart. La guerre s'achève; ils sont victorieux. Ils se retrouvent à Ba Sing Se pour régler les derniers problèmes.

Toph et Suki le poussent vers l'avant, malgré sa jambe encore sensible. Il joue des coudes pour passer devant Katara et un Zuko un peu crispé. Il contourne Aang, qui dort presque debout. Il raconte à tout le monde, et surtout au Lotus Blanc ce qui s'est passé sur la flotte de dirigeables. Mais les gens ne parlent pas de Toph, qui a maîtrisé du métal sur le pont ou des actions incroyables de Suki. Ils parlent seulement de lui. De Sokka. De sa capacité à réfléchir rapidement, de ses talents de pilote. De la façon dont il a arrêté les dirigeables, sauvé ses amis, et de comment il a perdu sa précieuse épée en le faisant.

« Est-ce que c'est grave ? Que j'ai perdu mon épée ? » demande Sokka quand ils ont fini, et il ne parvient pas à contrôler l'hésitation qui fait trembler sa voix. « Je ne voulais pas le faire, mais je n'ai pas eu le choix. Est-ce que c'est grave ? »

Son maître –Piandao- se contente de le regarder avec un sourire et de secouer la tête. Une main réconfortante se pose sur l'épaule de Sokka et la serre fermement.

Il répond avec toute l'honnêteté et la sincérité du monde : « C'était extraordinaire. »